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définitions

mâtin (n.m.)

1.gros chien de garde

2.personne malicieuse, turbulente et coquine.

matin (n.m.)

1.début d'une journée, depuis le lever du soleil jusqu'à midi.

mâtin (int.)

1.expression de surprise, de scepticisme ou d'ironie etc. "elle veut épouser le majordome ? Vraiment ?"

Le Littré (1880)

MATIN (s. m.)[ma-tin]

1. Les premières heures du jour ; époque de la journée qui coïncide avec le passage apparent du soleil au côté oriental de l'horizon.

Et rose elle a vécu ce que vivent les roses, L'espace d'un matin (MALH. VI, 18)

Je m'étais levée dès le matin pour être devant le jour aux portes du Seigneur (BOSSUET Anne de Gonz.)

Le matin elle fleurissait... ; le soir nous la vîmes séchée (BOSSUET Duch. d'Orl.)

Ce matin, j'ai voulu devancer la lumière (RAC. Esth. II, 1)

Ma vie est sans couleur, et mes pâles journées M'offrent de longs ennuis l'enchaînement certain, Lugubres comme un soir qui n'eut pas de matin (M. J. CHÉN. la Promenade.)

Ce soleil du matin qui réjouit ton coeur, Comme un arbre au rocher fixé par sa racine, Te retrouve toujours sur la même colline (LAMART. Harm. II, 12)

Étoile du matin, nom qu'on donne à la planète Vénus, quand elle se lève avant le soleil.

Je m'étais endormi la nuit près de la grève ; Un vent frais m'éveilla, je sortis de mon rêve, J'ouvris les yeux, je vis l'étoile du matin (V. HUGO Stella.)

Fig.

Des nations aujourd'hui la première, France, ouvre-leur un plus large destin : Pour éveiller le monde à ta lumière, Dieu t'a dit : brille, étoile du matin ! (BÉRANG. les Quatre âges histor.)

Du matin au soir, pendant toute la journée.

....Quand du matin au soir, chez moi poussant la bêche.... (BOILEAU Ép. XI)

Fig. Du soir au matin, ou du matin au soir, très promptement.

Pendant ces derniers temps, combien en a-t-on vus Qui du soir au matin sont pauvres devenus Pour vouloir trop tôt être riches ! (LA FONT. Fabl. V, 13)

Madame cependant a passé du matin au soir, ainsi que l'herbe des champs (BOSSUET Duch. d'Orl.)

Le matin, au temps du matin.

Le matin et dans le temps que les pensées sont les plus nettes et qu'on en doit offrir à Dieu les prémices (BOSSUET Élévat. sur myst. I, 11)

La fantasque inégale, Qui, m'aimant le matin, souvent me hait le soir (BOILEAU Sat. X.)

L'horizon trompeur de cet âge Brillait, comme on voit, le matin, L'aurore dorer le nuage (LAMART. Harm. II, 5)

Du matin, de bonne heure.

Mais demain, du matin, il vous faut être habile à vider de céans jusqu'au moindre ustensile (MOL. Tart. V, 4)

Je me suis éveillée du matin, et je vous écris (SÉV. 6 août 1680)

Couchez-vous à bonne heure pour être du matin à cheval à la pointe du jour (HAMILT. Gramm. 3)

Être du matin, se lever matin, être matinal.

Au matin, dans les heures du matin.

Tel qu'au soir on voit le soleil Se jeter aux bras du sommeil, Tel au matin il sort de l'onde ; Les affaires de l'homme ont un autre destin : Après qu'il est sorti du monde, La nuit qui lui survient n'a jamais de matin (MALH. VI, 16)

Voilà l'homme en effet ; il va du blanc au noir ; Il condamne au matin ses sentiments du soir (BOILEAU Sat. VIII)

Quelque diligent que je fusse au matin, je trouvais toujours le vieux voyageur levé avant moi (CHATEAUB. Génie. IV, IV, 8)

De grand matin, de bon matin, de bonne heure.

