définitions
aller (v. intr. défectif)
1.ça va, ça suffit : assez!
aller (v. trans.)
1.verbe utilisé pour former une question Oui ou Non.
ex. allons-nous lui demander de venir?
aller (n.m.)
1.fait d'aller; trajet fait d'un lieu vers un autre.
2.(ellipse)billet pour un trajet aller.
aller (v. intr.)
1.améliorer l'apparence de (qqch, qqn) " Le deuil sied à Electre " " Ce comportement ne vous convient pas! "
2.changer de place, d'endroit ; changer de lieu, se déplacer (également métaphoriquement)
" À quelle vitesse votre nouvelle voiture va-t-elle? "
" Nous sommes allés de Rome à Naples en bus " " Les policiers sont allés de porte en porte à la recherche d'un suspect "
" Les soldats sont allés vers la ville pour tenter de la prendre avant la nuit. " " les nouvelles sont allées rapidement "
3.se déplacer.
4.faire, agir.
5.se dérouler, s'écouler, passer d'un certain état de choses à un autre
"Comment ça se passe ?"
"La journée s'est bien passée jusqu'à ce que je reçoive votre appel"
6.aller ou voyager vers " où se dirige-t-elle " " Nous nous dirigions vers la montagne "
7.être dépensé dans (qqch)
"Tout mon argent est allé à la nourriture et au loyer"
Aller (n.prop.)
1.rivière d'Allemagne (256 km), affluent de la Weser.
aller (v.)
1.se mettre d'accord.
2.être présent.
Le Littré (1880)
ALLER (v. n.)[a-lé]
1. Aller et revenir promptement. Va, cours et reviens. Aller au soleil. Nous irons à grands pas. Aller à pied, à cheval, par terre, par eau, par mer. Aller en avant, en arrière. Ces bâtiments vont à la voile, à la vapeur. Il ne fait qu'aller et venir. Ce cheval va bien.
• Il va, vêtu d'une façon extravagante (MOL. Méd. m. lui, I, 5)
• [Elle] va, vient, fait l'empressée (LA FONT. Fab. VII, 9)
• Légère et court vêtue, elle allait à grands pas (LA FONT. ib. VII, 10)
2. Fig. Aller bien, mal, être dans la bonne, la mauvaise voie.
Aller de bon coeur, se porter volontiers à une chose.
Aller aux voix, aux opinions, les recueillir.
Aller aux informations, aux renseignements, se renseigner.
Aller au plus pressé, s'occuper de l'affaire qui admet le moins de retard.
Aller de pair avec quelqu'un. L'espoir va encore plus vite que la crainte. Le temps va toujours.
• Il ne faut qu'aller simplement pour connaître le devoir (MASS. Salut.)
• Comme ces trois puissances [exécutive, législative et judiciaire], par le mouvement nécessaire des choses, sont contraintes d'aller, elles seront forcées d'aller de concert (MONTESQ. Esp. XI, 6)
Aller vite, aller lentement, faire une chose vite, lentement. Ce copiste va vite. Cet orateur va bien lentement.
3. Aller à la campagne. Nous irons en Italie, en Angleterre. Ce malade est allé en des climats plus chauds. Aller chez quelqu'un. Allez-vous chez votre médecin ? On va dans une antique forêt. Partout où il allait. Où va-t-on ? On y va. Aller à l'ennemi. Aller au feu, aller où la bataille est engagée, et où l'on échange des coups de fusil et des coups de canon. Aller à la mort, en exil. Aller en justice, avoir affaire devant les tribunaux. Aller au bois, aux vivres, aller faire provision de bois, de vivres. Aller voir la fête. J'irai dîner chez vous. Il ordonna à son régiment d'aller attaquer la redoute. L'armée alla prendre ses quartiers d'hiver. Allez annoncer.
• Qu'à père André l'on aille de ce pas (LA FONT. Alix.)
• Ils ne veulent aller au maître que par Troïle (LA BRUY. 5)
• Tessé fut déclaré plénipotentiaire du roi à Rome, et général des troupes, s'il y en allait (SAINT-SIMON 207, 34)
• Aller à Jésus-Christ comme ce peuple charnel, non parce qu'il a les paroles de la vie, mais parce qu'il multiplie un pain terrestre (MASS. Conf. État ecclés.)
• J'allai, selon ma coutume, errer parmi les ruines (CHATEAUB. Itinér. 1re partie.)
4. Aller d'une autorité à l'autre. Les hommes vont à la gloire par la vertu.
• Il me paraît qu'il allait au bien [Gracchus] et qu'il haïssait toute sorte d'injustice (ST-ÉVREM. II, 83)
• Il [Auguste] allait toujours au bien des affaires, mais il voulait que les affaires allassent au bien des hommes (ST-ÉVREM. ib. 97)
• Quand on va du mal au bien (SÉV. 64)
• Qui n'allât de vie à trépas (LA FONT. Fab. III, 6)
• Vous voulez aller à la foi et vous n'en savez pas le chemin (PASC. Édit. Cous.)
• Qu'il aille de lui-même à Dieu (PASC. ib.)
• Allant à Dieu par la docilité de son coeur (FLÉCH. Dauph.)
• Il ne va pas à moins qu'à vous déshonorer (MOL. Tart. III, 5)
• Il n'a pas voulu se décrier [Poncet, un des juges de Fouquet] et aller à [voter] la mort sans nécessité (SÉV. 19 déc. 1664)
• Mais certes, c'en est trop d'aller jusqu'à la joie (CORN. Hor. I, 1)
• Quoi ! même vous allez jusques à faire grâce ? (CORN. Nicom. III, 2)
• Pourquoi n'allait-il pas après la victoire qu'il avait remportée ? (FLÉCH. Serm. II)
• Ah ! maître sot, vous allez d'abord aux remontrances (MOL. le Festin, III, 1)
5. Le feu va où sa nature le porte. Le système du monde va d'un mouvement uniforme. Les cours d'eau qui allaient à la mer. Cette région va jusqu'au Rhin. L'artère pulmonaire va du coeur au poumon. La ville où va ce chemin. L'eau leur allait aux genoux. Sa robe allait jusqu'à terre. Ce domaine ira à cent mille francs.
• Si l'on dit que la rivière fait aller la roue (BOSSUET Lib. arb.)
• Les citoyens en Perse payent une taxe qui ne va pas à un écu par an (VOLT. Moeurs, 158)
• Toute la différence ne va qu'à quelques titres de plus ou de moins (FLÉCH. Mont.)
6. Aller bien dans une étude, y faire des progrès. S'il en est ainsi, tout ira de soi-même. Cela va sans dire. Maladie qui va de mal en pis. L'impudence de l'adulation alla si loin que.... Aller jusqu'au bout, pousser les choses à l'extrême. Je n'irai pas plus loin, je n'en dirai pas davantage. Il irait jusqu'à payer cent mille francs.
