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définitions

marque (n.f.)

1.nombre qui exprime l'accomplissement d'une équipe ou d'un individu dans un jeu ou un concours " le score était de 7 à 0 "

2.marque distinctive, emblème.

3.genre reconnaissable " il y a maintenant une nouvelle marque de héros dans les films " " de quelle marque de voiture s'agit-il? "

4.reste, trace de ce qui a disparu.

5.ce que l'on perçoit et qui indique l'existence d'une chose; marque, indice, manifestation.

6.indication visible réalisée sur une surface
"un lecteur précédent avait couvert les pages avec des dizaines de marques" "le sol était partout couvert de marques de pattes "

7.signe ou empreinte servant à distinguer, à reconnaître quelque chose. Repère. Astérisque, croix, etc.

8.identification ou information associées à un objet.

9.chose servant de signe pour une autre chose ; attestation, témoignage, preuve, démonstration. Marque d'estime, etc.

10.nom donné à un produit ou à un service.

11.marque de quelque chose de négatif ; symbole de disgrâce ou d'infamie " Et le Seigneur laissa une marque sur Caïn [Genèse] "

12.(ellipse)signe distinctif qui se rapporte aux produits fabriqués par une entreprise et protégés commercialement par elle

13.(JO)Décompte des points, buts ou autres procédés destinés à situer les concurrents les uns par rapport aux autres au cours d'une rencontre ou à la fin de celle-ci.
(date de la publication : 22/09/2000 - éd. commission de la jeunesse et des sports)

marqué (adj.)

1.qui ressort avec force, est particulièrement visible.

2.dont les contours sont fortement marqués ou accentués. Très visible, très perceptible.

3.empreint d'une marque. Qui est marqué, accentué.

marque (n.m.)

1.symbole écrit ou imprimé "une ponctuation "

marque ADBS

1.Signe ou symbole servant à distinguer les produits ou les services d'une entreprise et qui peut être déposé ou enregistré auprès de l'autorité compétente, en vue de sa protection. On parle de marque de fabrique, de services, de commerce. Sont considérés comme marques : les noms patronymiques, les pseudonymes, les noms géographiques, les dénominations arbitraires ou de fantaisie, la forme caractéristique du produit ou son conditionnement, les étiquettes, timbres, cachets, vignettes, lisières, liserés, empreintes, combinaisons ou dispositions de couleur, dessins, reliefs, lettres chiffres, devises, et en général tout signe matériel servant à distinguer les produits, objets ou services d'une entreprise quelconque.

Le Littré (1880)

MARQUE (s. f.)[mar-k' ; Chifflet, Gramm. p. 182, met en garde contre la prononciation merque, qui d'ailleurs est un archaïsme]

1. Signe servant à faire reconnaître. La marque des moutons de tel troupeau.

Faisons au galant une marque, Pour le pouvoir demain connaître mieux (LA FONT. Mul.)

Quelle Jérusalem nouvelle Sort du fond du désert brillante de clartés, Et porte sur le front une marque immortelle ? (RAC. Athalie, III, 7)

[Je veux] Vous marquer de ma marque, ainsi que votre père, Pour vous mieux distinguer [deux frères jumeaux], faisait fort prudemment (REGNARD Ménechm. III, 1)

Échalas de marque, latte de marque, tringles sur lesquelles les treillageurs tracent leurs dimensions.

Terme de vétérinaire et de police sanitaire. Signe appliqué à un animal et propre à constater son état sanitaire dans les cas d'épizootie.

2. Marque de la mer, trace qu'elle laisse sur le rivage.

Synonyme d'amers.

Se dit aussi des tonnes ou balises fixées par une ancre et flottant au-dessus de la mer pour indiquer une passe dangereuse.

Bout de fil à voile fixé sur une manoeuvre courante pour indiquer pendant la nuit que cette manoeuvre est suffisamment halée ou tendue, et afin de l'amarrer quand cette marque est rendue au point convenu.

Marque du tirant d'eau, petites lames de plomb clouées sur les côtes de l'étrave et de l'étambot.

3. Empreinte que le gouvernement met sur toutes les marchandises assujéties à quelque contribution pour faire connaître qu'elles ont acquitté le droit. La marque de la douane.

Droit de marque, droit qu'on perçoit sur ces marchandises. Droit de marque et de garantie. Le droit de marque sur les cuirs, ou, simplement, la marque des cuirs.

