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définitions

air (n.m.)

1.fluide gazeux de l'atmosphère, en mouvement. Vent.

2.apparence de qqn, habituelle ou occasionnelle.

3.espace au-dessus de la terre.

4.fait d'exprimer des émotions, des sentiments, par le comportement, par les traits du visage.

5.aspect extérieur, apparence naturelle ou affectée.

6.masse d'air entourant la Terre " il y avait une grande chaleur lorsque la comète est entrée dans l'atmosphère " " elle a été exposée à l'air "

7.(antiquité grecque)un des quatre éléments considéré comme composant l'univers selon Empédocle

8.(ellipse)fluide gazeux de l'atmosphère que les animaux respirent.

9.(ellipse)morceau de musique, mélodie simple qu'accompagnent souvent des paroles.

10.(figuré)ce qui se dégage de quelque chose; l'ambiance.

Aïr (n.prop.)

1.massif montagneux du Sahara méridional (Niger). Son sommet culmine à 1944 m.

Air (n.)

1.(Cismef)Mélange gazeux constituant l'atmosphère terrestre, élément indispensable à la vie de tous les êtres organiques, incolore, inodore, composé d'environ une part d'oxygène pour quatre d'azote, en volume, la proportion variant en fonction de différentes conditions. L'air contient aussi de faibles quantités d'anhydride carbonique, d'ammoniaque, de gaz rares et de matières organiques en suspension.

Le Littré (1880)

AIR (s. m.)[êr]

1. Fluide invisible, transparent, sans odeur ni saveur, pesant, compressible, élastique, qui forme autour de la terre une couche nommée atmosphère, et qui est composé de 0,79 d'azote et de 0,21 d'oxygène. L'air était un des quatre éléments de l'ancienne physique. L'air n'est pas un élément, c'est un corps composé. Les nuages sont portés dans l'air. L'air est l'aliment de la respiration. Un air pur, un air vif, un air tempéré. Ces émanations ont infecté l'air. Un air lourd et épais.

Si l'air était plus épais, il n'aurait pas cette douceur qui fait une nourriture continuelle du dedans de l'homme (FÉN. Exist. 14)

Ces gardes, cette cour, l'air qui nous environne, Tout dépend de Pyrrhus et surtout d'Hermione (RAC. Andr. III, 1)

Je sais trop que je dois au bien de votre empire Et le sang qui m'anime et l'air que je respire (CORN. Cid. IV, 3)

Les habitants de l'air, les oiseaux.

2. Au pluriel, les airs, l'espace au-dessus de nos têtes. Le ballon s'enleva dans les airs.

Avez-vous dans les airs entendu quelque bruit ? (RAC. Iph. I, 1)

Hélas ! ma prière inutile Se perdra-t-elle dans les airs ? (J. B. ROUSS. Cantate, 5)

Ses foudres impuissants se perdaient dans les airs (VOLT. Henr. v.)

3. Dans un sons général, air signifie gaz. L'oxygène, l'azote et l'hydrogène sont des airs différents. L'ancienne chimie donnait le nom d'airs à tous les fluides aériformes qu'on appelle gaz aujourd'hui ; de là le nom d'air atmosphérique attribué souvent à l'air proprement dit. Dans l'ancienne chimie, l'air fixe est le gaz acide carbonique ; l'air inflammable est l'hydrogène.

4. Air libre, l'espace ouvert. On dit dans le même sens le plein air. Arbres de plein air, arbres en plein air.

Air confiné, désigne, par opposition à air libre, l'air des enceintes dans lesquelles séjournent des êtres vivants, et qui se trouve par conséquent plus ou moins vicié.

5. En termes de théologie, le prince de l'air, Satan ; les puissances de l'air, les démons.

6. Mettre, exposer à l'air, soumettre une chose à l'influence, à l'action de l'air.

7. Prendre l'air, respirer le frais, se promener.

Je marche et je prends l'air avec plaisir (SÉV. 261)

Se faire porter dans son carrosse pour prendre l'air (SÉV. 40)

Il faudrait prendre l'air quand il est bon (SÉV. 517)

Prendre l'air à sa fenêtre (MOL. L'Av. II, 6)

Fig. Prendre l'air, prendre la fuite.

