définitions
accompagner (v. trans.)
1.aller de compagnie avec qqn. Se joindre à qqn pour aller où il va.
2.associer, ajouter qqch à qqch. Avoir lieu simultanément.
3.être le compagnon (de qqn)
4.porter (un coup) jusqu'à son plein achèvement
5.(musique)jouer une partie de soutien à la partie principale d'une musique.
accompagner (v.)
1.amener, mener qqn jusqu'à l'endroit prévu (ex. l'ouvreur conduit les spectateurs jusqu'à une place assise.)
2.accompagner pour protéger, surveiller, honorer.
Le Littré (1880)
ACCOMPAGNER (v. a.)[a-kon-pa-gné]
1. Aller de compagnie. Il m'accompagne dans tous mes voyages. J'accompagnais partout le vieillard.
• La reine qui l'accompagna au coeur de l'hiver (BOSSUET R. d'Anglet.)
• À en juger selon l'estime du monde profane et corrompu, vous vous voyez dans une espèce de nécessité de seconder cet ami [en un duel], de lui offrir votre secours, de l'accompagner (BOURD. Pensées, t. II, p. 272)
• Et partout Xipharès accompagne ses pas (RAC. Mithr. IV, 1)
• Oser accompagner ma fuite (ID. Phèdre, v, 1)
• De mon heureux rival j'accompagnai les armes (RAC. Berén. I, 4)
2. Fig. La fortune semble l'accompagner.
• Ces anathèmes partis du siége apostolique et secondés de tant d'autres qui les ont accompagnés ou suivis dans les églises particulières.... (BOURD. Pensées, t. II, p. 342)
• Toutes les traverses dont le faux bonheur du monde est accompagné (BOURD. ib. p. 374)
• L'amour de la sagesse lui fit préférer la douceur du célibat aux soins qui accompagnent le mariage (FÉN. Philos. Thalès.)
• Courage, mon garçon ! Tout heur nous accompagne (MOL. l'Étour. III, 5)
• .... un traître qui n'est hardi qu'à m'offenser, De qui nulle vertu n'accompagne l'audace (RAC. Mith. II, 4)
• Et toujours quelque crainte accompagne l'amour (RAC. Brit. V, 3)
3. Suivre par honneur, conduire en cérémonie, reconduire par honneur. Ce prince est toujours accompagné d'une suite nombreuse. C'est lui qui a la charge d'accompagner l'ambassadeur à l'audience. Quand il s'en alla, on l'accompagna jusqu'à sa voiture.
4. Escorter. Il se fait toujours accompagner, il ne sort que bien accompagné, à cause de ses ennemis.
5. Convenir à, aller avec.
• Sa voix, son geste accompagnent son visage (LA BRUY. 8)
• La mode qui fait la tête des femmes la base d'un édifice à plusieurs étages.... qui éloigne les cheveux du visage, bien qu'ils ne croissent que pour l'accompagner (LA BRUY. 13)
On y joint souvent l'adverbe bien : Cette garniture accompagne bien la robe.
6. Accompagner de, joindre à, ajouter. Il accompagne ses remontrances de menaces.
7. En termes de musique, faire un accompagnement. Si vous voulez chanter, je vous accompagnerai sur le piano, avec le piano.
• J'irais de la pastourelle Accompagner les chansons (BÉRANG. Petit oiseau.)
Accompagner se dit aussi absolument. Il accompagne bien, il accompagne mal.
8. S'ACCOMPAGNER, v. réfl. Il s'accompagna de gens de main pour faire le coup.
• Si vous vous accompagnez en ce voyage de vos muses et de vos papiers, nous n'aurons que faire pour nous entretenir (BALZ. Lettr. I, 16)
9. En musique, se faire à soi-même l'accompagnement. Il chanta en s'accompagnant du piano, de la guitare.
10. Être accompagné. La fièvre s'accompagnait de délire
SYNONYME
ACCOMPAGNER, ESCORTER. Nous escortons par précaution, pour empêcher les accidents qui pourraient survenir, ou pour mettre à couvert de l'insulte de l'ennemi qu'on peut rencontrer dans sa marche. Accompagner est plus général qu'escorter. On peut dire accompagner au lieu d'escorter, mais on ne peut pas dire toujours escorter pour accompagner.
HISTORIQUE
XIIe s.— Et tuit si frere l'aiderent, et tuit cil qui estoient acompaigné od son pere (Machab. I, ch. 3)— A Guenelon icil s'aconpagna (Ronc. p. 72)
XIIIe s.— Se tu te voloies acompaigner à moi, je te porterai foi et loiauté, et porrions conquerre assés de ceste contrée (VILLEH. 133)— Acompaignié [associés] sont li baron En poi d'heure por le bacon [jambon] (Ren. 7053)— Et tiex puet on acompaignier Dont l'en a puis grant enconbrier (ib. 7530)— Ensemble vous et lui vous acompaignerai (Berte, 57)— Se tele compaignie [société, association] se fait, ne sont il pas compaignon de toz lor biens, mais des choses tant solement de quoi il s'acompaignerent [s'associèrent] (BEAUMANOIR XXI, 30)— Ay acompagnié et acompagnons Monseigneur le duc et ses hoirs à toutes les choses que j'ay (DU CANGE associare.)
XIVe s.— Nous l'acompaignons des ores en avant en tous les biens faits en nostre église (DU CANGE ib.)
XVe s.— Feu Thomas a donné aux dits religieus, afin qu'il soit acompaignié en leurs aumosnes et oraisons (DU CANGE ib.)— Et si s'acompagnoient à un pilot [pièce de bois] vingt ou trente, et s'escueilloient et puis boutoient de grant randon contre le mur (FROISS. I, I, 137)
XVIe s.— Seion sa grace infinie, J. C. s'accompagne avec nous qui sommes bas et contemptibles (CALV. Inst. 363)— Voilà pourquoi saint Paul accompagne la doctrine avec la foi d'un lien inseparable (CALV. ib. 421)— Afin que ceux au nom desquels il offroit fussent accompagnez aux fideles qui estoient morts pour maintenir la vraie religion (CALV. ib. 529)— Et s'accompagnant honteusement à la cause et entreprise des infideles (MART. DU BELLAY, 348)— Nos romans disent ordinairement adestrer pour accompaigner (MONT. I, 358)— Ils se promettent une vie terrestre accompaignée de toutes sortes de plaisirs (MONT. II, 252)— J'escrivois cecy, accompaigné de telle douleur en la vessie.... (MONT. III, 12)— Mais toujours de douleur le plaisir s'accompagne (RONSARD 266)— Ainsi qu'avec l'Espaigne La France s'accompaigne [s'allie] (DU BELLAY VIII, 10, recto.)
ÉTYMOLOGIE
Provenç. acompanhar ; catal. acompanyar ; espagn. acompañar ; ital. accompagnare ; de a et du verbe roman qui se trouve en provençal et en italien, companhar, compagnare (voy. COMPAGNON).