• J'ai forcé ma colère à te prêter silence, Pour voir à quel excès irait ton insolence (CORN. Héracl. I, 2)
• Lorsque la valeur ne va point dans l'excès (CORN. Cid, IV, 3)
• Tout beau ! que votre haine en son sang assouvie N'aille point à sa gloire, il suffit de sa vie (CORN. Pomp. III, 2)
• Peut-être on vous a tu jusqu'où va son courroux (CORN. Rodog. III, 4)
• Mais sa fureur ne va qu'à briser nos autels (CORN. Poly. I, 3)
• Je sais que c'est sa soeur à qui va cet hommage (CORN. Agésil. II, 7)
• Ne m'apprendrez-vous point où vont ses sentiments ? (CORN. Sertor. IV, 1)
• Mon dessein ne va qu'à vous faire justice (CORN. D. Sanche, III, 3)
• Sa haine ira toujours plus loin que son amour (RAC. Mithrid. I, 5)
• Sa poursuite obstinée allant à l'insolence (TH. CORN. D. César, I, 1)
• Lorsque l'injure a une fois éclaté, notre honneur ne va point à vouloir cacher notre honte, mais à faire éclater notre vengeance (MOL. Fest. III, 5)
• On ne peut voir aller plus loin l'ambition d'un homme mort (MOL. ib. III, 7)
• Non, mais il faut savoir que tout cet artifice Ne va directement qu'à vous rendre service (MOL. l'Étour. I, 10)
• Je gagerais presque que l'affaire va là (MOL. Fest. I, 1)
• J'entends à demi-mot où va la raillerie (MOL. Sgan. 6)
• Tous les soins que je prends ne vont pas où tendent les autres (MOL. Princ. d'Él. II, 4)
• Il ne faut mettre ici nulle force en usage, Messieurs, et si vos voeux ne vont qu'au mariage, Vos transports en ce lieu se peuvent apaiser (MOL. Éc. des mar. III, 6)
• Et, comme je vous dis, toute l'habileté Ne va qu'à le savoir tourner du bon côté (MOL. Éc. des f. IV, 8)
• Tout ce qu'on fait ne va qu'à.... (MOL. D. Garc. II, 1)
• Tous ses soins vont au ciel (MOL. Tart. I, 1)
• De quelque manière qu'il pallie ses maximes, celles que j'ai à vous dire ne vont en effet qu'à favoriser les juges corrompus, les usuriers, les banqueroutiers, les larrons, les femmes perdues (PASC. Prov. 8)
• Pour voir jusqu'où irait une si damnable doctrine (PASC. Prov. 7)
• Le bon air va à avoir complaisance pour les autres (PASC. Préf. gén.)
• Son injustice [du monde] va plutôt à outrer leurs obligations [des justes] qu'à justifier leurs faiblesses (MASS. Concept. de la Vierge.)
• Votre disposition va à ne compter pour rien le péché en tant qu'il est offense de Dieu et qu'il lui déplaît (MASS. Car. Justice, tiédeur.)
• Nos premières vues ne vont pas à examiner si nous serons utiles, mais si nous serons applaudis (MASS. Conf. Scandales.)
• Cette sage et modeste retenue qui va à cacher ses propres dons et à manifester ceux des autres (MASS. Myst. Nouvelle vie.)
• Le second [préjugé] va dans un autre excès (MASS. Car. Pécheresse.)
• Si l'on venait vous assurer de sa part [de Dieu] que cette infirmité n'ira point à la mort (MASS. Impénit. finale.)
• Ces murmures allaient à une sédition tout ouverte (VAUGEL. Q. C. 242)
• Estimant que la gloire d'autrui allait à la diminution de la sienne (VAUGEL. ib. 335)
• Une patience dans les fatigues à lasser tout le monde et qui allait presque dans l'excès (VAUGEL. ib. 569)
• Toutes ces différences vont à faire voir dans la dernière chute de Jérusalem une justice plus rigoureuse et plus déclarée (BOSSUET Hist. II, 8)
• Ces expressions vont à attaquer l'erreur (BOSSUET Var. Préf.)
• Les transgressions qui iraient à péché mortel (BOSSUET Lett. Corn. 58)
• La haine qu'elles avaient allait jusqu'à la fureur (BOSSUET Hist. II, 8)
• Arts pernicieux qui ne vont qu'à amollir et qu'à corrompre les moeurs (FÉN. Tél. XIX.)
• Les questions qui vont à établir des maximes générales (FÉN. ib. XXIII)
• Le grand désintéressement de Fabricius et de Curius, qui allait à une pauvreté volontaire (ST-ÉVREM. t. II, p. 30)
• Toutes vos inclinations vont à la grandeur (BALZ. t. I, p. 189)
• Tout va à procurer le royaume des cieux à des âmes rachetées du sang de Jésus-Christ (FLÉCH. Serm. II, 293)
• Toute la grâce que Dieu fait aux justes ne va qu'à tempérer l'ardeur de leur convoitise et à réprimer leurs passions déréglées (FLÉCH. t. I, p. 84)
• Hérode s'amuse à des recherches qui ne vont à rien (FLÉCH. Serm. I, 215)
• Leur goût n'allait [ne prétendait] qu'à laisser voir qu'ils aimaient (LA BRUY. 12)
• La chose allant à se battre et à renverser la nacelle, si Caron n'eût mis le holà à coups d'aviron (LA FONT. Psyché, liv. II, p. 180)
• Des péchés atroces qui vont à la mort (BOURD. Carême, Éloignement de Dieu, t. II, p. 444)
• À quoi va cette pernicieuse maxime ? à deux choses également dangereuses (BOURD. ib. Prédestinat. t. I, p. 363)
• L'horreur qu'il avait des scandales.... irait à exterminer les scandaleux (BOURD. ib. Zèle, t. II, p. 168)
• Les avis les plus violents allaient à prendre les armes sur-le-champ (VERTOT. Révol. rom. t. II, p. 193)
• Les desseins de César allaient à la tyrannie (VERTOT. ib. XIII, p. 265)
6. Aller à bien, réussir ; aller à mal, avoir un mauvais succès.
• La chose allait à bien par son soin diligent (LA FONT. Fabl. VII, 10)
7. Aller à l'âme, toucher. Cette musique va à l'âme. Ses paroles bienveillantes m'allaient au coeur.
• Comme elle allait à l'âme, cette invocation du pauvre matelot à la mère de Dieu ! (CHATEAUB. Génie, I, V, 12)
8. Le terrain allait en pente. Chemin qui va en montant. Pyramides qui vont en pointe.
9. La chose commence à bien aller. Les choses ne peuvent aller ainsi. Tout va parfaitement chez vous. Le commerce va bien, ou, simplement, le commerce va.
• Il faut toujours dire que tout va bien (FÉN. Tél. XXIII)
• Mon fils, tout ira bien, pourvu que promptement Vous voyiez Arténice (RACAN Bergeries, Polys. I, 1)
• J'espère que tout ira bien (SÉV. 4)
• Voilà qui va bien, leur dis-je (PASC. Prov. 1)
• Ainsi tout alla mal (LA FONT. Belph.)
• Puisqu'ainsi va, mettons-nous en prière (LA FONT. l'Herm.)
• Or est le cas allé d'autre façon (LA FONT. Cal.)
• Les choses iraient en apparence suivant le premier établissement (HAMILT. Gramm. 4)
• Eusèbe a peut-être cru que cette exception n'était rien, mais cela ne va pas ainsi (FONTEN. Oracles, 2e part. chap. 1)
Aller bien, aller mal, être en bonne, en mauvaise santé. Aller mieux, se rétablir de maladie.
• Comment allez-vous ? Comment cela va-t-il ? Cela va-t-il bien ? Comme vous en va ? (MOL. Am. méd. I, 1)
10. Impersonnellement. Il ne doit pas en aller ainsi.
• Et vous verrez comme tout en ira (LA FONT. Rich.)
• Il en alla tout autrement (HAMILT. Gramm. 6)
• En ce temps-là il n'en allait pas en France comme à présent (HAMILT. Gramm. 2)
• Vous croyez qu'il en va dans ce pays-ci comme dans le vôtre (HAMILT. ib. 4)
• Parmi les généreux il n'en va pas de même (CORN. Nicom. V, 7)
• Il n'en va pas de même ici (CORN. Ex. de Poly. 1)
• Il n'en va pas ainsi du combat de D. Sanche (CORN. Ex. du Cid.)
• Et il en va de même des autres planètes (FONTEN. Mondes, 1er soir.)
• Il en irait donc de la même manière que.... (FONTEN. ib.)
