rechercher :

définitions

entonner (v. trans.)

1.commencer à chanter.

2.mettre (qqch) dans une barrique, un tonneau ; verser (un liquide) dans un tonneau.

Le Littré (1880)

ENTONNER (v. a.)[an-to-né]

1. Verser une liqueur dans un tonneau.

2. Fig. et absolument. Il entonne bien, il boit bien.

La gorge.... à force d'entonner se trouve un peu gâtée (CHAUL. Seconde réponse à M. Genest.)

3. S'entonner, v. réfl. S'engouffrer avec impétuosité dans un lieu étroit. Le vent s'entonne dans la vallée.

S'entonnant dans les tuyaux de cheminée (DESC. Météor. 7)

HISTORIQUE

XIIIe s.Tant en entonent par la goule (RUTEB. 33)Le vent s'entonne en la voile (JOINVILLE p. 24, dans LACURNE)

XVIe s.Une creuse coquille Retorse par le bout et large que souvent Ainsi qu'un flageolet il entonne de vent : Il n'a si tost dedans entonné son haleine, Que.... (RONS. 849)Lors le sortant du tout de la cuve pour l'entonner (O. DE SERRES 215)

ÉTYMOLOGIE

En 1, et tonne.

ENTONNER (v. a.)[an-to-né]

1. Mettre un air sur le ton. Entonner un air.

2. Chanter le commencement d'une hymne, d'une antienne. Entonner le Te Deum.

Absolument. Ce chantre entonne bien.

3. Se mettre à chanter.

Entonnez un cantique de louanges (BOSSUET I, Ass. 3)

Le peuple prosterné sous ces voûtes antiques Avait du roi-prophète entonné les cantiques (DELAV. Vêpr. sicil. v, 2)

M'endormais-je un peu sur ma chaise, Il entonnait la Marseillaise (BÉRANG. Homme rouge.)

Fig.

Et du dieu des raisins entonnant les louanges (BOILEAU Art p. III)

Tout chantre ne peut pas sur le ton d'un Orphée Entonner en grands vers la discorde étouffée (BOILEAU Sat. IX.)

Entonner la trompette, prendre le style héroïque ou lyrique.

Au milieu d'une églogue entonner la trompette (BOILEAU Sat. IX.)

Désormais entonnant la trompette éclatante (DELILLE Énéide, I)

REMARQUE

D'après intonation, comme d'après détonation et détoner, on devrait écrire entoner avec une seule n ; et entonner avec deux n signifierait mettre dans un tonneau.

HISTORIQUE

XIIIe s.L'antienne del magnificaz, Cele dit dant Tybers li chaz, Et Renart l'a bien entoné Et gloriosement chanté (Ren. 21357)Ge connois tel qui pas n'entonne Tant el moster [au couvent] com lez la tonne (Hist. de Ste Leoc. ms de St-Germ. f° 29, dans LACURNE)

XVIe s.Qui aura l'haleine assez forte Et l'estomac pour entonner Jusqu'au bout la buccine [la trompette] torte Que le Mantuan fit sonner ? (DU BELL. III, 14, verso.)Je tiens qu'il fault estre prudent 2 estimer de soy, et pareillement conscientieux à en tesmoigner, soit bas, soit hault, indifferemment ; si je me semblois bon et sage, ou près de là, je l'entonnerois à pleine teste (MONT. II, 61)

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et espag. entonar ; portug. entoar ; ital. intonare ; du latin intonare, de in, et tonare, faire du bruit (voy. TONNER).