définitions
admettre (v. trans.)
1.accepter de recevoir qqn.
2.considérer comme plausible, acceptable.
3.faire entrer dans son groupe (ex. accepter admettre, prendre des étudiants dociles).
4.permettre la participation (de qqn) ou permettre (à qqn) le droit de faire partie; permis d'exercer des droits, fonctions et responsabilités " admettre qqn dans une profession " " Elle a été admise au barreau du New Jersey "
5.déclarer vrai ou admettre l’existence, la réalité ou la vérité de " Il a reconnu ses erreurs " " Elle a reconnu avoir peut-être oublié " .
6.accepter, permettre que qqch se fasse.
7.fournir la possibilité de (qqch) " Ce problème n'admet aucune solution " " Cette courte histoire permet plusieurs interprétations différentes "
Le Littré (1880)
ADMETTRE [a-dmè-tr'. Se conjugue comme mettre]
1. V. a. Laisser entrer, recevoir. Admettre dans sa maison. J'entends qu'on n'admette personne chez moi. Il ne m'admit pas en sa présence. Refuser d'admettre un suppliant. On l'admit à l'audience du pape. Ils furent admis au pied du trône. Être admis devant quelqu'un.
• Caron admet dans sa barque le jeune Grec (FÉN. Tél. XVIII)
• En vous le produisant, je ne crains pas le blâme D'avoir admis chez vous un profane, madame (MOL. Femmes sav. III, 5)
• C'est ainsi qu'elle parle, et j'ai dû lui promettre Qu'à vos pieds en ces lieux vous daigneriez l'admettre (VOLT. Orphel. III, 1)
• Respectant ce vieillard qui daigne ici t'admettre (VOLT. Tancr. III, 6)
• .... devant moi je veux qu'il soit admis (VOLT. Mér. IV, 1)
2. Fig. Admettre quelqu'un parmi ses amis. Ceux que l'Église admettait au nombre des siens. Les plébéiens furent admis aux honneurs. Il admet dans sa confiance ceux qui.... On ne doit admettre dans cette école que les jeunes gens qui.... Il fut admis dans l'amitié de ce grand homme. Ils l'admettaient dans tous leurs conseils. Il déclara qu'il n'admettrait personne à partager le prix de la victoire.
• Idoménée régla sa table, où il n'admit que du pain excellent, du vin du pays.... (FÉN. Tél. XII)
• L'admettre dans sa confidence et dans sa plus entière familiarité (BOURD. Pensées, t. II, p. 433)
• Dans un désir ardent d'être admise à la béatitude céleste (BOURD. ib. p. 447)
• Rome.... N'admet avec son sang aucun sang étranger (RAC. Bérén. II, 2)
• Admettons-nous quelque autre à cet honneur suprême ? (VOLT. Mort de Cés. II, 4)
• Digne, un jour, d'être admis parmi nos citoyens (VOLT. Orphel. I, 1)
• On le leur amène, cet homme propre à parer les avenues d'une foire, et à être montré en chambre pour de l'argent ; ils l'admettent dans leur familiarité (LA BRUY. 13)
3. Admettre à, permettre de. Il fut admis à défendre son projet. Admettre quelqu'un à se justifier.
• Admettez l'innocence à réprimer l'outrage (ROTROU Bélis. V, 5)
• Il n'y avait point d'homme si souille que la religion du Christ n'admît à repentir (CHATEAUB. Génie, I, , VI 2)
4. Reconnaître pour véritable. Admettre un privilége. Les épicuriens admettaient des dieux oisifs. Les astronomes admettent la gravitation pour cause du mouvement des corps célestes. Tout le monde admet aujourd'hui que le soleil est au centre du monde.
• .... Mon coeur, qui s'ignore, Peut-il admettre un Dieu que mon amant abhorre ? (VOLT. Zaïre, I, 1)
• L'esprit docile admet la vraie religion, et l'esprit faible ou n'en admet aucune ou en admet une fausse (LA BRUY. 16)
• Admettre les pensées creuses, écartées des notions communes, ou tout au plus les subtiles et les ingénieuses (LA BRUY. ib.)
• ...ou, comme vous parlez quelquefois, les merveilles du hasard que vous admettez seul pour cause première de toutes choses (ID. ib.)
• Les admettre tous [les récits de magie] ou les nier tous, paraît un égal inconvénient (LA BRUY. 14)
5. Tenir pour bon, agréer pour valable. J'admets vos raisons. Ses excuses furent admises. L'action judiciaire ne fut pas admise.
• Mon esprit n'admet point un pompeux solécisme, Ni d'un vers ampoulé l'orgueilleux barbarisme (BOILEAU A. P. I)
6. Supposer. Admettre qu'il en soit ainsi. Admettons qu'il y ait des auspices. J'admets qu'il y ait six mille graines semées qui meurent.
7. En parlant des choses, comporter, souffrir. Cette affaire n'admet point de retard. L'adverbe admet le comparatif.
• Ce haut rang n'admet point un homme sans honneur (CORN. Cid, I, 8)
• L'hymen chez les Romains n'admet qu'une Romaine (RAC. Bér. I, 5)
REMARQUE
1. On dit admettre à quand la chose où l'on admet ne se présente pas facilement à l'esprit comme un lieu : Admettre aux honneurs, au consulat ; admettre au nombre. Avec un infinitif, c'est toujours à : On l'admit à siéger. Admettre dans, quand la chose où l'on admet peut se présenter comme un lieu : Admettre dans un séjour, dans la familiarité ; mais même alors la préposition à n'est pas exclue : Admettre à sa familiarité. Admettre parmi, entre, quand une idée de nombre se présente à l'esprit : On les admit parmi les privilégiés.
2. Admettre que, au sens de reconnaître pour vrai, veut l'indicatif, s'il n'y a pas de négation ; et, s'il y en a, le subjonctif : j'admets qu'il en est ainsi ; je n'admets pas qu'il en soit ainsi. Au sens de supposer, il veut toujours le subjonctif : admettant que cela soit vrai.
SYNONYME
ADMETTRE, RECEVOIR. C'est donner entrée ou accès. La différence est que celui qui admet prend une détermination qui lui est propre, et que celui qui reçoit consent à ce qui lui est proposé. On admet quelqu'un qu'on désire, qu'on trouve digne, etc. On reçoit celui qui est présenté. On admet une vérité qu'on a examinée. On reçoit une opinion sur parole, par tradition.
HISTORIQUE
XVIe s.— Le nid ne peult recevoir ny admettre que l'oyseau qui l'a basti (MONT. II, 198)— Le peuple ne voulut point admettre ny recevoir son excuse (AMYOT Cam. 53)
ÉTYMOLOGIE
Provenç. Amettre et admettre ; espagn, admitir ; portug. admittir ; ital. ammittere ; de admittere, de ad, à (voy. à), et mittere, envoyer (voy. METTRE). On voit que l'espagnol et le portugais ont changé la conjugaison, et supposent une forme bas-latin admittire.