Aujourd'hui il est trop tard ; mais demain, de grand matin, je l'enverrai quérir (MOL. Mal. imag. I, 10)

J'attends demain, de grand matin, une lettre de vous (SÉV. 216)

2. Adverbialement. Dans le temps du matin. Se lever matin, fort matin, très matin.

Mais quel soin peut du lit vous chasser si matin ? (ROTR. Vencesl. IV, 4)

Quoi ! ma bonne, vous avez pensé brûler.... eh quoi ? si le hasard n'avait fait lever M. de Grignan plus matin que le jour, voyez un peu, ma bonne, où vous en étiez (SÉV. 16 août. 1671)

Mon père, si matin qui vous fait déloger ? (RAC. Plaid. I, 4)

Monsieur Perrin Dandin, Tout franc, vous vous levez tous les jours trop matin (RAC. ib. I, 1)

Plus matin, de meilleure heure ; très matin, de très bonne heure ; le plus matin que vous pourrez, aussitôt que vous pourrez dans le matin.

Je n'entends pas que vous vous leviez plus matin que la communauté (BOSSUET Lett. Corn. 15)

Hier matin, hier dans les premières heures du jour.

Mme de Sévigné a dit dans le même sens : le matin d'hier.

Le matin d'hier on fit un service au chancelier à Sainte-Elisabeth (SÉV. 1er avr. 1672)

Demain au matin, et, plus ordinairement, demain matin, demain dans le temps du matin.

Fig. Matin se dit de ce qui est prématuré.

Vous avez fort envie d'aller à Grignan, mais il me semble qu'il est bien matin : vous trouverez encore la bise en furie (SÉV. 26 mars 1680)

À l'égard de la morale.... je ne voudrais point du tout qu'elle [Pauline] mît son petit nez ni dans Montaigne, ni dans Charron, ni dans les autres de cette sorte ; il est bien matin pour elle (SÉV. 15 janv. 1690)

Fig. Levé matin, qui fait, avant les autres, des démarches pour quelque affaire.

Et dans ce pays-là, mon neveu, sois certain, Que, fût-on éveillé longtemps avant l'aurore, En arrivant on trouve encore D'autres gens levés plus matin (IMBERT Jaloux sans amour, IV, 1)

3. Familièrement. Un matin, un de ces matins, un beau matin, se dit d'un jour, d'un temps qui n'est pas déterminé. J'irai vous voir un de ces matins. Un beau matin on vint l'arrêter.

Notre homme, un beau matin, Va chercher compagnie (LA FONT. Fabl. VIII, 10)

Le roi disait un de ces matins : En vérité, je crois que nous ne pourrons pas secourir Philisbourg ; mais enfin, je n'en serai pas moins roi de France (SÉV. 301)

Mais un démon fatal à cette ample machine Fit tomber à nos yeux le pupitre un matin (BOILEAU Lutr. I)

Oui, l'un de ces matins, je lui dirai deux mots (COLLIN D'HARLEV. M. de Crac, 7)

4. Poétiquement. Le levant, l'aurore, et, par extension, le jour.

....Jusques où le matin Met les étoiles en fuite (MALH. II, 2)

Ses lèvres, comme un bouton de rose cueilli depuis deux matins, semblaient languir et sourire (CHATEAUBR. Atala, les Funérailles.)

Les portes du matin, l'aurore ou le levant.

5. Fig. Le commencement, les premières années de la vie.

Et sans aucun midi la mort et le destin Confondent votre soir avec votre matin (MAIRET Sophon. V, 9)

Dès le matin de la vie, ou sur le déclin de l'âge (MASS. Carême, Lazare.)

Le matin de la vie appartient aux amours ; Sur le soir, de l'hymen implorons le secours (DE BIÈVRE Séducteur, I, 5)

Heureux dans mon matin, plus heureux vers le soir, De faire encor le bien qui reste en mon pouvoir (DUCIS Abufar, I, 3)

Je remonte, aux lueurs de ce flambeau divin [la foi], Du couchant de ma vie à ce riant matin (LAMART. Médit. I, 18)

Cueillons, cueillons la rose au matin de la vie (LAMART. Méd. II, 11)

Comme il était rêveur au matin de son âge ! (V. HUGO Odes, III, 6)

Il se dit de ce qui est très récent.

