définitions
abus (n.m.)
1.usage mauvais, impropre.
2.usage excessif et mauvais.
3.injustice causée par l'usage excessif d'un droit.
abus
1.(Cismef)Usage exagéré d'une substance ou d'un médicament, qui peut devenir nocif (abus de tabac, d'alcool, etc.).
Le Littré (1880)
ABUS (s. m.)[a-bu]
1. Usage mauvais qu'on fait de quelque chose. Abus de la force. La Grèce a dû sa ruine à l'abus de la liberté. Tout commence par la nécessité et finit par l'abus. Ils font abus de nourriture.
• De quoi les hommes savent-ils user sans abus ? Comme il y a dans les conditions élevées plus de faux désirs, plus d'abus de son âme que dans les états inférieurs, les grands sont sans doute de tous les hommes les moins heureux (BUFF. Nature des anim.)
• Qu'est-ce de communier indignement ? quel abus du saint même des saints ! (BOURD. Pensées, t. III, p. 314)
• Laisser impunie une profanation est un abus si énorme (BOURD. ib. p. 362)
• Un superflu qui me deviendrait pernicieux et nuisible par l'abus que j'en ferais (BOURD. ib. t. II, p. 77)
• Je sais que dans l'amitié dont je parle il y a divers degrés d'abus et de désordres (BOURD. ib. p. 259)
• Les ministères publics sont des assujettissements perpétuels et très réels, à moins qu'on ne veuille, par un abus énorme, en négliger toutes les fonctions et en abandonner tous les devoirs (BOURD. ib. p. 486)
• Le peu qu'on en cite est un abus du texte (BOSSUET Avert.)
• Voilà le plus grand abus qu'on ait jamais fait de l'Évangile (BOSSUET IV, écrit, 30)
• Mais qui peut arrêter l'abus de la victoire ? (VOLT. Alz. I, 1)
• Ne prends point pour vertu l'abus de la victoire (SAURIN Spartacus, V, 5)
2. Coutume, usage mauvais qui s'introduit. Telle est la force des abus. Un abus qui s'introduit depuis quelque temps. On a retranché ces abus. Cet abus subsiste, comme tant d'autres, par la raison qu'il est établi.
• Ils réforment tous les abus (BOSSUET Hist. II, 4)
• Comment ils doivent reprendre et réprimer les abus (BOSSUET ib. II, 6)
• Les abus du gouvernement (BOSSUET ib. II, 12)
• Tenir les abus nécessaires dans les bornes précises de la nécessité qu'ils sont toujours prêts à franchir, les renfermer dans l'obscurité à laquelle ils doivent être condamnés, et ne les en tirer pas même par des châtiments trop éclatants (FONTEN. Argenson.)
• Nous préservent les cieux d'un si funeste abus, Berceau de la mollesse et tombeau des vertus (VOLT. Brut. II, 4)
• Philippe Auguste saisit le temporel des évêques d'Orléans et d'Auxerre pour n'avoir pas rempli cet abus devenu un devoir [conduire leurs vassaux à la guerre] (VOLT. Moeurs, 50)
• Les bons mots ne sont qu'un abus ; Pourtant, messieurs, permettez-nous d'en dire (BÉRANGER Gourmands.)
• Trinquer est un plaisir fort sage Qu'aujourd'hui l'on traite d'abus (BÉRANGER Trinquons.)
3. APPEL COMME D'ABUS, appel interjeté d'une sentence rendue par un juge ou supérieur ecclésiastique, qu'on prétend avoir excédé ses pouvoirs ou contrevenu aux lois.
• C'est une assez faible consolation que celle des appels comme d'abus (PASC. Pensées, Pape, 7)
• Le bruit se répandit que le procureur général appellerait comme d'abus de tout ce que le pape pourrait faire au préjudice des libertés de l'Église gallicane (SAINT-SIMON 502, 82)
• Ce qu'il y eut de plus intéressant, ce fut l'appel comme d'abus que le parlement introduisit (VOLT. Moeurs, 75)
4. En jurisprudence, abus de pouvoir se dit quand un fonctionnaire outre-passe le pouvoir qui lui est confié et fait des actes qui ne lui sont pas permis.
5. Abus de confiance, délit dont on se rend coupable en abusant de la confiance qui avait été accordée.
6. En termes de grammaire, abus des mots, sens détourné et forcé qu'on leur donne.
7. Erreur. C'est un abus de croire.
• Lourd et grossier abus ! croyance ridicule ! (ROTROU Bélis. V, 8)
• Qu'un si charmant abus serait à préférer A l'âpre vérité qui vient de m'éclairer ! (CORN. Hér. III, 1)
• Et semant de nos noms un insensible abus (CORN. Hér. IV, 4)
• Mais il faut renoncer à des abus si doux (CORN. Pulch. II, 1)
• Dans les moments où Dieu vous a affligé, vous vous êtes adressé à lui ; vous avez ouvert les yeux sur l'abus de ce monde misérable (MASS. Carème)
• Prospérités temp. Que sais-je si, au premier jour, votre fin soudaine et surprenante ne fournira pas à ceux qui m'écoutent de grandes mais d'inutiles réflexions sur l'abus du monde et de ses espérances (ID. ib. Impénitence finale)
• Travailler serait un abus : J'ai cinquante écus (BÉR. Cinquante écus.)
8. Proverbe. Le monde n'est qu'abus et vanité.
HISTORIQUE
XIVe s.— Et aucuns se delettent en abus de deliz [plaisirs] charnels (ORESME Eth. 203)
XVIe s.— S'il est question de corriger quelques abus... (LANOUE 85)— Les appellations comme d'abus ont lieu quand il y a contravention contre les saints decrets, libertés de l'Église gallicane, arrest des cours souveraines, jurisdiction seculiere ou ecclesiastique ; et tient-on qu'elles sont de l'invention de messire Pierre de Cugnieres, ores qu'elles semblent plus modernes (LOYSEL 888)— En appelant d'Atropos trop irée Comme d'abus (MAROT II, 272)
ÉTYMOLOGIE
Provenç. abus ; espagn. et ital. abuso ; de abusus, de ab, indiquant perversion, et usus, usage (voy. US).