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définitions

épargne (n.f.)

1.fait de mettre de l'argent de côté.

2.les sommes épargnées, mises de côté.

3.(économie)partie du revenu qui n'est pas affecté à la consommation.

4.(figuré)action d'utiliser une chose en la ménageant.

Le Littré (1880)

ÉPARGNE (s. f.)[é-par-gn']

1. Administration des dépenses telle qu'elles soient moindres que les recettes. Il a amassé de grands biens par son épargne.

L'épargne est nécessaire à qui veut s'agrandir (TH. CORN. D. Bertr. de Cigarral, I, 4)

Peut-on rien voir de plus cruel que cette rigoureuse épargne qu'on exerce sur nous, que cette sécheresse étrange où l'on nous fait languir ? (MOL. Avare, I, 2)

Vivre d'épargne et de travail (BOSSUET Hist. III, 6)

Et pourquoi cette épargne enfin ? l'ignores-tu ? Afin qu'un héritier bien nourri, bien vêtu, Profitant d'un trésor en tes mains inutile, De son train quelque jour embarrasse la ville (BOILEAU Sat. VIII)

De l'épargne sordide : Cette espèce d'avarice est dans les hommes une passion de vouloir ménager les plus petites choses sans aucune fin honnête (LA BRUY. Théophr. X.)

L'épargne de bouche, la diminution de dépense sur la nourriture.

Elle est nourrie et élevée dans une grande épargne de bouche (MOL. Avare, II, 6)

Aller à l'épargne, chercher à épargner.

Fig. Il va à l'épargne des mots, il affecte de la concision dans son style.

2. La somme même que l'on a économisée. Les épargnes des domestiques.

Il n'est point difficile de sentir que toute épargne dans la main d'oeuvre, loin de diminuer les moyens de travail pour le peuple, tend au contraire à multiplier ces moyens mêmes, en augmentant pour tous les hommes la masse des objets de consommation, et par conséquent celle de leurs jouissances et de leurs richesses (CONDORCET Montigni.)

Terme d'économie politique. Portion des produits qui est réservée pour être employée à la production.

C'est l'accumulation des épargnes qui forme les capitaux (J. B. SAY Épitomé, épargnes.)

Caisse d'épargne et de prévoyance, ou, simplement, caisse d'épargne, établissement de bienfaisance où les plus petites sommes sont reçues et portent intérêt, à partir d'un franc.

3. Ancien nom du trésor royal.

Quelques officiers qui sont au trésor royal ont été à même temps et officiers de l'épargne et officiers du trésor royal, parce que, lors de leur premier établissement, on disait l'épargne, et aujourd'hui l'on dit le trésor royal (VAUGEL. Nouv. rem. Observ. de M***, p. 215, dans POUGENS)

Il s'est dit, par extension, dans l'ancien langage élevé ou poétique, du trésor de tout souverain.

Mon épargne [c'est Auguste qui parle] depuis en sa faveur ouverte (CORN. Cinna, II, 1)

J'ai fait en son épargne [de Sparte] entrer tous les trésors Des peuples subjugués par mes heureux efforts (CORN. Agésil. III, 1)

L'épargne qu'il manie avec profusion (ROTR. Vencesl. I, 6)

Des débris des traitants ton épargne grossie (BOILEAU Épît. I)

4. Fig. Il se dit de tout ce qu'on économise comme on fait pour l'argent. L'épargne du temps.

La nature est d'une épargne extraordinaire.... cette épargne néanmoins s'accorde avec une magnificence surprenante (FONTEN. les Mondes, 1er soir.)

Médecin n'employant qu'avec une sage épargne les ressources de l'art, et n'ajoutant qu'à regret aux dangers et aux douleurs de la maladie les dangers et l'incommodité des remèdes (CONDORCET Bourdelin.)

5. Poire d'épargne, ou, simplement, épargne, sorte de poire, dite aussi beauprésent, belle cueillette, qui vient de bonne heure et est juteuse.

6. Terme de gravure. Taille d'épargne, taille en épargne, sorte de taille qui se fait lorsque, enlevant le fond, les traits qui doivent paraître sont ceux qu'on épargne, qu'on laisse en relief.

7. Terme de doreur. Mélange de blanc d'Espagne, de sucre et de gomme, dont on couvre les parties qui doivent être brunies.

HISTORIQUE

XIIIe s.Maint ribaus.... despendent en la taverne Tout lor gaaing et lor espergne, Puis revont porter les fardiaus (la Rose, 5072)

XVe s.3. Comme qui en compassion n'avoient donné espargne à nulluy, que justement de nulluy ne devoient recevoir ni pitié ni merci (CHASTELAIN Chron. du duc Philippe, Proesme)

XVIe s.Duquel pasté ayant mangé deux ou trois leçhes à l'espargne [parcimonieusement] avec ceux qui dinerent quand lui (DESPER. Contes, XVI)Il estoit malcontent de l'estroitte espargne de son pere (AMYOT Péric. 68)Il se trouva tant d'or et tant d'argent ès coffres de l'espargne [trésor public] qu'il suffit à tous autres affaires (AMYOT Cimon, 24)

ÉTYMOLOGIE

Voy. ÉPARGNER.

ÉPARGNÉ, ÉE (part. passé.)[é-par-gné, gnée]

1. Mis en réserve par l'économie. Une somme importante épargnée peu à peu. Il fit à la reine des funérailles très magnifiques où rien ne fut épargné ROLLIN, Hist. anc. Oeuv. t. VI, p. 336, dans POUGENS.

2. À qui on a fait grâce.

Oui, jusqu'à ce moment le traître est épargné (VOLT. Orphel. v, 4)

Marius épargné par le Cimbre qui ne peut se résoudre à tuer ce grand homme (STAËL Corinne, VIII, 4)

proposition : lemmes