Terme d'ancienne législation. Marque d'or et d'argent, droit prélevé sur l'or et l'argent mis en oeuvre.

4. Chiffre, figure que les marchands et ouvriers mettent à leurs marchandises et ouvrages. La marque de la fabrique. La marque du fabricant, du marchand, de l'ouvrier.

Fig. La marque de l'ouvrier, ce qui indique de la distinction, un caractère d'excellence.

J'ai envie de vous mander que votre fille est devenue blonde : quoi qu'il en soit, il y a toujours à tous vos enfants la marque de l'ouvrier (SÉV. 20 avril 1672)

On dit de même : la marque de l'ouvrière.

Il y a dans tout ce qui vient de vous autres [Grignan] un petit brin d'impétuosité, qui est la vraie marque de l'ouvrière (SÉV. 9 mars 1672)

Farine de première marque, celle qui, ne contenant pas de son, se compose de la fleur de farine, de la farine de premier gruau blanc, et de la farine du deuxième gruau blanc. Farine des quatre marques, farine qui porte, à la halle de Paris, les marques de certains meuniers réunis.

Par extension, les marques françaises, les marchandises qui proviennent de France.

L'année 1865 a été très propice à l'industrie et au commerce de la France ; les marques françaises ont su se faire apprécier à l'étranger (Presse scientifique, fév. 1866, p. 131)

Fig. Ancienne marque, le caractère antique, la loyauté antique.

C'était un docteur de l'ancienne marque (BOSSUET Cornet.)

On dit dans le même sens : la bonne marque.

C'était [dans les premiers temps du christianisme] une espèce de désertion que d'aspirer aux honneurs du monde ; et les sages ne pensaient pas qu'un chrétien de la bonne marque pût devenir magistrat (BOSSUET Panég. St Thomas de Cant. 2)

Chiffre secret dont les marchands se servent pour indiquer sur leurs marchandises le prix qu'elles leur ont coûté. Consulter la marque avant de dire le prix de la marchandise. Il y a aussi des marques en chiffres connus.

Signe qu'un artiste imprime sur ses ouvrages pour les distinguer de ceux des autres.

Marque se dit aussi des lettres qu'un particulier met sur son linge pour le reconnaître, particulièrement quand il l'envoie au blanchissage.

5. Instrument avec lequel on fait une empreinte sur de la vaisselle, sur du drap, etc. La marque pour marquer la vaisselle.

Flétrissure imprimée avec un fer chaud, sur l'épaule d'une personne condamnée à cette peine. La peine de la marque a été abolie sous le gouvernement de Juillet.

Fig.

N'imprimez pas, seigneur, cette honteuse marque à ces rares vertus qui vous ont fait monarque (CORN. Cinna, II, 1)

6. Signe par lequel un homme qui ne sait pas écrire supplée au défaut de sa signature. Mettre sa marque au bas d'une pièce d'écriture.

7. Impression que laisse sur le corps une lésion quelconque. Il a eu la petite vérole, il lui en reste des marques. Il a été frappé au front, la marque y est encore.

Paraissez, cher enfant, digne sang de nos rois ; Connais-tu l'héritier du plus saint des monarques, Reine ? de ton poignard connais du moins ces marques (RAC. Ath. V, 5)

Venez, prince, et montrez au plus grand des monarques De vos fers glorieux les vénérables marques (VOLT. Zaïre, II, 3)

Familièrement. Faire porter ses marques à quelqu'un, lui donner quelque coup dont il reste marqué.

Fig.

La blessure guérit ; mais la marque reste, et cette marque est un sceau respecté qui préserve le coeur d'une autre atteinte (J. J. ROUSS. Hél. VI, 7)

8. Trace qu'un contact, qu'une action laisse sur un corps. Ces murs portent encore la marque du feu. La marque des roues est toute fraîche.

9. Tache, signe que l'homme, l'animal apporte en naissant. Cet enfant avait cette marque en venant au monde.

Marques de Judas, taches de rousseur, ainsi dites parce qu'on représente Judas roux.

Terme de vétérinaire. Marque, signe aux dents du cheval, indiquant son âge ; on le nomme aussi germe de fève. Marque de feu, nuance de feu, nuance d'un rouge vif sur différentes régions du corps. Marque en tête, tache de poils blancs au milieu du front.

