définitions
aigle (n.m.)
1.grand oiseau de proie.
2.figure héraldique ou enseigne militaire qui représente un aigle.
aigle (n.f.)
1.femelle de l'aigle.
Le Littré (1880)
AIGLE (s. m.)[è-gl']
1. Un des plus grands et le plus puissant de tous les oiseaux de proie. L'aigle brun. L'aigle noir.
• L'espèce de l'aigle commun est moins pure, et la race en paraît moins noble que celle du grand aigle (BUFFON Aigle.)
• Mais ainsi que des cieux, où son vol se déploie, L'aigle souvent trompé redescend sans sa proie.... (LAMART. Médit. I, 20)
• L'aigle, roi des déserts, dédaigne ainsi la plaine ; Il ne veut, comme toi, que des rocs escarpés Que l'hiver a blanchis, que la foudre a frappés (LAMART. ib. I, 2)
• Un aigle sur un champ prétendant droit d'aubaine, Ne fait point appeler un aigle à la huitaine (BOILEAU Sat. VII)
• Et l'insecte insensible enseveli sous l'herbe, Et l'aigle impérieux qui plane au haut des cieux (VOLT. Fanat. I, 4)
Crier comme un aigle, crier d'une voix aiguë et perçante.
Avoir des yeux d'aigle, avoir des regards perçants.
Fig. Avoir un oeil d'aigle, avoir une grande pénétration.
C'est un aigle, se dit d'un homme de talent, d'un esprit supérieur.
• S'il est de ce jeu, il gagnera, c'est un aigle (SÉV. 437)
• Quand il voudra, ces pauvres théologiens seront des aigles (BOSSUET Avert. 6)
• Que lui répondit cet apôtre vierge, ce prophète du Nouveau Testament, cet aigle, ce théologien par excellence, ce saint vieillard qui n'avait de force que pour prêcher la charité ? (BOSSUET Anne de Gonz.)
• Le plus médiocre jésuite est un aigle chez eux [les Malabares] (VOLT. Lett. Pruss. 57)
C'est l'aigle de cette société, se dit d'un homme qui se distingue des autres par le bon sens, l'esprit, etc.
• Accoutumé à être l'aigle du conseil, Harlay en prit jalousie [de la Briffe] (SAINT-SIMON 17, 201)
• L'aigle d'une maison n'est qu'un sot dans une autre (GRESS. le Méch. IV, 7)
• Qu'un fat soit l'aigle des salons, Qu'un docteur sente l'ambre.... (BÉRANG. Marotte.)
2. Au fém.
• Comme une aigle qu'on voit toujours, soit qu'elle vole au milieu des airs, soit qu'elle se pose sur le haut de quelques rochers (BOSSUET Or. fun. de Condé.)
• On fit entendre à l'aigle enfin qu'elle avait tort (LA FONT. l'Aigle et l'Escar.)
• Mais bientôt, à son tour, Une aigle au bec tranchant dévore le vautour ; L'homme, d'un plomb mortel, atteint cette aigle altière (VOLT. Lisbonne.)
• L'aigle altière et rapide aux ailes étendues (VOLT. Disc. 1)
3. Aigle est féminin en termes d'armoiries et de devises. Il porte, sur le tout d'azur, à l'aigle éployée d'argent. Les armes de l'empire français sont une aigle tenant un foudre dans ses serres.
L'aigle romaine, l'étendard de la république et de l'empire.
• Et voyant, pour surcroît de douleur et de haine, Parmi ses étendards porter l'aigle romaine (RAC. Mithr. V, 4)
• Vous avez vu cent fois nos soldats en courroux Porter en murmurant leurs aigles devant vous (RAC. Brit. IV, 2)
• L'aigle abattait l'aigle, et de chaque côté Nos légions s'armaient contre leur liberté (CORN. Cinna, I, 3)
• Sans lui rien mettre au coeur qu'une crainte servile Qui tremble à voir une aigle et respecte un édile (CORN. Nic. I, 1)
• Pourquoi, malgré nos chaînes, Avons-nous combattu sous les aigles romaines ? (VOLT. Guèbres, I, 1)
• Nos consuls, devant lui, cachaient l'aigle indignée (LA HARPE Coriol. I, 8)
L'aigle impériale, les armes de l'empire d'Autriche, qui sont une aigle à deux têtes. Cependant on l'a fait aussi masculin.
• Rendre à l'aigle éperdu sa première vigueur (BOILEAU Disc. au roi.)
