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définitions

enter (v. trans.)

1.greffer une jeune branche sur un végétal.

2.(technique)assembler bout à bout des éléments.

Le Littré (1880)

ENTER (v. a.)[an-té]

1. Terme d'horticulture. Greffer par ente. Enter un poirier, un pommier.

Fig.

Ils entent sur cette politesse un esprit de règle.... (LA BRUY. XI)

Nous avons enté sur l'olivier franc le germe de l'infidélité (MASS. Myst. Ferv.)

Recueillir avec affectation les débris de ces familles antiques et éteintes pour les enter sur un nom obscur (MASS. Panég. St Franç. de Paule.)

Le Seigneur fera sécher la racine de votre orgueilleuse postérité, et entera dessus une race qui connaîtra la justice et fera la miséricorde (MASS. Or. fun. Villeroy.)

2. Insérer en général.

L'amant juge sa dame un chef-d'oeuvre ici-bas, Encore qu'elle n'ait sur soi rien qui soit d'elle.... Qu'elle ente en son palais ses dents tous les matins (RÉGNIER Sat. IX.)

3. Terme de fauconnerie. Raccommoder une penne de l'oiseau, froissée ou rompue, soit par la jonction d'une penne gardée, soit à l'aiguille ou au tuyau.

4. Terme de charpentier. Joindre ou assembler deux pièces de bois de la même grosseur et dans la même direction.

5. Mettre une ente, allonger plus ou moins quand on a préalablement coupé le bout qui était usé ou trop court. Les bouts de ces bas sont mauvais, il faudra les enter. Tous mes bas sont entés.

6. S'enter, v. réfl. Être enté. Le prunier s'ente sur sauvageon.

Fig. Un vice qui s'ente sur un autre vice.

HISTORIQUE

XIIIe s.J'apel leur cuers [des deux amans] leur volontés ; Et leur vouloirs sont si entés Sur un desir qu'entre eus deus ont, Que de deus cuers un voloir font (Blanche et Jehan, 1603)

XIVe s.Ceste science estoit naturellement en leur cueur entée, noée et plantée (ORESME Prol.)[Les métaux] Des elemens prennent leur estre Par vous en l'element terrestre, Et sans semer et sans planter, Sans cultiver ne sans enter (l'Alch. à nat. 478)Se vostre oysel a une penne rompue, vous lui remeterez et enterez en ceste maniere.... (Modus, f. XCIV, verso)

XVe s.Une vertu en ton coer ente, Que dame belle, jeune et gente Obeiras et cremiras (FROISS. Espinette amour.)Plns heurte li vens aux clochiers Qu'il ne fait aux petits planchiers, Et par fouldre sont crevantez Plus que les celiers bas entez (EUST. DESCH. Poésies mss. f° 567, dans LACURNE)Se argent avez, il n'est enté ; Mais le despendez tost et viste (VILLON Ballade, Leçon aux enfants perdus.)

XVIe s.Le baptesme nous certifie que nous sommes entez en la mort et la vie de Jesus Christ (CALV. Inst. 1052)En sa dextre elle ent [mit] la hache Par qui les rois sont irritez (RONS. 357)L'enter en fente ou au coin, par d'aucuns en poupée, et en petite coronne ou entre l'escorce et le bois, sont en mesme predicament, parce qu'en l'une et l'autre sorte se sert-on de greffes, les inserans sur les arbres sauvages ou francs (O. DE SERRES 656)Par l'escusson et canon, beaucoup plus d'arbres sont entés que par greffe (O. DE SERRES ib.)J'ai enté heureusement en escusson au mois de juin, des arbres dont j'avois tiré les escussons en arbres entés au coin, au precedent mois de mars (O. DE SERRES 659)Vous conserverés vos greffes sains et entiers jusqu'au poinct qu'il les faille enter (O. DE SERRES 660)La maniere d'enter en piece rapportée, a quelque correspondance avec celle à l'escusson, aiant ceci de commun, qu'un seul oeillet suffit à faire un ente (O. DE SERRES 674)

ÉTYMOLOGIE

Ente ; provenç. empeltar, enpeutar ; cat. empeltar.