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définitions

menace (n.f.)

1.signe qui laisse craindre quelque chose "menace de tempête" .

2.manifestation par la parole ou le geste qui marque l'intention de nuire.

3.ce qui est une source de danger " les tremblements de terre sont une menace constante au Japon "

Le Littré (1880)

MENACE (s. f.)[me-na-s']

1. Parole ou geste dont on se sert pour faire craindre à quelqu'un le mal qu'on lui prépare.

Et je ne rendrai point menace pour menace (CORN. Nicom. II, 3)

La menace à grand bruit ne porte aucune atteinte (CORN. Théod. I, 3)

Les menaces ne m'ont jamais fait mal ; et ce sont des nuées qui passent bien loin sur nos têtes (MOL. Fourb. de Scapin, III, 9)

Ses deux yeux flamboyants [d'un ours] ne lançaient que menace, Et sa gueule faisait une laide grimace (MOL. Princ. d'Él. I, 2)

Les menaces que vous me faites (PASC. Prov. XII)

Quelle santé nous couvrait la mort que la reine portait dans le sein ! de combien près la menace a-t-elle été suivie du coup ! (BOSSUET Mar.-Thér.)

Les vaisseaux des rebelles, qui la poursuivaient de si près, qu'elle entendait presque leurs cris et leurs menaces insolentes (BOSSUET Reine d'Anglet.)

La terrible menace du ciel irrité, lorsqu'il sembla si longtemps vouloir frapper ce Dauphin même, notre plus chère espérance (BOSSUET Mar.-Thér.)

Le Rhin les voit d'un oeil qui porte la menace (BOILEAU Ép. IV)

Moi ! je m'arrêterais à de vaines menaces ! (RAC. Iph. I, 2)

Je crains qu'un prompt effet n'ait suivi la menace (RAC. Phèdre, IV, 4)

La religion a de si grandes menaces, elle a de si grandes promesses, que.... (MONTESQ. Esp. XXV, 12)

Menaces en l'air, menaces qui ne sont suivies d'aucun effet.

2. La menace d'une chose, l'action de menacer quelqu'un de cette chose.

[Bourdaloue disant] que ceux qui conduisaient les âmes ne devaient jamais faire la menace de la profanation du corps de Jésus-Christ, sans avertir que, si nous n'y participions, nous n'aurions jamais la vie éternelle (SÉV. 5 mars 1683)

.... De tant de maux, Abner, détournons la menace (RAC. Athal. V, 2)

En un autre sens, la menace d'une chose, les signes qui font craindre cette chose.

Une infinité de restes ou de menaces d'apoplexie, c'est ce qui tue (SÉV. 27 sept. 1687)

3. Fig. Il se dit, dans le langage élevé ou poétique, des choses qui semblent menacer.

Le navire éloquent, fils des bois du Pénée.... Craignant près de l'Euxin les menaces du Nord, S'arrête, et se confie au doux calme du port (A. CHÉN. Idylles, Hylas.)

Des rocs inabordés où repose la glace, Qu'un mortel imprudent méprise la menace Et trouble par un cri le silence des airs, Soudain ces rocs émus tressaillent et s'écroulent (MASSON Helvét. III)

Du temps, des eaux, de l'air, n'effacez point la trace ; De ces rochers pendants respectez la menace (DELILLE Jardins, II)

HISTORIQUE

Xe s.Por manatce regiel ne preiemen [prière] (Eulalie)

XIe s.Ce sait hom bien, n'ai cure de manace (Ch. de Rol. XX)

XIIe s.De vos menaces ne m'est pas un bouton (Ronc. 59)

XIIIe s.Cil oÿ la menace, le sens cuide changer (Berte, XXXVIII)Menaces vainquent loy (LEROUX DE LINCY Prov. t. II, p. 345)

XVe s.Chevalier sans armes n'est que menasses sans faict (Percefor. t. IV, f° 106)

XVIe s.Ils recherchent au ciel les causes et menaces anciennes de leur malheur (MONT. I, 47)

ÉTYMOLOGIE

Wallon, manèse ; provenç. menassa, menaza ; anc. espagn. menaza ; ital. minaccia ; du lat. minacia, de minari, menacer, proprement être saillant, proéminent.

MENACÉ, ÉE (part. passé de menacer)[me-na-sé, sée]

1. Qui est l'objet d'une menace.

Et d'un enfant fatal en songe menacée (RAC. Athalie, III, 3)

[La Porte] menacé de la mort pour le forcer à trahir les secrets de sa maîtresse (VOLT. Siècle de Louis XIV, écrivains)

Absolument.

Charles XII, menacé, n'était pas maître de sa colère (VOLT. Charles XII, 6)

2. Qui court un risque.

Quand il [Louis XIV] marche, tout se croit également menacé (BOSSUET Mar.-Thér.)

Les jours d'Éliacin seraient-ils menacés ? (RAC. Athalie, II, 2)

Par antiphrase, il se dit de quelque chose réputé avantageux.

Joas peut le toucher : cependant je n'y voi Qu'un enfant malheureux menacé d'être roi (DELILLE Imag. V)

Des bontés du tyran vainement menacé, Du nom de citoyen je ne suis point lassé (M. J. CHÉN. Tibère, IV, 4)

proposition : lemmes