• Il en allait tout autrement (VAUGEL. Q. C. 272)
• Il n'en va pas ainsi parmi nous (J. J. ROUSS. III, 127)
• Il n'en va pas ainsi, mon bel ami (J. J. ROUSS. Hél. I, 20)
• Il n'en ira pas de même (BOURD. Carême, I, Aum. 163)
• D'où vient donc qu'il n'en va pas ainsi ? (BOURD. ib. Jug. dern. 259)
• Maître renard croyait qu'il en irait de même Que le jour qu'il tendit de semblables panneaux (LA FONT. Fab. XII, 23)
11. Cette machine va mal. Ce ressort ne va plus. Ma montre n'allait plus. Les fontaines de Paris vont nuit et jour.
• Je ne vous demande pas si votre montre va bien (SÉV. 373)
12. Croyez-vous que l'habit aille bien ? Ce collet, ce manteau va mal. Cette clef va à la serrure. Ces couleurs vont bien ensemble. Ces bottes ne me vont pas. Ce vase va au feu, résiste à l'action du feu. Cette proposition me va, elle me convient. Cela va bien dans un vers. Le climat ne lui va pas. La colère ne va pas à l'orateur.
• Malheureusement ce mot ne nous va plus (J. J. ROUSS. Ém. III)
• On peut avoir le sens droit, et ne pas aller également à toutes choses (PASC. Pensées, part. I, art. 10)
13. Cet habit est vieux ; il n'ira pas jusqu'à l'hiver prochain. Ce vieillard va toujours.
• Je suis assurée qu'il n'ira pas loin (SÉV. 367)
14. Aller contre, s'opposer.
• Je ne veux pas aller contre le jugement du public (CORN. Exam. de Pomp.)
• Contre sa fortune allez à force ouverte (CORN. Pomp. IV, 1)
• N'allez pas contre deux vertus qui vous sont si naturelles (VOIT. Lett. 17)
15. Ne pas aller sans, au propre et au figuré. Cet aveugle ne va pas dans les rues sans un chien. Ce malheur ne va pas sans quelque consolation.
• De pareils changements ne vont point sans miracle (CORN. Poly. V, 6)
• Nos plaisirs les plus doux ne vont point sans tristesse (CORN. Hor. V, 1)
16. Allez au-devant de votre père. Il alla au-devant des objections.
• Admirez, messieurs, la sagesse de nos pères, qui, dans un siècle plein d'innocence, n'ont pas laissé d'aller au-devant de la moindre corruption (MAUCROIX 4e Verrine.)
17. Aller bon pas, marcher d'un bon pas. Aller grand train, marcher très vite.
• L'âne allait son pas doucement (PORT-ROYAL Phèdre, I, 15)
• Il va doucement son train (D'ABLANC. Lucien, t. II)
• Et va ton train, Gai boute-en-train (BÉRANG. Désaug.)
Fig. Aller grand train, faire beaucoup de dépenses. Aller le droit chemin, procéder, agir franchement. Il ne faut pas prendre, dans ces locutions, aller pour un verbe actif. Une préposition est sous-entendue : Aller de bon pas, de grand train, suivant le droit chemin.
18. Aller à la selle ou à la garde-robe, ou, simplement, aller, évacuer par bas. Faire aller, procurer une selle. Ce purgatif le fit bien aller.
Fig.
• L'envie de lui voir [à l'abbé Caudelet] un si bel évêché et la rage de n'en avoir point firent aller au P. de La Chaise les plus noires calomnies contre l'abbé Caudelet (SAINT-SIMON 54, 154)
19. Il va venir. Les Perses allaient livrer bataille.
• Je ne condamne plus un courroux légitime, Et l'on vous va, seigneur, livrer votre victime (RAC. Andr. II, 4)
• La paix va refleurir, les beaux jours vont renaître (RAC. ib.)
• Leur haine va donner un père au fils d'Hector (RAC. Andr. IV, 1)
• Écoute, et tu te vas étonner que je vive (RAC. Iph. II, 1)
• Je vais donc vous déplaire et vous m'allez haïr (CORN. Cinna, III, 4)
• Va marcher sur leurs pas où l'honneur te convie (CORN. Cinna, I, 3)
• Et le Rhin de ses flots ira grossir la Loire, Avant que tes faveurs sortent de ma mémoire (BOILEAU Lutr. II)
• Nous nous connaissons il y a longtemps, et, entre amis, on ne va pas se piquer pour si peu de chose (MOL. Préc. 15)
20. Ne va pas t'exposer au froid et à l'humidité. N'allons pas nous commettre avec ces gens. Je n'irai pas vous fournir un prétexte. Je n'irais pas faire cette sottise. Je ne suis pas allé faire l'expérience.
• Par de nouveaux refus n'allez pas l'irriter (RAC. Mithr. IV, 21)
21. Il allait criant par la ville.
• Languissait un pauvre malade D'un long mal qui va consumant (MILLEV. Priez pour moi.)
• Et, certes, je vais avouant que.... (MILLEV. Poés. 90)
• Les opinions probables vont toujours mûrissant (PASC. Prov. 12)
• Qu'elle considère Que je me vas désaltérant.... (LA FONT. Fab. I, 10)
• Comme le nombre d'oeufs, grâce à la renommée, De bouche en bouche allait croissant.... (LA FONT. Fab. VII, 12)
• De telle sorte pourtant Que les fous vont l'emportant, La mesure en est plus pleine (LA FONT. ib. IX, 1)
22. Va, allons, allez, s'emploient comme locutions interjectives. Allez maintenant, et parlez-moi de vos hauts faits. Va, tu es un honnête garçon.
• Va, je ne te hais point.... (CORN. Cid. III, 4)
• Pour peu qu'il vous appuie, allez, l'affaire est sûre (CORN. Pulch. I, 3)
• Allez, vils combattants, inutiles soldats (BOILEAU Pass. du Rhin.)
23. Y aller, faire une chose d'une certaine manière. Allez-y doucement. Vous y allez trop brusquement. Il n'y va pas de main morte, il frappe violemment, il agit sans mesure.
24. Terme de jeu. J'y vais de vingt francs, mon enjeu est de vingt francs.
25. Impersonnellement. Il y va de votre fortune. Il y allait de sa vie.
• Il y va de la perte ou du salut du reste (CORN. Hor. V, 2)
• Ainsi que de ta vie il y va de ta gloire (CORN. Cid, V, 1)
• Il y va de ma gloire, il faut que je me venge (CORN. ib. III)
• Un péril où il y va de tout l'État (CORN. Ex. d'Hor.)
• Il y va, seigneur, de votre vie (RAC. Brit. V, 1)
• Il y va tant de votre intérêt, Que.... (LA FONT. Rich.)
• Si notre esprit a besoin, dans les questions où il y va du salut, d'être fixé et déterminé par quelque autorité certaine.... (BOSSUET Hist. II, 13)
• Il y allait de sa vie à fuir (BOSSUET ib. III, 6)
• Il y va de votre conscience de les remettre en leur lieu (BOSSUET Lett. abb. 20)
• Une dispute où il y va du tout pour la religion (BOSSUET II, Écrit.)
• Les difficultés qui pourraient m'empêcher de faire réussir un dessein que j'ai pris sur moi-même et où présentement il y va de ma gloire (PELLISS. Conversat. de Louis XIV devant Lille, p. 54)
• Je vois qu'il n'y va pas de la foi (PASC. Prov. 17)
• Ici où il va de tout (PASC. Car. 14)
• Procès où il ne va jamais moins que de sa vie (SÉV. 58)
26. Laisser aller, ne pas retenir. Je le laisse aller où il veut.
• Laisse aller tes soupirs, laisse couler tes larmes (CORN. Héracl. III, 3)
• Pour laisser aller ses sentiments en liberté (CORN. Ex. du Cid.)
• Si je retiens mon bras, je laisse aller ma plainte (CORN. Rodog. II, 4)
• Il n'y a qu'à laisser les choses aller leur cours naturel, et vous mourrez tel que vous êtes (MASS. Car. Fauss. conf.)
Familièrement. Laisser tout aller, abandonner le soin de toutes choses.
Laisser aller sous soi, laisser tout aller sous soi, se dit d'un malade qui n'a plus sa connaissance et qui rend involontairement l'urine et les excréments.
