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définitions

accoucher (v. trans.)

1.aider une femme à mettre au monde un enfant.

2.donner naissance à (un enfant).

Le Littré (1880)

ACCOUCHER [a-kou-ché]

1. V. n. Mettre au monde. Accoucher à terme, avant terme. Elle est accouchée de deux jumeaux.

Et la triste Émilie est morte en accouchant (CORN. Sert. V, 2)

Que ses parents et ses voisins l'avaient vue grosse de la fille dont elle avait accouché (VERTOT Rév. rom. V, 60)

Elle vient d'accoucher d'un garçon (SÉV. 3)

2. Fig. et dans le style badin ou critique. L'un enfante des volumes, l'autre accouche d'épigrammes.

Que votre esprit accouche enfin de ce que.... Le sort de ce sonnet a droit de vous toucher ; Car c'est dans votre cour que j'en viens d'accoucher (MOL. F. sav. III, 1)

Mais enfin j'accouche d'un dessein Qui passera l'effort de tout le genre humain (REGNARD Lég. IV, 2)

Monsieur avait accouché de projets toute la nuit (RETZ III, 176)

Si quelquefois il n'enfantait pas heureusement ses idées, du moins il savait faire accoucher heureusement ses auditeurs des vérités cachées qui étaient en eux (DESFONT. Éloge de Renau.)

3. S'expliquer. Parlez, accouchez enfin, et voyons ce qui vous inquiète.

Le roi insistant, il fallut bien accoucher, et Chamillart lui dit que.... (SAINT-SIMON 105, 120)

4. V. a. Aider une femme à accoucher. Accoucher une femme. Ce chirurgien accouche bien.

REMARQUE

Accoucher, v. n. se conjugue avec être quand il s'agit d'exprimer l'état, et avec avoir quand il s'agit d'exprimer l'acte : Elle est accouchée depuis un mois ; Elle a accouché heureusement. Loc. vic. : Elle a accouché d'hier. Dites : Elle est accouchée d'hier.

HISTORIQUE

XIIIe s.Mahius de Montmorency accoucha malades, et tant fu agrevés qu'il morut (VILLEH. 89)Li quens del Perche s'acoucha de maladie (VILLEH. 29)La comtesse Marie si acoucha d'une fille (VILLEH. 180)Novellement est acouchée, à chascun [petit] donoit sa bouchée (Ren. 363)Et pour les dites maladies [j'] acouchai au lit malade en la mi careme (JOINV. 237)Car trois jours devant ce que elle acouchast, lui vinrent les nouvelles que li rois estoit pris (JOINV. 252)Et avint antre ces entrefates que la reïne fust preste d'acouchier ; et lo jor devant que ele acouchast.... (MERLIN f° 68, recto.)

XIVe s.Si le [Piètre] leva de fons [fut sa marraine] la roÿne jolie, Qui d'une fille estoit à ce temps acouchie (Guesclin, 8621)

XVe s.Après advint que celle dame fut enceinte, et le dit roi, son mari, accoucha malade au lict de la mort (FROISS. I, I, 49)L'abbesse, qui belle et jeune et en bon point lors estoit, nagueres s'acouche malade (L. XI Nouv. 21)Advint qu'elle fut malade et au lit de la mort acouchée (L. XI Nouv. 51)Là accoucha malade messire Henry de Bar en une ville que on nomme Trevise (Bouc. I, 27)

XVIe s.Ci dessous git estendue et couchée, Une qu'amour si bien vaincue avoit, Que plusieurs fois elle en fust accouchée ; Mais c'estoit mal dont elle relevoit (ST-GELAIS 197)....où les femmes s'accouchent sans plainte et sans effroy (MONT. I, 113)Une montagne fut quelque fois en travail d'enfant, et puis enfin elle s'accoucha d'une souris (AMYOT Agés. 63)Elle s'accoucha en la prison d'un beau fils que.... (AMYOT Dion, 72)

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. écouchai ; picard, acouker. On voit par l'historique que accoucher ou s'accoucher signifie proprement se coucher, s'aliter ; ce n'est que peu à peu qu'il a pris le sens exclusif de se mettre au lit pour enfanter. De à et coucher.