définitions
abonder (v. intr.)
1.être en abondance, en grande quantité (qqpart).
Le Littré (1880)
ABONDER (v. n.)[a-bon-dé]
1. Affluer, venir en grande quantité. Les eaux abondent en ce canal. Tout abonde pour toi. Les grands écrivains abondèrent en Grèce. Londres où l'argent abonde. Les vivres abondaient dans le camp. Le poisson abonde en cette rivière.
• Les trois enfants.... Admiraient.... De sa bouche [d'Homère] abonder les paroles divines (A. CHÉN. 32)
• Il se plaît de faire abonder la profusion de ses grâces par-dessus l'excès de notre malice (BOSSUET Nativ. 1)
• Les miracles y abondaient avec les vertus (BOSSUET Hist. I, 11)
• Mais quoi ! c'est un chef-d'oeuvre où tout mérite abonde (MALH. VI, 25)
• Depuis que la richesse entre ses murs abonde (CORN. Cinna, II, 1)
• Répandre abondamment sa grâce [de J. C.] où le péché avait abondé, voilà notre ministère (MASS. Car. Confess.)
2. Avoir en quantité. La vigne abonde en raisin. Abonder de tout. Cette famille a abondé en hommes éminents.
• Je le vois bien, madame ; et vous et ce cher frère Abondez en raisons pour cacher le mystère (CORN. Suréna, II, 3)
• Eh ! qui peut prévenir tous les maux dont abonde La guerre en cruautés, en ruines féconde ? (SAURIN Spart. III, 4)
• Si les hommes abondent de biens (LABRUY. 16)
3. Présenter un grand volume, tenir de la place. Cette source abonde.
• Cent hommes de cette espèce [des bavards qu'on rencontre partout] abondent plus que deux mille citoyens (MONTESQ. Lettr. pers. LXXXVII)
4. Abonder, se livrer sans mesure.
• Je suis loin d'abonder dans mon sens (SÉV. 614)
• Un chacun en son sens, selon son choix abonde (RÉGNIER Sat. XIV)
• Au lieu de se modérer en parvenant au souverain pouvoir, Jacques II abonda dans les mesures propres à le perdre (CHATEAUB. Stuarts, 309)
5. En jurisprudence, ce qui abonde ne vicie pas ou ne nuit pas, c'est-à-dire ce qui est de trop, formalité non prescrite, raison surabondante, etc., n'empêche pas la validité d'un acte, d'une procédure, etc.
HISTORIQUE
XIIe s.— Molt estoit petite li lumiere de Deu, et li felonie estoit si habondoie [abondée], ke li charitez estoit assi cum tote refroidieie (S. BERN. p. 527)— En terre habondevet [abondait] ceste especo [la pauvreté] (S. BERN. ib. p. 533)
XIIIe s.— Dit li ors [ours] : Par le cors saint Gil, Cel miel, Renart, dont d'où vous abonde ? (Ren. 10248)— Sis manieres de fous dont la folie abonde (Les six manières de fols)
XVIe s.— Dites qu'en nous tout bien abonde ; Dames sont les tresors du monde (J. MAROT v, 304)— Il ne leur chaut d'avoir abondance ; mais toute leur sollicitude est de ne rien reserver de ce qui leur abonde (LANOUE 535)— Chacun abunde en son sens, mesmement en choses foraines, externes et indifferentes (RAB. Pant. III, 7)— Ce lieu abonde en sorciers (RAB. Pant. III, 16)
ÉTYMOLOGIE
Provenç. abondar, abundar, habundar, aundar, aondar ; espagn. abundar ; ital. abbondare ; de abundare, de ab, marquant écoulement, et unda, onde. Abundare exprime donc étymologiquement l'affluence de l'eau et, par extension, l'affluence de toutes choses.