définitions
agacer (v. trans.)
1.énerver qqn, le mettre dans un état d'irritation.
2.irriter, énerver vivement qqn.
3.mécontenter, irriter qqn.
agacer (v.)
1.mettre (qqn) dans de mauvaises dispositions, dans un état de mauvaise humeur
2.donner du tracas, du souci.
3.contrarier, gêner.
4.causer de l'ennui ; déranger, surtout par des irritations mineures
" Quand les moustiques qui bourdonnent à mon oreille me dérangent, je les regarde s'empêtrer dans des toiles d'araignées"
" Cela m'irrite qu'elle ne ferme jamais la porte en partant "
Le Littré (1880)
AGACER (v. a.)[a-ga-sé. Le c prend une cédille quand il se trouve devant un a ou un o]
1. Causer de l'agacement. Ce bruit agace les dents.
2. Agacer les nerfs, causer une irritation intérieure.
3. Figurément, faire des agaceries.
• Je voudrais qu'on les agaçât pour les exciter à parler (J. J. ROUSS. Ém. v.)
• Las de l'avoir inutilement agacé sur d'autres sujets (HAMILT. Gramm. 4)
• Mme Duplessis agaçait ma fille ; ma fille la battait (SÉV. 70)
• Au salon ou sur la pelouse, Laure, jamais ne m'agacez (BÉRANG. Passez, j. filles.)
4. S'agacer, v. réfl. Devenir agacé. Cette femme s'agace d'un rien.
S'agacer l'un l'autre.
• Quel plaisir de.... Manger sur nos genoux nos fruits et notre pain, Nous agacer du coude et nous prendre la main (LAMART. Joc. IX, 342)
• Et plus loin des valets l'un l'autre s'agaçans (BOILEAU Sat. VI)
REMARQUE
Boileau a accordé ce participe présent, suivant en cela l'ancienne règle qui le traitait absolument comme un adjectif ; depuis, la grammaire a changé ; et, en des cas pareils, ce serait aux poëtes à voir s'ils veulent ou non suivre l'archaïsme.
HISTORIQUE
XIIIe s.— De la noix [ils] vont rongeant l'escorce, Mais ne savent qu'il a dedens ; Pechez leur aace les dens (saint Léocade, éd. BARBAZAN, I, 277)— Pautonniers qui.... Et le descirent et agacent [un fou] (Amadis et Ydoine, ms. 6987)
XVIe s.— Les Israelites, ayans esté longuement affligez de diverses calamitez, avoyent un proverbe commun, que leurs peres avoyent mangé du vert-jus, et que les dens des enfans en estoyent agacées (CALV. Instit. 287)— Avoyt il mangé prunes aigres sans peler ? avoyt il les dens esguassées ? (RAB. Pant. IV, nouv. prol.)— Il les agacea tant enfin par ses paroles picquantes, que.... (MONT. I, 353)— Les viandes aigres agassent les dents (O. DE SERRES p. 906)— Il me voulut volontiers agacer (PALSGR. p. 657)— Les arquebuzades et les zagayes des Mores qui agaçoient à toute heure l'armée.... (BRANT. Gouast.)
ÉTYMOLOGIE
Norm. agasser, crier après quelqu'un avec aigreur ; picard, agacher, agucher ; bourguig. agaçai ; ital. agazzare, provoquer. Ménage tire ce mot de l'italien allegare qui a le sens de agacer les dents ; mais agacer est ancien dans la langue, et n'a pas une origine italienne. Diez le fait venir de l'ancien haut-allemand hazjan, nouvel allemand hetzen, poursuivre, harceler, avec la particule romane à, ce qui a permis de changer h en g. Cette dérivation a beaucoup pour soi. Cependant il faut faire entrer en considération l'ancienne forme aacer ; elle ne s'explique ou qu'en supposant un verbe composé de à et un radical acer, comme aovrir, aorer, aüner, etc. (mais alors comment ce radical n'a-t-il pas gardé l'h de hazjan, et n'est-il pas ahacer ?) ; ou bien qu'en admettant que le g est tombé, comme tombaient beaucoup de consonnes intermédiaires entre deux voyelles. Mais cette seconde hypothèse conduirait à considérer aacer comme formé de agace, pie, par cette suppression très commune d'une consonne intermédiaire et non commençant le mot. En Normandie, on dit qu'un oiseau agace, en parlant de ses cris quand son nid est attaqué, et les vers cités au mot AGASSE établissent cette dérivation. La série des sens serait agacer, crier comme la pie qui chasse les autres oiseaux, puis piquer, exciter, provoquer, et enfin irriter les dents. Près Paris, on dit aguicher un chien. Comme on voit, il y a deux étymologies en présence : le verbe allemand hazjan et le mot français agace. Dans Olivier de Serres, on trouve agassin avec le sens de bourgeon venu sur le bois dur (p. 170) et avec celui de cor au pied (p. 969) ; ainsi dit, dans le premier cas, parce que le bourgeon venu sur le bois dur a quelque chose de hardi et qui provoque ; dans le second, parce qu'un cor au pied est quelque chose d'agaçant.