définitions
fausset (n.m.)
1.personne qui parle, chante avec une voix aiguë.
2.voix aiguë (d'un homme).
3.(technique)petite cheville de bois servant à boucher le trou fait dans dans un tonneau pour en tirer du vin afin de le goûter.
Le Littré (1880)
FAUSSET (s. m.)[fô-sè ; le t ne se lie pas dans le parler ordinaire]
1. Terme de musique. Voix de tête, c'est-à-dire voix que prend un homme imitant les notes aiguës de la voix de femme ou d'enfant, ou, plus exactement, voix qui se produit quand on fait vibrer les cordes supérieures du larynx, ce qui donne le registre de tête ou fausset, tandis que la vibration des cordes inférieures donne le registre de poitrine.
• La reine se mit en colère, proférant de son ton de fausset aigre et élevé ces propres mots.... (RETZ II, 122)
• Chacun voulant parler le premier, et les femmes plus que les hommes avec leur voix de fausset (SCARRON Rom. com. II, 7)
• Au temps qu'on était réduit aux pièces de Hardy, il jouait en fausset et sous les masques les rôles de nourrice (SCARRON ib. I, 5)
• Ou sa façon de rire et son ton de fausset Ont-ils de vous toucher su trouver le secret ? (MOL. Mis. II, 1)
• La comtesse s'égosille, le comte prend son fausset (SÉV. 134)
• L'un traîne en longs fredons une voix glapissante ; Et l'autre, l'appuyant de son aigre fausset, Semble un violon faux qui jure sous l'archet (BOILEAU Sat. III)
• Je n'ai jamais pu m'accoutumer à voir les rôles de César et d'Alexandre fredonnés en fausset par un chapon (VOLT. Lett. Prince de Prusse, 51, 24 févr. 1764)
Familièrement. Avoir une voix de fausset, parler d'un ton de fausset, se dit d'un homme fait dont la voix est grêle.
2. Celui qui a une voix de fausset.
• Et Gorillon la basse et Grandin le fausset (BOILEAU Lutrin, v.)
Fig.
• Loin de ces faussets du Parnasse, Qui, pour avoir glapi parfois Quelque épithalame à la glace Dans un petit monde bourgeois, Ne causent plus qu'en folles rimes, Ne vous parlent que d'Apollon.... (GRESSET la Chartreuse.)
HISTORIQUE
XIIIe s.— Et dant Renart chante en fausset (Ren. 13305)— N'aurai voisin en sus de moi Qui bien n'entende mon fauset (ib. 1583)
XVe s.— Il commença sifler en fausset (FROISS. II, III, 99)
ÉTYMOLOGIE
Ital. falsetto. J. J. Rousseau croit, sans l'affirmer, que ce mot vient du latin faux, faucis, la gorge, et il propose, en conséquence, de l'écrire faucet. Mais l'italien falsetto prouve qu'il vient du latin falsus, cette voix étant sans doute ainsi dite parce qu'elle est moins pleine que la voix de poitrine.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
1. FAUSSET. - ÉTYM. Ajoutez : Il y a eu, en effet, dans l'ancien français, un fausset dérivant de l'adj. faux, fausse : XIVe s.
• Ha, dist le renart, il n'est rien que on ne face par comperes et par commeres ; nous sommes tous de la frarie saint Faulsset [nous sommes tous des trompeurs] (Modus, ms. f° 96, dans LACURNE, au mot frarie)
FAUSSET (s. m.)[fô-sè ; le t ne se prononce pas ; au pluriel, l's se lie : des fô-sè-z enfoncés dans la pièce]
1. Petite broche de bois servant à boucher le trou fait avec un foret à un tonneau.
2. Terme de calligraphie. Bec d'une plume qui se termine en pointe très effilée.
HISTORIQUE
XVIe s.— Il ne se print garde qu'en tirant le vin le fausset lui echappa dedans le pot (DESPER. Contes, XLVII)— Comment mettre au tonneau l'espine ou guille, en France appellée focet (O. DE SERRES 832)— Assure-toy que tu n'auras argent desormais que par le petit fausset (NOEL DU FAIL Contes d'Eutrap. ch. 26, f° 141, dans POUGENS)— À six et à sept, tout passe par un fosset [c'est-à-dire le tavernier n'a qu'une sorte de vin et le fait payer diversement] (OUDIN Curios. fr.)
ÉTYMOLOGIE
Origine inconnue. On le trouve écrit fosset, focet ; mais cela n'éclaircit rien.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
2. FAUSSET. - HIST. Ajoutez : XIVe s.
• Thiebaut le boutier, faussés et broches (1322) (VARIN Archives admin. de la ville de Reims, t. II, 1re partie, p. 301)