Se laisser aller à, s'abandonner à.
• J'ai une pente particulière à me laisser aller à tout ce qui m'attire (MOL. Fest. III, 7)
• Ils nous accoutument à nous laisser aller tranquillement à nous-mêmes (MASS. Inconst.)
• On se laisse aller aux appas d'une passion (FÉN. Tél. VII)
• On s'est laissé aller au péché par la vue de ces femmes (PASC. Prov. 10)
• Comment vous laissez-vous aller à dire que... (PASC. ib. 2)
Absolument. Se décourager. Pourquoi vous laisser aller ainsi ?
27. Faire aller, attraper. Ce drôle nous a fait aller. Familier et populaire.S'EN ALLER.
28. Ils s'en vont. Allez-vous-en. Va-t'en d'ici. Je vous ordonne de vous en aller. Ils s'en sont allés en France. Je m'en irai en Amérique.
• Monsieur, je m'y en vais (SÉV. 24)
• Elle s'y en alla la première [dans une chapelle], et don Carlos la suivit (SCARR. I, 52)
29. Fig. Ce malade s'en va, il se meurt.
• Ma tante est plus mal, elle s'en va tous les jours (SÉV. 140)
• M. de Jouarre s'en va tout de bon (BOSSUET Lett. abb. 56)
30. Ce tonneau s'en va. Son mal s'en va peu à peu. Son argent s'en va. Tout s'en est allé en fumée, rien n'a réussi.La chose s'en va faite, elle est sur le point d'être achevée.
• Notre rigueur s'en va éteinte (VAUGEL. Q. C. 510)
• La Thrace s'en allait perdue, et la Grèce même avait reçu un grand choc (VAUGEL. ib. 549)
• Mais aujourd'hui que mes années Vers leur fin s'en vont terminées (MALH. III, 3)
• La conjuration s'en allait dissipée (CORN. Cinna, III, 4)
• Comme ce rôti s'en allait cuit, arrive un autre homme à cheval, pour dîner dans ce cabaret (SAINT-SIMON 100, 64)
31. Le fleuve s'en allait grossissant. L'hérésie s'en va croissant.
32. Gallicisme. Il s'en va midi.
• Il s'en va temps que je reprenne Un peu de force et d'haleine (LA FONT. Fabl. VI, Épilogue)
• Il s'en va temps, monsieur, que je parte (P. L. COUR. II, 298)
33. Aux jeux de cartes. Vous avez eu tort de vous en aller de votre as. En écartant, vous vous en êtes allé de vos plus belles cartes.
34. Ils s'en vont chercher des nouvelles. Je m'en allais vous trouver. Ce malade s'en va mourir.
• Il ne s'agit pas de plaire aux hommes dans un temps où je m'en vais répondre à Dieu (FLÉCH. Serm. I, 127)
• Avec beaucoup de peines On s'en va la [la mort] chercher en des rives lointaines (LA FONT. Fab. VII, 12)
• M'en irai-je, moi seul, rebut de la fortune, Essuyer l'inconstance aux Parthes si commune ? (RAC. Mithrid. III, 1)
• Cambyse embrassant Nitétis l'appelait du nom de son père, et elle s'en va lui dire : ô roi, tu ne vois pas qu'on te trompe (P. L. COUR. II, 132)
• Je m'en vais réparer l'erreur que j'ai commise (MOL. l'Étour. I, 10)
• Je m'en vais voir ce qu'elle m'en dira (MOL. la Princ. d'Él. III, 2)
• Le voici qui s'en va venir (MOL. Sicil. sc. 18)
• Le jour s'en va paraître (MOL. Éc. des f. V, 1)
• Je m'en vais la traiter du mieux qu'il me sera possible (MOL. Sicil. 19)
• Elle [une comédie] s'en allait être conduite à bonne fin quand le diable s'en mêla (SCARR. I, 5)
• Tout le trouble poétique à Paris s'en va cesser (BOILEAU Épig. 29)
• Avec la liberté Rome s'en va renaître (CORN. Cinna, I, 3)
• Par de feintes raisons je m'en vais l'abuser (RAC. Iphig. IV, 10)
• Je m'en vais vous unir (RAC. Mithr. III, 5)
• Et ce triomphe heureux qui s'en va devenir L'éternel entretien des siècles à venir (RAC. Iphig. I, 5)
• Un cruel (comment puis-je autrement l'appeler ?) Par la main de Calchas s'en va vous immoler (RAC. ib. III, 6)
• Je m'en vais t'étonner : cette belle Monime.... (RAC. Mith. I, 1)
• Apprends à mépriser le néant de la vie ; Songe qu'au moment que je veux Enseigner l'art de vivre heureux, Elle s'en va m'être ravie (CHAUL. S. la mort.)
• Il semble qu'il est en vie et qu'il s'en va parler (MOL. Fest. III, 7)
• Je m'en vais t'étonner : son superbe courage.... (VOLT. Zaïre, I, 1)
• Je m'en vais vous mander un petit secret (SÉV. 91)
35. Locutions. C'est un las d'aller, c'est un paresseux.
Aller son petit bonhomme de chemin ; vaquer tout doucement à ses affaires.
Aller son grand chemin ; n'entendre point de finesse à ce qu'on fait, à ce qu'on dit.
Il ne faut pas aller par quatre chemins ; il faut s'expliquer franchement.
À force de mal aller, tout ira bien ; il faut espérer que le malheur se lassera, et que des circonstances heureuses surviendront.
On va bien loin depuis qu'on est las ; il ne faut pas se laisser aller au découragement.
Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse ; à force de s'exposer, on finit par succomber.
Tous chemins vont à Rome ; il y a différents moyens pour atteindre un but.
Les premiers vont devant ; les plus diligents ont l'avantage.
On l'a bien hâté d'aller ; on lui a fait une rude réprimande.
Tout va, la paille et le blé ; on n'a rien épargné.
Il s'en est allé comme il est venu ; c'est-à-dire il sort d'une affaire comme il y était entré.
• Jean s'en alla comme il était venu, Mangeant le fonds avec le revenu (LA FONT.)
Dites-lui cela, et puis allez vous chauffer à son feu ; osez lui reprocher en face sa faute, et puis demandez-lui quelque service !
Toujours va qui danse ; c'est-à-dire une chose se fait bien ou mal.
Aller à tout vent ; se laisser influencer par le premier venu, par toutes sortes de personnes. Vous allez à tout vent. Rien de si dangereux que d'aller à tout vent.
36. En termes de vénerie, la bête va de bon temps, c'est-à-dire est passée depuis peu de temps.
N'aller plus de temps, être passé depuis un ou deux jours.
Aller au vent, se dit d'un chien qui va le nez haut.
Aller de hautes erres, se dit d'une bête passée il y a plusieurs heures.
Aller sur soi, se dit de la bête qui revient par le même chemin qu'elle avait pris.
37. En termes de manége, se dit en parlant du cheval : Aller le pas, l'amble, le trot, le galop, le grand trot, le grand galop.
Aller de l'oreille, se dit d'un cheval qui fait une inclination de tête à chaque pas.
Aller étroit, s'approcher du centre du manége.
Aller large, s'éloigner du centre du manége.
38. En termes d'escrime, aller à l'épée, se dit d'un tireur qui s'ébranle et fait de trop grands mouvements avec son épée. Aller à la parade, parer un coup.
REMARQUE
1. Le pronom réfléchi complément d'un verbe peut se mettre avant le verbe aller placé lui-même devant ce verbe : Aller se battre, ou s'aller battre ; il est allé se promener, ou il s'est allé promener.— Plus le vase versait, moins il s'allait vidant (LA FONT. Phil. et Baucis)
2. à l'impératif, seconde personne du singulier, on écrit va-t'en, avec une apostrophe après le t, indiquant ainsi que t' est pour te, pronom personnel. En effet à la première et à la seconde personne du pluriel, le pronom reparaît dans ces expressions : allez-vous-en, allons-nous-en.
