définitions
ajourner (v. trans.)
1.renvoyer un candidat à une session de sélection ultérieure.
2.renvoyer à une date ultérieure.
3.(Droit)assigner à comparaître à une date déterminée.
Le Littré (1880)
AJOURNER (v. a.)[a-jour-né]
1. Assigner quelqu'un en justice à un jour marqué.
2. Renvoyer une affaire à un autre jour. Ajourner une affaire, une délibération.
3. Remettre à un temps indéterminé. Ajourner un projet, un travail, une dépense. Ajourner la guerre. Trop de sécurité fit ajourner les précautions.
HISTORIQUE
XIe s.— Com pesmes [très mauvais] jurz nous est hoi ajurnez [s'est levé pour nous] ! (Ch. de Rol. CLXVIII)
XIIe s.— Quant li rois vit le matin ajorner (Ronc. p. 157)— Tute la nuit erreient entresqu'à l'ajurner ; E le jur se muçowent d'ici qu'à l'avesprer, Od muines, od noneins, en bois, pur els celer (Th. le Mart. 49)
XIIIe s.— Lors commença à ajorner, et li os [ost] commença à armer tout communalment (VILLEH. LXXXV)— Devant l'aube aparant, ains qu'il fust ajourné.... (Berte, XV)— Me sire li rois vous semont et ajourne à Paris, sa cité, d'ui en quarante jours (Chr. de Rains, p. 132)— Et estoit ainsi establi que, se nus des ouvriers des mestiers dessuz diz fussent adjourné devant le dit mestre Fouques, et il defailloit de venir.... (Liv. des Mét. 106)— Au matin, quant il ajorna, Sire Lietart s'apareilla (Ren. 17527)— Diex ! quant sera il ajorné ? Trop ai en ce lit sejorné (la Rose, 2503)— Bien furent trente mil sor les chevaux monté, Et ont tant chevalchié et tant esperonné Qu'ils vienent à Artois encontre un ajorné (Ch. d'Ant. III, 537)— Je voz ajorne à respondre à voz lettres (BEAUMANOIR X, 4)— Ne li ajorné n'aloient pas à lor jor (BEAUMANOIR 54)— Et le roi l'ajourna au parlement à Paris, et le roy Thibaut de Navarre le secont, qui là estoit pour oyr et pour droit fere aus parties (JOINV. 289)
XVe s.— Et l'avoient les douze pairs et les barons de France donné à messire Philippe de Valois, d'accord et ainsi comme par jugement, sans appeler ne ajourner partie adverse (FROISS. I, I, 62)— Ledit duc seroit adjourné à comparoir en parlement à Paris (COMM. III, 1)
XVIe s.— Te faudroit voir tous ces vieux romans et poetes françois, où tu trouveras un ajourner, pour faire jour ; que les praticiens se sont faict propre ; et mil autres bons mots, que nous avons perdus par nostre negligence (DU BELLAY I, 29, recto.)— D'une entresuivante fuyte Il ajourne, et puis ennuyte [il fait huit] (DU BELLAY III, 78, verso.)
ÉTYMOLOGIE
Provenç. ajornar ; ital. aggiornare ; de à et jour. Dans l'ancien français ajourner signifiait faire jour, et assigner à un jour dit : double signification très bien en rapport avec l'étymologie. Il est fâcheux que nous ayons perdu la première des deux ; car nous sommes réduits à une périphrase : il fait jour, le jour naît.