définitions
accorder (v. trans.)
1.ajuster les fréquences harmoniques de (instrument de musique) ; en régler les notes " Mon piano doit être accordé "
2.faire entrer des points de vue, des objectifs, des personnes etc. en accord.
3.faire correspondre (des idées ou des actes)
4.consentir à admettre ou à donner.
5.mettre d'accord des personnes. Mettre en accord des choses.
6.s'adapter harmonieusement à (qqch)
7.régler la hauteur (d'un piano)
8.(grammaire)établir la correspondance morphologique adéquate entre des mots selon leur fonction ou leur rapport de subordination.
accorder (v. pron.)
1.être en accord avec, avoir de bonnes relations, bien se comprendre.
2.aller ensemble, donner une effet positif ensemble "Les couleurs ne s'harmonisent pas" "Leurs idées concordent"
3.arriver à une opinion commune (ex. mes collègues se sont mis d'accord sur la position à tenir).
4.mettre d'accord.
accorder (v.)
1.donner comme jugé dû ou sur la base du mérite
"l'arbitre a accordé un coup franc à l'équipe"
"le jury a octroyé un million de dollars au plaignant"
Le Littré (1880)
ACCORDER (v. a.)[a-kor-dé]
1. Mettre en bonne intelligence, concilier, arranger. Accorder deux plaideurs. Accorder des ennemis. Accorder un différend.
• Comme le sujet de leur querelle fut public, elle fut accordée au sortir du palais par M. le duc d'Orléans (LAROCHEF. Mém. 182)
• Le ciel, qui de sa main daigna nous accorder, Doit faire que l'effet à l'attente réponde (ROTROU Antig. I, 4)
2. Effacer les contrariétés, les désaccords, concilier.
• C'est celle qui accorde les contrariétés par un art tout divin (PASC. édit. Cousin.)
• Il accorde en peu de mots l'immatérialité de l'âme avec le pouvoir qu'a la matière d'altérer ses fonctions (PASC. ib.)
• Mais d'ailleurs comment pourrions-nous accorder avec l'infinie bonté de Dieu, notre Créateur et notre père, de nous avoir appelés à un état où il ne nous fût pas possible d'obtenir la souveraine béatitude ? (BOURD. Pensées, t. I, p. 77)
• Accordez ces discours que j'ai peine à comprendre (CORN. Mort de P. V, 3)
• D'Albe avec mon amour j'accordais la querelle (CORN. Hor. I, 4)
• Accordez le respect que mon trône vous donne Avec cet attentat sur ma propre personne (CORN. Sert. II, 2)
• Vous saurez accorder votre amour et ma gloire (CORN. Sert. III, 4)
• Quelle convention peut-il y avoir entre J. C. et Bélial, et comment peut-on accorder le temple de Dieu avec les idoles ? (BOSSUET Hist. II, 358)
• Pour accorder le franc arbitre et la prédestination (LA MOTHE LEVAYER 12)
• Comment peut-on avec tant de colère Accorder tant d'amour ? (RAC. Ath. III, 8)
• .... je saurai peut-être accorder quelque jour Les soins de ma grandeur et ceux de mon amour (RAC. Andr. I, 2)
• Il a accordé une piété solide avec une profonde érudition (FONTEN. Oracl. 9)
• Il faut accorder les contradictions qui ne sont qu'apparentes ; il faut faire un choix bien raisonné, quand elles sont réelles (FONTEN. de Lisle.)
• J'étais fatigué de me trouver toujours entre deux hommes que je ne pouvais accorder [qui conseillaient des choses opposées] (FÉN. Tél. XIII)
• Pouvant accorder la résidence avec la cour (SÉV. 453)
Accorder en ce sens prend avec, et quelquefois à :
• Je ne sais s'il y a moyen pour donner des règles fermes, pour accorder les discours à l'inconstance de nos caprices (PASC. Pens. I, 3)
• ... un prince aimable Qui sait accorder si bien.... Aux talents d'un capitaine Les vertus d'un citoyen (CHAUL. à Vendôme.)