3. Loc. vic. Je me suis en allé. Dites : Je m'en suis allé. Dans la conjugaison du verbe s'en aller, la particule en doit toujours être placée immédiatement après le second pronom personnel, comme dans ces phrases : Nous nous en sommes allés ; vous vous en étiez allés ; ils s'en seront allés ; et non, nous nous sommes en allés, vous vous étiez en allés ; ils se seront en allés. Une autre locution vicieuse, c'est de redoubler en :— Mon maître, Dieu me sauve, ne fut jamais qu'un traître, il s'en est en allé (SCARRON Jodelet maître valet, V, 1) Dans les temps simples, lorsque la particule y entre dans la phrase, y se met devant en : Je m'y en vais ; nous nous y en allons ; je m'y en allais ; je m'y en irai ; nous nous y en irions, s'il le fallait ; il voulait que je m'y en allasse. L'impératif va-t'y en, qui est tout à fait régulier, est peu usité. Au reste, on ne se trompera pas sur la conjugaison du verbe s'en aller, si l'on remarque qu'il se conjugue exactement comme les verbes réfléchis formés de même, s'en flatter, s'en informer, etc. et que il s'est en allé est aussi barbare que le serait il s'est en informé ; si l'on remarque en outre que, dans les verbes, y se met toujours devant : il y en faut, j'y en apporte, et que c'est pour cela que la locution populaire je m'en y vais est fautive.
4. Lorsque la deuxième personne de l'impératif va est suivie de en ou de y, on l'écrit vas : Vas-en savoir des nouvelles ; vas-y ; et l'on prononce va-z-en, va-z-y. Des grammairiens ont contesté cet usage ; ils ont dit que vas-y n'était admissible que dans les cas où ce pronom n'est pas immédiatement suivi d'un verbe ; ils veulent bien qu'on écrive : Vas-y toi-même ; vas-y pour me faire plaisir ; mais ils veulent qu'on écrive : Va y porter mes livres ; va y chercher ta mère ; et condamnent par conséquent : Vas-en savoir des nouvelles. Mais cela est arbitraire ; du moment que vas-y est bon, comme il n'est fait que pour l'oreille, la règle euphonique s'applique à y même suivi d'un infinitif et à en.
5. Locut. vic. Il a plusieurs endroits à aller. Dites : Il lui faut aller en plusieurs endroits. En effet, on ne peut dire aller un endroit, aller plusieurs endroits.
6. L'Académie admet la locution : Cette essence fait en aller les taches. Elle a partout consacré cette ellipse par laquelle le langage populaire supprime le pronom personnel ; disant : Je l'en ferai souvenir, vous le faites enfuir, etc. Mais, bien entendu, la locution régulière reste toujours avec le pronom personnel : je l'en ferai se souvenir, vous le faites s'enfuir.
7. Aller au-devant. Voici comme il se faut servir de cette phrase ; par exemple il faut dire : Il est allé au-devant de lui ; il faut aller au-devant de lui ; et non pas : il lui est allé au-devant ; il lui faut aller au-devant.
8. Va croissant, va faisant. " Cette façon de parler avec le verbe aller, dit Vaugelas, est vieille, et n'est plus en usage aujourd'hui, ni en prose ni en vers. On n'emploie plus aller que quand il y a un mouvement local. Ainsi on dira bien d'une rivière : elle va serpentant. " Cette remarque de Vaugelas, heureusement, n'a pas prévalu ; et l'on dit très bien : Le mal va croissant.
SYNONYME
1° ÊTRE ALLÉ, AVOIR ÉTÉ. Ces deux expressions font entendre un transport local ; mais la seconde le double. Qui est allé a quitté un lieu pour se rendre dans un autre ; qui a été, a de plus quitté cet autre lieu où il s'était rendu. Tous ceux qui sont allés à la guerre n'en reviendront pas. Tous ceux qui ont été à Rome n'en sont pas meilleurs.
2° ALLER, VENIR., " Aller se dit du lieu où l'on est à celui où l'on n'est pas ; venir se dit, au contraire, du lieu où l'on n'est pas à celui où l'on est. Par exemple, si je suis à Paris, je dirai qu'un courrier est allé de Paris à Rome en deux jours, et qu'il est venu de Rome à Paris dans le même temps. Vaugelas, dans sa traduction de Quinte-Curce, a dit néanmoins : Alexandre vint mettre le siége devant Célène : il semble qu'il fallait dire, alla mettre le siége, Quinte-Curce, qui parle, n'étant pas à Célène lorsqu'il écrivait l'histoire d'Alexandre. Notre règle ne reçoit aucune exception à l'égard du mot aller ; mais, à l'égard de celui de venir, elle en reçoit plusieurs : 1° Ce mot se dit aussi du lieu où l'on est à celui où l'on n'est pas, lorsqu'on est près de quitter ce lieu où l'on est ; par exemple, si je suis sur le point de quitter Paris pour aller en Anjou, je dirai à quelqu'un qui pourrait avoir dessein de faire le même voyage : Voulez-vous venir en Anjou avec moi ? 2° Il se dit encore du lieu où l'on est à celui où l'on n'est pas, quand on parle de celui où l'on demeure ; ainsi, je dirai à quelqu'un que j'aurai rencontré dans la rue : Voulez-vous venir demain dîner chez moi ? " MÉNAGE. En général, la différence entre aller et venir étant que aller indique le mouvement seul, et que venir considère aussi l'arrivée, on pourra mettre venir partout où l'idée d'arrivée sera impliquée.
HISTORIQUE
Xe s.— Aler in Niniven (Fragm. de Valenc. p. 467)
XIe s.— E s'il à la terce fiée [fois] ne pot dreit aver, alt [qu'il aille] à conté (L. de Guill. 42)— Alez en est en un verger souz l'ombre (Ch. de Rol. II)— Franc s'en irrunt en France la lur terre (ib. IV)— Dist à ses homes : Seignur, vous en ireiz (ib. VI)— Li empereres s'en vait dessouz un pin (ib. XII)— Mais il me mande que en France m'en alge [aille] (ib. XIII)— [Il] vait s'apuier souz le pin à la tige (ib. XXXVI)— Enz au verger s'en est allez li reis (ib. XXXVII)— Beste [cheval] n'i a qui encontre lui alge [aille] (ib. CXIII)— Seigneur, dist-il, mout malement nous vait (ib. CLIV)— Ainz qu'en alast un seul arpent de champ.... (ib. CLXIII)— Jointes ses mains [il] est alét à sa fin [est mort] (ib. CLXXIII)— Qu'il ainz [aille] ad Ais où Charles seult plaider [tenir le plaid] (ib. CLXXXIX)— Je vous comant qu'en Saragoce algez [aillez] (ib.)
