définitions
aggraver (v. trans.)
1.rendre pire.
2.intensifier (un mal). Rendre plus violent (un sentiment).
3.rendre plus grave, condamnable, pénible, dangereux, violent, etc.
aggraver (v. pron.)
1.devenir plus grave.
Le Littré (1880)
AGGRAVER (v. a.)[a-gra-vé]
1. Rendre plus lourd.
• Un corps qui nous aggrave et nous abaisse vers la terre (PASC. édit. Cous.)
• Pourquoi vous faites-vous de nouveaux liens ? pourquoi aggravez-vous votre fardeau ? (BOSSUET Pensées détachées, 12)
2. Porter, prononcer une aggrave.
3. Fig. Rendre plus grief. Aggraver une peine. Il aggrave sa faute. Les fatigues aggravèrent sa maladie.
4. S'aggraver, v. réfl. Devenir plus lourd.
• La main du Seigneur s'aggrava sur les Azotiens (VOLT. Phil. IV, 283)
5. Devenir plus grief. Le mal s'aggrava rapidement.
HISTORIQUE
XIIe s.— Dunc agreva Deus sa main sur cels de Azote e de la cuntrée, e forment les descunfist (Rois, 18)— Sire Bernier, frans chevaliers membrez [illustre], Vivrés en vous ? gardez, nel me celez. Oïl voir, sire, mais molt sui agreveiz (R. de Cambrai, 202)
XIIIe s.— Quant il se senti agrevé, si manda au roi Phelippe son filleul que il venist à lui (Chr. de Rains, p. 43)— Mahius de Monmorency acoucha malades, et tant fu agrevé qu'il morut (VILLEH. 39)
XIVe s.— L'estat de la personne agrave le fait (ORESME Eth. 61)— En icelle heure que mes yeulx seront si aggravés de l'obscureté de la mort.... (Menagier, I, 1)
XVe s.— Fut pris et mené en Espaigne [le sire de l'Esparre], et là fut plus d'un an et demi ; car il estoit tous les jours aggrevé du [persécuté par le] lignage de ceux de Pommiers (FROISS. II, II, 1)— Nerci [noirci] de dueil et aggravé de peine (A. CHARTIER Complainte contre la mort.)
XVIe s.— Ce corps qui est corruptible aggrave l'ame, et l'habitation terrienne deprime le sens pensant maintes choses (CALVIN 57)— Le crime de Manassé est fort aggravé par ceste circonstance (CALVIN Instit. 964)— L'ame est lors aggravée de profondes pensées (MONT. I, 10)— Si extremement aggravé de travail et de faulte de dormir, que.... (MONT. I, 341)— Aggravé de vieillesse (MONT. II, 19)— En moy, la proximité n'allege pas les defaults, elle les aggrave plus tost (MONT. IV, 96)— Comme on voit un pavot agravé de pluie, baisser tristement la teste contre terre (YVER p. 641)— Cela fut rapporté à Rome, qui aggrava bien encore plus le mescontentement que l'on avoit de luy (AMYOT Fab. 19)— Il est vraysemblable que Caton l'escrivit en ceste sorte pour aggraver le crime et le rendre plus atroce (AMYOT Flamin. 36)— Estant aggravé de travail et de faulte de dormir, il se coucha dessoubs quelque arbre à l'ombre (AMYOT Sylla, 60)
ÉTYMOLOGIE
Provenç. agreviar, agrieviar ; espagn. agravar ; ital. aggravare ; de aggravare, de ad, à, et gravare, charger, de gravis, pesant (voy. GRAVE et GRIEF).