Il n'est rien tel que de mettre son crime ou son innocence au grand air [s'enfuir quand on est accusé] (SÉV. 402)

8. Fendre l'air, en parlant d'un oiseau, voler ; et fig. traverser l'espace avec rapidité. Les oiseaux fendent l'air. La flèche fend l'air et vient frapper le but.

L'exécution fut prompte : le jeune homme fendit les airs (MONTESQ. Lett. pers. 141)

9. Donner de l'air à une chambre, en ouvrir les fenêtres et en renouveler l'air.

Fig. Donner de l'air à un tableau, en détacher les différents plans, de sorte que l'air semble circuler entre eux.

10. Air natal, le pays où l'on est né.

C'est l'air natal qui séchera tes larmes (BÉRANG. Nostalg.)

11. Vent. Il fait beaucoup d'air. Il ne fait pas un souffle d'air.

Courant d'air, air en mouvement qui pénètre par les ouvertures d'un appartement. La porte et la fenêtre ouvertes feront un courant d'air. Ne vous mettez pas dans le courant d'air ; vous en seriez incommodé.

Coup d'air, fluxion ou douleur qui survient à la face, au cou, aux mâchoires, et qui est souvent causée par l'impression d'un air froid.

12. Prendre l'air du feu, un air de feu, se chauffer un moment, en passant.

13. Cela est dans l'air, se dit de certaines conditions physiques ou morales qu'on croit provenir de la nature d'un pays, d'une société, etc.

14. Porter le mauvais air en quelque endroit, y porter la contagion ; prendre le mauvais air, gagner la contagion.

Fig. L'air du monde est contagieux, la fréquentation du monde n'est pas salutaire au moral.

L'air de cour est contagieux ; il se prend à Versailles, comme l'accent normand à Rouen ou à Falaise (LA BRUY. 8)

On suit le train du monde, on est de toutes ses compagnies, on en prend toutes les manières ; et est-il surprenant alors que dans un air si corrompu on s'empoisonne et qu'au milieu de tant de scandales on fasse des chutes grièves et mortelles ? (BOURD. Pensées, t. I, p. 85)

15. Fig. et familièrement. L'air du bureau, ce qui paraît en bien ou en mal des dispositions de ceux qui ont la décision d'une affaire.

16. Diverses locutions familières, proverbiales et figurées. Être libre comme l'air, n'avoir aucune sujétion.

Ne faire que battre l'air, se donner inutilement beaucoup de peine.

Vivre de l'air du temps, être dans la plus profonde misère, n'avoir rien pour subsister.

En l'air, loc. adv. Au milieu de l'air, dans les airs. Tirer en l'air, un coup en l'air, tirer sans viser de but ; et fig. Faire une démarche sans résultat.

Paroles, projets en l'air, paroles, projets sans fondement, sans réalité.

Ce ne sont pas là, mes pères, des contes en l'air comme les vôtres (PASC. Prov. 16)

Ils dépendent d'un discours en l'air, de mille occasions imprévues (PASC. Conv. I)

Vous l'accusez seulement en l'air de quatre faussetés (PASC. Réfut. de la rép. à la 12e Lett.)

Et si d'une offre en l'air votre âme encor frappée Veut bien s'embarrasser du rebut de Pompée.... (CORN. Sertor. IV, 2)

Ces menaces en l'air vous donnent trop de peine (CORN. ib. V, 4)

Un discours en l'air qu'il forge (CORN. Le Ment. V, 2)

Et d'une cause en l'air il le faut bien leurrer (RAC. Plaid. III, 2)

Moïse ne parle point en l'air, il particularise et circonstancie toutes choses (BOSSUET Hist. univ. II, 3)

Ce discours en leur bouche n'est qu'un discours en l'air (BOSSUET ib. II, 13)

La sincérité ne permet pas de donner des paroles en l'air (BOSSUET Lett. 52)

Que de suppositions bâties en l'air ! (BOSSUET Déf. com.)

Il ne s'agit pas d'un soupçon en l'air (BOSSUET Rem.)

