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définitions

messe (n.f.)

1.célébration commémorative du sacrifice de Jésus-Christ dans la religion catholique.

2.composition musicale lors de la célébration de la messe.

3.service religieux conduit dans un lieu de culte " ne soyez pas en retard pour l'office"

Le Littré (1880)

MESSE (s. f.)[mè-s']

1. Dans le langage de l'Église, le sacrifice du corps et du sang de Jésus-Christ, suivant le rit prescrit. Le sacrifice de la messe. Célébrer la messe. Dire des messes pour quelqu'un, pour le repos de l'âme de quelqu'un.

En prenant de l'eau bénite, en faisant dire des messes (PASCAL Pensées, X, 1)

Je fais tous les jours dire une messe pour vous ; c'est une dévotion qui n'est pas chimérique (SÉV. 15)

Je sentis un plaisir sensible d'aller à la messe, il y avait longtemps que je n'avais senti tant de joie d'être catholique (SÉV. 240)

Une goutte d'eau n'est pas plus semblable à une autre que la messe romaine est semblable, quant au fond et à la substance, à la messe que les Grecs et les autres chrétiens ont reçue de leurs pères (BOSSUET Var. XIV, § 122)

En 1523, lorsque Luther réforma la messe et en dressa la formule, il ne changea presque rien de ce qui frappait les yeux du peuple (BOSSUET ib. III, § 1)

Une courte messe où ils assistent, et où ils n'assistent qu'aux jours ordonnés, voilà souvent tout le fonds de leur piété et toute leur religion (BOURDAL. Exhort. Dign. div. des prêtres, t. I, p. 359)

Il faudra éviter certaines messes qui sont comme des rendez-vous d'un certain monde, et où l'on cherchait auparavant à se faire voir et à se distinguer (BOURDAL. Instruct. pour l'oct. du St Sacrem. Exhort. t. II, p. 298)

Je vous recommande de faire dire treize messes à l'autel de la Vierge de Notre-Dame, treize à Sainte-Geneviève, treize au Saint-Esprit, et treize au roi Jacques (MAINTENON Lett. à Mme de Caylus, t. VI, p. 9, dans POUGENS)

Lundi 1er janv. 1685, à Versailles.... le roi et Monseigneur, avec tous les chevaliers de l'ordre qui se trouvèrent ici, entendirent la messe des chevaliers, et il ne se trouva point de prélat de l'ordre pour la dire (DANGEAU I, 101)

Ce matin donc, séduit par sa vaine promesse, J'y cours [au dîner] midi sonnant, au sortir de la messe (BOILEAU Sat. III)

Il va tous les jours fort régulièrement à la belle messe, aux Feuillants ou aux Minimes (LA BRUY. VII)

Je trouvai le lendemain la messe du roi si belle, que je consentis à me faire catholique, à condition que je l'entendrais tous les jours, et qu'on me garantirait du fouet (Mme DE CAYLUS Souvenirs, p. 33, dans POUGENS)

Le bon chevalier Bayard faisait toujours dire une messe, lorsqu'il allait se battre en duel (VOLT. Moeurs, 121)

Quel fut le fruit de toutes ces vastes entreprises [de Philippe II] qui tinrent si longtemps l'Europe en alarmes ? Henri IV, en allant à la messe, lui fit perdre la France en un quart d'heure (VOLT. ib. 166)

2. Messe basse, ou petite messe, celle qui se dit sans chant, et où les prières sont seulement récitées.

Messe de paroisse, ou messe haute, ou grand'messe, celle qui est chantée par des choristes, que l'on célèbre quelquefois avec diacre et sous-diacre, et qui se dit à dix ou onze heures, par opposition à toutes les messes basses qui se disent le même jour. Est-ce la grand'messe qu'on sonne ?

Mais on dit : grande messe par opposition à messe basse. Est-ce une grande messe ? Aurons-nous une grande messe ?

La première messe, celle qui se dit au point du jour.

Par opposition à cette première messe, on dit seconde messe, troisième messe, etc.

À la seconde messe, qui ne faisait que commencer, on a apporté la nouvelle que les ennemis battaient la chamade (PELLISSON Lett. hist. t. III, p. 250, dans POUGENS)

La première messe d'un prêtre, la première qu'il dit après son ordination.

Messe ambrosienne, messe suivant le rite de l'Église de Milan.