4. S. m. Pupitre d'église représentant un aigle aux ailes étendues.
5. Décoration. L'aigle noir de Prusse. L'aigle blanc de Pologne.
6. Papier grand aigle ou du grand aigle, papier d'un grand format.
7. En zoologie, aigle pêcheur, le balbuzard. Aigle de mer, oiseau de proie, dit aussi huard et orfraie.
8. En astronomie, constellation de l'hémisphère septentrional.
9. Nom spécifique d'une raie des mers d'Europe.
10. Aigle, s. m. Nom d'une monnaie d'or aux États-Unis, que l'Annuaire des Longitudes évalue à 5 dollars, soit 27 fr. 60 c. Il y a des demi-aigles valant 13 fr. 80 c. et des double-aigles valant 55 fr. 20 c.
11. Pierre d'aigle, voy.
AÉTITE11. .
12. Bois d'aigle, voy.
BOIS12. .
13. En chimie, aigle blanc, muriate de mercure doux. Aigle noir, cobalt sublimé. Aigle étendu, sel ammoniac sublimé. Aigle céleste, sorte de panacée préparée avec du mercure.
REMARQUE
1. Aigle est féminin toutes les fois qu'il s'agit précisément de la femelle : Cette belle aigle pondit deux oeufs.
2. Aigle, dans le Dictionn. de l'Académie, n'est, au sens propre, que du masculin ; mais les meilleurs auteurs l'ont fait aussi féminin, et il n'y aurait aucune faute à lui donner ce genre. Aigle est toujours masculin quand, pris figurément, il indique la supériorité ; il est féminin quand il désigne les armoiries, les étendards. Cependant Mairet l'a fait masculin en ce sens : Clair soleil, la terreur d'un injuste sénat, Et dont l'aigle romain n'a soutenu l'éclat (dans Ménage) ; Boileau aussi. Mais l'usage a prononcé là contre.
HISTORIQUE
XIIe s.— L'aigle d'or (Ronc. p. 8)— Maint tres [tente] i ot tandu et mainte aigle fichie (Sax. VII)
XIIIe s.— Et lores sera renouvelée la teue jovente, aussi comme de l'egle (Psautier, B. M. 258, f° 122)— L'en dist k'uns aigles vint volant Juste la mer, peissuns querant (MARIE Fable 13)— Et une aigle venoit seoir sur son visage (Berte, LXX)— Il me bailla ses regles, Et s'en foï plus tost qu'uns egles (la Rose, 4276)
XIVe s.— Et puis [je] vi le faucon dessus l'aigle avoler, Que li aigles s'ala en la terre encliner (Guesclin. 5607)
XVe s.— Lequel doncques, parce qu'il est le plus noble et l'aigle des vertueux, c'est celui qui doibt plus entierement et le plus vraiement amer autrui noble et vertueux par loy telle (G. CHASTEL. Expos. s. Verité.)— [Les Romains] attisés aussi derrenierement de convoitise et d'orgueil, pour estre en leur temps les aigles du monde et dompteurs, ont en cette partie de l'Occident fichié et establi le derrenier et le plus seignourieux regne des autres (CHASTELAIN Chron. du duc Philippe Proesme.)
XVIe s.— Un toict de tortue qui eschappa des pattes d'un aigle en l'air (MONT. I, 74)— Quelque chose que l'on die, je croy que la pierre d'aigle n'est autre chose qu'un fruit lapifié, et ce qui jouë dedans est le noyau (PALISSY 284)— Les devins apperceurent deux aigles volans vers eux, dont l'une tenoit entre ses griffes un serpent qu'elle perçoit d'oultre en oultre avec ses ongles (AMYOT Timol. 36)— Il feit tourner tout court le portenseigne qui portoit la premiere aigle (AMYOT Lucul. 52)— Bastons de casse, noix d'Inde, pierres d'aigles (PARÉ XXV, 7)
ÉTYMOLOGIE
Berry, aille (ll mouillées) ; provenç. aigla ; espagn. aguila ; ital. aquila ; d'aquila, auquel on donne pour racine le sanscrit açu équivalent au terme grec qui signifie rapide. Cependant aquilus, noirâtre, aquilo, vent du nord, ne paraissent pas sans analogie avec aquila.— Il y avait dans l'ancien français un féminin aiglesse : Mais jà de cele eglesse li reis mar dutera ; Jamais en altre liu ne nidifiera (Th. le Mart. 165)
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
AIGLE.
8. Ajoutez : La 96e planète télescopique.
HISTORIQUE
XIIIe s.— Nos dist quand li aille est vieil, Que mult li enpirent li oeil (Romania, octobre 1872, p. 437, V. 831)