Nous sommes d'hier, et l'Amérique est de ce matin (VOLT. Lois de Minos, Notes.)

6. Tout le temps qui s'écoule depuis le moment où on se lève, jusqu'à l'heure du dîner, quand on dîne à midi, et même, par abus, jusqu'au dîner actuel de six heures. Il travaille tout le matin, et l'après-dînée il se repose.

7. Tout le temps qui s'écoule depuis minuit jusqu'à midi. Une heure, deux heures, onze heures du matin.

PROVERBES

On a beau se lever matin, quand on a le nom de dormir la grasse matinée, c'est-à-dire, quand on a une certaine réputation, on a beau agir contrairement à cette réputation, le public ne change pas d'idée.

Qui a bon voisin a bon matin, c'est-à-dire qu'on dort en repos quand on vit avec des gens paisibles, qui ne sont point chicaneurs.

Dans sa 4e édition, l'Académie avait ce proverbe sous cette forme-ci : Qui a bon voisin a bon mâtin [bon chien de garde] ; mais cette leçon ne paraît pas bonne.

Rouge au soir, blanc au matin, c'est la journée du pèlerin, c'est-à-dire le ciel rouge au soir et blanc au matin présage une belle journée.

Il faudrait se lever bien matin pour le surprendre, pour l'attraper, il est fin et précautionné.Pour nous tromper tous deux, il faut être bien fin. - Faunus : Et se lever matin (DANCOURT la Métempsyc. I, 10)Et, pour tout dire enfin, Qui voudra m'attraper se lèvera matin (LEGRAND Roi de Cocagne, II, 7)

En un sens contraire, il ne faut pas se lever matin, c'est-à-dire il n'y a pas besoin d'être fort diligent, fort habile....j'ai le roi des maris... Il ne faut pas se lever trop matin, Pour lui prouver que trois et deux font quatre (LA FONT. Gag.)Il ne se faut pas lever de grand matin pour faire les preuves de l'ordre du Saint-Esprit (SAINT-SIMON 121, 75)

REMARQUE

J'irai grand matin, on se lèvera bon matin ; locutions incorrectes. Dites : j'irai de grand matin, on se lèvera de bon matin.

HISTORIQUE

XIe s.Li empereres est par matin levé (Ch. de Rol. XI)Hier main sedeit l'empereres suz l'umbre (ib. XXVIII)Qui en bataille hui matin lui faillirent (ib. CLXXXIV)

XIIe s.Dès le matin jusqu'à soleil couchant (Ronc. 68)Quant li rois vit le matin ajourner (ib. 157)

XIIIe s.Au matin fu li parlemens en un vergier, droit à l'abaïe Nostre Dame de Soissons (VILLEH. XXVII)Si ne menjai-je riens, ce sachiez, dès yer main (Berte, XLIX)Mout se peinent de cuer [coeur] à soir et à matin.... (ib. LV)L'endemain li rois Flores mout trés matin monta (ib. CXXII)Tant avoit duré li hustins [la bataille], Que il estoit jà grans matins (Bl. et Jehan, 4424)Il li ont dit : sire vilain, Dame Dieu vos doint hui bon main (Ren. 7142)Et s'avoit mengié à matin Deus beles cuisses d'un poucin (ib. 10185)

XVIe s.....Qui toute preste fut des quatre heures matin (J. MAROT V, 155)Icy est l'isle farouche dont je vous parlois à ce matin (RAB. Pant. IV, 35)Vrayement, dit-il, si le veux je traiter comme les autres, et luy donner à souper un de ces matins (DES ACCORDS Contes de Gaulard, p. 13, dans LACURNE)Matin, matin, de peur des mouches (DESPER. t. I, p. 178, dans LACURNE)Au matin les monts, au so r les fonds (COTGRAVE)Il n'est lumiere que du matin (LEROUX DE LINCY Prov. t. I, p. 110)Il n'est que le matin en toutes choses (LEROUX DE LINCY ib.)Je m'esbranle difficilement, et suis tardif par tout.... c'est matin pour moy que sept heures (MONT. IV, 277)Je me suis tousjours repenty de me r'endormir le matin (MONT. ib.)Ô vrayment marastre nature, Puisqu'une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir (RONS. à Cassandre.)

