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définitions

ménagement (n.m.)

1.réserve, égards envers une personne.

Le Littré (1880)

MÉNAGEMENT (s. m.)[mé-na-je-man]

1. Art de conduire, de diriger, de manier. Le ménagement des esprits, des affaires.

Ils y admiraient les ménagements ineffables de sa Providence (MASS. Mystères, Soumission.)

2. Par extension du sens moral au sens physique, action de bien régler, bien disposer.

Plusieurs petites ouvertures [dans un four à incubation artificielle] servant de registre pour le ménagement de la chaleur (BUFF. Ois. t. III, p. 132)

3. Mesure qu'on doit avoir dans les actions, dans les discours, à l'égard des personnes ou des choses.

Je me sens des ménagements pour la Provence qui me font croire que j'y retournerai quelque jour (SÉV. 27 nov. 1689)

J'ai reçu une lettre du marquis de Charost toute pleine d'amitié et de ménagement (SÉV. 29 juillet 1674)

Il [le pape Honorius I] entra avec eux [les monothélites] dans un dangereux ménagement (BOSSUET Hist. I, 11)

On a des ménagements avec ses ennemis mêmes (FONT. les Mondes, 2e soir.)

User de ces timides ménagements avec le monde, c'est n'être pas encore chrétien (MASS. Carême, Resp. hum.)

Tâchez de parler de votre maître avec un peu plus de ménagement que vous ne faites (MARIVAUX Jeux de l'amour et du hasard, II, 10)

Vous n'êtes point surpris sans doute de la conduite de Desfontaines.... tous vos ménagements n'ont jamais servi qu'à nourrir ses poisons et son insolence (VOLT. Lett. Thiriot, 28 fév. 1739)

Les plaisirs les plus lascifs y sont peints sans ménagement [dans un épisode de la Lusiade] ; chaque Portugais embrasse une néréide (VOLT. Ess. poés. ép. ch. 6)

Les égards supposent, dans ceux pour qui on les a, des qualités réelles ; les ménagements, de la puissance ou de la faiblesse ; les attentions, des liens qui les attachent à nous ; la circonspection, des motifs particuliers ou généraux de s'en défier (D'ALEMB. Synon. Oeuv. t. III, p. 316, dans POUGENS)

M. Rousseau demande jusqu'où peuvent aller les ménagements d'un homme vrai ? je lui réponds : exclusivement jusqu'à l'équivoque (MARMONTEL Apolog. théât. Oeuv. t. XVI, p. 423, dans POUGENS)

Il n'importe, mon cher ; avec Mme Évrard J'ai des ménagements à garder.... (COLLIN D'HARLEVILLE Vieux célib. IV, 12)

Il y a des ménagements que l'esprit même et l'usage du monde n'apprennent pas (STAËL Corinne, III, 1)

HISTORIQUE

XVIe s.Anciennement, quand un gentilhomme, avec le bon mesnagement de sa femme, laissoit à la fin de son aage sa maison bien meublée à ses enfans, c'estoit beaucoup fait (LANOUE 167)

ÉTYMOLOGIE

Ménager.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

MÉNAGEMENT. Ajoutez : - REM. On dit avoir des ménagements pour quelqu'un : il a de grands ménagements pour elle. Cette façon de parler est de la cour ; mais elle n'est pas fort établie, et les plus savants dans la langue ne la peuvent ouïr qu'avec peine, BOUHOURS, Entretiens d'Ariste et d'Eugène, 1671, p. 119. La locution a triomphé de Bouhours.