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définitions

envisager (v. trans.)

1.examiner, considérer comme une possibilité.

2.avoir en vue de, penser à (faire qqch).

Le Littré (1880)

ENVISAGER (v. a.)[an-vi-za-jé. Le g prend un e devant a ou o : j'envisageais, nous envisageons]

1. Regarder une personne au visage.

Phorbas, envisagez ce prince en ma présence (CORN. Oedipe, IV, 3)

Plus je vous envisage, Et moins je me remets, monsieur, votre visage (RAC. Plaid. II, 4)

Soit que je vous regarde ou que je l'envisage, Partout du désespoir je rencontre l'image (RAC. Bérén. v, 7)

Et je n'ouvris les yeux que pour envisager Les miens que sur le marbre on venait d'égorger (VOLT. Henr. II)

L'aspect d'un Capulet n'a donc rien qui t'irrite ! Comme un autre homme enfin tu peux l'envisager (DUCIS Roméo, IV, 5)

Par extension.

L'oeil n'ose envisager ces antres écumants (DELILLE Énéide, VI, 753)

2. Tourner le regard vers.

C'est aussi l'artifice De ceux qui, pour couvrir quelque puissant effort, Envisagent un point directement contraire, Et font vers ce lieu-là courir leur adversaire (LA FONT. Fabl. XII, 10)

Fig. Tourner le regard vers, se régler sur.

C'est lui seul [l'empereur] que la cour envisage (RAC. Brit. IV, 1)

3. Regarder face à face en esprit.

La mort qu'elle envisage avec beaucoup de fermeté (SÉV. 130)

Lorsque j'envisageai le moment redoutable Où pressé par les lois d'un austère devoir.... (RAC. Bérén. v, 6)

J'envisage dans l'avenir des peines dont je ne puis supporter l'idée (Mme DE GENLIS Ad. et Théod. t. III, lett. 25, p. 188, dans POUGENS.)

Votre devoir est grand, osez l'envisager (DUCIS Macb. v, 2)

Je sais, sire, qu'un héros tel que vous envisage ce dernier moment [la mort] avec tranquillité (D'ALEMBERT Lett. au roi de Pr. 29 janv. 1768)

Laissons, mon fils, laissons les vulgaires douleurs Craindre d'envisager l'objet de leurs malheurs (M. J. CHÉN. Gracques, I, 5)

Je n'ose envisager un présage si triste (LEMERC. Agam. IV, 7)

Envisager de, avec l'infinitif.

Puisque j'envisage bien de partir dans l'état où est ma pauvre tante, il faut croire que rien ne peut m'en empêcher (SÉV. 144)

Il ne peut envisager de rentrer dans le service (SÉV. 503)

4. Considérer.

Le sage quelquefois fait bien d'exécuter Avant que de donner le temps à la sagesse D'envisager le fait et sans la consulter (LA FONT. Fabl. X, 14)

Ceux qui, d'un oeil cruel envisageant ma vie, Voyaient d'un oeil jaloux mon pouvoir souverain (LA FONT. Poésies mêlées, LXXIV)

Il faut observer par quel côté il envisage la chose (PASC. Pensées div. 110)

Seigneur, je cherche et j'envisage Des monarques persans la conduite et l'usage (RAC. Esth. II, 5)

N'envisageant les systèmes que comme des moyens de rendre l'étude de la botanique moins pénible (CONDORCET Haller.)

Avoir en vue.

C'était l'objet le plus ordinaire de la guerre, et le principal fruit qu'on envisageait dans la victoire (VERTOT Révol. rom. III, 226)

N'envisager sa fortune qu'à travers son devoir (MASS. Or. fun. Villars.)

Nous envisagions le plaisir de le ruiner ; mais la justice est jalouse de ce plaisir-là (LESAGE Turcaret, v, 16)

Qu'elle envisage moins ma perte que ma gloire (VOLT. Triumv. IV, 3)

Compter sur.

Une grâce précieuse que je n'ose envisager de si loin (SÉV. 555)

Se faire une idée de.

Un moment de réflexion lui fit envisager la désagréable aventure que ce serait (HAMILT. Gramm. 5)

Regarder comme.

Que d'hommes amoureux de la gloire céleste Envisagent la croix comme un fardeau funeste ! (CORN. Imit. II, 11)

5. S'envisager, v. réfl. Se regarder soi-même.

Fig.

Chacun s'envisage toujours par certains côtés favorables (MASS. Car. Parole.)

Se regarder mutuellement. Ils s'envisageaient l'un l'autre avec attention.

L'un et l'autre rival, s'arrêtant au passage, Se mesure des yeux, s'observe, s'envisage (BOILEAU Lutrin, v.)

Être considéré. Cet événement peut s'envisager de plusieurs manières.

ÉTYMOLOGIE

En 1, et visage. Ce mot paraît avoir été formé dans le XVIIe siècle, du moins nos exemples ne remontent pas plus loin.