XIIe s.— Je vei [vais] mostrer (Ronc. p. 2)— Aut s'en [qu'il s'en aille] en France (ib. p. 3)— Or, baron, de l'aler [heure est d'aller] (ib. p. 6)— Ne s'en voudra aler (ib. p. 8)— Se il i vait (ib. p. 13)— François vont disant (ib.)— Irez à l'amirant (ib.)— N'alez mie atardant (ib. p. 14)— Qu'alez ici disant (ib. p. 20)— [Il] s'en va seoir (ib. p. 25)— Va s'en li jors, si revint la vesprée (ib. p. 33)— N'i a franzois [qui] sur lui ne soit alant (ib. p. 35)— Contre le ciel vait mout bien torniant Son fort espié (ib. p. 37)— Granz quinze lieues en est la voix [du cor] alée (ib. p. 84)— L'escu au col [il] lait [laisse] le cheval aler (ib. p. 51)— Quant [il] eut alé la monte d'un arpent (ib. p. 100)— De maintes choses [il] se va lors remembrant (ib. p. 106)— Dist Baligans : car en alez (baron, ib. p. 120)— Droit en sa chambre [elle] en est courant alée (ib. p. 146)— Oliviers voit la mort le vait hastant (ib. p. 92)— En la montaigne où je m'en fu allez (ib. p. 94)— Conquerre [j'] allai d'Espaigne le païs (ib. p. 180)— Le destrier [il] broche [pique] (mout le fait tost aler, ib. p. 75)— Le plus fort membre qui m'alloit soutenant (ib. p. 151)— Qui à saint Jacques en vont le droit chemin (ib. p. 155)— Vez-ci mon gage, je veuil qu'il aille avant (ib. p. 181)— [Nef] qui va là où vent l'empraint (Couci, III)— Ainz que j'aille outremer (ib. VI)— Ne je ne veuil tout le siecle [m'] ennuier, Ou aler m'en [m'en aller] mourant (ib. VIII)— Chançon, va-t'en là où mes cuers t'envoie (ib. XVI)— Je m'en vois, dame ; à Dieu le creator [je] Commant vo cors [votre personne], en quel lieu que je soie (ib. XXII)— Cestui veulent [les dames] et à cestui s'otroient, Cestui tiennent, cestui laissent aler (QUESNES Romancero, p. 87)— Vostre clairs vis [visage] qui sembloit fleur de lis, Est si alés ore de mal en pis, Qu'il m'est avis que me soiez emblée (ib. p. 107)— Lasse, fait-ele, or m'y va malement ; Livrée [je] sui à une estrange gent (ib. p. 70)— Guiteclins va par terre o sa grant baronie (Sax. VII)— Vousirez à Cologne la fort cité garnie (ib.)— Quant fu fais li services [divin], si sunt alé laver (ib. XIII)— Si servez vo [votre] seigneur, où qu'il vait ne quel part (ib. XIX)— Mais onc homme n'allerent si perilleusement (ib. XXI)— Ardant irons ses viles, ses chastiax et ses bors (ib. XVII)— Mais arriere [qu'ils] s'en aillent ainsi com sont venu (ib. XXVIII)— Respundi li evesches : ne t'apelai pas, mais va arriere dormir (Rois, p. 11)— E quant tu serras del siecle aled, beaus sire reis.... (ib. 223)— L'arcevesque Thomas tut avant s'en ala ; La cruiz arceveskal il meïsmes porta (Th. le Mart. 39)— Là ù sist sur le banc, entre lui e le rei, Alouent [allaient] li barun, dui e dui, trei e trei (ib. 40)— L'escrierent en haut à hu e à desrei : Li traïstres s'en vait, veez lei, veez lei (ib. 46)— Et cil du païs vont et viennent Et enz e fors à lor plaisir (la Charrette, 1908)— .... à sen annar Là verreiz tant baron por lui plorar (Gérard de Ross. p. 294)— Quant sera au mostier, annaz en lai [allez-vous-en là] (ib. p. 363)
XIIIe s.— De là s'en alla-il vers le roi Phelipe d'Alemaigne, qui sa serour avoit à fame (VILLEH. XLII)— Le conte Gautier de Briene qui s'en aloit en Puille conquerre la terre sa femme (VILLEH. XX.)— Et se nus en voloit aler encontre, vos li aideriez encontre ceus qui contre li seroient (VILLEH. CX.)— Et quant notre gent virent ce, si commencierent à aler le petit pas emprès les batailles des Grieus (VILLEH. LXXXII)— S'il aloient seur crestiens, il iroient contre la loi de Rome (VILLEH. LII)— Qu'à Saint-Denis [j'] iroie pour prier Dieu merci (Berte, I)— Qui aloient jouant sur l'herbe qui verdie (ib. II)— Vers le lion [il] s'en va, ou soit sens ou folie (ib.)— Le roy Charle Martel convint à fin aler [mourir] (ib. III)— Il meïsmes ala trois serjans apeler (ib. XVII)— Ha sire Diex ! fait-elle, voirs est qu'ainsi alla [qu'ainsi les choses se passèrent] (ib. XXV)— Et li autre moururent, sachez qu'ainsi ala (ib. CVIII)— Que mon afaire va toujours de mal en pis (ib. XXX)— Car je sai vraiement, morte sui et allée [perdue] (ib. XLVI)— Pere de paradis, or est ma vie alée [finie] (ib. Quant elle eut, une piece, la sentelette alée, ib. Laissez tout ce aler, n'en soit parole dite, ib. LIV)— À ma mere [je] m'en vois courant, lui monstrerai (ib. LVII)— [Que] Dame Dieu la consaut [conseille], quele part qu'ele voise (ib. LXI)— Amis, vous en irez en la vostre contrée (ib. LXVIII)— Que li rois s'assenti à ce qu'ele y voïst [allât] (ib. II)— Je veuil qu'o vous s'en voist [aille] noble chevalerie (ib. LXXII)— [Je] ne veuil pas que aillez à petite maisnie (ib. II)— Je lo [conseille] en bonne foy que nous nous en aillons (ib. LXXVII)— Quant Tybers et les serve voient qu'il va ainsi (ib. LXXXIX)— Mais contre jugement ne veuil-je mie aler (ib. XCVII)— Tant [ils] ont par leur journées alé et pourseü, Que sont droit en Hongrie leur païs revenu (ib. CI)— Tantost connut [elle reconnut] sa mere, as piés lui est alée (ib. CXXVI)— Endementiers, li desloiaus rois Henris ala tant entour la damoisiele qu'il fut carnelement à li (Chr. de Rains, p. 13)— Mes qu'est alé n'est à venir (Lai du conseil)— Or n'a peür que nus le voie ; Seürement s'en va sa voie (Ren. 7432)— Li criz qui après lui engraingne Le fist aler plus que le pas (ib. 1913)— Bien savoit le bois tot entier, Que mainte foiz l'avoit allé (ib. 4891)— Onques n'i quist ne sel ne sauge ; Encor ançois que il s'en auge, Getera-il son ameçon, Il n'en est mie en soupeçon (ib. 840)— Mès comment qu'il viegne ne aut, à grant poine s'en est estors (ib. 24652)— Lors dist Poncet : au Deu plesir ; Nos alomes la messe oïr ; Tuit alomes vers le mostier (ib. 12582)— Et la dame et le chevalier Tantost commande appareillier Les chevax, et tost enseler, Contre son pere veult aler [à la rencontre] (ib. 22644)— Que vous iroie-ge flatant ? la Rose (6557)— Or aut si cum aler porra (Or face Amor ce qu'il vorra, ib. 4207)— N'il n'est nus qui cele part voise (Que tous li cuers ne li renvoise [devienne plus gai], ib. 4027)— Li tens qui s'en va nuit et jor (Sans repos prendre et sans sejor, Et qui de nous se part et emble, ib. 361)— Les roses overtes et lées [larges] Sunt en ung jor toutes alées [passées] (ib. 1654)— Tout li monde vait ceste voie (ib. 4355)— Li fondement tout à mesure Jusqu'au pié du fossé descent, Et vait amont en estrecent [se retrecissant] (ib. 3822)— Et se tu os [entends] nul mesdisant Qui aille fames desprisant (Blasmele, et dis qu'il se taise, ib. 2128)— La sentence de la grignor partie et de la plus seine veit avant (Liv. de Just. 29)— Li baillif, segont l'ordre de droit, augent [aillent] avant ou [au] plet (ib.)— En tel saisine et en tel teneure come le pere ou la mere avoient quant il alerent de vie à mort (Ass. de Jér. I, 246)— Ains en seroient tuit coupable cil qui seroient alé en l'ayde du fet (BEAUMANOIR XXX, 58)— Et por ce pot on, en tix cas qui sunt apert, aler avant par voie de denonciation (BEAUMANOIR LXI, 2)— On ne me porroit pas dire que je allasse contre le jugié (BEAUMANOIR VII, 7)— Nous sommes alé contre le commandement Mahommet, qui nous commande que nous gardons le nostre Seigneur aussi comme la prunelle de nostre oeil (JOINV. 