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définitions

manœuvre (n.)

1.ouvrier exécutant des travaux non spécialisés.

2.coordination des moyens disponibles afin d'atteindre un objectif.

manœuvre (n.f.)

1.mouvement délibéré et coordonné nécessitant de la dextérité et de l'habileté
"il a bien réussi sa manœuvre"

2.exercice d'entraînement militaire pratiqué en temps de paix.

3.(militaire)exercice d'entraînement militaire

4.(armée)mouvement effectué pour obtenir un avantage tactique

Le Littré (1880)

MANOEUVRE (s. f.)[ma-neu-vr']

1. Opération de la main.

Terme de construction. Mouvement des ouvriers et des machines. Il faut laisser de la place pour la manoeuvre.

2. Terme de chirurgie et d'obstétrique. Action composée, ensemble des mouvements pour faire quelque opération. La manoeuvre du forceps.

3. Il se dit des mouvements concertés des animaux. La manoeuvre du chat pour prendre une souris.

Un insecte inutile dont nos observateurs admirent les manoeuvres, une herbe sans vertu dont nos botanistes observent les étamines, n'étaient pour eux [les anciens] qu'un insecte ou une herbe (BUFF. Hist. nat. 1er disc. t. I, p. 71)

4. Terme de peinture. Manière dont les couleurs d'un tableau sont fondues et agencées. La manoeuvre de ce tableau est bonne.

5. Terme de marine. Mouvement, opération qui nécessite un changement d'allure ou de direction dans le cap ; tels sont l'action de gouverner, les virements de bord, l'appareillage et le mouillage.

Vous voyez assez, monseigneur, par le compte que je vous rends de la manoeuvre de chaque vaisseau, qu'ils ont fait tous parfaitement leur devoir (Rapport de Jean Bart, 1694, dans JAL)

Personne ne conservait assez de présence d'esprit, ni pour ordonner les manoeuvres, ni pour les faire (FÉN. Tél. IV)

L'art de la navigation consiste en deux parties : le pilotage qui regarde principalement l'usage de la boussole, et la manoeuvre qui regarde la disposition des voiles, du gouvernail et du vaisseau par rapport à la route qu'on veut faire et aux avantages qu'on peut tirer du vent (FONTEN. Renau.)

La manoeuvre est principalement fondée sur les lois de la résistance des fluides, et ces lois n'étaient encore que peu connues (D'ALEMB. Éloges, Bernoulli.)

Faire une fausse manoeuvre, faire une manoeuvre à contre-temps et mal à propos.

Service des matelots et usage que l'on fait de tous les cordages.

Il s'agit de payer mon passage : vous y aviez pourvu en me faisant apprendre la manoeuvre (J. J. ROUSS. Ém. V)

Manoeuvre basse, celle que l'on peut faire de dessus le pont. Manoeuvre haute, celle qui se fait de dessus les hunes, les vergues et les cordages.

Grosse manoeuvre, travail qu'on fait pour embarquer les câbles et les canons, et pour mettre les ancres à leur place.

6. Nom général signifiant les cordages qui servent à manoeuvrer un navire, excepté les câbles. Amarrer une manoeuvre.

Manoeuvre haute, toute manoeuvre appliquée aux parties supérieures de la mâture, par opposition aux autres qu'on nomme manoeuvres basses. Lors du départ, il [le contre-maître] verra lever l'ancre ; et, pendant le voyage, il visitera chaque jour toutes les manoeuvres hautes et basses, Ord. août 1681.

Manoeuvre courante, toute manoeuvre libre, courant dans une poulie, et servant à plier, déplier, étendre et diriger les voiles.

Manoeuvre dormante, toute manoeuvre qui sert à l'établissement d'un mât et reste fixe à la place où on l'attache.

Manoeuvre de hune, cordage amarré au grand mât de hune.

Manoeuvres à queue de rat, celles qui vont en diminuant, et qui par conséquent sont moins garnies de cordons vers le bout que dans toute leur longueur.

Manoeuvres en bandes, celles qui, n'étant ni tenues ni amarrées, ne travaillent point.

Manoeuvres passées à contre, celles qui sont passées de l'arrière du vaisseau à l'avant, comme celles du mât d'artimon.

Manoeuvres passées à tours, celles qui sont passées de l'avant du vaisseau à l'arrière, comme les cordages du grand mât et ceux des mâts de beaupré et de misaine.

