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définitions

maure (n.m.)

1.arabe de Mauritanie, sarrasin.

maure (adj.)

1.de la région du nord de l'Afrique, des conquérants musulmans de l'Espagne, au Moyen Age.

2.qui appartient aux Sarrasins ; qui a été construit par les Sarrasins ou à l'époque des Sarrasins.

Le Littré (1880)

MAURE [mo-r']

Voy.

MORE

.

MAURE (s. m.)[mo-r']

Espèce de semnopithèque.

Couleuvre d'Alger.

MORE ou MAURE (s. m.)[mo-r']

1. Nom ancien des habitants du nord de l'Afrique. Les Romains subjuguèrent les Maures.

Du levant au couchant, du More jusqu'au Scythe Les peuples vanteront et Bérénice et Tite (CORN. Tite et Bérén. V, 5)

Nom donné aux habitants des pays du nord de l'Afrique où les musulmans ont implanté leur religion.

Un plaisant de ce temps-là lui fit accroire [à un chancelier ignorant] que la Morée était le pays des Mores (BALZ. De la cour, 2e disc.)

J'envoie demain des cartels aux Mores de Maroc et de Fez, où je m'offre à soutenir que l'Afrique n'a jamais rien produit de plus rare ni de plus cruel que vous (VOIT. Lett. 40)

En ce temps-là les débauches du roi Roderic ou Rodrigue firent livrer l'Espagne aux Maures : c'est ainsi qu'on appelait les Sarrasins d'Afrique (BOSSUET Hist. I, 11)

Les Maures sont assez petits, maigres et de mauvaise mine, avec de l'esprit, de la finesse ; les nègres au contraire sont grands, gros, bien faits, mais niais et sans génie (BUFF. Hist. nat. Homme, Oeuvr. t. V, p. 127)

Maures d'Espagne, les Sarrasins qui habitèrent l'Espagne depuis la conquête musulmane jusqu'à leur expulsion par un décret de Philippe III.

Après avoir vu à Grenade tout ce qui y reste de la magnificence des rois mores (VOIT. Lett. 39)

L'expulsion des Maures fit bien plus de tort à la monarchie [espagnole] ; Philippe III ne pouvait venir à bout d'un petit nombre de Hollandais, et il put malheureusement chasser six ou sept cent mille Maures de ses États (VOLT. Moeurs, 177)

2. Nom des populations qui, dans l'Afrique, sont ou étaient soumises aux Turcs. Les Mores d'Alger.

Fig. Traiter quelqu'un de Turc à More, en user avec lui de Turc à More, le traiter avec une extrême dureté ; locution qui provient de ce que les Turcs souverains des régences barbaresques traitaient fort durement les Mores habitants de ces régences.

Je vois ici deux yeux qui ont la mine d'être de fort mauvais garçons, de faire insulte aux libertés, et de traiter une âme de Turc à Maure (MOL. Préc. 10)

Si quelques-uns d'eux [du parlement] faisaient les insolents, [le duc d'Orléans n'avait qu'à] les traiter de Turc à More (SAINT-SIMON 399, 198)

3. Abusivement, nom donné aux populations musulmanes de la côte orientale d'Afrique et même de l'Inde.

Nos marchands d'Europe très mal instruits appelèrent indistinctement Maures tous ces peuples mahométans [de l'Inde] ; cette méprise vient de ce que les premiers que nous avions autrefois connus étaient ceux qui vinrent de Mauritanie conquérir l'Espagne (VOLT. Pol. et lég. Fragm. hist. sur l'Inde, V)

Les Espagnols les ont appelés Mores [les peuples de la côte orientale d'Afrique] et leurs souverains sultans, à cause de l'identité de leur religion avec celle des peuples d'Afrique de ce nom, ennemis de l'Espagne depuis tant de siècles (LA PÉROUSE Voyag. t. II, p. 357, dans POUGENS)

4. Nom donné aux nègres mêmes.

Elle eut d'abord un More ; dès qu'elle vit qu'ils devenaient trop communs et que la vanité d'en avoir avait passé jusques aux bourgeoises, elle n'en voulut plus et prit un petit Turc (BRUEYS Muet, II, 3)

Une More, une femme du pays des Mores (on dit aujourd'hui plutôt une Moresque).

Je ne laisserai pas de vous montrer quelque jour des poulets [billets doux] en castillan et en portugais ; et, si une More qui demeure devant mes fenêtres savait écrire, je vous en pourrais faire voir encore en guinois [langage du pays de Guinée] (VOIT. Lett. 43)

Fig. À laver la tête d'un More on perd son temps et sa lessive, inutilement on se donne beaucoup de soin pour faire comprendre à un homme quelque chose qui passe sa portée, ou pour corriger un homme incorrigible.

Peser le vent, blanchir un Maure (Testament de Scarron, Oeuv. t. I, p. 137, dans POUGENS)

Je vous répondrai, mon cher maître, par un proverbe bien trivial mais bien vrai, qu'à laver la tête d'un mort ou d'un Maure, on y perd sa peine (D'ALEMB. Lett. à Voltaire, 6 avr. 1773)

Cheval cap de more ou cavecé de more, cheval d'un poil rouan, dont la tête et les extrémités sont noires.

Gris de More, couleur grise tirant sur le noir. Des bas gris de More. Gris de Maure, Régl. sur les manufact. août 1669, teint. en soie, etc. art. 30.

L'Académie varie, elle met tantôt une petite m, tantôt une m majuscule : gris de more (au mot GRIS), teint de More (au mot TEINT).

HISTORIQUE

XIIIe s.Par icelui Dieu qui ne ment, Se vous jamès parlés à li, Vous en aurés le vis [visage] pali, Voires certes plus noir que more (la Rose, 8379)

XVIe s.Il se mit sur ses vieux jours à aimer une more, qu'il aima et tint en ses delices, de telle sorte qu'il dedaigna toutes sortes de beautez et toutes autres dames honnestes (BRANT. Cap. franç. t. IV, p. 349, dans LACURNE)

ÉTYMOLOGIE

Prov. mor ; esp. moro ; du lat. Maurus, habitant de la Mauritanie (voy. SALLUSTE, Jug. 18).