3. Demeurer d'accord, avouer. J'accorde cette proposition, ce fait.
• Oui, j'accorde qu'Auguste a droit de conserver L'empire où sa vertu l'a fait seule arriver (CORN. Cinna, II, 1)
• De quel poids peut être le suffrage d'un homme comme moi, d'un homme sans lettres et sans étude ? On vous l'accorde ; l'Église peut fort bien se passer de votre suffrage (BOURD. Pensées, t. II, p. 347)
• Plutôt que d'accorder qu'il faille dire la forme d'un chapeau, j'accorderais que.... (MOL. le Mar. forcé, 6)
• Ils ne nient ces choses ni ne les accordent ; ils n'y pensent point (LA BRUY. 16)
• Au cas qu'on ait accordé les principes, et qu'on demeure ferme à les avouer (PASC. Pensées, I, 3)
4. Concéder. Accorder un privilége, une grâce, une demande. Il lui accorda de venir auprès de lui. Accordez-moi une audience. Ne rien accorder aux faiblesses de la nature.
• Les dieux ne lui ont pas accordé de revoir sa patrie (FÉN. Tél. III)
• Je ne te veux qu'un mot ; accorde ma prière (ROTROU St-Genest, IV, 4)
• Puisque vous le voulez, j'accorde qu'il le fasse (CORN. Cid, IV, 5)
• Une vie où l'on n'accorde rien aux passions extrêmes (MASS. Rich.)
• Accorder à Dieu une chiquenaude pour mettre le monde en mouvement (PASC. édit. Cousin.)
• On se remet en grâce avec eux ; on leur pardonne, et on leur demande qu'ils nous accordent le même pardon (BOURD. Pensées, t. II, p. 300)
• Il est vrai, reprit Jésus-Christ, Moïse vous l'a accordé, mais il ne l'a accordé qu'à la dureté de votre coeur (BOURD. ib. p. 360)
• De n'avoir point de repos que les superfluités ne me soient accordées (BOURD. ib. p. 405)
• Lorsqu'on verra qu'elle s'accorde tous les soulagements et se ménage toutes les douceurs qu'elle est en pouvoir de se procurer (BOURD. ib. p. 467)
• Il semble que l'on n'entre dans un emploi que pour pouvoir obliger et n'en rien faire ; la chose la plus prompte et qui se présente d'abord, c'est le refus ; et l'on n'accorde que par réflexion (LA BRUY. 11)
5. Accorder une fille, la promettre en mariage.
• Mon père est près de m'accorder (LA FONT. Nic.)
6. Terme de musique, mettre d'accord. Accorder la voix avec un instrument. Accorder un piano.
• On a un vieux clavecin ; Émile l'accorde (J. J. ROUSS. Ém. V)
• Pour accorder ma flûte avec ton instrument (RÉGNIER Sat. X.)
• Il semble.... Que Phébus à leur ton accorde sa vielle (RÉGNIER Sat. III)
• Près du temple sacré, les Grâces demi-nues Accordent à leurs voix leurs danses ingénues (VOLT. Henr. IX.)
• C'est ressembler à un musicien qui se contenterait de trouver des sons harmonieux, et qui ne se mettrait point en peine de les unir et de les accorder pour en composer une musique douce et touchante (FÉN. Tél. XXII)
7. En peinture, accorder les tons, assortir les couleurs et les nuances.
8. Terme de grammaire, mettre l'accord entre les mots. Accorder un verbe avec son sujet en personne et en nombre.
9. S'accorder, v. réfl. S'arranger, être arrangé à l'amiable. Leur différend s'est accordé. Les deux adversaires se sont accordés.
• Tu n'as dans leur querelle aucun sujet de craindre ; Elle a trop fait de bruit pour ne pas s'accorder (CORN. Cid, II, 3)
10. Être d'accord, en bonne intelligence.
• Moi-même, je ne m'accorde pas toujours avec moi-même (BOSSUET Conn. de Dieu.)
