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définitions

alarme (n.f.)

1.grande inquiétude, crainte d'un danger.

2.signal qui avertit d'un danger.

Le Littré (1880)

ALARME (s. f.)[a-lar-m']

1. Cri, signal pour faire courir aux armes. Au premier cri d'alarme. Sonner l'alarme. L'alarme fut donnée par des feux.

Il entend déjà le beffroi des villes et crier à l'alarme (LA BRUY. 10)

J'écoute, je distingue les coups du canon d'alarme (CHATEAUB. René, 214)

Fig. Le chien donne l'alarme par des aboiements réitérés.

2. Émotion causée par l'approche réelle ou supposée de l'ennemi. L'alarme est au quartier, au camp.

Tel vêtu des armes d'Achille, Patrocle mit l'alarme au camp et dans la ville (LA FONT. Fab. XII, 9)

Oh ! dit-il, j'en fais faire autant Qu'on m'en fait faire ! ma présence Effraye aussi les gens ! je mets l'alarme au camp (LA FONT. ib. II, 14)

La fusée mit l'alarme au camp (SÉV. 312)

Fig. L'alarme est au camp, se dit d'une société, d'un parti qui a des appréhensions communes.

Voilà l'alarme au camp (SÉV. 58)

En termes de guerre, donner des alarmes à une place assiégée, l'inquiéter par de fausses attaques.

3. Frayeur, épouvante subite. à la première alarme. à la moindre alarme. Répandre l'alarme. Il a pris l'alarme bien légèrement.

En cette alarme universelle (LA FONT. Fab. II, 9)

Il s'en allait Mettre l'alarme en tout le voisinage (LA FONT. Rém.)

Celle-ci par ses cris mettait tout en alarme (LA FONT. Matr.)

Il n'eût pas été propre à donner cette fausse alarme (CORN. Exam. d'Hor.)

4. Vive inquiétude, souci ; dans ce sens il s'emploie le plus souvent au plur.

Remettez-vous, monsieur, d'une alarme si chaude (MOL. Tart. V, 7)

Tant de médisances et tant de faux rapports que cela mit toute la cour en combustion et en alarme (PASC. Prov. 15)

Les forts et les faibles sont en alarme et en trouble (VOIT. Lett. 143)

Mais, moi qui veux me garantir de ces alarmes et de ces agitations secrètes (BOURD. Carême, t. I, p. 35)

Ce qu'on aime, on craint de le perdre ; et plus on l'aime, plus les alarmes sont fréquentes ; car on les prend aisément (BOURD. Pensées, t. III, p. 148)

Ce soin de couvrir ses crimes et de les tenir cachés, ces alarmes secrètes mais pleines d'effroi, ces agonies mortelles, convaincu qu'il est de ce qu'il a fait et de ce qu'il mérite.... (BOURD. Carême, t. I, p. 273)

Ah ! dissipez ces indignes alarmes (RAC. Andr. II, 1)

Ne me suis point, si ton coeur en alarmes Prévoit qu'il ne pourra commander à ses larmes (RAC. ib. IV, 1)

Quand Tryphon me donna de si rudes alarmes (CORN. Rodog. II, 3)

Milord avait pris les mêmes alarmes (HAMILT. Gramm. 8)

Ma fille, tu as tort de prendre de telles alarmes (MOL. la Princ. II, 4)

Des projets de mon coeur ne prenez point d'alarme (MOL. Femmes sav. I, 4)

Autour de ces rois voltigeaient, comme des hiboux dans la nuit, les cruels soupçons, les vaines alarmes (FÉN. Tél. XVIII)

5. Vivre, être nourri dans les alarmes, être accoutumé à la guerre et à ses dangers.

HISTORIQUE

XIVe s.Lors la gaite renois [renégat, renié] Voit bien qu'ès fossez sont les nobiles françois, Adont a escrié alarme à haute vois (Guesclin. 19486)On crie parmi l'ost : traït ! car vous armés ! Alarme ! alarme ! crient ; chascun s'est adoubés (Baud. de Seb. VIII, 224)

XVe s.Nous sommes armés comme il faut : Alarme ! à l'assaut ! à l'assaut ! (BASSELIN XLVII)

XVIe s.Courez y tous, et alarme sonnez (RAB. Garg. I, 2)Et quant orrez ces miens presens alarmes, Ayez bon cueur et contenez vos larmes (MAROT II, 55)À peine sera jamais crainct Le combattant qui est contrainct D'emprunter, quand vient aux alarmes, De son adversaire les armes (MAROT II, 199)Ainsi tu scez combien par faux alarmes, La mort a fait, pour toi, jeter des larmes (MAROT III, 8)Et de prieres et de larmes, Leur donnois souvent force allarmes Pour les gagner.... (MAROT IV, 180)La majesté de Dieu en se faisant sentir leur dresse nouveaux alarmes (CALVIN Instit. 8)Comment pourrions-nous tenir bon tant peu que ce soit contre les alarmes continuelles qu'il [Satan] nous dresse ? (CALVIN ib. 115)Quant il demeure en ce païs, vous pouvez dormir en sureté, combien que l'on luy donne assez d'alarmes ; mais son bon sens prouvoit à tout (MARG. Lett. XCV)L'ame troublée de plusieurs diverses alarmes (MONT. I, 96)Je demeurerai en crainte et en alarme (MONT. I, 128)Les Romains, oyant l'alarme, prirent chascun le premier baston qu'ils trouverent (AMYOT Cam. 47)Tantost il s'approchoit de luy, et luy faisoit donner des alarmes en son camp, tantost.... (AMYOT Fab. 12)Lors marcherent les trompettes sonnans un son tel que l'on le sonne à une alarme (AMYOT P. Aem. 56)Gardez que ce ne soit quelque faulse alarme que l'on vous ait donnée pour vous estonner (AMYOT Pélop. 19)L'on fait une procession devant laquelle marche une trompette sonnant à l'arme (AMYOT Arist. 52)Seleucus tout effrayé se jetta incontinent en piedz et feit sonner l'allarme (AMYOT Démétr. 70)Pour un faux alarme qui luy fut donné (M. DU BELL. 146)Ils donnerent l'alarme aussi chaude comme si.... eux qui bien oyoient ce chaut alarme, feirent sonner la retraite (M. DU BELL. 371)

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. ailarme ; provenç. alarma ; espagn. alarma ; ital. allarme ; de à (voy. à), l' (voy. LE), et arme. Dans le XVIIe siècle on écrivait volontiers allarme, et beaucoup de livres ont cette orthographe. Dans le XVIe on faisait indifféremment alarme masculin ou féminin.

ALARMÉ, ÉE (part. passé.)[a-lar-mé, mée]

Tout le pays est alarmé de ces préparatifs de guerre. Alarmés sur leur situation. Alarmé par un bruit subit. Alarmé de tout ce qu'il entendait. Je suis tout alarmé de la maladie de mon père.

Je pensais en voyant sa tendresse alarmée.... (RAC. Andr. II, 5)

Vous l'accusiez pourtant quand votre âme alarmée Craignait qu'en expirant ce fils vous eût nommée (CORN. Rodog. V, 4)

Je ne vis point sa pudeur alarmée (HAMILT. Gramm. 11)

Les matelots furent alarmés jusqu'à perdre l'esprit (BOSSUET Reine d'Anglet.)

Parmi les frayeurs d'une conscience alarmée et les douleurs de l'enfer (BOSSUET Anne de Gonzague.)

Et passant du Jourdain les ondes alarmées, Cueillir mal à propos les palmes idumées (BOILEAU Sat. IX.)

proposition : lemmes