10. Ornement distinctif, signe de quelque dignité. Les faisceaux et la hache étaient la marque des grandes magistratures romaines.

Gardez votre pouvoir, reprenez-en la marque (CORN. Poly. V, 6)

Vous auriez une paroisse de plus, dont vous seriez le seigneur supérieur avec toutes les marques (SÉV. à Guitaut, 9 fév. 1683)

On la fit abbesse [la princesse Bénédicte encore enfant], sans que dans un âge si tendre elle sût ce qu'elle faisait ; et la marque d'une si grave dignité fut comme un jouet entre ses mains (BOSSUET Anne de Gonz.)

Jésus-Christ, qui doit comme Fils de Dieu, présider à ce jugement, viendra avec toutes les marques de la puissance et de la majesté divine (BOURDAL. Jugem. dernier, l'Avent, p. 332)

D'une longue soutane il endosse la moire, Prend ses gants violets, les marques de sa gloire (BOILEAU Lutr. IV)

Marques d'honneur, certaines marques de distinction accordées par le souverain. La décoration de la Légion d'honneur, l'ordre de la Jarretière, sont des marques d'honneur.

On dit dans ce sens : porter les marques d'un ordre.

En armoiries, marques d'honneur, les pièces qu'on met hors de l'écu, comme le bâton de maréchal de France, le collier d'un ordre, etc.

Par extension.

La plupart des noms rapportés par Homère sont des marques de distinction (BARTHÉLEMY Anach. ch. 66)

Fig. Marque d'honneur, une haute fonction.

Cette marque d'honneur [gouverneur du jeune prince] qu'il [le roi] met dans ma famille, Montre à tous qu'il est juste.... (CORN. Cid, I, 6)

11. Fig. Distinction.

Toutes les autres morts n'ont mérite ni marque ; Celle-ci porte seule un éclat radieux, Qui fait revivre l'homme et le met de la barque à la table des dieux (MALH. II, 12)

Il importe aux monarques Qui veulent aux vertus rendre de dignes marques.... (CORN. D. Sanche, I, 3)

Un homme de marque, un homme qui occupe un rang éminent dans la société, en raison soit de sa famille, soit de ses fonctions.

Mais il a vu bientôt qu'il n'avait rien à craindre ; Et trop de gens de marque ont répondu de moi (TH. CORN. Galant doublé, V, 2)

On peut à peine compter deux ou trois hommes de marque qui aient persévéré dans l'obéissance (BOSSUET Var. 10)

Il périt beaucoup de monde de part et d'autre à ce siége, mais personne de marque (SAINT-SIMON 47, 45)

Il y périt une quantité d'officiers de marque (DUCLOS Hist. Louis XI, Oeuvres, t. III, p. 108)

12. Ce qu'on emploie pour se souvenir de quelque chose. Faire un noeud à son mouchoir pour servir de marque. Mettre une marque dans un livre.

Et notre âge est ingrat qui voit tant de trésors, S'il n'élève à sa gloire une marque éternelle (MALH. V, 12)

Chez les boulangers, la marque, petit morceau de bois sur lequel on fait une coche pour chaque pain fourni ; on règle le compte à l'aide de ces coches.

13. Au jeu, jetons qui servent à marquer les points ou les parties qu'on gagne.

Ironiquement. Il est heureux à la marque, se dit d'un joueur que l'on soupçonne de marquer plus qu'il ne faut.

Petit ustensile en carton, ou en bois, ou en os, ou en ivoire, qui porte d'un côté une languette valant cinq, et quatre languettes valant chacune un, et de l'autre côté une languette valant cinquante, et quatre languettes valant dix chacune ; le total est 99, de sorte que, quand on joue en 100, un point de plus que 99 montre qu'on a gagné. On taille aussi des marques semblables avec une carte.

14. Jetons, fiches ou autres signes que l'on met au jeu, au lieu d'argent.

On quitte le jeu à l'heure que je vous ai dit ; on n'a point du tout de peine à faire les comptes ; il n'y a point de jetons ni de marques (SÉV. 299)

15. Ancien nom du premier billet d'entrée donné au bureau des théâtres, par opposition à contre-marque qui est le second billet.