• Les nôtres bien souvent s'accordent mal ensemble (CORN. Poly. IV, 6)
• L'enfant et le héros s'accordent mal ensemble (CORN. Oed. II, 4)
• Est-il possible que celui-là m'estime, en l'estime duquel tous nos ennemis s'accordent ? (BALZ. Lett. I, 2)
• On dit communément ami jusqu'aux autels, pour signifier que, dans toutes les autres choses qui n'ont nul rapport à la religion, et qui d'ailleurs ne sont pas mauvaises en elles-mêmes, on peut s'accorder avec un ami (BOURD. Pensées, t. II, p. 273)
• Hélas ! combien se sont liés et accordés ensemble aux dépens du pauvre et de l'innocent (BOURD. ib. p. 304)
• Réunissons trois coeurs qui n'ont pu s'accorder (RAC. Andr. V, 5)
• [Un roi qui] meurt, et laisse après lui, pour venger son trépas, Deux fils infortunés qui ne s'accordent pas (RAC. Mithr. I, 1)
• Si sa bouche s'accorde avec la voix publique (RAC. Bérén. I, 3)
• La vérité s'accorde avec la renommée (RAC. Baj. I, 2)
• Que ta voix s'accorde avec ce que j'écris (RAC. Iph. I, 1)
• Tous deux jaloux de plaire et plus de commander, Ils sont montés trop haut pour pouvoir s'accorder (VOLT. Catil. I, 6)
• [Ils] rapprocheront trois coeurs qui ne s'accordaient pas (VOLT. Irène, V, 3)
• Les Anglais avec moi pourraient mal s'accorder (VOLT. Adél. IV, 5)
• Nos volontés ne s'accordaient pas avec les siennes (LESAGE le Bach. I, 139)
• On était prêt à passer à une guerre ouverte, lorsqu'on s'accorda de part et d'autre de s'en tenir aux décisions de l'oracle (FÉN. Philos. Thalès.)
• Accordez-vous donc avec vous-mêmes (MASS. Injust.)
• Qu'il est rare, mes frères, que la nature s'accorde avec la grâce (MASS. Car. Vocation.)
• Cette république [l'Europe chrétienne], quoique divisée, s'était accordée longtemps dans les projets des croisades (VOLT. Ess. sur l'hist. gén. I, 333)
• Hélas ! ces deux partis, sans pouvoir se détruire, Ne se sont accordés qu'à déchirer l'empire (DUCIS Macbeth, I, 1)
11. Demeurer d'accord, consentir à.
• Les provinces s'accordaient encore à cette forme de gouvernement (PERROT D'ABL. Tac. 3)
• Madame, enfin Galba s'accorde à nos souhaits (CORN. Oth. II, 3)
• Je ne désespère pas de me pouvoir accorder de cela avec vous (VOIT. Lett. 52)
• Étant tous unis dans le dessein de perdre M. Arnauld, ils se sont avisés de s'accorder de ce terme de prochain, que les uns et les autres disaient ensemble, quoiqu'ils l'entendissent diversement (PASC. Prov. 1)
• A tout ce qu'on disait, doucet je m'accordais (RÉGNIER Sat. X)
• Charnacé stipule qu'il le couchera [le tailleur], le nourrira et le payera avant de le renvoyer ; le tailleur s'y accorde et se met à travailler (SAINT-SIMON 59, 236)
12. Être en accord, en conformité, en rapport.
• Ces maximes ne s'accordent pas au dessein de la plupart des gens (PASC. Prov. 5)
• La force s'accorde avec cette bassesse (PASC. édit. Cousin.)
• Mon récit ne s'accorde guère avec ce que raconte cet auteur (BOSSUET Hist. I, 7)
• Sa demande s'accorde à mon désir (MOL. Mis. V, 2)
• Le moyen de lui résister quand elle [la voix de la nature] s'accorde à la voix du coeur ? (J. J. ROUSS. Hél. I, 10)
• Toute religion qui pourrait s'accorder avec le code, serait admise ; toute religion qui ne s'y accorderait pas, serait proscrite (IDEM I, 447)
• Il n'y a aucun de ces tempéraments qui puisse, en quelque manière, s'accorder non-seulement avec le christianisme le plus exact et le plus étroit, mais avec le christianisme le plus modéré et le moins sévère (BOURD. Pensées, t. II, p. 259)
• Le zèle de la religion et l'amour des richesses, principes bien opposés, s'accordaient à augmenter tous les jours le nombre des découvertes dans les climats lointains (FONTEN. Delisle.)
• Tout cela, évalué avec toutes les précautions nécessaires, s'accordait à donner à la Méditerranée la même étendue que les observations astronomiques dont on voulait se défier (FONTEN. ib.)
13. Être concédé. Des grâces pareilles s'accordent difficilement. Comme cette dignité ne s'accorde pas toujours au mérite.
