définitions
affaiblir (v. trans.)
1.rendre très faible, physiquement ou moralement.
2.rendre faible moralement.
3.(art)diminuer la force expressive de qqch.
affaiblir (v.)
1.détériorer, endommager, casser.
2.rendre faible physiquement.
Le Littré (1880)
AFFAIBLIR (v. a.)[a-fè-blir]
1. Rendre faible, au propre et au figuré. Affaiblir le corps. L'âge affaiblissait son esprit. Affaiblir un malade par la saignée et par la diète. On avait affaibli la garnison par des détachements. L'usage des lunettes affaiblit quelquefois la vue. Affaiblir la puissance d'un État. Pour ne pas affaiblir sa gloire. Affaiblir l'autorité d'un témoignage.
• La vieillesse languissante et ennemie viendra rider ton visage, courber ton corps, affaiblir tes membres, faire tarir dans ton coeur la source de la joie.... (FÉN. Tél. XIX.)
• Peut-être croirait-on, en se soumettant, affaiblir l'autorité dont on est maître ; c'est au contraire ce qui l'affermirait (BOURD. Pensées, t. II, p. 359)
• Comme les aliments dans un corps malade, bien loin de le fortifier et de le nourrir, l'affaiblissent et se tournent en corruption jusqu'à détruire le principe de la vie.... (BOURD. Carême, t. I, p. 106)
• La première maxime en matière de guerre est d'affaiblir son ennemi et de le fatiguer (BOURD. Carême, t. I, p. 228)
• Quelques jeunes personnes ne connaissent point assez les avantages d'une heureuse nature ; elles affaiblissent les dons du ciel, si rares et si fragiles, par des manières affectées et par une mauvaise imitation (LA BRUY. 3)
• La loi de l'histoire ne nous a permis ni de rien déguiser ni de rien affaiblir dans le récit de cette tragique aventure (VOLT. Russie, II, 10)
• Je vous ai montré l'art d'affaiblir son empire (CORN. Sert. III, 2)
• Sa perte m'affaiblit, et son trépas m'afflige (CORN. Cid, II, 7)
• Pourquoi nous déchirer par des guerres civiles, Où la mort des vaincus affaiblit les vainqueurs ? (CORN. Hor. I, 4)
• Tant de précautions affaiblit votre règne (RAC. Brit. IV, 4)
• Un traître, en nous quittant, pour complaire à sa soeur, Nous affaiblit bien moins qu'un lâche défenseur (RAC. Alex. II, 5)
• .... Mes maux m'ont affaibli plus encor que mes ans (VOLT. Zaïre, II, 3)
• Vous qui du poids des ans n'êtes point affaiblis (VOLT. Tancr. V, 2)
2. Affaiblir se prend aussi absolument. Trop retoucher un ouvrage, c'est moins retoucher qu'affaiblir.
• Je me sens affaiblir, quand je vous encourage (CORN. Rod. III, 5)
• Je sens affaiblir ma force et mes esprits (RAC. Mithr. V, scène dern.)
3. Affaiblir les monnaies, les espèces, en diminuer le poids ou le titre.
4. S'affaiblir, v. réfl. Devenir faible, au propre et au figuré. Ses forces s'affaiblissent. Sa douleur s'affaiblit. J'ai vu nos espérances s'affaiblir. La raison de son père s'était affaiblie. Nous laissons s'affaiblir l'autorité.
• Quoi ! déjà votre foi s'affaiblit et s'étonne ! (RAC. Ath. I, 2)
• Ma vue s'affaiblit, dit Irène. Prenez des lunettes, dit Esculape. Je m'affaiblis moi-même, continue-t-elle ; je ne suis ni si saine ni si forte que j'ai été. C'est, dit le dieu, que vous vieillissez (LA BRUY. 11)
5. En peinture et gravure, affaiblir marque l'abus ou l'exagération de l'adoucissement ; en architecture, c'est diminuer l'épaisseur d'un mur ou la grosseur d'une pièce de charpente.
SYNONYME
AFFAIBLIR, ÉNERVER. Diminuer la puissance. On affaiblit ce qui est fort ; on énerve ce qui est nerveux. Toutes les fois que fort et nerveux ne pourraient être confondus, affaiblir et énerver ne doivent pas l'être. Puis affaiblir est beaucoup plus général : L'âge affaiblit naturellement ; Une diète sévère affaiblit, mais pour procurer la santé. Au lieu que énerver indique quelque chose d'accidentel et de malfaisant : Se laisser énerver par les délices, par l'oisiveté.
HISTORIQUE
XIIe s.— Mult sunt li bon et li hardi Amenuisé et afiebli (Rou, 6750)— Li remananz est mout afebliez (Roncisv. p. 70)— Vous i mourrez, France en ert [sera] afeblie (ib. p. 82)— Lors sa parole prist à afebloier (ib. p. 99)— En la cause veïmes l'apostolie afeblir, Qu'il ne pout l'arcevesque contre tuz maintenir (Th. le Mart. 101)— Car j'en sui si meüz et afoibliz (Couci, V)
XIIIe s.— Et bien furent mort en cele voie quarante chevalier ; dont li os [armée] fu durement afebloiés et apovris (VILLEH. 122)— Esclas couroit souvent sour lui, et l'afoibloioit mout de gent et d'amis et de chastiaus (H. DE VAL. 10)— Ce vont li trois portier disant : Mais, que qu'il aillent devisant, Forment en sunt afebloié (la Rose, 14805)— Or te voil dire et conseillier Que l'amors metes en obli, Dont je te voi si afoibli, Et si conquis et tormenté (ib. 3033)— Lor dru [elles] ne vont pas oubliant ; Molt aloient afoibloiant (Lai d'Ignaurès)— Dont commencent li prince forment à empirier ; Li cors lor affebloient, et lor corant destrier (Ch. d'Ant. VII, 258)
XVe s.— Nous sommes affoibliz de toute foi et loyauté les uns envers les autres (COMM. II, 6)— Ha ! le sacrement de l'autel, Je suis affoibli [j'ai peur], qu'est ceci ? (VILLON Arch. de Bagnol.)
XVIe s.— Toutes fois, monseigneur, je la vois sans cesse affoiblir ; en sorte que, si je le vous celois, je ne vous serois telle que je suis (MARGUER. Lett. 99)
ÉTYMOLOGIE
À et faiblir ; picard, affleboyer ; bourguig. éfoibli ; provenç. afeblir, aflebir, afflebleiar. Il y avait deux formes en vieux français et en provençal : afeblir ou afoiblir, suivant les dialectes, et afebloier ou afoibloier. La première seule a survécu, sauf dans le picard, où la seconde est conservée.