Tous les gagistes, receveurs de marques et de contre-marques que je rencontrai sur mon chemin, me firent de profondes révérences (LE SAGE Gil Blas, VII, 8)

16. Fig. Indice, présage, trace, impression, témoignage, preuve. C'est une marque de bonheur, de malheur. Le ciel rouge le soir au couchant est, au dire des paysans, une marque de vent pour le lendemain.

J'ai toujours vu ma dame avoir toutes les marques De n'être point soumise à l'outrage des Parques (MALH. V, 24)

Je découvrais en vous assez d'illustres marques, Pour vous préférer même aux plus heureux monarques (CORN. Poly. II, 2)

Je suis devenu théologien, vous en allez voir les marques (PASC. Prov. I)

Quelle plus haute marque peut-on produire de la foi de cet accusé ? (PASC. ib. III)

Cela doit consoler ceux qui en sortent [des troubles], puisque, étant avertis que le chemin du ciel qu'ils cherchent en est rempli, ils doivent se réjouir de rencontrer des marques qu'ils sont dans le véritable chemin (PASC. Lett. à Mlle de Roannez, 6)

La vraie religion doit avoir pour marque d'obliger à aimer son Dieu (PASC. Pens. XI, 1, édit. HAVET.)

Les trois marques de la religion : la perpétuité, la bonne vie, les miracles (PASC. ib. XXIII, 28)

Si je voyais partout les marques d'un créateur, je reposerais dans la foi (PASC. ib. XIV, 2)

La création et le déluge étant passés, et Dieu ne devant plus détruire le monde, non plus que le recréer, ni donner de ces grandes marques de lui (PASC. ib. XV, 1)

Considérant combien il y a plus d'apparence qu'il y a autre chose que ce que je vois, j'ai recherché si ce Dieu n'aurait point laissé quelques marques de soi (PASC. ib. XI, 8)

Nous avons tant de canons, tant de timbales, tant de drapeaux, tant d'étendards, tant de prisonniers [à Nerwinde], que jamais aucune bataille rangée ni gagnée, depuis cinquante ans, n'a fait voir tant de marques de victoire (SÉV. 7 août 1693)

Je comprends mieux que personne du monde les sortes d'attachements qu'on a pour des choses insensibles et par conséquent ingrates ; mes folies pour Livry en sont de belles marques (SÉV. 18 oct. 1688)

L'on dit quelquefois bien des choses qu'on ne pense pas ; et, quand on les penserait, ce ne serait point la marque de ne pas aimer (SÉV. 6 août 1680)

Elle étudiait ses défauts, elle aimait qu'on lui en fît des leçons sincères ; marque assurée d'une âme forte que ses fautes ne dominent pas (BOSSUET Duch. d'Orl.)

Et vous, prince, qui l'avez tant honorée pendant qu'elle était au monde.... et qui lui donnez les dernières marques de piété avec tant de magnificence et tant de zèle (BOSSUET Ann. de Gonz.)

Je suis très aise de recevoir des marques de votre souvenir (BOSSUET Lett. 35)

Le faux prophète [Mahomet] donna ses victoires pour toute marque de sa mission (BOSSUET Hist. I, 11)

Nous voyons des marques indubitables de leur réprobation [des Juifs] (BOSSUET ib. II, 10)

Ils périssent avec toutes les marques de la vengeance divine (BOSSUET ib. II, 7)

En vain de la faveur du plus grand des monarques Tout révère à genoux les glorieuses marques (RAC. Esth. II, 1)

Porter la marque de, avoir en soi, sur soi, l'indice de.

Nos corps dans leur formation portent la marque d'une invention, d'un dessein, d'une industrie explicable ; tout y a sa raison (BOSSUET Conn. de Dieu, IV, 2)

Donner des marques de, donner des témoignages de, des preuves de.

Vous ne me sauriez donner une marque plus agréable de votre amitié (SÉV. 1)

Si vous m'aimez, vous m'en donnerez une marque cette année (SÉV. 162)

Ils ont donné d'illustres marques de valeur (BOSSUET Hist. III, 5)

Il n'y a rien de si aimable que l'enfance des princes destinés à l'empire, lorsqu'ils donnent des marques d'un caractère heureux (FLÉCH. Mme de Mont.)

Les Crétois leur donnèrent toutes les marques d'une amitié sincère (FÉN. Tél. IX.)

Ne vous ai-je pas donné assez de marques de ma protection ? (MASS. Carême, Pécheresse.)

