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définitions

marier (v. trans.)

1.unir deux personnes par les liens du mariage.

2.mélanger ensemble différents éléments " Les couleurs se marient bien "

3.donner en mariage.

marier (v. pron.)

1.prendre en mariage.

Le Littré (1880)

MARIER [ma-ri-é]

1. Unir un homme et une femme par le mariage. Le maire, le curé les a mariés.

Il dit, faisons le contrat ; on y consentit, et puis il dit : mais qui nous empêche de les marier demain ? (SÉV. 557)

Le duc son père avait fondé dans ses terres de quoi marier tous les ans soixante filles (BOSSUET Anne de Gonz.)

Sous prétexte de conduire en Hollande la princesse royale, sa fille aînée, qui avait été mariée à Guillaume, prince d'Orange (BOSSUET Reine d'Anglet.)

Il sera marié cette année, se dit, en plaisantant, d'une personne qui jette au plafond des choses qui s'y attachent. Se dit aussi d'une personne qui a le fond de la bouteille lorsqu'on lui verse à boire.

2. Il se dit de ceux qui font ou qui procurent mariage, soit par autorité paternelle, soit par office d'amitié. Son père l'a marié avantageusement. On cherche à marier ce jeune homme.

Agnès : ....Mariez-moi donc promptement, je vous prie. - Arnolphe : Si vous le souhaitez, je le souhaite aussi, Et pour vous marier on me revoit ici (MOL. Éc. des f. II, 6)

Je crois, si je me l'étais mis en tête, que je marierais le Grand Turc avec la république de Venise (MOL. l'Avare, II, 6)

Le roi se réjouit de tout cela et marie sa fille, en faisant des compliments comme un autre (SÉV. 394)

Si vous saviez, mon pauvre cousin, ce que c'est que de marier son fils, vous m'excuseriez d'avoir été si longtemps sans vous écrire (SÉV. 4 déc. 1683)

Cette fille est bonne à marier, elle est en âge de prendre mari.

3. Fig. Allier deux choses ensemble, les joindre l'une avec l'autre.

Les sens n'ont point de part à toutes mes ardeurs, Et ce beau feu ne veut marier que les coeurs (MOL. F. sav. IV, 2)

Vous avez passé ce diantre de Rhône, si fier, si orgueilleux, si turbulent ; il faut le marier à la Durance ; ha, le bon ménage ! (SÉV. 470)

Elle mariait le luth avec la voix et le spirituel avec la grossièreté (SÉV. 4 mai 1672)

Au pampre tu [France] peux marier Olive, épi, rose et laurier (BÉRANG. Vendanges.)

Marier la vigne, la cultiver sur hautains. Marier la vigne à l'ormeau.

Je dirai sous quel signe Il faut ouvrir la terre et marier la vigne (DELILLE Géorg. I)

Marier des couleurs, les assortir.

Terme de marine. Marier deux cordages, deux bouts de cordages, en opérer la jonction.

Terme de chasse. Marier les pièces, c'est, en tendant les toiles ou panneaux pour prendre des animaux, joindre les pièces au moyen d'oeillets et de bâtonnets faits exprès.

Marier des ruches, faire passer les abeilles d'une ruche dans une autre.

4. V. réfl. Se marier, en parlant d'un homme, prendre une femme, en parlant d'une femme, prendre un mari.

Massinisse en un jour voit, aime et se marie (MAIRET Sophon. IV, 5)

M. de Basville se marie à Mlle de Chalucel (SÉV. 130)

Alcippe, il est donc vrai, dans peu tu te maries (BOILEAU Sat. X.)

Presque tous les hommes ont l'inclination de se marier ; il n'y a que la misère qui les en empêche (FÉN. Tél. XII)

Fig.

Mariez-vous, ma soeur, à la philosophie (MOL. F. sav. I, 1)

5. Se marier, se prendre réciproquement pour mari et femme. Ils se sont mariés l'an dernier.

Ils mangeaient, ils buvaient, ils se mariaient ; c'étaient des occupations innocentes ; que sera-ce, quand en contentant nos impudiques désirs.... (BOSSUET Mar.-Thér.)

6. Fig. Être uni, en parlant des choses. Sa voix se marie bien avec cet instrument, à cet instrument.

Elle avait l'esprit très agréable ; la gaieté, l'étourderie et la naïveté s'y mariaient heureusement (J. J. ROUSS. Conf. IX.)

REMARQUE

On a essayé d'établir une différence entre marier à et marier avec ; mais il n'y en a aucune.

HISTORIQUE

XIIe s.Droite est voirement, chier frere, nostre sente, et plus seure de [que] la voie des mariez (ST BERNARD p. 567)

XIIIe s.Et eschei li roausmes à une siene sereur qui estoit en la tiere de Surie et estoit mariée à monsign. Guion de Lusinan (Chr. de Rains, 18)Après [ils] le marierent pour son cors honorer (Berte, III)Vous m'aviez mariée à un riche mari, Mais je sui mariée à Dieu qui n'a menti (ib. LIX)

XVe s.Et fit le roi de France seoir à table les deux mariés et les deux mariées (FROISS. II, II, 223)Combien que feu Simon Bradieu fu marié en femme dont il devoit estre content (DU CANGE maritare.)

XVIe s.Ce grand Monmorency, le Nestor de la France, Qui sçait au bon conseil marier la vaillance (DU BELLAY III, 63, verso.)Vous verrez aucune fois des hommes rebours de nature, qui rejettent au loing ceulx qui leur parlent de marier et engendrer enfans legitimes (AMYOT Solon, 10)La nouvelle mariée (AMYOT ib. 37)Souvent par gens mariez prestres et gens d'armes ne sont aymez (GÉNIN Récréat. t. II, p. 249)Incontinent qu'ils sont mariez, les oreilles leur pendent d'un pied (LEROUX DE LINCY Prov. t. II, p. 320)Dites toujours nenni, vous ne serez jamais marié (LEROUX DE LINCY ib. p. 89)Qui loing se va marier sera trompé ou veut tromper (LEROUX DE LINCY ib.)Qui en haste se marie à loisir se repent (LEROUX DE LINCY ib. p. 390)Qui mal se marie tost se marie (LEROUX DE LINCY ib. p. 395)Qui tard se marie mal se marie (LEROUX DE LINCY ib. 407)

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et esp. maridar ; ital. maritare ; du lat. maritare, de maritus, mari.