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définitions

épuiser (v. trans.)

1.fatiguer excessivement (qqn).

2.utiliser et détruire tout "Nous avons épuisé nos stocks ; Vous épuisez ma patience."

3.employer, exploiter complètement.

4.vider de ses forces physiques.

5.épuiser "épuiser ses économies" "Nous avons rapidement épuisé nos forces"

6.(figuré)lasser qqn.

épuiser (v.)

1.causer de la fatigue.

2.causer une extrême fatigue.

épuiser (v. pron.)

1.devenir épuisé, sans ressource pour la suite "La force du champion s'est épuisée rapidement"

Le Littré (1880)

ÉPUISER (v. a.)[é-pui-zé]

1. Mettre à sec. Épuiser une source, une fontaine.

Et ne m'exposez plus aux plus vives douleurs Qui jamais d'une amante épuisèrent les pleurs (RAC. Baj. II, 5)

2. Il se dit aussi du sang et de tout ce qui contribue à entretenir les forces du corps. On l'a épuisé par d'abondantes saignées. Ses débauches ont épuisé ses forces.

[Elles] De leur père endormi vont épuiser les veines (CORN. Médée, I, 1)

Une passion qui épuise votre santé (MASS. Car. Temps.)

Viens épuiser mon flanc Du reste infortuné de cet auguste sang (VOLT. Zaïre, v, 10)

Et cette émotion dont son âme est remplie A bientôt épuisé les sources de la vie (VOLT. ib. III, 4)

Absolument.

J'étais donc brûlant d'amour sans objet, et c'est peut-être ainsi qu'il épuise le plus (J. J. ROUSS. Conf. v.)

Familièrement. Cela m'épuise, cela me cause de l'épuisement. Vous m'épuisez, vous m'obsédez par vos instances, par votre bavardage, etc.

Il se dit aussi des forces morales et intellectuelles.

La nature nous a donné des goûts qu'il est aussi dangereux d'éteindre que d'épuiser (BARTHÉLEMY Anach. ch. 78)

Cette succession rapide de mouvements vifs et tumultueux épuise et dessèche le coeur, sans l'avoir jamais pu remplir (Mme DE GENLIS Ad. et Théod. t. I, lett. 52, p. 438, dans POUGENS)

3. Épuiser une terre, la faire devenir inféconde par suite de cultures mal combinées ou de mauvais assolements.

4. Épuiser une mine, en extraire tout le métal qu'elle contient.

5. Causer l'appauvrissement d'un État, la dépopulation d'un pays, la ruine d'une armée. Les guerres de Louis XIV avaient épuisé la France.

La victoire l'épuise en le favorisant (SAURIN Spartac. I, 1)

Et Charles cependant, rassemblant des soldats, D'airain, d'or et de sang épuisait ses États (MASS. Helv. v.)

Épuiser quelqu'un, le ruiner.

6. Consommer, absorber complétement. La citadelle a épuisé toutes ses munitions. Nous avons épuisé nos dernières ressources.

De Claude en même temps épuisant les richesses (RAC. Brit. IV, 2)

Fig.

Cette suite continuelle de méchantes affaires qui nous réduisent à toute heure à lasser les bontés du souverain, et qui ont épuisé auprès de lui le mérite de mes services et le crédit de mes amis (MOL. le Fest. IV, 6)

Bientôt il eut épuisé tout le savoir de son maître, et il fallut qu'il allât herboriser lui-même aux environs du Mans et y chercher des plantes nouvelles (FONTEN. Morin.)

Épuiser la patience, faire qu'on ne puisse plus supporter.

Épuiser sa patience, ne pouvoir plus supporter.

Les Crétois avaient épuisé toute leur patience (FÉN. Tél. XIII)

7. Épuiser le sort, les coups, la vengeance, la colère, etc. avoir éprouvé du sort, du ciel, etc. tout ce qu'il y a de plus funeste.

Mais quand ce coup tombé vient d'épuiser le sort Jusqu'à n'en pouvoir craindre un plus barbare effort (CORN. Oedipe, v, 9)

Dureront-ils toujours ces ennuis si funestes ? N'épuiseront-ils pas les vengeances célestes ? (RAC. Théb. III, 2)

Je conjure les dieux d'épuiser tous les coups Qui pourraient menacer une si belle vie (RAC. Bérén. v, 7)

Je suis la plus coupable ; épuise tout sur moi (RAC. Baj. I, 4)

Les destins désormais Ont assouvi leur haine, ont épuisé leurs traits (VOLT. Tancr. V, 5)

Dieux cruels, épuisez sur moi votre colère (VOLT. Triumv. II, 5)

8. Mettre en usage toutes les ressources de.

Il se prépare contre le prince quelque chose de plus formidable qu'à Rocroy ; et, pour éprouver sa vertu, la guerre va épuiser toutes ses inventions et tous ses efforts (BOSSUET Louis de Bourbon.)