Familièrement. Une marque que j'ai fait cela, et, absolument, marque que j'ai fait cela, c'est-à-dire une preuve que j'ai fait cela.

On dit aussi : marque de cela, une preuve de cela.

17. Anciennement, lettre de marque, acte du gouvernement qui autorisait celui qui en était porteur à se faire justice lui-même aux dépens d'une nation ennemie ; ces lettres s'appelaient aussi lettres de représailles.

Aujourd'hui, lettre de marque, qui ne se dit plus que pour la mer, est la commission dont tout capitaine ou patron d'un navire armé en course doit être pourvu, sous peine d'être réputé pirate ou forban.

REMARQUE

Comme dans l'ancienne langue, suivant les dialectes, marque et marche se confondent et ne sont en effet qu'un seul et même mot, et comme on trouve lettres de marche (voy. l'historique), on a conclu avec beaucoup de vraisemblance que lettres de marque ou de marche étaient des lettres autorisant à passer la marche ou frontière et à faire incursion sur le territoire ennemi. Cependant, voyez à MARQUER, dans l'historique, XIVe siècle, un exemple où marquer signifie piller, rançonner. Au reste, marche, frontière, et marque, marquer, ayant même radical, il n'est pas étonnant que les significations jouent entre elles.

HISTORIQUE

XIIe s.E jo vendrai [viendrai], e treis saettes [flèches] i trarrai [j'y tirerai], si cume en deduit m'aüsasse [m'exerçasse] à traire à alcun merc (Rois, p. 79)Li clers [le prêtre] porte sun merc en sum le chief adès [toujours] (Th. le mart. 30)

XIIIe s.Se il a la marghe, donc fu il navrez (BRUN. LATINI Trésor, p. 540)

XIVe s.Quant il [l'épervier] a tous ses sept mercqs (jà soit ce que j'aye bien veu tel qui en avoit huit), il est adonc tenu pour fourmé (Ménagier, III, 2)Nous voulons et leur octroyons que, pour cause des marques [lettres de marque] à donner contre les subgets desdiz royaumes ou aucun d'yceuls, il ou aucun d'euls ne leurs biens ne puissent estre arrestez (DU CANGE marcha.)Cent esqueles d'argent merchez d'un egle, quarante uit saussers d'argent de divers merches (DE LABORDE Émaux, p. 383)Certaine marche [lettre de marque] donnée par arrest de nostre parlement contre la ville de Venise (Bibl. des chartes, 2e sér. t. III, p. 213)Elle [la loutre] ha les piedz comme une oue [oie], quar elle a pel de l'un doyt à l'autre.... et appelle l'en les marches de la loutre einsi comme on appelle le pié du cerf et ses fumées fientes ou espraintes (GAST. PHOEBUS Livre de chasse, De la loutre et de toute sa nature)

XVe s.Si estoit telle leur intention, que le dict Gabriel.... viendroit à Sennes.... et demanderoit marque sur les Florentins pour aulcun reste de deniers que encore luy debvoient (Bouciq. III, 22)Vos yeulz ont si empraint leur merche En mon cueur, que, quoy qu'il adviengne, Se j'ay l'honneur où je le cherche, Il convient que de vous me viengne (ALAIN CHARTIER la Belle dame sans merci.)Il entra en la salle une damoiselle de très grant honneur, car elle vint estoffée grandement de marques et d'habitz (Perceforest, t. VI, f° 54)Que les maistres dudit mestier [des potiers d'étain] ne vendent.... aucun ouvrage plustot qu'il soit marché [marqué] de leur marc ou poinsson (DE LABORDE Émaux, p. 383)

XVIe s.Puis prend en main la coingnée de bois, il reguarde au bout du manche : en icelluy recongnoit sa marque.... (RAB. Pant. IV, Nouv. prol.)Cela desja passe marque, qu'un seul nomme se constitue juge de tous et ne veut estre sujet à nulli (CALV. Instit. 911)Il la battit à sang et à marque (MARG. Nouv. XLVI)La quatrieme espece des fractures du crane est appellée incision ou marque. - Merque ou siege est toute incision du crane, retenant la figure du baston (PARÉ VIII, 1)Les Turcs se font de grandes escarres pour leurs dames, et, à fin que la marque y demeure... (MONT. 309)Il ne se fit rien de marque jusques à la mi-septembre, que les assiegez enfilerent les tranchées, y tuerent 200 hommes et prirent des prisonniers de marque (D'AUB. Hist. II, 209)On invente toujours quelque trait plus habile Pour effacer du front toute marque virile (D'AUB. Trag. Princes.)