Quoiqu'il ait trouvé plus aisé de parler en l'air du droit des peuples (BOSSUET Avert. 5)

Ce n'est point un fait qu'on avance en l'air (BOSSUET Hist. II, 12)

Ce n'est pas ici une prédiction en l'air (MASS. Car. Communion.)

Il est venu arrêter les pensées vagues de l'esprit humain et fixer ses raisonnements en l'air (BALZ. Socrate, Disc. 1)

Pour quelque Iris en l'air faire le langoureux (BOILEAU Sat. IX)

Il est qui fait la moue aux chimères en l'air (RÉGNIER Sat. X)

Parler ainsi, c'est parler en l'air, et vouloir être cru sur tout ce qu'on s'imagine (FÉN. Exist. 78)

Ne vous amusez pas à vous inquiéter en l'air (SÉV. 215)

Je vous dis cela extrêmement en l'air (SÉV. 210)

Il me le dit en l'air (SÉV. 379)

C'est une chose qu'on dit souvent en l'air (SÉV. 34)

Il dit une parole en l'air à M. de Lavardin (SÉV. 584)

Sur des soupçons en l'air je m'irais alarmer (MOL. Le Dép. I, 1)

Contes en l'air (MOL. Tart. IV, 3)

Les personnages qu'il représente sont des personnages en l'air (MOL. Impr. 3)

À considérer cet ouvrage comme un système, j'en trouve le fondement bien incertain, bien en l'air (DIDER. Lett. de Ramsay.)

Je n'ai pas prétendu faire un système en l'air et qui n'eût aucun fondement (FONTEN. Mondes, Préface)

Il fut question de Mlle d'Armagnac et de Mlle de La Trémouille, mais fort en l'air (SAINT-SIMON 28, 61)

Être, mettre en l'air, en mouvement, dans l'agitation. Cette affaire mit toutes les têtes en l'air.

Puisque vous êtes en l'air (SÉV. 339)

Je suis tellement en l'air que je m'en vais.... (SÉV. 540)

Enfin j'ai un pied en l'air [je suis prête à partir] (SÉV. 142)

Il faudra n'être plus ici un pied en l'air, comme vous y êtes toujours (SÉV. 399)

En parlant des choses, être en l'air, en désordre. Dans son cabinet tout est en l'air.

N'être pas solide. Toute sa fortune est en l'air.

En termes militaires, on dit qu'une troupe est en l'air, quand elle n'est pas appuyée sur son flanc par un obstacle quelconque. L'aile droite de l'armée était en l'air.

En termes de fauconnerie, prendre l'air se dit d'un oiseau qui s'élève fort haut. Nouer [nager] entre deux airs, manière de voler particulière aux oiseaux de proie.

REMARQUE

En termes de marine, air de vent, chacune des trente-deux divisions du vent.Je suivais le même air de vent pour toute règle (J. J. ROUSS. Ém. V) Les marins ont pris l'habitude d'écrire air de vent ; mais ce n'en est pas moins une faute et une confusion d'air avec aire ; l'expression propre est une aire de vent (voy. AIRE), c'est-à-dire la 32e partie de la surface ou cercle qui renferme la direction des trente-deux vents. On trouve aussi air pour vitesse : Ce vaisseau a de l'air, il va vite. C'est encore une faute, et c'est erre qu'il faut mettre (voy. ce mot) : ce vaisseau a de l'erre.

REMARQUE

Airs au plur. se prend dans deux sens différents. Air s'emploie pour gaz ; en ce sens l'azote, l'hydrogène sont des airs différents l'un de l'autre. L'examen approfondi des propriétés nous apprend qu'il existe des airs d'espèces très diverses, c'est-à-dire plusieurs airs, BIOT., C'est là le pluriel comme on l'entend ordinairement. Quand au contraire on dit : s'élever dans les airs, entend-on parler de plusieurs airs, en tant qu'ils diffèrent les uns des autres ? Non assurément ; on veut seulement désigner la généralité de l'air ; ce pluriel n'a donc qu'un sens collectif et non pas le sens distributif qu'exige la définition ordinaire du nombre pluriel, JULLIEN.