On épuise toutes sortes d'artifices pour le tromper (FÉN. Tél. XII)

Épuise ton esprit et ton adresse pour hâter mon bonheur (LESAGE Diable boit. 15)

Nous [prédicateurs] que l'exercice de notre ministère appelle, s'il est permis d'ainsi dire, dans un monde de morts et de mourants.... il nous semble que nous devons épuiser toute la religion pour arracher au monde ceux qui nous écoutent (SAURIN Disc. de saint Paul à Félix et à Drusille)

Le ciel, industrieux dans sa triste vengeance, Avait à le former [le Sphinx] épuisé sa puissance (VOLT. Oed. I, 1)

9. Épuiser un sujet, n'y omettre aucun détail, le traiter à fond.

Crois-tu qu'il ait épuisé dans ses comédies tout le ridicule des hommes ? (MOL. Impromptu, I, 3)

Les longs ouvrages me font peur : Loin d'épuiser une matière, On n'en doit prendre que la fleur (LA FONT. Fabl. VI, Épilogue.)

Je ne vous en parlerai pas, nous avons épuisé cette matière (SÉV. 592)

La curiosité fait toujours agir jusqu'à ce qu'elle ait épuisé l'objet de ses recherches, et aucune question ne peut être épuisée que par le vrai (TURGOT Ébauche du 2e disc. Progrès de l'esprit humain, p. 263)

Les premiers maîtres du théâtre avaient épuisé les combinaisons des caractères, des intérêts et des passions (MARMONTEL Élém. littér. Oeuvres, t. VII, p. 432, dans POUGENS.)

On lui reprochait d'épuiser ses sujets et de ne rien laisser à penser au lecteur (MARMONTEL Mém. XI)

Un homme qu'on ne saurait épuiser, homme d'un grand savoir et qui parle bien et facilement sur toute sorte de sujets.

10. Épuiser une idée, mettre en dehors tout ce qu'elle renferme.

Ceux qui ont compris que le terme d'infini est tellement absolu qu'il épuise ou plutôt qu'il renferme la totalité de l'être sans exception, ont voulu éviter cet écueil en employant une distinction scolastique (BOULLAINVILLIERS Réfut. de Spinosa, p. 64)

11. Traiter comme par la méthode de l'épuisement (terme de mathématique).

À force de tâtonner, de multiplier les systèmes, d'épuiser pour ainsi dire les erreurs, on arrive enfin à la connaissance d'un grand nombre de vérités (TURGOT 2e disc. en Sorbonne.)

12. S'épuiser, v. réfl. Se tarir. Cette source s'épuisera bientôt. Les vivres s'épuisent.

L'or et l'argent s'épuisent ; mais la vertu, la constance, la force et la pauvreté ne s'épuisent jamais (MONTESQ. Rom. ch. 4)

Sur son lit une lampe fatale Versait en s'épuisant sa lumière inégale (DUCIS Othello, v, 2)

Dieu veuille que ce charme ne s'épuise pas ! (STAËL Corinne, XV, 9)

Se vendre jusqu'au dernier exemplaire. Une édition qui s'épuise rapidement.

13. Employer tout ce qu'on a de force ou d'habileté.

L'architecte ne s'est pas épuisé en la structure de ce palais royal (CORN. Androm. Décor. du 5e acte.)

Il se hâte et s'épuise en efforts superflus (CORN. Hor. IV, 2)

Il ne faut pas vous épuiser en lectures (SÉV. 408)

Après s'être épuisé en regrets inutiles (HAMILT. Gramm. 3)

S'épuiser en conjectures, faire une multitude de conjectures coup sur coup.

Employer tout ce qu'on a.

Ceux qui s'épuisent en folles dépenses (FLÉCH. Aig.)

Ce peuple s'épuisait en fêtes et en réjouissances pour son retour [la restauration de Charles II] (HAMILT. Gramm. 6)

Son État s'épuise d'argent et d'hommes (FÉN. Tél. XII)

L'imagination des hommes s'épuise en fictions romanesques (VOLT. Moeurs, 59)

Il dépensa beaucoup, pendant que ses parents s'épuisaient encore davantage à vivre en grands seigneurs (VOLT. Jeannot et Colin.)

Il s'épuise à payer leurs plaisirs onéreux (C. DELAV. Vêpres sicil. II, 6)

HISTORIQUE

XIIe s.Vus espucerez ewes en joie des fontaines del salvedur (Liber psalm. p. 232)Le calice en la main del Seignur.... la lie de lui nen est expuisede (ib. p. 101)

XIIIe s.Richart, ne que espuchier Puet on la mer d'un tamis [pas plus qu'on ne peut épuiser la mer avec un tamis], Ne vous vauroit [vaudrait] mais castis [correction], Qu'on [car on] ne puet musart castoier (MÄTZNER P. 77)Elle est riche et très eüreuse, Elle est en tous biens plantureuse, Si qu'on ne la puet espuisier, Tant y puist on prendre et puisier (J. DE MEUNG Tr. 630)

XIVe s.La cité espuisée par mortailles [mortalités] continues (BERCHEURE f° 61, recto.)

XVIe s.....qu'il s'en faisoit fort d'en vuider l'eau.... et estant le tout espuisé.... (CARLOIX IX, 27)Comme nous voyons la mere nourrice, après la naissance de l'enfant, luy presenter son mammelon pour en espuiser du laict pour sa nourriture (PARÉ II, 25)

ÉTYMOLOGIE

É- pour es- préfixe, et puiser ; picard, épucher.