ÉTYMOLOGIE

Norm. merc, borne de pierre ; provenç. marca, marqua ; espagn. et portug. marca ; de l'allem. Mark, signe, borne ; comparez aussi le kymri marc, marque ; bas-bret. marz, marque, merka, marquer. Mark répond au latin margo et a un sens analogue.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

MARQUE.

Acier à une, deux ou trois marques, voy. ACIER au Supplément.

MARQUÉ, ÉE (part. passé de marquer)[mar-ké, kée]

1. Distingué par une marque. Du linge marqué d'une L.

Papier marqué, parchemin marqué, papier, parchemin qui est marqué avec un timbre pour servir aux actes qui font foi en justice.

Autrefois on nous tuait [nous paysans] pour cinq sous parisis.... maintenant il en coûte à un maire sept sous et demi de papier marqué pour seulement mettre en prison l'homme qui travaille (P. L. COUR. Lett. 1re.)

On dit aujourd'hui de préférence, papier timbré, parchemin timbré.

Marqué au coin de, se dit de ce qui a reçu l'empreinte d'un coin.

Fig. Ouvrage marqué au bon coin, ouvrage bien fait.

Vous [mes vers] croyez à grands pas chez la postérité Courir, marqués au coin de l'immortalité (BOILEAU Ép. X.)

Terme de blason. Se dit pour indiquer la couleur des points des dés. Trois dés d'argent marqués de sable.

2. Qui a subi la peine de la marque.

Moi qui.... Et jadis en public fus marqué par derrière, Pour être trop homme de bien (MOL. Amph. I, 2)

Fouetté-marqué, condamné qui avait subi la peine du fouet et celle de la marque.

Fig.

Et renvoyer ces rois qu'on aurait pu bénir, Marqués au front d'un vers que lira l'avenir (V. HUGO Feuilles d'automne, XL.)

3. Qui a reçu une marque, une impression.

Qu'un front encor marqué des fers qu'il a portés... (CORN. Othon, IV, 1)

Être marqué de petite vérole, avoir sur le corps et, principalement, au visage, des marques de petite vérole.

La petite vérole lui vint, elle en resta extrêmement marquée (MARIVAUX Marianne, 1re partie.)

Absolument. Être marqué, même sens.

Mme de Saint-Valleri sera marquée ; j'ai si bien fait que son joli nez en sera gâté (SÉV. 7 août 1675)

4. Qui porte quelque marque, quelque signe sur quelque partie du corps. Être marqué au front, à la joue.

Être né marqué, avoir apporté en naissant quelque signe.

Son fruit en sera marqué, se dit d'une femme grosse qui désire avec ardeur quelque chose.

Appétit tel qu'Alibech avait crainte Que quelque jour son fruit n'en fût marqué (LA FONT. Diable.)

Fig. et familièrement. Il est marqué au B, se dit d'un boiteux, d'un borgne, d'un bossu. Donnez-vous de garde de ces gens qui sont marqués au B, ils sont ordinairement malins.

Il est comme les moutons du Berry, marqué sur le nez.

Cheval marqué en tête, cheval qui a l'étoile ou la pelote au front.

Faux-marqué, cheval chez lequel, par fraude, on a rétabli sur la dent, par des moyens artificiels, la cavité que l'usure naturelle a fait disparaître. On dit aussi, dans ce sens, contre-marqué.

Terme de vénerie. Faux-marqué, se dit aussi du cerf qui a plus d'andouillers d'un côté de la tête que de l'autre.

Terme d'histoire naturelle. Marqué, qui porte quelque tache.

La queue est grise et marquée d'une tache fauve dans son milieu (BUFF. Quadrup. t. VII, p. 379)

5. Au piquet et au trictrac. Être marqué, perdre un des coups partiels dont l'ensemble forme la partie ; le perdant marque sa perte au moyen d'un jeton ; c'est pourquoi il est marqué.

Substantivement. Un marqué, deux marqués, trois marqués, se dit d'un point, de deux points, de trois points perdus de cette façon. Celui qui reçoit le plus de marqués perd la partie.