7. Mouvements qu'on fait faire à des troupes, soit sur le champ de revue, soit en campagne.

L'exercice prussien s'était perfectionné pendant cinquante ans ; on avait voulu l'imiter en France.... on avait même changé les manoeuvres presque à chaque revue, de sorte que les officiers et les soldats, ayant mal appris des exercices nouveaux.... n'avaient rien appris du tout (VOLT. Comm. Oeuvr. aut. Henr.)

Les manoeuvres de guerre firent évanouir le fruit des manoeuvres de politique (VOLT. Louis XIV, 21)

Il a voulu dire seulement que les Prussiens n'auraient pas eu tant de succès s'ils n'eussent été que braves, et s'ils n'eussent eu à leur tête un général aussi consommé dans les manoeuvres militaires, devenues aujourd'hui plus nécessaires que jamais (D'ALEMB. Lett. au roi de Prusse, 14 août 1772)

Par le succès de cette première manoeuvre, les deux corps français et italien n'avaient pas encore conquis le droit de continuer leur retraite, mais seulement la possibilité de la défendre (SÉGUR Hist. de Nap. IX, 10)

8. Manière de conduire une assemblée délibérante.

Ils ne connaissent point, tous tant qu'ils sont, la manoeuvre des états [de la Bretagne] (SÉV. 21 août 1689)

9. Fig. Moyens que l'on emploie pour gouverner certaines affaires.

Ce n'est pas tout de briller par vos oeuvres : Il faut encor des ressorts, des manoeuvres (J. B. ROUSS. Épît. I, 5)

S'il a fait quelque mauvaise manoeuvre, vous avez la voie de la justice (LE SAGE Turcaret, III, 5)

Tant de précipitation nous nuirait peut-être et sentirait la manoeuvre (MARIV. Marianne, 10e part.)

Encore une fois, le soin que je prends de rendre Sémiramis moins indigne du public éclairé est ma meilleure réponse, est ma meilleure manoeuvre (VOLT. Lett. d'Argental, 11 oct. 1748)

Seriez-vous mal reçu, monseigneur, à dire au roi qu'en dix jours de temps il y a eu cinq éditions de sa gloire [le poëme de Fontenoy] ? n'oubliez pas, je vous en prie, cette petite manoeuvre de cour (VOLT. Lett. d'Argenson, 29 mai 1745)

Il fut témoin des manoeuvres des principaux satrapes qui firent ce qu'ils purent pour faire battre leur chef (VOLT. Babouc.)

Louis ignorait que le plus fort obstacle à ses desseins était la perfidie du cardinal Balue, qui trahissait sa confiance, et dont le hasard découvrit les manoeuvres (DUCLOS Louis XI, Oeuvr. t. II, p. 369, dans POUGENS)

Le célèbre Prior avait, par les plus sages moyens, préparé cette paix d'Utrecht, si désirée des peuples et si retardée par les manoeuvres ou l'ineptie des politiques (D'ALEMB. Éloges, Destouches.)

Je lui parlai des indignes manoeuvres de Mme d'Épinay pour surprendre les lettres très innocentes que sa belle-soeur m'écrivait (J. J. ROUSS. Conf. IX.)

Faire une fausse, une mauvaise, une méchante manoeuvre, se comporter d'une manière malhabile, faire une démarche qui gâte les affaires.

M. de Saint-Malo est revenu ; il a été mal reçu aux états [de Bretagne] ; on l'accuse fort d'avoir fait une méchante manoeuvre à Saint-Germain [où était la cour], et qu'il devait au moins demeurer, après avoir mandé ce malheur en Bretagne, pour tâcher de ménager quelque accommodement (SÉV. 235)

HISTORIQUE

XIIIe s.Et toutes les manoeuvres [service de bras] que Robers d'Amiens y avoit chacun an (DU CANGE manopera.)

XIVe s.Le dit bois coustivé [cultivé] par maneuvre d'homme (DU CANGE manopera.)

