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définitions

agréer (v. trans.)

1.(Droit)accueillir favorablement.

Le Littré (1880)

AGRÉER [a-gré-é]

1. V. a. Recevoir favorablement, trouver bon. Veuillez agréer l'amitié d'un homme si désireux de la vôtre. Je l'agrée pour gendre. Il agréa mes bons offices. Ses propositions ont été agréées.

Toutes les fois que nous nous élevons contre Dieu, parce qu'il semble n'avoir pas agréé nos demandes.... (BOURD. Pensées, t. II, p. 91)

Je vous supplie de faire agréer ce présent à leurs majestés (BOSSUET Lett. 289)

Afin que les saints agréent le présent que j'ai à leur faire (BOSSUET Serm. Sept.)

Agréerez-vous, madame, un fidèle service ? (CORN. Othon, IV, 4)

Si vous le voulez perdre, agréez ma retraite (CORN. Nicom. V, 5)

On agréera mon choix aveuglément (CORN. D. San. I, 3)

Nos hôtes agréeront les soins qui leur sont dus (LA FONT. Philém. et Bauc.)

Pour gendre aussitôt le père l'agréa (LA FONT. la Coupe.)

Et vous, aux étrangers que le ciel nous envoie, Faites, ô Tyriens, agréer ce séjour (MALFIL. Génie de Virgile.)

Ovide, ah ! qu'à mes yeux ton infortune est grande ! Non pour n'avoir pu faire aux tyrans irrités Agréer de tes vers les lâches faussetés (A. CHÉNIER Ép. I)

Agréez mes civilités, mes hommages, mes respects, formules de politesse qu'on emploie en terminant une lettre.

2. Agréer que, suivi du subjonctif, trouver bon, approuver que.

Vous, madame, agréez pour votre grand héros Que ses mânes vengés goûtent un plein repos (CORN. Sertor. V, 8)

Agréez, monsieur, que je vous félicite de votre mariage (MOL. Mar. f. 12)

Mesdames, agréez que je vous présente ce gentilhomme-ci (MOL. Préc. rid. 12)

Agréez, mesdames, que je m'arrête à ces dernières paroles (FLÉCH. Mont.)

3. V. n. Se conjugue avec l'auxiliaire avoir. Plaire. Cet homme m'agrée infiniment.

Ce mariage aurait agréé à toute la famille, si.... La voix de l'homme nous agrée plus que les autres (DESC. Mus.)

Elle a eu le bonheur d'agréer aux augustes personnes (MOL. Impr. 3)

L'homme paraît chercher à vous servir, et la femme à vous agréer (J. J. ROUSS. Ém. v.)

Consultons des grands dieux la majesté sacrée, Et voyons si ce change à leurs bontés agrée (CORN. Hor. III, 2)

Et si de t'agréer je n'emporte le prix, J'aurai du moins l'honneur de l'avoir entrepris (LA FONT. Dédicace)

Peu de gens Ont le don d'agréer infus avec la vie (LA FONT. Fab. IV, 5)

On ne peut nier que cette méthode n'agrée tout autrement au monde que.... (PASC. Prov. 9)

Il n'y a qu'à suivre l'avis qui agrée le plus (PASC. Prov. 5)

L'art de persuader consiste autant en celui d'agréer qu'en celui de convaincre, tant les hommes se gouvernent plus par caprice que par raison (PASC. Pensées, art. 3, part. I)

Il paraît que leur intention a plutôt été d'instruire que d'agréer (BALZ. à Richelieu)

Quand on doit, il faut payer ou agréer, il faut donner de l'argent ou de bonnes paroles.

REMARQUE

Au futur et au conditionnel de ce verbe, où il y a deux e, les poëtes ordinairement en suppriment un ; ou, si on les conserve, les deux e ne comptent que pour un. En prose cette suppression serait une faute d'orthographe ; mais, du reste, la prononciation de la syllabe est la même qu'en poésie.

SYNONYME

AGRÉER, v. n. PLAIRE. Il n'est pas facile de trouver une nuance entre ces deux verbes ; et la plupart du temps ils se confondent. Pourtant plaire a une signification plus générale, et indique tout espèce de plaisance ; au lieu que agréer signifie précisément être au gré de. Ce qui plaît fait plaisir ; ce qui agrée est pris en gré. Il y a donc dans agréer une intervention de la personne qui n'est pas dans plaire. Ainsi, dans ce vers de La Fontaine : Le berger plut au roi par ces soins diligents, on ne mettrait pas agréer au roi, parce qu'il ne s'agit pas ici d'être au gré du roi. Au contraire, dans cette phrase de Pascal : Il n'y a qu'à suivre l'avis qui agrée, le verbe plaire ne conviendrait pas, vu qu'il ne s'agit pas de plaire, et que l'avis qui agrée peut n'avoir rien qui plaise.

HISTORIQUE

XIIe s.Voit la [l'épée] Rollant, mervelle lui agrée (Ronc. p. 66)Li quens Rolant, cui la raisons agrée (ib. p. 83)Nule chançon ne m'agrée (Couci, I)Au païs [je] sui où cele est qui m'agrée (VIDAME DE CHARTRES Romancero, p. 114)

XIIIe s.Et li rois leur otroie ; mout lui put agreer (Berte, III)Mais si viennent les chose com Dieu plaist et agrée (ib. LXVIII)Et sachiés que moult m'agrea, Quant Cortoisie m'en pria, Et me dist que je karolasse (la Rose, 801)Si tost que je pris ce qui me fu laissié el testament, il apert que je agrée le testament, et por ce ne le puis je puis [ensuite] debatre (BEAUMANOIR XII, 23)

XIVe s.L'hom peult l'ayder, quand elle s'ayde ; Elle agrée ores le remede (Traité d'Alch. 466)

XVIe s.Je crois qu'il sentit du plaisir en une si noble action, et qu'il s'y agrea plus qu'en aultre de celles de sa vie (MONT. II, 118)Exiler pour cela seul d'agreer trop à leurs citoyens (MONT. III, 154)Ceulx qui s'agreent en eulx mesmes, et estiment ce qu'ils tiennent au dessus du reste (MONT. IV, 68)On se plainct de quoy je me suis agreé à continuer cet exercice, marié et vieil (MONT. IV, 105)Ou il ne se fault point approcher des princes, ou il leur fault complaire et aggreer (AMYOT Solon, 59)Ils se meirent tous à occuper les lieux qui plus leur aggreerent (AMYOT Cam. 55)

ÉTYMOLOGIE

À et gré ; provenç. agreiar, agreyar, agradar ; espagn. agradar ; ital. aggradare, aggradire.

AGRÉER (v. a.)[a-gré-er]

Terme de marine. Mettre les agrès. Agréer un vaisseau.

On dit aujourd'hui plutôt gréer.

ÉTYMOLOGIE

À et gréer.