définitions
abondance (n.f.)
1.quantité importante et supérieure aux besoins.
2.usage excessif et surabondant de choses. Profusion de choses. Une orgie de cadeaux.
Le Littré (1880)
ABONDANCE (s. f.)[a-bon-dan-s']
1. Grande quantité. L'abondance du produit, en parlant de la vigne. Vivre dans l'abondance de toutes choses. L'abondance des hommes, de l'argent dans ce pays. L'abondance des mauvaises herbes étouffe la moisson. L'abondance des humeurs dans le corps.
• Ses aumônes.... et, s'étendant par leur abondance, même sur les ennemis de la foi, elles adoucissaient leur aigreur (BOSSUET R. d'Anglet.)
• Par leur frugalité et leur travail, ils se sont mis dans l'abondance des choses nécessaires à une vie simple (FÉN. Tél. VI)
• On arriva en un pays beaucoup meilleur, où, trouvant abondance de toute chose (VAUGELAS Q. Curce, 498)
• Y portez-vous [à la confession] cette vivacité de componction, cette abondance de douleurs, ce désir sincère de réparer le passé ? (MASS. Car. Communion.)
• C'est aux âmes les plus vigilantes, les plus attentives sur elles-mêmes que vous vous [Dieu] communiquez avec plus d'abondance (BOURD. Pens. t. II, p. 16)
2. Absolument. Abondance de choses bonnes, utiles, nécessaires. L'abondance règne dans le camp. Faire régner l'abondance dans la ville. Vivre, nager dans l'abondance. Avoir tout en abondance. On lui fournit tout en abondance, des vivres et toutes sortes de provisions. Le sang coulant en trop grande abondance.
• Ce peuple est dans l'abondance (FÉN. Tél. II)
• Si vous mettez les peuples dans l'abondance (FÉN. ib. XIII)
• Ils jouissent de l'abondance (FÉN. ib. v.)
• Malheur à ceux qui sont dans l'abondance ! (MASS. Immut.)
• De là jusqu'au milieu de l'abondance les plus sordides épargnes (BOURD. Pens. t. III, p. 147)
• Si la sûreté, l'ordre et la propreté ne rendaient pas le séjour des villes si délicieux, et n'y avaient pas amené, avec l'abondance, la douceur et la société (LA BRUY. 10)
• Heureux, dit-on, le peuple florissant Sur qui ces biens coulent en abondance (RAC. Esth. II, 9)
• Pour elles, à sa porte élevant ce palais, Il leur y fit trouver l'abondance et la paix (RAC. ib. Prol.)
• Objets charmants y sont en abondance (LA FONT. Rém.)
• Au sein de l'abondance (VOLT. Brut. III, 1)
• Vos pleuis compatissants coulent en abondance (M. J. CHÉN. Fén. II, 3)
3. Abondance de coeur, épanchement.
• Il faudrait que la bouche parlât selon l'abondance du coeur (FÉN. t. XXI, p. 103)
• Je suis sûr que cela a été écrit d'abondance de coeur (VOLT. Roi de Pr. 2)
3. Abondance de coeur et abondance du coeur se disent également et ont le même sens. Seulement, quand abondance est sans article, il faut de coeur et non du coeur.
4. Parler d'abondance, parler sans avoir préparé son discours, ou sans réciter de mémoire. Ce député parle toujours d'abondance, soit qu'il improvise, soit qu'il ait préparé son discours.
5. Au fig. en parlant du discours, du style. Démosthène a beaucoup d'abondance. Abondance de pensées. Une vaine abondance de mots. Parler avec abondance. Il a traité ce sujet avec une grande abondance. L'abondance des pensées produit l'abondance des expressions.
• Ce n'est point par une abondance de paroles que l'on s'énonce ; souvent la bouche ne dit rien, et l'âme sent (BOURD. Pens. t. III, p. 308)
• Partout il fait paraître beaucoup de richesse et d'abondance géométrique (FONTEN. Viviani.)
• Justement confus de mon peu d'abondance, Je me fais un chagrin du bonheur de la France (BOILEAU Ép. VI)
• Souvent trop d'abondance appauvrit la matière (BOILEAU Art. poét. III)
• Fuyez de ces auteurs l'abondance stérile, Et ne vous chargez pas d'un détail inutile (BOILEAU ib. I)
6. Corne d'abondance, corne remplie de fleurs et de fruits et qui est le symbole de l'abondance, la même que la corne de la chèvre Amalthée qui avait nourri Jupiter.
7. Abondance, mélange d'un peu de vin et de beaucoup d'eau qu'on donne aux enfants dans les collèges, ainsi nommée parce qu'elle peut se boire en grande quantité, ou parce que l'eau y abonde.
HISTORIQUE
XIIIe s.— Home [tu] fesis à ta sanlance [ressemblance], Après lui donas habondance Del fruit que avoies planté (Fl. et Bl. 921)— Je ne sai pas où je coumance ; Tant ai de matiere abondance Por parlier de ma povreté (RUTEB. 1)— [La fortune] est si perverse Que les bons en la boue verse, Et les mauvais en haut eslieve, Et leur donne à grans abondances Dignités, honors et poissances (la Rose, 6193)
XVe s.— Là trouverons de tous biens habondarce (CH. D'ORL. 1)— Prince, s'on doit avoir vaillance Pour mentir à grant habondance, Et pour faulzeté maintenir, Vous verrez icellui venir A grant honneur, n'en doubtez mie (CH. D'ORL. Ball. 119)
XVIe s.— De l'abondance du coeur la bouche parle, expression tirée des propres mots de la Sainte Escriture (H. EST. Précell. 185)— Amour respond : De traictz grosse habondance Luy ay tiré.... (J. MAROT v, 264)— Tu sçais que de l'abondance du coeur la langue parle (PALISSY 352)
ÉTYMOLOGIE
Bourguig. aibondance ; provenç. abondantia, habundancia, abondansa, aondansa ; espagn. abundancia ; ital. abondanzia, abbundanzia, abbondanza ; d'abundantia, d'abundans (voy. ABONDANT). A Genève, abondances, betteraves.