XVIe s.Le principal pilotte du marquis connutau maneuvre des deux navires qui estoient avec Sainte-Souline, qu'ils ne vouloient point estre de la partie (D'AUB. Hist. II, 467)Les chevaux ne pouvant prendre pied, il fallut faire cette maneuvre avec les bras des hommes (D'AUB. ib. III, 404)Qu'ainsi ils se mesleroient avec les vrais païsans qui alloient à la maneuvre (D'AUB. ib. III, 417)Ceux qui ont prins bois à couppe et à layer sont tenus le coupper et abattre dedans le premier jour de may et vuider la maneuvre dedans le jour de la Magdeleine prochainement luisant (Coust. génér. t. I, p. 603)Maneuvre de bras en temps d'esté six deniers, en temps d'hiver quatre deniers (ib. t. II, p. 467)

ÉTYMOLOGIE

Picard, menoeuvre ; provenç. manovra ; espagn. maniobra ; ital. manovra ; bas-lat. manuopera, de manus, main, et opera, oeuvre.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. MANOEUVRE. Ajoutez :

10. Terme de fortification. Manoeuvres d'eaux, mouvements et chasses qu'on peut produire à l'aide des eaux dans les fossés d'un ouvrage de fortification.

11. Terme d'artillerie. Manoeuvres de force, ensemble des opérations nécessaires pour le mouvement des pièces et du matériel.

MANOEUVRE (s. m.)[ma-neu-vr']

1. Celui qui travaille de ses mains.

On encourage nos manoeuvres à perdre leur raison et leur santé dans un cabaret, au lieu de mériter leur subsistance par un travail utile (VOLT. Mél. litt. à M. Dupont.)

Le manoeuvre auvergnat et limousin dévore quatre livres de pain qu'il trempe dans l'eau (VOLT. Dict. phil. Blé.)

2. Ouvrier subalterne servant ceux qui font l'ouvrage, et, particulièrement, celui qui sert les maçons, les couvreurs.

Il [le czar Pierre] ne se plaît guère qu'à charpenter, et il passe des jours entiers à travailler, comme un ouvrier, à la construction des vaisseaux ; on le voit aux ateliers, tout comme le plus vil manoeuvre (BAYLE Lett. à M***, 28 nov. 1697)

Aussitôt les manufactures, les ateliers, les places publiques se remplirent d'une infinité d'ouvriers et de manoeuvres, dont les travaux étaient dirigés par des artistes intelligents, d'après les dessins de Phidias (BARTHÉL. Anach. Introd. part. 2, sect. 3)

On dit aussi en ce sens aide-manoeuvre.

Un athée est dans la nature comme un aide-manoeuvre dans un superbe palais (BERN. DE ST-P. Mort de Socrate.)

3. Fig. et par mépris. Un homme qui opère grossièrement et par routine un ouvrage d'art. Ce n'est qu'un manoeuvre.

Adjectivement.

Les géomètres manoeuvres ont un mépris ridicule pour les arts d'imagination (CHATEAUB. Génie, III, II, 1)

4. En mauvaise part, un homme subtil, rusé, disposé à tromper.

Défiez-vous de lui, c'est un fin manoeuvre (Dict. de l'Académie)

5. Fig. Manoeuvre littéraire, celui qui dans un travail fait les recherches, les extraits, etc.

Pascal n'avait lu aucun des livres des jésuites dont il se moque dans ses lettres, c'étaient des manoeuvres littéraires de Port-Royal qui lui fournissaient les passages qu'il tournait si bien en ridicule (VOLT. Philos. Trad. d'une lettre de mil. Bolingbroke.)

Travail, ouvrage de manoeuvre, se dit des ouvrages d'art ou de littérature qui n'exigent que du temps et de la patience. Compiler est un ouvrage de manoeuvre.

Il restait seulement quelques accompagnements et remplissages à faire ; ce travail de manoeuvre m'ennuyait fort (J. J. ROUSS. Conf. VII)

SYNONYME

MANOEUVRE, MANOUVRIER. Ces deux mots sont synonymes, excepté en ceci que manoeuvre se prend, en un sens particulier ou figuré, pour ouvrier subalterne, et que manouvrier ne s'y prend pas.

HISTORIQUE

XVIe s.Il avoit tousjours beu du mesme vin que beuvoient les manoeuvres de sa maison (AMYOT Caton, 10)

ÉTYMOLOGIE

Manoeuvre 1.

MANOEUVRÉ, ÉE (part. passé de manoeuvrer)[ma-neu-vré, vrée]

Des galères manoeuvrées par des forçats.

proposition : lemmes