HISTORIQUE

XIIIe s.Eles repairent à lor premiere matere et deviennent airs ansi come uns aniaus pert sa forme au fu et devient ors ou argens que il estoit ançois (Comput, f. 13)Et mout estoit li airs de froide atrempeüre (Berte, XLII)

XIVe s.Ele vit de l'aer non pas pur et sans mangier (ORESME Eth. 23)

XVe s.Car estoit tané de tant avoir esté à Bruges sans changier air (G. CHASTEL. Chr. des D. de Bourg. III, ch. 159)Et pour la puantise des bestes que on tuoit en l'ost, l'air en estoit ainsi qu'à demi corrompu.... et vint le roi loger, telle fois fut, à Male, pour esloigner ce mauvais air (FROISSART II, II, 232)

XVIe s.[Le vent] barbe et cheveux tous blancs me fait branler, Ne plus ne moins que feuilles d'arbre en l'air (MAROT I, 395)D'un toict de tortue qui eschappa des pattes d'un aigle en l'air (MONT. I, 74)L'on ne leur demandoit qu'un titre en l'air, au lieu de quoy on leur offroit realement et de faict les choses dont ilz avoient plus grant besoin (AMYOT Sertor. 35)Si tost que les deux compagnons ouirent parler de cette rumeur, ils prirent l'air sous couleur d'aler à la guerre, et depuis on a su leurs projets (D'AUB. Hist. III, 60)Ou je suis fol, encores vaut-il mieux Aimer en l'air une chose incogneue Que n'aimer rien.... (RONS. 215)

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. et Berry, ar ; provenç. aer, air, aire ; ital. aria, aere ; espagn. aire ; du latin aer, le même que le grec.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. AIR. Ajoutez :

17. Populairement. Se donner de l'air, prendre la fuite, pour échapper à des poursuites.

Il aurait mieux valu rester et prouver son innocence ; mais H.... et ses pareils aiment mieux se donner de l'air ; dans leur jargon, c'est une ordonnance de non-lieu (Me LÉON DUVAL Gaz. des Trib. 15 mars 1873, p. 253, 1re col.)

AIR (s. m.)[êr]

1. Apparence extérieure.

D'abord on ne l'avait point regardé, à cause de ses habits simples et négligés, de sa contenance modeste, de son silence presque continuel, de son air froid et réservé (FÉN. Tél. VI)

Ne vous y fiez pas, elle a, ma foi, les yeux fripons ; je lui trouve l'air bien coquet (BOILEAU Héros de romans.)

Les blessures du visage y donnent d'ordinaire certain air violent et guerrier qui ne sied pas mal (HAMILT. Gramm. 7)

Je ne suis point d'avis qu'on vous peigne en amazone ; vous avez l'air trop doux (FONTEN. Lett. XLI)

Elle a l'air bien furibond (VOLT. L'Écoss. I, 5)

Elle avait l'air timide, embarrassé (VOLT. L'Enf. prod. IV, 7)

Qu'elle est laide à présent, et qu'elle a l'air mauvais ! (REGNARD Dém. amour. IV, 7)

De grâce, dites-moi, parlant sincèrement, Sous l'habit de Vénus aurais-je l'air charmant ? (REGNARD ib.)

Mon-Dieu ! qu'elle est jolie et qu'elle a l'air mignon ! (MOL. L'Étour. III, 11)

Je l'ai vu ; son même air, son même habit de lin (RAC. Athal. II, 5)

J'admirais sa douceur, son air noble et modeste (RAC. ib.)

