Le Littré (1880)
ÉPANDU, UE (part. passé d'épandre)[é-pan-du, due]
1. Étendu en versant, en dispersant, en semant.
• Tel qu'à vagues épandues Marche un fleuve impérieux, De qui les neiges fondues Rendent le cours furieux (MALH. II, 2)
• Notre fuite, madame, est assez difficile ; J'ai vu des gens de guerre épandus par la ville (CORN. Rod. III, 2)
• Quelques restes de feu sous la cendre épandus.... (LA FONT. Phil. et Bauc.)
• Des noirs torrents de soufre épandus dans les airs (VOLT. Henr. VI)
• Le superbe Éridan, franchissant ses rivages, Dans son onde écumante épandue à grands flots Entraîna les pasteurs, leurs toits et leurs troupeaux (MALFIL. Génie de Virg.)
2. Se dit de tout ce qui est comparé à quelque chose de disséminé.
• De qui la renommée épandue en tous lieux (DESMARETS Visionnaires, II, 1)
• Un inconnu frisson dans mon corps épandu (CORN. Mél. II, 1)
• On n'a pas aimé la surprise avec laquelle Pertharite se présente au troisième acte, quoique le bruit de son retour soit épandu dès le premier (CORN. Perth. Examen.)
• L'usage de notre langue est à présent si épandu par toute l'Europe, principalement vers le Nord, qu'on y voit peu d'États où elle ne soit connue (CORN. Théât. Préface, édit. 1682)
• Une voix sortit de la nue, Écho redit ces mots dans les airs épandus (LA FONT. Fabl. XII, 27)
• L'Église était épandue par tout le monde (BOSSUET Var. 15)
3. Versé.
• Puisqu'ils sont satisfaits par le sang épandu (CORN. Hor. IV, 5)
• Un soupir, une larme à regret épandue (CORN. Poly. II, 2)
4. Qui s'épanche comme fait une eau.
• Quel est sur votre front ce nuage épandu ? (V. HUGO Cromwell, II, 19)
Fig.
• Son amour [de Dieu], épandu sur toute la famille, Tire après lui le père aussi bien que la fille (CORN. Poly. v, 6)
• De toute la vertu sur la terre épandue Tout le prix à ces dieux, toute la gloire est due (CORN. Oedipe, III, 5)