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définitions

éprendre (v. pron.)

1.s'éprendre légèrement de.

2.devenir amoureux (de qqn).

Le Littré (1880)

ÉPRENDRE (S') (v. réfl.)[é-pran-dr']

1. Se mettre à, s'attacher à, en parlant du feu.

Si quelquefois le feu s'éprend en ces corps (DESC. Météor. 2)

2. Fig. Se laisser entraîner par quelque passion, quelque sentiment. Il s'est épris d'une belle passion pour cette femme.

On a touché mon âme, et mon coeur s'est épris (CORN. Cinna, I, 2)

Ah ! lorsqu'elle m'a vu, si son âme surprise, D'une ombre de pitié du moins s'était éprise (VOLT. Scythes, III, 1)

Je m'épris pour elle de l'inclination la plus tendre (MARIVAUX Marianne, 7e part.)

Qu'il étudie les plus grands maîtres, qu'il s'éprenne davantage de la simplicité (DIDER. Salon de 1767, Oeuvres, t. XIV, p. 318, dans POUGENS.)

3. V. a. Éprendre, inspirer amour, amitié.

Et l'amour qui pour lui m'éprit si follement (CORN. Mél. III, 5)

Beauté, le cher souci de tant de beaux esprits, Qui d'une douce flamme avez mon coeur épris (RACAN Berg. II, 5)

Sa vertu, sa douceur, sa politesse, tout m'avait épris de lui (SAINT-SIMON dans GODEFROY, Gloss. de Corn.)

REMARQUE

Éprendre, v. actif, qui n'est pas dans l'Académie, ne se trouve qu'au figuré, et est très bon.

HISTORIQUE

XIe s.Saut en li fus [l'étincelle], que l'erbe en fait esprendre (Ch. de Rol. CCLXXXVII)

XIIe s.Ou cierge espris ou lanterne embrasée (Ronc. p. 157)Ses blanches mains, ses doigts lons et tretis, Qui font l'amour enflamer et esprendre (Couci, v)Ce est la riens dont je sui plus espris (ib. XVII)Et se je sui de vostre amour espris, Douce dame, ne m'en doit estre pis (ib.)D'ire et de mautalent [il] esprent tous [tout entier] et atise (Sax. XXIII)Maintenant li esprist [rougit] la chiere (Lai d'lgnaurès)

XIIIe s.Si commença li feus si grant à esprendre que.... (VILLEH. LXXX.)Et la vile [Constantinople] commença à esprendre et alumer mout durement, et ardi toute cele nuit et l'en demain jusques à la vesprée (VILLEH. CVI)Tant sont espris de joie que nuls d'eus ne parla (Berte, CXXII)Toz reverdis et esprendans, [elle] Li a geté ses iex [yeux] es suens [siens] (Lai de l'ombre)De son lit saut toz estordiz ; Si a une chandoile prise ; Au feu en vient, si l'a esprise (Ren. 3412)Tant est graindre la covoitise Qui esprent mon cuer et atise (la Rose, 3798)

XIVe s.Je me doubte forment qu'au jour d'ui ne perdez ; Trop voi vos ennemis espris et alumez (Guesclin. 14778)

XVe s.Le clocher s'esprenoit à ardoir (FROISS. II, II, 95)La bonne femme esprinse de joie (LOUIS XI Nouv. XIV)Avoit ung chevalier au dehors du tournoy, esgardant et esprenant l'alaine de son pis (Perceforest, t. I, f° 141)

XVIe s.Esprins d'une extreme passion de honte (MONT. I, 11)Il faut tenir, tirer et pousser la partie qui est ici esprise de douleur (PARÉ Introd. 2)La fureur, qui esprent ceulx qui sont inspirez d'esprit prophetique (AMYOT Rom. 33)Toute la ville se trouva esprise d'une superstitieuse crainte (AMYOT Solon, 19)Tous espris de sommeil et de vin (AMYOT Cam. 42)Il fut incontinent espris par un regard et un parler affetté, comme si c'eust esté quelque jeune garson (AMYOT Sylla, 72)

ÉTYMOLOGIE

É- pour es- préfixe, et prendre ; wallon, esprende, allumer ; provenç. esprendre.