248)— Le grant roy des Commains li bailla unes lettres qui aloient à leur premier roy (JOINV. 266)— Seigneurs, madame la royne ma mere m'a mandé et prié tout comme elle peut, que je m'en voise en France (JOINV. 254)— Le roy feust moult volentiers alé avant, sans arester, en Egypte (JOINV. 210)— Mon cheval s'agenoilla pour le fez [faix] que il senti, et je en alé outre parmi les oreilles du cheval (JOINV. 225)— Seigneurs, vous ne fetes pas bien ; car nous sommes là où en [on] nous a commandé, et vous alez outre commandement (JOINV. 277)— Mestre Geffroy, alez dire à la royne que le roy est esveillé, et qu'elle voise vers li pour li apaisier (JOINV. 287)— Je li requis que je et ma gent alissiens jusques hors de l'ost (JOINV. 217)— Il n'ot guieres alé [il n'avait guère fait de chemin] quant il ot plusieurs messages du conte de Poitiers son frere, du conte de Flandres, etc. (ID. 227)
XIVe s.— En tele maniere que tu devies et vaises hors de verité (ORESME Eth. 163)— Et celui qui est incontinent, il est et va hors de raison (ORESME ib. 192)— Bertran à l'aprochier ung petit l'enclina : Or avant ! dit li princes, Bertran, comment vous va ? (Guesclin. 1300)— La dilacion m'est greveuse, Et la demeure trop ennuyeuse ; Car j'ay trop plus chier la bataille Que le trecté, que qu'il en aille [quoi qu'il en arrive] (Liv. du bon Jehan, 1228)— ... Ainsin va de la guerre ; On voit sovent fortune torner en petit d'ore (Girart de Ross. V. 2260)
XVe s.— Il me plait bien que cette ordonnance voise ainsi ; mais.... (FROISS. I, I, 234)— Messire Gautier de Mauny s'en issit hors [du châtel] atout cent ou cent vingt compagnons, et en alloient par outre la riviere de leur costé fourrager (FROISS. I, I, 260)— Si vous disons que nous conseillons mon seigneur, qui cy est, qu'il s'en voise en France veoir le roy san cousin (FROISS. I, I, 51)— Sitost qu'il vit le duc, il [Jean de Norvich] osta son chaperon et le salua. Adonc lui demanda le duc : Jean, comment va ? vous voulez vous rendre ? (FROISS. I, I, 255)— Le diable alla entrer au corps de ce Jacques (FROISS. II, II, 30)— Nous ne pouvons faire meilleur exploit que de aller ce chemin que nos ennemis sont allés (FROISS. II, II, 237)— Le duc.... bien savoit que il faisoit mal et point n'y pourveoit, mais souffroit les choses aller à l'aventure (FROISS. III, IV, 24)— Il seroit bon que par la riviere nous alissions visiter nos ennemis (FROISS. II, II 75)— De ces responses fut le comte de Hainaut tout grigneux, et dit qu'il n'iroit pas ainsi (FROISS. I, I, 119)— Ils estoient si foibles et si fondus et si affamés qu'à peine pouvoient ils aller en avant (FROISS. I, I, 44)— Gautier, vous en irez à ceux de Calais, et direz au capitaine que.... (FROISS. I, I, 320)— Les nouvelles vinrent au roy de France de la besogne comment elle estoit allée (FROISS. I, I, 134)— Et ces brigands brisoient maisons, coffres et escrins, et prenoient quanqu'ils trouvoient, puis s'en alloient leur chemin, chargés de pillage (FROISS. I, I, 324)— Beau frere, dit messire Henri, il ne va point ainsi (FROISS. I, I, 151)— Si allerent à conseil ensemble (FROISS. I, I, 219)— Je ne dy riens que tous ne vont disant (CH. D'ORL. Bal. 9)— Tant vale pot à l'eau qu'il brise (CH. D'ORL. Rond.)— Donc il advint.... que il ouït dire que un chevalier d'Angleterre.... s'alloit vantant qu'il avoit traversé tout le royaume de France, mais oncques n'avait peu trouver chevalier qui eust osé jouster à luy (Bouciq. I, ch. 13)— Si advint que un des escuyers qui chevauchoit devant luy, la vit par une fenestre, et va dire : Ô que voilà beau chef ! (ib. IV, ch. 7)— Et du faict du roy d'Angleterre ne leur challoit au demourant comment il en allast (COMM. IV, 7)— Mais alla ledit duc de Bourgongne de nouveau sur les Lyegeois (COMM. II, 3)— Un an ou deux avant qu'allisions en Italie (COMM. VII, 2)— Et qui ne fust allé à la bonne foy, c'estoit ung très dangereux chemin (COMM. IV, 9)— Voulez vous que je voisse toute nue ? (L. XI Nouv. LXVIII)
XVIe s.— Comment te va ? (MAROT I, 198)— Et par les champs ne voy aucun berger Qui pour la nuit ne s'en voise heberger (MAROT I, 319)— Mal t'en ira (MAROT II, 14)— Or t'en va, quand et où il te plaira (MAROT II, 183)— Il s'en va nuict, et des hauts monts descendent Les umbres grands, qui parmi l'air s'espandent (MAROT IV, 7)— Et alissiez vous à tous les dyables, je proteste jamais ne vous laisser (RAB. Pant. II, 9)— Les chemins cheminent comme animaulx. Et veidz que les voyaigiers demandoyent où va ce chemin ? (RAB. ib. V, 26)— Qu'ils voisent maintenant, et facent un bouclier de leurs allegories (CALVIN Instit. 489)— Il va bien que presomptueux qui voudroit imposer loy à Dieu, n'est point arbitre en ceste cause (CALVIN ib. 580)— Mais d'affermer cela, et principalement en telle hardiesse qu'ils y vont, qu'est-ce autre chose, que.... (CALVIN ib. 701)— L'Escriture condescent à nostre petitesse, comme une mere à l'infirmité de son enfant, quand elle le veut apprendre d'aller (CALVIN ib. 738)— Ne vous ennuyiés de souvent faire savoir comme il vous va à celle que toujours trouverés vostre (MARG. Lett. 3)— Et encores demain s'en va ma tante de Nemours en Savoye (MARG. ib. 8)— Je m'esclatay la peau dessus le genou de près d'ung empan, mais cela s'en va gary (MARG. ib. 47)— Et pensés, voyant vos affaires aller sy bien, en quel contentement et louange de Dieu s'en va priant pour vostre prosperité, vostre.... (MARG. ib. 127)— Elle alloit s'amollissant (MONT. I, 4)— Se laisser aller à toute sorte de conseils (MONT. I, 196)— Si elle feust toujours allée ce train (MONT. I, 232)— Ils s'y en allerent avecques leurs femmes et enfants (MONT. I, 233)— Ils vont nus par devotion. Aller la teste couverte (MONT. I, 259)— Allez vous y en (MONT. I, 296)— Je m'en vais clorre ce pas par un verset ancien (MONT. I, 336)— Je m'en voys quant et vous (MONT. III, 183)— Et qu'elles ne se voisent pas coucher de si bonne heure (DESPER. Cymbal. 127)— Les Lacedaemoniens le regretterent fort quand il s'en fut allé (AMYOT Lyc. 7)— Il prouvoira mieulx à son faict, quand il verra qu'il y ira de sa vie et de son estat ensemble (AMYOT Thém. 32)— Autrement, les affaires des Carthaginois s'en alloient ruiner (AMYOT Fab. 12)— Remporte donc ton or et ton argent, et t'en va (AMYOT Cimon, 17)— Toute la ville s'en alloit deserte sans l'accident qui arriva à la citadelle (D'AUB. Hist. II, 326)— Le roi qui s'en alloit execrable à son peuple, se rendit inimitable aux devotions (D'AUB. 330)— Pour aller trop tes beaux soleils aimant (RONS. 7)— Et de ces yeux qui me vont devorant (RONS. 19)— Voicy les fleurs où son pied va marchant, Quand à soy mesme elle pense seulette (RONS. 85)— Quelque part où je voise.... (RONS. 215)— Que ne pensoy-je, alors que j'estoy belle, Ce que je vay pensant ? (RONS. 455)— Ainsi tout va par fraudes et par fainte (RONS. 649)— T'embrassant en mon sein pour la derniere fois : Car là bas aux enfers, Adonis, tu t'en vois (RONS. 796)— S'il se laissent trop aller à prendre plaisir d'en deviser (LANOUE 137)