Elle a l'air doux et semble assez docile (COL. D'HARLEV Célib. III, 10)

Un inconnu qui avait un air majestueux (FÉN. Tél. XXIV)

Votre père me regardait avec un air de compassion (FÉN. ib. XV)

Protésilas reprenant son air sévère et hautain (FÉN. Tél. XIV)

2. Un air de famille, une sorte de ressemblance. Avoir un faux air de quelqu'un.

Vous avez un peu de l'air de Mme de Sottenville (SÉV. 153)

Elle a de l'air du coadjuteur (SÉV. 86)

3. Manière, façon.

Il est vrai, madame, que ce jeune prince a fait voir une adresse peu commune, et que l'air dont il a paru a été quelque chose de surprenant (MOL. Princesse d'Él. III, 5)

Parlez, Don Juan, et voyons de quel air vous saurez vous justifier (MOL. Fest. 1, 3)

Et traitent du même air l'honnête homme et le fat (MOL. Mis. I, 1)

Au contraire, j'agis d'un air tout différent (MOL. L'Étour. V, 13)

Vous preniez tout l'air d'un méchant garnement (MOL. Tart. I, 1)

Les gens de mon air (MOL. Mis. III, 1)

Et je me vis à demeurer d'accord Que l'air dont vous viviez vous faisait un peu tort (MOL. ib. III, 5)

Et l'école du monde en l'air dont il faut vivre Instruit mieux à mon gré que ne fait aucun livre (MOL. Éc. des mar. I, 2)

L'air précieux n'a pas seulement infecté Paris ; il s'est aussi répandu dans les provinces (MOL. Préc. rid. 1)

Et voyez cependant de quel air on m'écrit (CORN. Sertor. I, 2)

Promenades où il n'y ait ni dissipation dans les airs ni indécence dans les habits (FLÉCH. Serm. II, 334)

Ces dévotions superficielles qui retranchent à l'extérieur quelques airs mondains et qui laissent au coeur la liberté de ses désirs (FLÉCH. Panég. II, p. 315)

Qu'est-ce que ces airs de franchise, de simplicité, de cordialité, que nous affectons quelquefois en parlant au prochain, et lui disant certaines vérités très désagréables ? (BOURD. Pensées, t. II, p. 299)

Ils disent d'un air envenimé ce qui n'avait été dit qu'avec des intentions innocentes (MASS. Pard.)

Rien ne l'égalait [Louis XIV] ni pour les grâces de sa personne, ni pour la grandeur de son air (HAMILT. Gram. 5)

Ce fut d'un air et d'un regard à lui faire croire que c'était Vénus avec toutes ses grâces qui venait de lui parler (HAMILT. ib. 8)

Elle connut à l'air et aux manières de son mari.... (HAMILT. ib.)

Il n'y avait point à la cour d'homme de meilleur air (HAMILT. Gram. 9)

Il me lâcha par la ville pour perdre l'air de la campagne (HAMILT. ib. 3)

J'avais tellement l'air de la cour et du monde.... (HAMILT. ib. 3)

Elle n'aura point un air de gouvernante (BOSSUET Lett. abb. 108)

Elles auront assez de l'air d'une dame de province (SÉV. 220)

Il a pris le mauvais air des officiers subalternes (SÉV. 336)

Le roi l'avait regardée d'un bon air (SÉV. 523)

4. Accueil.

Elle nous fit un air honnête (SÉV. 419)

4. Vous avez vu l'air gracieux que S.

M. m'a fait (HAMILT. Gram. 5)

5. En termes de peinture et de sculpture, un air de tête, des airs de tête, l'attitude d'une tête.

Pour former ce vif coloris, ces attitudes si variées, ces airs de tête si passionnés (FÉN. Exist. 8)

6. Le bel air, les manières élégantes.

J'ai vu les personnes du bel air (MOL. Pourc. III, 2)

Apprendre le bel air des choses (MOL. Préc. 5)

Croyant introduire le bel air en traitant les Anglais d'étrangers (HAMILT. Gramm. 6)

Les beaux esprits et les gens du bel air traiteront d'imbécile un homme qui professe le désintéressement (DIDER. Disc. prélim.)

Ce n'est plus la mode du bel air (SÉV. 42)

Votre frère est dans le bel air (SÉV. 42)

Un chapeau du bel air (SÉV. 156)

Quand on la voit habillée du bel air (SÉV. 282)

Ils ont pourtant été d'un assez bel air (SÉV. 232)

Tout le bel air [le beau monde] était sur le théâtre (SÉV. 112)

Les dames, les jeunes gens, tout le bel air de la cour était pour M. de Luxembourg (SAINT-SIMON XVII, 201)

7. Le grand air, le ton du grand monde.

Quels biens sur vous un prince va répandre ! D'abord viendra l'étiquette aux grands airs (BÉRANG. Belges.)