6. Taille marquée, taille dessinée par quelque vêtement.

Avoir les traits marqués, avoir les traits du visage prononcés.

En termes de théâtre, rôle marqué, coquette marquée, jeune premier marqué, ceux qui ne sont plus de la première jeunesse. Elle est un peu marquée pour jouer les amoureuses.

7. Noté, inscrit. Visite marquée sur l'agenda du médecin.

La pensée d'être fâché de paraître guidon dans le livre de notre généalogie est tellement passée à mon fils.... il importera peu, dans les siècles à venir, qu'il soit marqué pour cette charge, qui a fait le commencement de sa vie, ou pour la sous-lieutenance (SÉV. 25 avr. 1687)

Cette province d'Allabad n'est pas seulement marquée dans nos cartes françaises de l'Inde ; il faut être bien établi dans un pays pour le connaître (VOLT. Pol. et lég. Fragm. hist. sur l'Inde, XXXVI.)

Fig.

Il n'y a point d'endroit [à Livry] où je ne me souvienne de ma fille, et qui ne soit marqué tendrement dans mon imagination (SÉV. 27 sept. 1679)

Fig. Être marqué sur le livre rouge, être noté pour quelque faute.

8. Décrit.

Les hommes n'ont point changé selon le coeur et selon les passions, ils sont encore tels qu'ils étaient alors, et qu'ils sont marqués dans Théophraste, vains, dissimulés, flatteurs, intéressés, effrontés, importuns, défiants, médisants, querelleurs, superstitieux (LA BRUY. Disc. sur Théophr.)

9. Mandé. Cela est marqué dans la dépêche qui vient d'arriver.

10. Qui est connu par quelque chose comparé à une marque.

Il y aura demain un an que je ne vous ai vue.... mon Dieu ! que ce jour est présent à ma mémoire ! et que je souhaite en retrouver un autre qui soit marqué par vous revoir, par vous embrasser !... (SÉV. 2 oct. 1689)

Quand je considère quatre-vingt-dix ans si soigneusement ménagés, quand je regarde des années si pleines et si bien marquées par les bonnes oeuvres (BOSSUET Yol. de Monterby.)

Songez que ce grand jour doit être un jour propice Marqué par la clémence et non par la justice (VOLT. Alzire, I, 1)

Quoi ! dans ces jours marqués par la mort d'Alexandre.... (VOLT. Olymp. II, 3)

Il regardait le Rhin, le Danube, les Alpes du Tyrol, marqués alors par d'autres noms, et tous les pays par où il devait passer avant d'arriver à la ville des sept montagnes (VOLT. Princ. de Babyl. 8)

11. Désigné, fixé d'avance, prédestiné.

Après que le temps marqué de Dieu eut été accompli, moi Nabuchodonosor j'élevai les yeux au ciel (SACI Bible, Daniel, IV, 31)

Voilà vraiment un malheur bien marqué et une destinée que rien ne pouvait empêcher (SÉV. 26 fév. 1690)

J'irai assurément ; et mon jour est si bien marqué, que ce serait signe de grand malheur si je ne partais pas (SÉV. 30 juill. 1677)

C'est là ma dévotion [être soumise à la volonté de la Providence].... et, si j'étais digne de croire que j'ai une voie toute marquée, je dirais que c'est là la mienne (SÉV. 18 mai 1680)

Ah ! ma bonne, fallait-il que ma vie fût rangée et marquée si loin de la vôtre ! (SÉV. 9 août 1671)

Cette année 89 si prédite, si marquée, si annoncée par de grands événements (SÉV. 31 déc. 1688)

Réservez-vous, dans les temps marqués par votre prédestination éternelle, de secrets retours à l'État et à la maison d'Angleterre ? (BOSSUET Duch. d'Orl.)

Voyez, chrétiens comme les temps sont marqués [dans une prophétie], comme les générations sont comptées (BOSSUET Reine d'Anglet.)

