rechercher :

définitions

estrade (n.f.)

1.tribune d'où parle un orateur.

2.plancher surélevé au-dessus du sol.

Le Littré (1880)

ESTRADE (s. f.)[è-stra-d']

1. Terme de guerre. Usité seulement en cette locution : Battre l'estrade, courir la campagne, aller à la découverte.

Par extension.

Les uns battaient l'estrade autour de sa maison (HAMILT. Gramm. 9)

Il fait toute la nuit sentinelle en dedans ; Et sur le point du jour il va battre l'estrade (REGNARD Folies amour. I, 1)

Sans adieu, je vais battre l'estrade dans les cafés (DANCOURT Agioteurs, I, 9)

Les batteurs d'estrade, les éclaireurs.

Israël envoya des batteurs d'estrade pour considérer le pays de Jazer (VOLT. Phil. IV, 185)

Par extension. Les batteurs d'estrade, les gens qui courent les chemins.

2. Plancher élevé dans une chambre, dans un édifice, un peu au-dessus du parquet, pour y placer un lit, un trône, pour y faire une cérémonie.

Le grand mouvement est sur une estrade qu'on nomme le théâtre (MONTESQ. Lett. pers. 28)

Fig.

De l'estrade des grands descendant au vulgaire Le mensonge sans frein, sans pudeur, sans raison, S'accroît de bouche en bouche et s'enfle de poison (VOLT. Don Pèdre, III, 2)

HISTORIQUE

XVe s.Hector bastard de Bourbon vint à tout trois cens armés hommes d'armes, sur aucunes compagnies de gens du roy qui alloient à l'estrade ; si en print et tua plusieurs (MONSTREL. f° 149, dans LACURNE)De là si fu le siege mis Devant la ville de Reolle ; Messire George Soliton Si en avoit la charg et garde, Avecque un autre Anglois gascon Et quatre cens hommes d'estrade (Vigiles de Charles VII, p. 203, dans LACURNE)Adieu, galans, qui souliez faire fringues Parmi les rues, routes et espanades [sic], Saillans en l'air, pour prendre les esplingues Au seing des dames, regardans les estrades (ib. t. II, p. 31)

XVIe s.Là sont Crotte, Estanson et Imbault, Et Fontrailles, lesquelz ont maint ribault, Tous enragiez de courir à l'estrade (J. MAROT V, 90)En telle pompe estans lors decorez, Devers le roy vindrent faire l'estrade (J. MAROT V, 173)Le duc de Guise envoya battre l'estrade vers la Fredonniere, qui estoit le premier rendez-vous à l'entreprise de Blois ; ces estradiots luy amenerent prisonniers 30 ou 40 de ceux qui commençoient à se desbander (D'AUB. Hist. I, 93)Quelques batteurs d'estrade (D'AUB. ib. I, 93)Bon pied, bon oeil, sus à coup qu'on s'esveille, Francs chastellains, soudain tost à l'estrade (ROG. DE COLLERYE p. 195, dans LACURNE)

ÉTYMOLOGIE

Provenç. espagn. et portug. estrada, voie, chemin ; ital. strada, même sens ; du latin strata, voie pavée, de stratum, supin de sternere, étendre. Estrade vient du provençal ou de l'espagnol ; avant cet emprunt l'ancien français avait estrée, qui est le correspondant de estrada et strada, et signifiait route. Battre l'estrade, c'est battre les routes. L'estrade, sorte de plancher, se rapporte aussi à strata, la chose étendue.