Grand air, un grand air, une belle et noble apparence.

La duchesse de Bourgogne avait un grand air, une taille noble (VOLT. Louis XIV, 27)

En mauvaise part, les grands airs, des manières hautaines et fastueuses.

Barbezieux, avec tous ses grands airs, sentait plus l'intendant que le général d'armée (SAINT-SIMON 23, 5)

8. Bon air, manière élégante, distinguée ; mauvais air, les manières de la mauvaise compagnie.

On voit l'impudence devenue un bon air (MASS. Pan. Ste-Agnès.)

Vous accoutumez les pécheurs à regarder la débauche comme un bon air en l'opposant au ridicule de la vertu (MASS. Car. Inj. du monde.)

La profession d'incrédulité est presque devenue un bon air parmi nous (MASS. Doutes.)

L'extérieur de la piété est un mauvais air dont on se cache (MASS. Vices.)

Il y en a à Vitré qui ont fort bon air (SÉV. 555)

Il cherchait le bon air (PASC. édit. Cous.)

Cela n'est point du bon air (PASC. Préf. génér.)

Il n'affecte point d'avoir son chapeau cloué sur sa tête pour montrer qu'il sait les bons airs (J. J. ROUSS. Hél. VI, 9)

Vous avez tout à fait bon air avec cet habit (MOL. Bourg. III, 4)

M. le comte a tout à fait bon air (MOL. Comtesse, 29)

Il est bien fait, oui, ce petit pendard, il a bon air, bonne physionomie (MOL. la Princ. III, 5)

Absolument.

Elle n'avait point de taille, encore moins d'air (HAMILT. Gramm. 6)

Il avait le visage fort agréable, la tête assez belle, peu de taille et moins d'air (HAMILT. ib. 8)

Au lieu de mettre de l'accent dans son parler, il y met de l'air (J. J. ROUSS. Ém. I)

Bon air, en parlant des choses.

Rien n'est d'un meilleur air pour la maison que de bâtir pendant le procès (SÉV. 479)

Un château qui a le meilleur air du monde (SÉV. 354)

Le carrosse qu'on avait fait pour le roi n'avait pas trop bon air (HAMILTON Gramm. 7)

9. Sorte de manière affectée qui consiste à faire entendre ce qu'on ne témoigne pas. Faire une chose par air.

Tout cela était un air pour me faire savoir qu'elle a un équipage (SÉV. 69)

Quand je vous ai demandé si vous n'aviez point jeté mes lettres, c'était un air (SÉV. 98)

Prendre, se donner des airs, de grands airs, affecter un ton, des manières au-dessus de son état.

Bien loin de se donner de ces airs que prennent les gouverneurs en pareille occasion (HAMILT. Gramm. 8)

Vous voyez les airs qu'elle se donne (HAMILT. ib. 8)

S'étant aperçue des airs que Sydney se donnait (HAMILT. ib. 10)

Avec cela, on fait le fier, on se donne des airs (VOLT. L'h. aux 40 écus.)

Se donner l'air de, prendre l'air de, se montrer comme....

Pour parer mon discours et me donner l'air d'habile homme (MOL. Méd. m. lui, III, 1)

Ces airs mystérieux qu'on se donne (FLÉCH. M. de Mont.)

Je ne saurais me donner des airs de singularité (MASS. Visit.)

Mme Guyon continue à se donner un air prophétique (BOSSUET Relat.)

Pour leur apprendre à prendre un air de guerre (SÉV. 559)

Familièrement. Se mettre sur son air, prendre une certaine manière d'être.