14. En grammaire, prendre, autant qu'il est possible, les mêmes formes accidentelles. L'adjectif s'accorde en genre et en nombre avec son substantif, c'est-à-dire qu'il en prend le genre et le nombre. Le verbe s'accorde en nombre et en personne avec son sujet, c'est-à-dire qu'il se met au même nombre et à la même personne.
REMARQUE
1. S'accorder, dans le sens d'être d'accord, régit l'infinitif avec à : Les évangélistes s'accordent à nommer saint Pierre devant tous les apôtres. On se sert aussi, bien que plus rarement, de la préposition de : Ils s'accordèrent tous de prendre ce parti.
2. Accorder, dans le sens de reconnaître, régit l'indicatif ou le subjonctif, si la phrase est affirmative : J'accorde que cela est ou que cela soit, qu'il le fera ou qu'il le fasse ; mais le subjonctif seulement, si elle est négative : Je n'accorde pas que cela soit. Quand la phrase est affirmative, le sens est différent avec le subjonctif ou l'indicatif : J'accorde que cela soit, signifie une concession provisoire ; je ne sais si cela est, mais je l'accorde. Au contraire, j'accorde que cela est indique une concession définitive : vous m'avez convaincu ; je donne mon assentiment.
3. Accorder, dans le sens de octroyer, veut toujours le subjonctif : J'accorde que vous fassiez cela. J'ai accordé à mon fils qu'il allât à Paris. On pourrait aussi, au temps passé, se servir du conditionnel : Il lui accorda qu'il irait à Paris. Autrement, on emploie de avec l'infinitif : Je vous accorde de faire cela, d'aller à Paris.
SYNONYME
ACCORDER, RACCOMMODER, RÉCONCILIER. Mettre l'union entre des personnes qui sont en opposition. On accorde ceux qui sont en dispute pour des prétentions ou des opinions. On raccommode ceux qui se sont brouillés. On réconcilie ceux qui entretiennent entre eux des inimitiés. Entre les gens qu'on accorde, il peut n'y avoir rien de personnel ; entre les gens qu'on raccommode ou qu'on réconcilie, des affaires personnelles, des passions, des intérêts sont toujours intervenus. La nuance est faible entre raccommoder et réconcilier. Raccommoder est plus familier que réconcilier, et quand il est nécessaire de les distinguer, il y a entre eux la différence qu'il y a entre la brouille et l'inimitié.
HISTORIQUE
XIe s.— À Charlemagne [il] se voudrat acorder (Ch. de Rol. 185)— Mais Guenelon fai (fais) acorder au rei (ib. 285)
XIIe s.— Se m'i poez par enging acorder (Ronc. p. 4)— A cel conseil s'acordent tel cinq cent chevaliers (Sax. 16)— Les enemis faisiens [nous faisions] acorder et païer [mettre en paix] (ib.)— Sire, car faites mander Vos barons et acorder (HUES DE LA FERTÉ Romanc. p. 191)— Bien fust ore la terre de mon pere escillie [ruinée], Se la guerre ne fust acordée et païe [appaisée] (AUDEFROI LE BASTARD Rom. p. 12)
XIIIe s.— Si ne se purent à cele fois acorder, por ce qu'il lor sembla qu'il n'avoient mie encore deniers assez (VILLEH. 8)— Et s'acorderent entre aux [eux] à ce qu'il se trairoient envers Venise (VILLEH. ib. 10)— Dame, bien m'i puis acorder (la Rose, 5523)— Li aucun des homes voelent dire que.... mais je ne m'i accort pas (BEAUMANOIR X, 9)— En heritages qui sont tenu en vilenages, s'acorde nostre coustume à l'usage de France (BEAUMANOIR XVIII, 24)— Et por ce je m'acort que longe prison li soit baillie (BEAUMANOIR XXX, 19)— Que la vieille sa mere s'est au roi acordée.... (Berte, 16)— Ensi s'accorderent tout au mainsné [puîné] (Chr. de Rains, p. 3)— Au conseil que nous lui donames s'acorda li rois, dont la royne fu moult lie (JOINV. 288)— Je lui demandai au quel avis il s'acordoit, et il me dit : Je m'acorde que nous nous laissons tous tuer ; si nous en irons tous en paradis. Mais nous ne le creumes pas (JOINV. 240)— Le traité de l'acorder fu tel que l'en devoit rendre au soudanc Damiete... (JOINV. 237)— Ainsi li rois acorda le comte de Champaigne à la royne de Chypre (JOINV. 204)— À tant qu'il sceust se li amiraus de Egypte lui acorderoient la treve que il avoient rompue (JOINV. 161)— Acordé fu que le roy descendroit à terre le vendredi devant la Trinité (JOINV. 214)
