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Le Littré (1880)

ESCAFIGNON (s. m.)[è-ska-fi-gnon]

Terme vieilli. Sorte de chaussure légère. Sentir l'escafignon, sentir mauvais des pieds.

Gousset, escafignon, faguenas, cambouis, Qui formez ce présent, que mes yeux réjouis, Sous l'aveu de mon nez, lorgnent comme un fromage, à qui la puanteur doit même rendre hommage, Que vous avez d'appas, que votre odeur me plaît ! (ST-AMAND le Cantal.)

HISTORIQUE

XVe s.De bons harnois, de bons chauçons velus, D'escafilons, de sollers d'abbaye (EUST. DESCH. Poésies mss. dans LACURNE)

ÉTYMOLOGIE

Scheler le tire de escafer, échauffer, à cause du sens de puanteur ; mais ce sens est dérivé. La forme ancienne est escafilon, et se rapporte à escafilotte.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ESCAFIGNON. - ÉTYM. Ajoutez : Escafillon a eu le sens d'écale, de brou de noix : XIVe s.La nois que nature desnue De s'escorche, tant qu'elle est nue, Et l'eschafillons nès [net] et nus, Nous est examples contenus, Puis c'on est d'enfance mués, C'on doit nès estre et desnués De vilanie et d'autre vice (Dits de Watriquet de Couvin, p. 58) Le brou de noix se dit à Valenciennes écafion, à Mons scafion. D'autre part, Du Cange, à scafones, a : XVe s. Trois paires d'escaffignons de cuir - Escafignons ou chaussons. Ces exemples montrent que escafignon est le même que escafilon, au sens de chaussure, dans Froissart cité au Dictionnaire. Mais escafillon, on vient de le voir, signifie aussi cosse, écale, brou de noix. La forme la plus simple est donnée par le parler de Valenciennes et de Mons : écafion, scafion, qui ont été développés en escafignon ou escafillon. Cette forme exclut l'étymologie que M. Scheler (Dits de Watriquet, p. 427) donne de escafillon, au sens d'écale, à savoir : le flamand schelve, cosse. Il faut trouver un radical qui puisse suffire aux diverses significations. Or on trouve : bas-lat. scafa, cuiller à pot, dans Fortunatus, Du Cange ; scaffa, gousse, mot italien suivant Du Cange ; nous avons ici en scafion, escafillon, le sens de gousse ; en escafignon, celui de chaussure. C'est le lat. scapha, barque, qui se prête le mieux, en raison de la forme de la barque, à prendre ces diverses acceptions.