Enflé de ses premières prospérités, il s'était mis sur son air vainqueur pour achever cette dernière conquête (HAMILT. Gramm. 6)

10. En parlant des choses, avoir l'air, avoir un air de, paraître.

Votre dernière lettre a un air de gaieté (SÉV. 491)

Nous voulûmes donner à cette chambre un air d'accouchement (SÉV. 5)

Cela a toujours l'air d'un miracle (SÉV. 478)

Quoique ces paroles aient un air de dureté bien sec (BOSSUET Dév. I)

Et ses effets soudains ont de l'air des miracles (MOL. Éc. des f. III, 4)

11. En termes de manége, allure du cheval. Airs bas, ceux où le cheval manie près de terre ; airs relevés, ceux où le cheval s'enlève davantage.

12. Suite de tons et de notes qui composent un chant. Il se dit aussi du chant et des paroles. Chanter des airs à boire.

J'ai fait pour toi des airs, je te les veux chanter (A. CHÉN. 16)

Vivent les grands airs Du conservatoire ! (BÉRANG. Musique.)

Que leur nom retentit dans les airs que l'on chante (RÉGNIER Sat. III)

N'être pas dans l'air, ne pas chanter exactement un air.

Fig. Je connais des paroles sur cet air-là, j'ai déjà entendu les mêmes choses, les mêmes opinions, les mêmes excuses, etc.

Fig. Avoir l'air à la danse, annoncer des dispositions à réussir dans ce qu'on fait, être disposé à faire ce dont il s'agit, être vif et dispos.

REMARQUE

1. Elle a l'air fâché ou fâchée. L'adjectif se rapporte également au sujet du verbe ou à son propre substantif. Quelques grammairiens ont voulu régler l'emploi de ces deux accords et fonder sur des nuances fines, mais arbitraires, le choix de l'un ou de l'autre ; mais l'usage a rejeté avec raison ces distinctions, et conserve à celui qui parle ou qui écrit une entière liberté. Il est toujours entendu que, pour que cette liberté existe, l'adjectif doit pouvoir se rapporter aux deux substantifs. S'il était impossible qu'il se rapportât à l'un des deux, il faudrait nécessairement l'accorder avec l'autre. Ainsi on dira : Cette femme a l'air enceinte, et non pas l'air enceint, puisque enceint n'a pas de masculin dans ce sens.Ils ont l'air fâchés de ce qu'ils viennent d'apprendre, parce que le complément de ce qu'ils viennent d'apprendre ne peut être une cause de fâcherie que pour les personnes et non pour l'air (JULLIEN p. 234) On peut ajouter que, quand le sujet est un nom de chose, il vaut mieux accorder l'adjectif avec ce nom qu'avec air. Cette poire a l'air mûre ; cette maison a l'air gaie. En effet, on ne peut que difficilement concevoir que l'air de la poire, de la maison, soit mûr ou gai.Cette proposition n'a pas l'air sérieuse (VOLT. Remarque sur les Horaces) Cependant quelques écrivains ont, même en ces cas, accordé l'adjectif avec air.La tuile a l'air plus propre et plus gai que le chaume (J. J. ROUSS. Emile.)En voilà une [statue] qui a l'air bien grossier (FÉN. Fable, XXV, 3)

2.Grand air, air grand. Ce sont deux choses bien différentes. On dit d'un homme qui vit en grand seigneur : il a le grand air. On dit d'un homme dont la physionomie est noble et la mine haute, qu'il a l'air grand (BOUHOURS Remarques sur le langage)

3. De même, ne confondez pas mauvais air avec air mauvais, bon air avec air bon, etc. Il a mauvais air, il a des manières de mauvaise compagnie ; il a l'air mauvais, il paraît méchant. Il a bon air, il a des manières de bonne compagnie ; il a l'air bon, il paraît d'un bon caractère.