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. maitin ; provenç. mati ; catal. matí ; ital. mattino ; du latin matutinum, le temps du matin, qui paraît un diminutif de matutus ; matutus est dans mater matuta. La chute de tu dans ma [tu] tin a des exemples analogues : nutrix pour nutritrix, veneficus pour venenificus, stipendium pour stipipendium. Le vieux français main vient du latin mane.

MÂTIN (s. m.)[mâ-tin]

1. Gros chien servant ordinairement à garder une cour, à suivre les chevaux, etc.

Mais il fallait livrer bataille, Et le mâtin était de taille à se défendre hardiment (LA FONT. Fabl. I, 5)

Tous les gens querelleurs jusqu'aux simples mâtins, Au dire de chacun, étaient de petits saints (LA FONT. ib. VII, 1)

Le mâtin, le lévrier, le grand danois et le chien d'Irlande ont, outre la ressemblance de la forme et du long museau, le même naturel ; ils aiment à courir, à suivre les chevaux, les équipages ; ils ont peu de nez, et chassent plutôt à vue qu'à l'odorat (BUFF. Quadrup. t. I, p. 356)

2. Terme d'injure populaire. Mâtin, mâtine, celui, celle qu'on assimile à un mâtin, à un chien.

Souffrirons-nous, braves gens que nous sommes, Qu'un pirate à nos yeux se gorge de butin, Qu'il traite comme esclave une beauté divine ? Allons tirer notre voisine D'entre les griffes du mâtin (LA FONT. Fianc.)

Ah chien ! ah double chien ! mâtine de cervelle, Ta persécution sera-t-elle éternelle ? (MOL. l'Ét. V, 1)

Ah ! mâtine, Nous vous y surprenons en faute contre nous (MOL. Sganar, 6)

Dites que le second [Ésope], bâti tout de travers, Est le plus laid mâtin qu'ait produit l'univers (BOURSAULT Fabl. d'Ésope, I, 4)

Il n'y a jamais eu de sultane si orgueilleuse que le plus vilain mâtin ne l'est de la blancheur olivâtre de son teint, lorsqu'il est dans une ville du Mexique (MONTESQ. Lett. pers. 78)

3. Mâtin se dit aussi des chiens de race hybride.

HISTORIQUE

XIIIe s.Grant route de chiens uns et autres, Mastins et gousses et grans viautres (DU CANGE mastinus.)Girons-nous donc as chans ainsi comme mastins ? (H. DE VALENC. XVIII)Costant apele son mastin, Que l'en apeloit mal voisin (Ren. 1663)Cils qui avoit le cuer orgueilleus et mastin, Jeu de dez (JUBINAL t. II, p. 230)

XIVe s.À mort me mettera li chiens mastin tirans (Guesclin. 16634)

XVe s.Estoient là destranchés nos feaulx chrestiens à tous grands gisarmes par ces mastins Sarrasins, en la presence du comte de Nevers, à ses yeux voyans (Bouciq. I, 25)

XVIe s.De me mesler avec la concubine à mon vieil pere, à fin que la mastine En eust après en haine le vieillard ; Ce que je creus, et feus lasche paillard (AMYOT Comm. lire les poëtes, 31)

ÉTYMOLOGIE

Provenç. masti, mausti ; catal. mastí ; espagn. mastin ; portug. mastim ; ital. mastino ; angl. mastiff. Il y a en italien masnada, qui signifie logis ; Diez suppose un dérivé masnadino, d'où, par contraction, mastino ; de sorte que le mastino signifierait celui qui est de la maison, et, en particulier, le chien de garde. Cette étymologie est possible ; cependant il faut admettre alors que c'est l'italien qui a fourni ce mot aux autres langues romanes ; ce qui n'est pas prouvé. Puis il faudrait quelque trace du mot avant la contraction.