Le Littré (1880)
ACCOISER [a-koi-zé]
1. V. a. Rendre coi, calme, tranquille.
• Adoucissons, lénifions et accoisons l'aigreur de ses esprits (MOL. Pourceaugnac, acte I, sc. 2)
• Accoisez tous les mouvements de votre intérieur pour écouter cette parole (BOSSUET Év. 74e jour.)
2. V. réfl.
• Si les couleurs semblent voguer au milieu de l'air, si elles s'affaiblissent peu à peu, si enfin elles se dissipent, c'est que, le coup que donnait l'objet présent ayant cessé, le mouvement qui reste dans le nerf est moins fixe, qu'il se ralentit, et enfin s'accoise tout à fait (BOSSUET Conn. de Dieu.)
REMARQUE
On voit que ce verbe était en bon usage au XVIIe s. ; il est aujourd'hui tombé en désuétude, à tort, et une emploi intelligent, s'autorisant de Bossuet, pourrait être essayé.
HISTORIQUE
XIe s.— Franceis se taisent ; as les vous [les voilà] aquisez (Rol. 18)
XIIe s.— Durement [il] s'esmerveille quant ele ne s'acoise (Romanc. p. 16)— Tuit ont de mi envie ; mais si me desmoterrai teil à ols [eux] que tuit cil qui lor envie acoyseront seront bieneureit (ST BERN. 524)
XIIIe s.— Apriès vinrent li conte et li grant seigneur, et prisent [prirent] trives à trois jours, et là dedens fut la cose acoisie et apaisiée (Chr. de Rains, p. 42)— Nuls n'en n'ose parler, l'un pour l'autre s'aquoise (Berte, 62)— Libaron sont tuit à repos ; Par la sale n'i a tant os [hardi] Qui i face ne crine noise ; Li rois parla ; Renart s'acoise (Ren. 13634)— Quant il fu un poi acoisiez.... (ib. 6441)— Car manjue [démangeaison] s'acoise, qui ung petit la grate (J. DE MEUNG. Test. 844)
XIVe s.— Et si faites cesser et acoisier vo gent, Tant que dit vous aurai mon fait tout pleinement (Guesclin, 20290)
XVe s.— Le temps cessa et la mer s'aquassa (FROISS. I, I, 198)— En cel ardour, en ce desir, M'ala souvenir de ma dame ; Lors m'alai acoisier, par m'ame (FROISS. Épinette amoureuse.)— Et ceux qui contre lui avoient proposé lui grever pour la mort du duc d'Orleans, furent tous acoisez (P. DE FÉNIN 1410)— Non mie que je vueille dire que tous les jeunes en chiéent [tombent] ès inconveniens susdits et que mains n'en y ait d'accoisiez et rassis (CHRIST. DE PISAN Charles V, I, 10)— Et puis quant seroit appaisée La fumée et toute accoysée La mer.... (LA FONT. 1028)— Et ains demeura en celle place ce pied coy, attendant que la mer fust accoisée (Bouciq. II, 22)
XVIe s.— Tu accoises les ruisseaux Et les bois hostes des bestes (YVER 528)— Que la guerre d'Italie pour les grandes despenses et interests des princes s'accoise (D'AUB. Hist. I, 29)
ÉTYMOLOGIE
À, et coi (voy. ce mot) ; provenç. aquezar.