Eh ! seigneur, si votre heure est une fois marquée, Le ciel de nos raisons ne sait point s'informer (RAC. Phèdre, I, 1)

Ce temps était marqué pour les événements rapides (VOLT. Louis XIV, 9)

Voici les jours nouveaux marqués pour la victoire (VOLT. Fanat. II, 5)

Je vois que malgré nous tous nos pas sont marqués (VOLT. Sémiram. V, 4)

12. Indiqué, témoigné.

On dit le miséréré [auprès de Saint-Aubin mourant] ; ce fut une attention marquée par ses gestes et par ses yeux ; il avait répondu à l'extrême-onction (SÉV. 19 nov. 1688)

La distinction de ce choix si bien marqué par la lettre du roi [M. de Chaulnes nommé ambassadeur à Rome] (SÉV. 4 sept. 1689)

13. Fig. Apparent, visible, remarquable.

Il faut qu'il y ait eu quelque rudesse marquée à ces fêtes de Versailles (SÉV. 5 nov. 1676)

Je n'ai point été malade, je n'ai point eu d'ennui marqué, j'ai vu de belles maisons, de beaux pays (SÉV. 3 juill. 1689)

Toutes ces circonstances sont si touchantes et si marquées, qu'encore que ce ne soit point la première mort subite dont on ait entendu parler.... (SÉV. 1er janv. 1690)

Mme de la Fayette a eu trois accès marqués de fièvre quarte (SÉV. 21 oct. 1676)

Pouvait-on dépeindre l'usure sous des traits plus forts et plus marqués ? (BOURDAL. Serm. 22e dim. après la Pentec. Domin. t. IV, p. 329)

Quoique son indignation et sa jalousie fussent assez marquées (HAMILT. Gramm. 7)

Ce que vos passions avaient de plus grossier et de plus marqué (MASS. Carême, Inconstance.)

Laissons-là ces abus plus sensibles et plus marqués, et sur lesquels il est malaisé de s'abuser soi-même (MASS. Carême, Sur la comm.)

Rien n'est plus dangereux pour un homme public que des vues marquées d'ambition et de fortune (MASS. ib. Passion.)

Le roi le crut, et le crut si bien, qu'il en témoigna son mécontentement de la manière la plus marquée (D'ALEMB. Apolog. Clerm. Tonn. Oeuv. t. IX, p. 152, dans POUGENS.)

Ce n'est pas que ce prince [le régent] n'eût tiré une ligne de séparation très marquée entre ceux qui avaient part aux affaires et ses compagnons de plaisirs (DUCLOS Mém. rég. Oeuv. t. V, p. 365, dans POUGENS)

14. Qui a été remarqué, qui se distingue, en parlant des personnes.

Nous lûmes une relation en détail du siége de Maestricht, qui est en vérité une très belle chose : les frères de Rippert y sont très bien marqués (SÉV. 16 sept. 1676)

Les pères [de la maison de Sévigné] quelquefois considérables dans les guerres de Bretagne, et bien marqués dans l'histoire (SÉV. 4 déc. 1668)

Cette mère [Mme de Lavardin] dont la tête est marquée entre les bonnes (SÉV. 30 juin 1680)

15. Fig. Qui a mis sa marque, son empreinte.

Je comprends votre tristesse de la mort de ce jeune chanoine.... je vois, comme vous, la Providence marquée dans l'opiniâtreté de ne lui pas donner ce qui le pouvait guérir (SÉV. 12 oct. 1677)

Il faut.... regarder la suite [d'une imprudence] comme une volonté de Dieu toute marquée (SÉV. 1er août 1685)

16. Qui se fait remarquer, en parlant des manières à l'égard des autres.

Je ne suis point du tout mal avec M. et Mme de Pontchartrain.... je n'ai rien du tout de marqué à leur égard ; car ce n'est pas un crime d'être amie de nos gouverneurs (SÉV. 12 oct. 1689)

Il se dit en un sens analogue des personnes.

On ne me parle point sur ce sujet [la retraite du cardinal de Retz, pour la blâmer], je suis trop marquée (SÉV. 19 août 1676)

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

MARQUÉ. Ajoutez :

17. Marqué, sur qui la vieillesse a mis sa marque.

Il m'apprit qu'on avait d'abord pensé à moi pour le rôle, mais qu'on me trouve trop marqué.... trop marqué !... il y a de quoi l'être en effet avec des déceptions pareilles dans sa vie (ALPH. DAUDET Journ. offic. 10 sept. 1876, p. 5002, 3e col.)

être jeune, tout est là ; moi, je suis vieux, je suis marqué (ALPH. ib. 5003, 1re col.)

Cet emploi provient des maquignons, qui jugent de l'âge d'un cheval par les marques des dents.

proposition : lemmes