4. De Caillières (1690) remarque qu'à la cour on dit : Il se donne d'un air d'homme à bonne fortune ; ces sentiments-là vous donnent d'un air de vieillard ; et Bouhours, Nouv. rem. dit : " Prendre l'air, c'est ainsi qu'on parle ; prendre de l'air, comme disent quelques-uns, c'est mal dit. " Ces locutions sont mauvaises, et le de ne peut être accepté. Mais que faut-il penser de ces phrases-ci : Cela a bien de l'air d'une chimère, LE PRÉSIDENT HÉNAULT, ; et :Vous ne devez pas trouver étrange que, vous aimant comme je le fais, je sois si facile à m'alarmer sur toutes les choses qui ont de l'air d'une faute (RACINE Lettre 19 à son fils) Féraud fait observer, à l'occasion de ces deux phrases, que ce de est inutile et contre l'usage ; en effet, ce n'est que quand on parle de la ressemblance qui existe entre les traits du visage de deux personnes, que le de s'emploie avant le mot air : Ils ont bien de l'air l'un de l'autre ; ils ont beaucoup d'air l'un de l'autre. Mais ici on doit dire que ce de est partitif, et atténue la force de l'expression dans la phrase de Racine, ainsi : sur toutes les choses qui ont de l'apparence d'une faute. Quant à l'exemple du président Hénault, le de est sans doute amené par l'adverbe de quantité bien qui le précède.

SYNONYME

AIR, MINE. Les auteurs de synonymes adjoignent d'ordinaire physionomie ; mais physionomie ne s'appliquant qu'au visage, ne peut pas être synonyme de mine et d'air qui s'appliquent à toute la personne. Mine et air sont très voisins. Ce qui paraît le plus les distinguer, c'est que mine se rapporte plutôt à l'apparence de la personne, et air plutôt aux manières et au maintien. Un homme de bonne mine, c'est un homme dont la personne est d'un bon aspect ; un homme de bon air est un homme dont les manières sont bonnes. Un malade a meilleure mine, quand des signes du retour de la santé se manifestent. Un jeune homme a meilleur air, quand il s'est habitué à la politesse du monde.

HISTORIQUE

XIe s.Ahi ! cuivert, mauvais hom de pute aire (Ch. de Rol. 69)

XIIe s.Mais se vos oeil ne mi sont de male aire (Couci, 2)

XIIIe s.Kar estes fel et de put aire (MARIE DE FRANCE t. II, p. 377)Nés fu de Mazovie et nourri de vostre aire (DU CANGE area.)

XVIe s.C'est une ladrerie spirituelle qui a quelque air de santé (MONT. I, 62)

ÉTYMOLOGIE

Provenç. aire ; catal. ayre ; anc. ital. aire (cuore di bon aire). Les dictionnaires confondent air, fluide gazeux, et air, manière, façon. Il est bien difficile de voir comment l'air atmosphérique aurait fini par signifier l'apparence, la manière. Diez a senti la difficulté, et il tire air dans le second sens de l'allemand art, manière, façon. Mais on ne voit pas comment le t aurait disparu. Dans un travail subséquent, il est disposé à réunir air de l'atmosphère et air manière, par le sens de souffle, spiritus, qui, donnant esprit, conduirait à manière, caractère. Le vieux français, à ma connaissance, n'emploie pas aire dans le sens d'air atmosphérique ; et il a air auquel il ne donne pas le sens de manière. Le provençal, qui a aer, air atmosphérique, ne s'en sert pas pour signifier manière, non plus que l'ancien catalan de son aer, et l'italien de son aer ou aere. Le provençal et l'espagnol emploient aire, ayre, dans le double sens de manière et d'air atmosphérique : c'est donc sur aire seul que porte le double sens ; c'est aire seul qui a permis une confusion ; car en effet aire (voy. AIRE) existe, dans l'ancien français du moins, avec le sens de place et nid. Voici dès lors comment je conçois la filiation des sens : place et nid ; demeure, famille ; qualité, manière. Puis air et aire se seraient confondus dans les langues romanes. Air de vent et aire de vent est un exemple d'une confusion analogue. C'est, je crois, la fauconnerie qui, en signalant le faucon de bon aire, a permis le passage d'idée entre aire, nid, et extraction, famille, qualité.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

2. AIR. Ajoutez :

13. Donner de l'air à, ressembler (locution vieillie). Bayle, note i de l'article Patin (Guy), cite un éloge de cet auteur où on lit : Feu M. Huguetan, avocat de Lyon, qui le connaissait particulièrement, trouvait qu'il donnait de l'air à Cicéron dont on voit la statue à Rome. Bayle ajoute en note : Cette phrase est fort en usage à Genève et dans ces quartiers-là.