définitions
admirer (v. trans.)
1.contempler avec émotion ce qui paraît beau ou moralement supérieur.
Le Littré (1880)
ADMIRER (v. a.)[a-dmi-ré]
1. Considérer avec admiration.
• Adraste admirait malgré lui ce qu'il venait de voir, et n'osait le louer (FÉN. Tél. XX)
• La Grèce, l'Asie et toutes les îles l'ont admiré [Ulysse] malgré ses défauts : mille qualités merveilleuses les font oublier. Vous serez trop heureux de pouvoir l'admirer aussi et de l'étudier sans cesse comme votre modèle (FÉN. Tél. XII)
• Quel excellent maître que celui qui fait des ouvrages, je ne dis pas que les hommes admirent, mais qu'ils craignent ! (LA BRUY. 16)
• La cour.... Distingua le naïf du plat et du bouffon, Et laissa la province admirer le Typhon (BOILEAU A. P. I)
• On admire en secret sa naissance et son sort (RAC. Iph. V, 6)
• Ce grand roi, plus capable encore d'être touché par le mérite que par le sang, ne se lassait point d'admirer les excellentes qualités de Madame (BOSSUET Duchesse d'Orl.)
• Admirons ici la piété de la reine, qui a su si bien conserver les précieux restes de tant de persécutions (BOSSUET Reine d'Anglet.)
• Si l'on eût pu avancer ces belles années dont nous admirons maintenant le cours glorieux.... (BOSSUET ib.)
• J'admire avec horreur ce dessein généreux (VOLT. Orphel. I, 6)
• J'admire avec terreur De ce désert muet la ténébreuse horreur (DUCIS Macb. I, 1)
2. Admirer, se dit aussi absolument. Assis sur le bord de la mer, il admirait.
• Le voyageur s'arrête étonné de l'entendre, Il écoute, il admire, et ne saurait comprendre D'où partent ces divins soupirs (LAMART. Nouvelles Médit. V)
• Le peuple écoute avidement, les yeux élevés et la bouche ouverte. Croit que cela lui plaît, et, à mesure qu'il y comprend moins, admire davantage (LA BRUY. 1)
3. Voir avec étonnement.
• Tandis qu'Achillas même, épouvanté d'horreur, De ces quatre enragés admire la fureur (CORN. M. de Pomp. II, 2)
• Vous formez des craintes que j'admire (CORN. Sert. II, 2)
• Admirez cependant quel malheur est le mien (CORN. Héracl. V, 6)
• ... admirez Que ces prisonniers même avec lui conjurés Sous cette illusion couraient à leur vengeance (CORN. ib. V, 7)
• Je ne puis assez admirer combien ce dessein d'inquisition a été mal concerté pour avoir été conduit par de si habiles gens (PASC. Prov. 19)
• J'admire comme le ciel a pu former deux âmes aussi semblables en tout que les nôtres (MOL. Pr. d'Él. IV, 1)
• Mais admire avec moi le sort dont la poursuite Me fait courir alors au piége que j'évite (RAC. Andr. I, 1)
• J'admirais les coups du sort (FÉN. Tél. II)
4. Admirer avec de et l'infin. ou que et le subj. Voir avec étonnement.
• N'admirerons-nous pas plutôt que d'une hauteur si prodigieuse elles [les étoiles] puissent conserver une certaine apparence et qu'on ne les perde pas toutes de vue ? (LA BRUY. 16)
• Vous admirerez comme moi que tant d'éclatantes préparations se soient anéanties sur le point de produire un si grand effet (PASC. Prov. 3)
• Les plus aveugles de vos amis sont contraints d'admirer que vous ayez été si méchants que d'étendre cette calomnie jusqu'aux religieuses de Port-Royal (PASC. ib. 16)
• On admirera de voir que, malgré tout ce que je viens de dire, vous n'ayez pas cessé de publier qu'ils étaient toujours hérétiques (PASC. ib. 17)
• Pourquoi admirez-vous que nous nous soyons trompés, nous qui sommes des hommes ? (PASC. ib. 18)
• Vous admirerez que la dévotion qui étourdit tout le monde ait pu être traitée par nos pères avec une telle prudence que.... (PASC. ib. 19)
• Mais n'admirez-vous point que cette même reine Le donne pour époux à l'objet de sa haine ? (CORN. Rod. I, 1)
• J'admire de le voir au point où le voilà (MOL. Éc. des F. I, 6)
• Et j'admire de voir cette lettre ajustée Avec le sens des mots et la pierre jetée (MOL. ib. III, 4)
• L'homme admire de s'y voir placé [dans l'univers], sans savoir comment il y a été mis (FÉN. Exist. 10)
• Nous admirerons de nous y reconnaître nous-mêmes [dans la peinture du peuple athénien], nos amis, nos ennemis, ceux avec qui nous vivons, et que cette ressemblance avec des hommes séparés par tant de siècles soit si entière (LA BRUY. Disc. sur Théoph.)
Corneille a employé le que avec l'indicatif :
• Admirez Que ces prisonniers même avec lui conjurés Sous cette illusion couraient à la vengeance (CORN. Héracl. V, 7)
• N'admirez-vous pas que Dieu m'a ôté cet amusement ? (SÉV. 413)
5. Par critique ou par ironie, en parlant de ce qui paraît excessif, étrange. Je vous admire de vouloir qu'on suive en tout vos conseils.
• J'admire avec quelle hardiesse ces personnes entreprennent de parler de Dieu (PASC. édit. Cousin.)
• J'admire ma simplicité et la faiblesse de mon coeur (MOL. Fest. de Pierre, I, 3)
• J'admirais cet impertinent ; et, pendant qu'il parlait tout haut, je disais tout bas.... (MONTESQ. Lettr. pers. 50)
S'ADMIRER, v. réfl. Une âme séduite qui s'admire elle-même.
• L'ignorance toujours est prête à s'admirer (BOILEAU A. P. I)
• Loué, exalté et porté jusqu'aux cieux par de certaines gens qui se sont promis de s'admirer réciproquement (LA BRUY. 1)
HISTORIQUE
XVIe s.— J'admire de les veoir si doulces et molles [les guerres civiles] (MONT. I, 170)
ÉTYMOLOGIE
Bourguig. admirai ; de admirari, de ad, à (voy. à), et mirari, regarder (voy. MIRER). Admirer paraît être récent dans la langue. Anciennement on disait se merveiller. Cependant amirable se trouve dans les textes du XIIIe siècle.