définitions
affliction (n.f.)
1.cause de grande souffrance.
2.tristesse intense
3.état de grande souffrance, de détresse dû à l'adversité
4.(littéraire)tristesse causée par le regret de ne plus avoir qqch ou l'affliction
affliction (n.)
1.souffrance psychologique, douleur morale (ex. le décès de sa femme lui causa une grande blessure).
Le Littré (1880)
AFFLICTION (s. f.)[a-fli-ksion ; de quatre syllabes en poésie]
1. Peine morale. Profonde affliction. Être plongé dans l'affliction. Si vous voyez quelqu'un dans l'affliction. Le temps amortit les afflictions.
• Dieu, qui voyez mon trouble et mon affliction (RAC. Athal. V, 7)
• Quelque soulagement pour votre affliction (CORN. Hor. V, 2)
• Les enfants ont des joies immodérées et des afflictions amères sur de très petits sujets ; ils ne veulent point souffrir de mal et ils aiment à en faire : ils sont déjà des hommes (LA BRUY. 11)
• Si, de tous les hommes, les uns mouraient, les autres non, ce serait une désolante affliction que de mourir (LA BRUY. 11)
• Soyons tous dans les larmes, retranchons toutes les visites, comme au jour d'une grande affliction.... (BOSSUET Pensées chrét. 7)
• Pendant que tant de mondains sur la terre nous assurent encore tous les jours et nous prennent à témoin qu'il n'y a pour eux dans le monde qu'amertume, que trouble et affliction d'esprit.... (BOURD. Pensées, t. I, p. 456)
• Calypso ressent une nouvelle fureur, voyant que l'affliction augmente la beauté d'Eucharis (FÉN. Tél. VII)
2. Malheur, tribulation. Il succomba sous les afflictions. Les pertes, les afflictions, les disgrâces. L'affliction et la misère publique dans les empires.
• Si toutes ces souffrances et toutes ces afflictions étaient prises, acceptées, offertes en sacrifice et présentées par un esprit de foi, tout profiterait alors pour la vie éternelle, et rien ne serait perdu (BOURD. Pensées, t. I, p. 215)
• Dans mes afflictions, dans toutes mes traverses et tous les chagrins inséparables de la misère humaine (BOURD. ib. p. 413)
3. En termes de spiritualité, le pain de l'affliction. Nourri du pain de l'affliction.
SYNONYME
AFFLICTION, DOULEUR. L'idée commune à ces mots est de représenter notre âme comme sujette à une action qui lui cause du mal. La différence est que affliction porte l'esprit sur une cause qui a agi, tandis que, dans douleur, l'action de la cause est présente. On éprouve de la douleur ; on reçoit une affliction ; mais, lorsque le coup est porté, être plongé dans la douleur ou être plongé dans l'affliction est d'une synonymie à peu près complète.
HISTORIQUE
XIe s.— [Qu'il] les prie et serve par grant afflictiun (Ch. de Rol. CCXXXVII)
XIIe s.— [Il] s'en est entrez à grant affliction (Ronc. p. 116)— Quant ert entré laenz, dunc jut en oreisun, E en plur e en lermes e en afflictiun (Th. le Mart. 101)— Certes je prierai al seignur de vertuz : Venge le sanc des tuens, Deus, qui est espanduz, E les afflictiuns, dunt numbres est oüs [eu] (ib. 76)
XIIIe s.— Humeliez me sui en afflictions ; sire Dieux, met moi en vie pardurable (Psautier, f° 146)
XIVe s.— Si comme aucune afflicion ou peine corporel (ORESME Eth. 49)— Car eulx punissent et establissent peines et afflictions à tous ceux qui font mal (ORESME ib. 72)
XVIe s.— Il n'appartient pas aux fideles d'affliger [frapper, punir] ne faire nuisance. Mais aussi ce n'est pas faire nuisance ni afliger, de venger par le mandement de Dieu les afflictions des bons (CALVIN Inst. 1198)— Ils s'attendoient bien de recepvoir toutes les plus extremes afflictions et peines, que peuvent souffrir les vaincus d'un vainqueur justement indigné (AMYOT Démétr. 55)
ÉTYMOLOGIE
Afflictio (voy. AFFLIGER) ; provenç. affliction ; espagn. affliccion ; ital. affizione.