Le Littré (1880)
AHEURTER (S') (v. réfl.)[a-heur-té]
Se heurter à quelque chose, s'opiniâtrer, s'obstiner. S'aheurter à un sentiment, à une opinion.
• Elle ne s'était jamais aheurtée à les défendre (J. J. ROUSS. Hél. VI, 11)
• Mais [elle] s'aheurte où sans plus quelque appât la convie (RÉGNIER Sat. IX)
• Sans cela on ne se serait pas aheurté à J. C. (PASC. Proph. 24)
HISTORIQUE
XIIIe s.— Je cuide estre mescreant, pource que je ne puis mon cuer ahurter à ce que je croie ou sacrement de l'autel (JOINV. 197)
XVe s.— Quant [les sujets] reçoivent familiarités Des souverains, ils en sont ahurtés à faire moins devoir, obedience (E. DESCH. Comment les roys et les princes etc.)
XVIe s.— Gardons nous sur toutes choses de ce rocher, auquel on ne peut ahurter sans malencontre (CALV. Instit. 775)— Il vault mieulx prester au coup, que, s'aheurtant à ne rien relascher, donner occasion à.... (MONT. I, 126)— Les plus aheurtez à cette si juste persuasion de l'immortalité (MONT. II, 305)— Il y en a de si aheurtez en leurs opinions, que.... (LANOUE 480)— Depuis il passa oultre le devoir et s'aheurta trop opiniastrement à vouloir empescher l'accroissement de Scipion (AMYOT Fab. 51)— Ceulx qui se aheurtent obstinéement à leurs opinions, et ne se veulent jamais accommoder à autruy, demeurent à la fin tous seuls (AMYOT Cor. 20)— Le roi fut conseillé d'eluder ces demandes, au lieu de s'y ahurter (D'AUB. Hist. II, 107)— Ces puissantes familles animées et aheurtées l'une contre l'autre, sans espoir de reconciliation (Satyr. Mén. p. 119)
ÉTYMOLOGIE
À (voy. à) et heurter ; picard, ahurter.