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définitions

abandon (n.m.)

1.action de laisser qqch, de renoncer à qqch ; action d'abandonner (une lutte, une tâche etc.)

2.action de se laisser aller, de ne plus exercer de contrôle sur soi-même, d'oublier ses inquiétudes (ex. danser avec abandon).

3.action d'abandonner, de laisser (qqch)

4.retrait de son soutien ou de son aide (à qqch) malgré une allégeance ou une responsabilité " sa défection de sa famille a laissé sa femme et ses enfants dans le besoin"

5.action de quitter.

6.action de délaisser.

7.cession volontaire d'un bien (ou d'un droit de propriété) sans tenter de le réclamer ou de le donner

Le Littré (1880)

ABANDON (s. m.)[a-ban-don]

1. Remise entre les mains de.... L'abandon à la Providence.

Il faut tout trancher par l'abandon envers Dieu (BOSSUET Lett. Corn. I)

[Elle] lui gagnerait le coeur d'un prince libéral, Et de tous ses trésors l'abandon général (CORN. Méd. II, 2)

2. Terme de droit. Cession, acte par lequel un débiteur délaisse ses biens à ses créanciers. Il a fait à ses créanciers l'abandon de ses terres.

3. Facilité dans le discours, simplicité, négligence heureuse. Parler avec abandon. Cette femme a dans ses manières un abandon séduisant. Gracieux abandon. Doux abandon. On trouve dans l'exécution de ce tableau un heureux abandon. Rock en son lyrique abandon Dit qu'il dévore la couronne Dont Phébus lui promit le don.

Apparemment Phébus lui donne Une couronne de chardon (MILLEV. Épigr.)

4. Confiance entière. Il m'a parlé avec abandon, avec un entier abandon.

Dans l'abandon de sa vive amitié, Hier à son rival Montfort s'est confié (C. DELAV. V, Sic. I, 2)

Et dans ce trouble heureux dont j'aimais l'abandon (C. DELAV. Paria, I, 2)

5. Action d'abandonner. L'abandon des intérêts communs.

Or ce péché ne peut être mieux puni que par l'abandon de Dieu (BOURD. Carême, t. I, p. 212)

Et de ses intérêts un si grand abandon (CORN. Sert. IV, 2)

Ce sont là de ces exemples rares et terribles de la justice de Dieu sur les hommes ; et s'il y en a eu sur la terre, ils prouvent seulement jusqu'où peut aller quelquefois son abandon et la puissance de sa colère (MASS. Car. évid. de la loi.)

Il y aurait un lâche abandon de moi-même à souffrir qu'on me déshonore (VOLT. dans Laveaux.)

6. État d'une personne ou d'une chose abandonnée. Ce vieillard est dans l'abandon.

L'homme sent alors son néant, son abandon (PASC. édit. Cousin.)

Mes mains désespérées Dans ce grand abandon seront plus assurées (VOLT. Oed. IV, 4)

Abandon a le sens actif et le sens passif. L'abandon des amis peut également signifier ou qu'on abandonne ses amis ou qu'ils nous abandonnent. L'abandon du sénat, l'abandon où le sénat est laissé, et l'abandon où il laisse. Il faut donc, toutes les fois qu'on se servira de cette construction, prendre garde à l'amphibologie et, s'il reste du doute sur le sens, changer la tournure.

7. À L'ABANDON, loc. adv. Sans soins, sans réserve. Camp à l'abandon. Son enfant fut à l'abandon. Il laissa ses terres à l'abandon. On le logea et on lui mit toute la maison à l'abandon.

Tout l'occident est à l'abandon (BOSSUET Hist. III, 7)

Comme un pays laissé à l'abandon (BOSSUET Polit.)

Vous laisserez à l'abandon votre santé et votre vie (BOSSUET Dév. 2)

Tu laisses aller tes affaires à l'abandon (MOL. Mal. imag. 1er interm.)

L'épargne de mon père entièrement ouverte, Lui met à l'abandon tous les trésors du roi (CORN. Méd. II, 4)

Mais je m'étonne fort de voir à l'abandon Du prince Héraclius les droits avec le nom (CORN. Hér. II, 8)

A l'une ou l'autre enfin votre âme à l'abandon Ne lui pourra jamais refuser ce pardon (CORN. Perth. IV, 1)

Après avoir.... mis à l'abandon ton pays désolé (RÉGNIER Ép. I)

L'oeil farouche et troublé, l'esprit à l'abandon (RÉGNIER Sat. II)

8. Terme de bourse. Acte par lequel l'acheteur renonce à un marché conclu en consentant à payer la prime.

HISTORIQUE

XIIIe s.Va, si li di qu'il vigne [vienne] à mei ; M'amor li metrai à bandun (MARIE DE FR. I, 488)Mais tost s'en parte à habandon (Fabl. et Cont. anc. I, 70)Amis, ques [quel] hom es-tu ? Di moi com tu as nom, Qui le sepulcre Dieu baises si à bandon ? (Ch. d'Ant. I, 184)Et li bourgeois le rechurent [reçurent] volentiers et lui mirent à abandon cor et avoir et ville (Chr. de Reims, 230)Nuls hom ne peut penre [prendre] de son plege [gage] par abandon, sans soi plaindre à justice (BEAUMANOIR XLIII, 13)

XVe s.Et mettrons tout le royaume à vostre abandon (FROISS. I, I, 14)Vous perdez le temps ; car, sur l'abandon de nos testes, les Escots s'en sont allés très devant mie nuit (FROISS. I, I, 44)

XVIe s.De tout autre butin il y avoit une quantité si grande que ou l'on n'en faisoit compte, ou on le consommoit en tout abandon (AMYOT Lucul. 25)Comme le vent souffle à son abandon Le duvet blanc du vieux chenu chardon... (AMYOT Morales, t. IV, p. 444)

ÉTYMOLOGIE

Provenç. abandon ; espagn. abandono ; ital. abandono. Par les exemples historiques on voit que abandon est un mot composé de à et bandon. Bandon, en vieux français et en provençal, signifie permission, autorisation, décret ; il répond à un mot bas-latin bando, bandonis, de même signification que bandum, band en danois, bannen en allemand, ordre, prescription ; et en définitive c'est simplement une autre forme de notre mot ban (voy. ce mot). Dès lors on voit la série des significations : mettre à bandon, c'est mettre à permission, à autorité ; c'est donc remettre, céder, confier, laisser aller et finalement délaisser.