ÉTYMOLOGIE
Bourguig. aulai, ailai ; provenç. et catal. anar ; espagn. et portug. andar ; ital. andare ; ital. ancien, d'après Castelvetro, anare. Ici se présente une première question : aller et andare sont-ils un seul et même mot ? Diez paraît l'avoir résolue d'une façon satisfaisante. Il rapporte un vers de Tristan : Que vos anez por moi fors terre ; et un vers de la chronique de Benoît : Si qu'en exil nos en anium. A la vérité Burguy, Gramm. t. I, p. 286, pense que anium est une mauvaise leçon, et qu'il faut aujun (comp. qu'il aut, qu'il aille), se fondant sur ce que la forme aner ne peut appartenir au dialecte normand dans lequel Benoît a écrit. Mais je trouve dans la chanson de Roland, qui est aussi un texte normand, qu'il ainz, pour qu'il aille ; ainz vient d'aner. L'objection de Burguy ne subsiste donc pas, et il faut admettre que, dans l'ancien français, à côté de aller, il y a eu une forme aner, parallèle aux autres formes romanes. La permutation de l'n en l n'est aucunement sans exemple dans le français : témoin orphenin et orphelin, venin et velin, entre lesquels la langue a hésité. Si l'on admet que les verbes romans viennent d'un mot latin (l'allemand wallen, aller, qu'on a cité, aurait donné gualer), le français et le provençal aner, anar, supposent adnare ; l'espagnol andar suppose ambitare ou aditare ; l'italien andare suppose aditare, avec l'intercalation d'une nasale. Diez remarque que ambitare, fréquentatif d'ambire, aller autour, a pu très bien donner l'espagnol andar, mais que la syllabe amb ne se rend pas en italien par and, et qu'il faut l'exclure, à moins d'admettre que le mot italien dérive du mot espagnol ; dérivation que, historiquement, rien ne justifie. Excluons donc ambitare. Diez s'attache à aditare, fréquentatif d'adire, et employé quelquefois par les Latins eux-mêmes dans le sens d'aller ; il fait voir que aditare a pu faire andare en intercalant une nasale ; ce qui arrive, voyez rendere, de reddere. Le fait est que l'italien andito est l'aditus latin, et témoigne que le verbe adire a laissé des traces. Maintenant entre adnare fourni par anar, aner, et andare fourni par aditare, quel choix faire ? Aditare donnerait en français atter ou ander, en provençal andar, mais non aner ou anar ; pour le faire prévaloir, il faudrait admettre qu'ils viennent de l'italien, ce qui n'a dans l'histoire de ces langues aucune preuve. Adnare, qui donne aner et anar, fournira probablement l'espagnol andar, bien que je ne connaisse pas de combinaison dn qui en espagnol donne nd ; mais fournirait en italien annare, et non andare. à la vérité Diez remarque que le catalan supprime souvent le d, disant manar pour mandar ; que c'est le catalan qui a fait anar de andar, et que de là la forme sans d s'est étendue dans la langue d'oc et dans la langue d'oïl. Mais c'est là un pas que l'on ne peut franchir sans autre exemple que celui-là même qui est en question : le d en cette position ne disparaît pas dans ces deux langues. Diez a prouvé pleinement, je crois, que andare peut venir de aditare ; mais il n'a pas prouvé comment aditare aurait donné anar et aner. Il se présente deux solutions de cette difficulté : ou admettre qu'il y a eu deux formations : l'une, de andare, qui vient de aditare ; l'autre, de anar, aner, qui vient de adnare. Adnare est cité dans le Glossaire de Papias, avec le sens de venir ; Virgile a dit en parlant de Dédale : Insuetum per iter gelidas enavit ad arctos, Aen. VI, 16 ; et adnare pour aller n'est qu'une métonymie comparable à celle de adripare dit pour arriver. Cette solution est la seule qui satisfasse aux exigences de la dérivation dans les langues romanes ; mais elle pèche contre une exigence considérable, à savoir l'exigence historique : d'ordinaire la formation est analogue dans les quatre grands embranchements ; aner, andare, andar et anar sont trop voisins de forme et de sens pour qu'on ne pense pas qu'ils émanent d'une même création. Le problème étymologique en est là : trouver comment anar ou aner s'accommode avec andare, si c'est aditare qui est le radical ; ou comment andare s'accommode avec anar ou aner, si c'est adnare qui est le radical ; ou enfin trouver comment il se fait qu'il y ait eu une double formation pour un mot si usuel ; s'il faut prendre adnare pour les langues cisalpines, et aditare pour les langues hispano-italiques ; ou bien enfin, dans l'incertitude qui reste, si quelque autre mot encore inexploré n'est pas l'origine.
REMARQUE
La conjugaison d'aller se complète avec deux autres radicaux, savoir celui du futur et du conditionnel, qui se rapporte au verbe latin ire (voy. IRAI pour l'étymologie), et celui de je vais, tu vas, il va, ils vont, dérivé du verbe latin vadere (voy. VAIS pour l'étymologie). Autrefois, je vais avait un subjonctif, que je voise, conservé dans le picard, que je m'en voiche. Marg. Buffet, Observ. p. 79, 1668, dit qu'à Paris la bourgeoisie se sert ordinairement de cette locution : vous voulez que je voise, et que c'est une des plus barbares.
ALLER (s. m.)[a-lé]
1. Action d'aller.
• Lorsque le chevreuil a confondu par ses mouvements la direction de l'aller et du retour (BUFFON Chevreuil.)
2. Le pis aller, le pis qu'il puisse arriver.
• Voilà votre pis aller (SÉV. 382)
3. Au pis aller, avec le plus grand mal qui puisse arriver. Au pis aller, il en sera quitte pour une amende.
PROVERBES
HISTORIQUE
XIIe s.— Ses ieuz, son vis, qui de joie sautele, Son aler, son venir, Son beau parler et son gent maintenir (Couci, XVIII)
XIIIe s.— Puisque l'aler en France ne volez laisser mie.... (Berte, LXXII)— À l'aller que nous feismes outre mer (JOINV. 192)
XVe s.— Tant à l'aller qu'au retourner (COMM. VII, Prologue.)
XVIe s.— Le temps, pour vray, efface toutes choses ; Au long aller mes tristesses encloses Effacera.... (MAROT I, 359)— Encor posé le cas que l'eusse faict, Au pis aller n'y cherroit qu'une amende (MAROT II, 89)— Au pis aller je serois trop heureuse de mourir avec tant de vertueuses personnes (MARGUER. Lett. 127)— Si ne perdit elle point le coeur ni l'aller [la force de marcher] (MARGUER. Nouv. LXI)— Ils aront l'aler pour le venir (DU GUET dans PALSGR. p. 971)
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
ALLER. - REM. Ajoutez :
9. Encore un peu plus aille, locution aujourd'hui inusitée qui signifie : encore un peu.
• Hier au soir, il [le roi] a beaucoup mangé : encore un peu plus aille, et il placera tout à fait son repas au dîner (D'ARGENSON Mémoires, 1860, in-8°, t. II, p. 373)
10. Quelquefois devant irai on supprimait y (voy. Y, Rem. n° 10).
11. Aller le bien, ancienne locution qui signifiait aller bien, réussir, tourner à bien.
• S'il se gouverne par ce conseil, il ne faut pas douter que tout n'aille le bien (MALH. Lexique, éd. L. Lalanne.)