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définitions

affoler (v. trans.)

1.rendre comme fou, sous le coup d'une émotion.

affoler (v. pron.)

1.ne plus savoir où aller, être psychologiquement dans l'embarras le plus profond.

2.paniquer, perdre ses moyens sous l'effet de la peur.

Le Littré (1880)

AFFOLER (v. a.)[a-fo-lé ; dans le XVIe s. Palsgrave, p. 23, recommande de prononcer les deux f]

1. Rendre fou, et particulièrement rendre fou d'amour. Il y a de quoi l'affoler. Cette femme l'a affolé.

2. En termes de marine, déranger l'aiguille aimantée. Un coup de foudre qui frappa le bâtiment, affola la boussole.

3. S'affoler, v. réfl. S'affoler de quelqu'un, de quelque chose.

Voyez-vous pas de tous côtés De très décrépites beautés.... S'affoler de dévotion ? (VOLT. Ép. 31)

HISTORIQUE

XIIe s.[Je] Chanterai pour mon courage, Que je veuil reconforter ; Car avec [malgré] mon grant domage, Ne veuil mourir n'afoler (Dame de Faiel dans Couci)Plus est ferms que la piere qui siet sur vive mole ; Vicaries est saint Pierre, bien seis, n'est pas ventvole ; Duns, presens ne preiere jà nel muet ne afole (Th. le Mart. 86)

XIIIe s.Nule autre chose ne demant, Ne me sers jamès autrement, Et lesse ta pensée fole Et le fol Dieu qui si t'afole (la Rose, 6928)

XVIe s.Carneades s'en trouva si affolé [de la soif de savoir] qu'il n'eut plus le loisir de se faire le poil et les ongles (MONT. I, 181)En espandant toutes ces mocqueries sur cet homme, qui, au demourant, n'estoit pas guere sage, ils le gasterent et l'affolerent encore davantage (AMYOT Démétr. 17)Ceste passionnée affection de Dionysius estoit un malheur à Platon, car il en estoit affolé, ne plus ne moins que sont les jaloux de leurs amours (AMYOT Dion, 19)Heureux celui que ta folie [Calliope] affole (RONS. 397)Elle vouloit, tant le plaisir l'affole, Tout à la fois desgorger sa parole (RONS. 642)

ÉTYMOLOGIE

À et fou (voy. FOU) ; provenç. afolir.

AFFOLER (v. a.)[a-fo-lé]

Blesser, endommager, léser.

Ce qui me console, C'est que la pauvreté comme moi les affole (RÉGNIER Sat. II)

Il m'a perdue, il m'a toute affolée (LA FONT. Papef.)

Ce mot est tombé en désuétude.

HISTORIQUE

XIIe s.Defendez-moi de honte et d'afoler (Ronc. p. 2)Jà fust Rolant et mors et afolé (ib. p. 91)L'on ne doit pas son baron afoler [faire tort à] (ib. p. 180)Lors verrez vous son corps destruire et afoler (ib. p. 201)

XIIIe s.Miex vosisse, voir, qu'afolé M'eüst l'en d'un pié ou d'un oïl (Ren. 5558)Sunt en terre establi li juge.... Por ceus pugnir et chastoier Qui, por ceste amor renoier, Murdrissent les gens et afolent, Ou ravissent, emblent et tolent (la Rose, 5490)Mès li archiers qui moult s'efforce De moi grever et moult se paine, Ne m'i lest mie aler sans paine ; Ains m'a fait, por miex afoler, La tierce floiche au cuers voler (ib. 1771)Ne voil ge pas que les gens aiment De cele Amor dont il se claiment En la fin las, chetis, dolant, Tant les va amors afolant (ib. 4364)N'ert pas grans los, si con je cuit, Se il les deus enfans afole (Fl. et Bl. 3020)Si comme se uns hons convenence à un autre qu'il tuera un home por cent livres, ou afolera, ou batera.... (BEAUMANOIR XXXIV, 2)Si est aussi comme s'on me prestoit un ceval de vingt livres sain de toz membres, et il afoloit avant que je le rendisse (ib. XXXIV, 18)Se je l'ai servi de ronci [cheval] sain, et il l'afole tant comme il le tient (BEAUMANOIR XXVIII, 5)Sur ses piez... tu acolas [tes cheveux] En baisier les, et en mouiller De tes lermes dont feis courcier [courroucer] Dyables que lors tu affolas (J. DE MEUNG Tr. 888)

XVe s.Grand foison y en eut de mors et d'affolés (Bouciq I, ch. 30)[Messire Olivier d'Auterme et autres] se contrevengerent sur des navieurs de la mort de leur cousin et les decouperent trop vilainement.... et les renvoyerent à Gand ainsi affolés.... (FROISS. II, II, 61)Luy sembloit [au roy] que son pays [du duc de Bourbon] estoit foible et que tantost l'auroit affolé (COMM. I, 2)

XVIe s.Vous nous affolerez de coups, monsieur, cela est seur (RAB. Pant. IV, 16)Et leur sembloit que c'estoit affoler les mysteres de Venus que de les oster du retiré sacraire de son temple (MONT. II, 350)Les flesches, pierres et traictz les alloient assener jusques là où ilz estoient escartez au loing, de maniere qu'il y en eut beaucoup affolez (AMYOT Marcel. 25)Ilz venoient à deschirer leurs playes davantage, et consequemment à se perdre et affoler eulx mesmes (AMYOT Crass. 47)... Qu'il ne chaloit point aux dieux, si aucun s'estant affolé un pied [boiteux] venoit à estre roy, mais... (AMYOT Agésil. 4)

ÉTYMOLOGIE

À et fouler ; provenç. afolar, afoliar.