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Le Littré (1880)

ÉTÉ (s. m.)[é-té]

1. La saison qui suit le printemps et précède l'automne.

Été astronomique ; il commence au 21 juin et finit au 22 septembre. Dans notre hémisphère, l'été commence au passage apparent du soleil par le premier point du signe de l'Écrevisse et finit à son passage par l'équinoxe d'automne. L'été est plus chaud, sous la même latitude, dans l'hémisphère boréal, que dans l'hémisphère austral, parce que le soleil reste huit jours de plus dans le premier.

Été météorologique, qui est le véritable été dans le sens populaire ; il commence du 10 au 15 mai, et va jusqu'au 15 ou 20 août. Salon d'été. Habit d'été.

Mais, qui l'aurait pensé ? pour comble de disgrâce, Par le chaud qu'il faisait nous n'avions point de glace ; Point de glace, bon Dieu ! dans le fort de l'été, Au mois de juin.... (BOILEAU Sat. III)

L'été même, à l'instant qu'on liait en faisceaux Les épis jaunissants qui tombent sous la faux, J'ai vu les vents grondants sur ces moissons superbes Déraciner les blés, se disputer les gerbes (DELILLE Géorg. I)

Quel siècle ! dit-on vrai ? nos hivers font éclore Des fleurs qu'en nos étés un vent glacé dévore (LEMERC. Frédég. et Brun. II, 5)

J'offrais ma tête nue à l'ardeur des étés (C. DELAV. Paria, III, 4)

Familièrement, se mettre en été, quitter les habillements d'hiver et se vêtir légèrement.

2. Le semestre d'été, semestre comprenant les mois d'avril à septembre.

3. L'été de la Saint-Martin, de la Saint-Denis, l'époque de ces fêtes, ainsi nommé, parce que, à ce moment de l'automne, il y a souvent des jours beaux et chauds.

Fig. Été de la Saint-Martin, les retours de jeunesse qui prennent quelquefois aux vieillards, et les derniers rayons de beauté des femmes.

4. Grand été, chaleur exceptionnelle du mois d'août due à la grandeur des arcs diurnes que parcourt alors le soleil.

Petit été, celui de la Saint-Martin (11 novembre), dû à la petitesse des rayons vecteurs, c'est-à-dire à la moindre distance où le soleil est alors de la terre.

5. Fig. et poétiquement. L'été de la vie, de l'âge, l'époque de force et de maturité qui suit la jeunesse.

J'étais encor dans mon été, Quand cette noire déité Me fit du fleuve de Léthé Passer la rive malheureuse (VOLT. Ép. XIII)

Il se dit quelquefois en poésie pour année.

6. Pas d'été, ou, simplement, l'été, figure de contredanse, la seconde des cinq figures qui composent le quadrille ordinaire. L'été exige vingt-quatre mesures, et comprend les pas suivants : un cavalier et la dame vis-à-vis font : 1° en avant deux et en arrière ; 2° à droite et à gauche ; 3° un traversé ; 4° un à droite et à gauche ; 5° ils reviennent à leurs places et balancent quatre avec leurs partenaires ; 6° ils finissent par un tour de main. Depuis plusieurs années, c'est-à-dire depuis qu'on ne danse plus dans les salons, cette figure était altérée dans sa seconde moitié, c'est-à-dire qu'après avoir fait le traversé, le cavalier et la dame refaisaient exactement pour retourner à leurs places ce qu'ils avaient fait d'abord, savoir : 7° en avant deux et en arrière ; 8° à droite et à gauche ; 9° un traversé qui les ramenait à leurs places. Enfin aujourd'hui l'été est encore plus altéré : on fait deux fois en avant quatre et en arrière, puis les deux couples traversent ; après quoi ils font encore deux fois en avant quatre et en arrière, et reviennent à leurs places par un second traversé.

HISTORIQUE

XIe s.Ce est en mai au premier jour d'ested (Ch. de Rol. CLXXXV)

XIIe s.Quand li estés et la douce saisons Font feuille et flor et les prés raverdir (Couci, XIII)Mais cil faus amoureus d'esté N'aiment fors quant talent lor prent (ib. p. 121)

XIVe s.Bien sembloient qu'il avoient esté En grant peine yver et aisté (Liv. du bon Jehan, v. 2816)

XVIe s.Quand en esté le haut coq boit, la pluye soudain vient et paroist (LEROUX DE LINCY Prov. t. I, p. 98)Printemps humide avec esté chasse des biens bonté, planté [abondance] (LEROUX DE LINCY ib.)Si l'hiver est surchargé d'eau, l'esté n'en sera que plus beau (LEROUX DE LINCY ib.)

ÉTYMOLOGIE

Wallon, osté ; Berry, sté, asté, sécheresse ; bourguign. étai ; provenç. estat, s. f. ; ital. state, estate ; du latin aestatem, du radical aest qui est dans aestus, chaleur, et dans le grec, brûler, identique avec le sanscrit idh, allumer.

ÉTÉ (part. passé du verbe être (voy)[é-té]

ce mot).

proposition : lemmes