définitions
accent (n.m.)
1.prononciation régionale des mots d'une langue qui diffère de la forme la plus courante.
2.signe graphique définissant la prononciation d'une voyelle.
3.augmentation d'intensité du son sur un temps musical.
4.inflexion de la voix exprimant un sentiment.
5.augmentation d'intensité de la voix sur un son de la parole.
Le Littré (1880)
ACCENT (s. m.)[a-ksan ; ne prononcez pas a-san comme font les méridionaux]
1. Terme de grammaire. Élévation de la voix sur une syllabe dans un mot, c'est-à-dire intensité donnée à une syllabe relativement aux autres : cela s'appelle accent tonique.
2. Inflexions particulières à une nation, aux habitants de certaines provinces. Accent anglais, italien. Accent gascon. On connaît à son accent de quelle province il est.
• L'air de cour est contagieux ; il se prend à Versailles, comme l'accent normand à Rouen ou à Falaise (LA BRUY. 8)
• L'accent du pays où l'on est né demeure dans l'esprit et dans le coeur, comme dans le langage (LA ROCHEF. Réflex. 342)
3. Absolument. Prononciation des personnes de province par rapport au parler de la capitale. Pour bien parler il ne faut pas avoir d'accent ; cette phrase veut dire qu'il faut donner l'accent consacré par le bon usage parmi ceux qui parlent bien. Il a perdu, conservé son accent.
4. Accent oratoire ou pathétique, inflexion de la voix par rapport aux sentiments ou aux pensées. Je trouve qu'il prend toujours l'accent le plus convenable à son sujet. Il avait dans les morceaux pathétiques un accent de tristesse. J. J. Rousseau a fait confusion entre l'accent oratoire et l'accent proprement dit, en écrivant : Se piquer de n'avoir point d'accent, c'est se piquer d'ôter aux phrases leur énergie, Ém. I.
5. Langage, chant, dans le style élevé et la poésie. Les accents de la passion, de la colère. De tristes accents. J'entends vos divins accents.
• Écoute les accents de sa mourante voix (CORN. Médée, V, 8)
• Ce sont les accents de la nature qui causent ce plaisir : c'est la plus douce de toutes les voix (MONTESQ. Esprit, XXVI, 4)
• Ces accents de la mort sont la voix de Ninus (VOLT. Sém. I, 3)
• Son aspect, ses accents Ont fait trembler mon bras, ont fait frémir mes sens (VOLT. Oreste, IV, 5)
• Aux accents de l'airain sonnant, les homicides.... (M. J. CHÉN. Ch. IX, V, 2)
• .... des clairons les belliqueux accents Pour la première fois font tressaillir mes sens (C. DELAV. Paria, I, 1)
• Enfin sa bouche flétrie Ose prendre un noble accent (BÉRANGER Judas.)
6. Petite marque qui se met sur une syllabe, soit pour en indiquer la prononciation, soit pour la caractériser grammaticalement.
REMARQUE
La grammaire française a trois espèces d'accents : l'accent aigu, l'accent grave, l'accent circonflexe.
Il y a, comme on voit, quatre sortes d'accents qu'il ne faut pas confondre, et que l'on confond souvent : 1° l'accent tonique, qui est l'élévation de la voix sur une syllabe d'un mot : dans donne, l'accent tonique est sur la pénultième ; dans amour, il est sur la dernière. Dans la langue française l'accent tonique n'occupe jamais que l'une de ces deux places. Dans le latin, l'accent tonique est en général sur la pénultième syllabe, si cette syllabe est longue, et sur l'antépénultième, si la pénultième est brève. C'est l'accent latin qui a déterminé la forme des mots français d'origine. La syllabe qui avait l'accent en latin l'a conservé en français : présbyter, prêtre, frágilis, frêle, ánima, âme. Le français, quoi qu'on en ait dit, a un accent très marqué : l'accent, en chaque mot, se trouve sur la dernière syllabe, si elle n'est pas terminée par un e muet, et sur l'avant-dernière, si la dernière est terminée par un e muet Dans le parler, les mots non accentués s'appuient sur les mots accentués et ne font qu'un avec eux ; ainsi dans ce vers tout monosyllabique de Racine : Le jour n'est pas plus pur que le fond de mon coeur ; il y a cinq accents, un sur jour, un sur pas, un sur pur, un sur fond et un cinquième sur coeur, de sorte que pour l'oreille il n'y a vraiment que cinq mots. Le vers français, comme le vers italien, anglais ou allemand, est fondé sur l'accent aussi bien que sur le nombre des syllabes. Dans le vers alexandrin, il faut deux accents : l'un à la sixième syllabe, et l'autre à la douzième ; dans les vers de dix syllabes, il en faut deux aussi : l'un à la quatrième et l'autre à la dixième syllabe. 2° L'accent provincial, qui est l'intonation propre à chaque province et différente de l'intonation du bon parler de Paris, prise pour règle. 3° L'accent oratoire, qui est l'inflexion donnée aux mots conformément aux affections de l'âme de celui qui parle ou qui lit. 4° L'accent, signe grammatical servant dans l'orthographe à différents usages.
HISTORIQUE
XVIe s.— Ses propos estoient belles chansons, estans les paroles accompagnées de chants, de gestes et d'accents pleins de douceur et de gravité (AMYOT Lyc. 4)
ÉTYMOLOGIE
Provenç. accent ; espagn. acento ; ital. accento ; d'accentus, de ad, à, et cantus, chant (voy. CHANT).
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
ACCENT. - HIST. XVIe s. Ajoutez :— L'accent ou ton en prononciation est une loi ou regle certaine pour elever ou abaisser la prononciation d'une chacune syllabe (MEIGRET dans LIVET, la Gramm. franç. p. 104)