XIVe s.— David li prophete jadis, Quant il voloit apaisier l'ire De Dieu, il acordoit sa lire, Dont il harpoit si proprement (MACHAULT p. 9)— Quand les paroles s'acordent as oeuvres, il [elles] sont creues (ORESME Eth. 295)— A chose vraye toutes choses s'acordent (ORESME ib. 17)
XVe s.— Adonc [je] congneu que ma pensée Accordoit à ma destinée (CH. D'ORL. Bal. 62)— Ains accorderent ses ennemis entre eux paisiblement et firent secretement savoir à la roine (FROISS. I, I, 9)— Ainsi et sur cet estat fut la journée accordée de combattre [il fut convenu de combattre] (FROISS. I, I, 91)— Il leur accorda tout ce qu'ils demandoient (FROISS. II, III, 8)— Et disoient les deputés au comte de Flandre : Cher sire, accordez vous tellement que nous reportions paix en la ville de Gand (FROISS. II, 2, 55)— Et à ce s'accorde Aristote semblablement, Seneque et tous les autres sages, selon le contenu de leur dit (CHRIST. DE PISAN II, 4)— Leur capitaine saillit dehors à seureté pour cuider composer, il ne peut accorder (COMM. III, 9)— Et le marquis s'y accorda et son oncle y contredit (COMM. VIII, 6)— Et si l'on dit que par là.... je m'accorderai assez que ung jeune roy le fist (COMM. VI, 13)— Disant au dit duc que ceulx qui estoient en Bretaigne pourroient bien acorder sans lui.... (COMM. II, 5)
XVIe s.— Il n'a pu accorder avecques le pape, parce que il y demandoit excessive somme d'argent pour l'investiture de ses terres (RAB. Epi. 14)— La tourterelle en gemit, et en mene Semblable deuil : et j'accorde à leurs chants (MAR. III, 298)— ... je confesse ce point, Que ce seul don ne t'accorderois point (ID. IV, 59)— Disant : Mon fils, ma parole et ma voix Trop de leger s'acorda à la tienne (MAR. ib.)— Nous avons aussi un autre ancien pere qui accorde à notre opinion (CALV. Inst. 280)— Et encore que nous leur accordissions que ceste dissimulation fust bonne pour quelque temps (CALV. ib. 667)— Par quoy ces deux choses s'accordent très bien (CALV. ib. 904)— Ils n'estiment point qu'un homme soit chrestien, sinon qu'il s'accorde à toutes leurs exterminations (CALV. ib. 928)— Le roi accorda trefve pour quelques jours (MONT. I, 23)— Dionysius se mocquoit des musiciens qui accordent leurs flutes et n'accordent pas leurs moeurs (MONT. I, 145)— Et cet aultre que Plutarque vouloit induire à s'accorder avecques son frere (MONT. I, 207)— S'il advient que mes humeurs plaisent et accordent à quelque honneste homme.... (MONT. IV, 114)— Il advient souvent que les jugements d'aultruy ne s'accordent pas aux miens (MONT. IV, 123)— A la fin ils accorderent entre eux qu'ils decideroient ce differend par le vol des oiseaux (AMYOT Rom. 14)— Accorder une lyre ou une viole (AMYOT Thém. 2)— Il arriva des ambassadeurs avec plein pouvoir d'accorder et appointer tous differends (AMYOT Alc. 23)— Deidamia, estant encore petite garse, avoit esté accordée à Alexandre fils d'Alexandre le Grand et de Roxane (AMYOT Pyrrh. 7)
ÉTYMOLOGIE
Bourguig. écodai ; provenç. et espagn. acordar ; ital. accordare. D'après Ménage, accorder vient de corda, corde. C'est une erreur ; il vient de à et cor, coeur (voy. ce mot), comme le prouvent le mot français concorder et les mots latins parallèles, concors, vecors, excors. Concordare a en latin presque tous les sens d'accorder, et Ovide a dit : " Concordant carmina nervis. " Accorder, dans l'acception de mettre d'accord un instrument de musique, est donc non la signification propre, mais la signification figurée.