Messe grecque, messe suivant le rit grec et en langue grecque.

Messe votive, messe pour quelque dévotion particulière, et qui n'est point de l'office du jour.

Messe rouge, messe que les parlements faisaient célébrer après les vacances, pour recommencer leurs fonctions, et à laquelle ils assistaient en robes rouges.

Messe conventuelle, celle qu'on est obligé de dire tous les jours dans certaines églises.

Messe du Saint-Esprit, celle qu'on célèbre au commencement de quelque solennité, de quelque assemblée, à la rentrée des vacances universitaires.

Messe d'ange, messe d'action de grâces que l'on dit au lieu de la messe funèbre pour les enfants morts au-dessous de sept ans.

Messe de minuit, messe de la nuit de Noël, qui se célèbre à minuit.

Anciennement il n'y avait ni bancs ni chaises dans les églises ; on les jonchait de paille fraîche et d'herbes odoriférantes, surtout à la messe de minuit et autres grandes fêtes (SAINT-FOIX Ess. Paris, Oeuv. t. III, p. 127, dans POUGENS)

Messe en musique, celle où le Kyrie, le Gloria, le Credo, le Sanctus et l'Agnus dei, ou au moins quelques-uns de ces cinq morceaux sont chantés en musique et non pas en plain-chant.

Messe de la pie, messe qu'on disait en souvenir de la condamnation portée contre la servante innocente du vol commis par une pie, à Palaiseau.

Tous les matins avant le jour, la messe de la pie que j'entends sonner à Saint-Eustache me semble un avertissement bien solennel aux juges et à tous les hommes d'avoir une confiance moins téméraire en leurs lumières (J. J. ROUSS. 1er dial.)

Messe sèche, dite aussi messe navale, messe des chasseurs, la récitation des prières de la messe qui n'est point accompagnée de la consécration, elle était usitée dans le moyen âge.

Saint Louis, dans ses voyages d'outre-mer, faisait tous les jours dire une messe sèche, de peur que le mouvement du navire ne fît répandre le sang consacré (Hist. litt. de la Fr. t. XXIV, p. 317)

Messe privée, messe sans communiants.

Messes d'une heure, messes nocturnes célébrées, d'après la superstition populaire en quelques parties de la Normandie, par des prêtres qui sont morts sans les avoir acquittées.

3. Familièrement. Voilà une messe qui sort de la sacristie, voilà un prêtre qui sort de la sacristie pour aller dire la messe.

Voilà une messe qui sonne, voilà qu'on sonne une messe.

Il a chanté messe tel jour, il a dit, ce jour-là, sa première messe.

Ce prêtre vit de ses messes, il n'a que ses messes pour vivre, il vit des rétributions qu'il reçoit pour célébrer la messe.

4. La musique composée pour une grand'messe.

Il fallut, pour tout renseignement, me contenter d'une messe à quatre parties de sa composition et de sa main, qu'il m'avait laissée (J. J. ROUSS. Confess. V)

PROVERBES

Il a fait courte messe, il fera long dîner, et, inversement, il a fait longue messe, il fera court dîner.

Enfant de la messe de minuit, débauché qui va au cabaret au lieu d'aller à la messe de minuit.

Il ne faut pas se fier à un homme qui entend deux messes, il faut se défier des hypocrites.

Il ne va ni à messe ni à prêche, se dit d'un homme sans religion.

HISTORIQUE

XIe s.Messe et matines a li reis esculted (Ch. de Rol. XI)

XIIe s.Mise et maitines (Roncisv. 8)L'apostole s'apreste pour la messe chanter (Sax. XIII)Là espousa Bernier sa moullier ; Après la mese sont venu del mostier (Raoul de C. 237)

XIIIe s.Quant la messe fu dite (VILLEH. XVI)Ne purent une messe entierement oïr (Berte, LXIII)

XIVe s.Si vouloit Jehan la promesse Tenir vroye comme la messe ; Mais la response fut trop dure (Livre du bon Jehan, 1189)

XVe s.Nulz ne voit [va] oïr haulte messe ; Car le dimanche, pour la presse, Tous ensemble et chascun se passe [se contente] Moult legierement d'une basse (E. DESCH. Poésies mss. f° 408)

XVIe s.Le tenoit on huguenot, quoy qu'il allast à la messe ; mais on disoit à la cour : Dieu nous garde de la messe de M. de l'Hospital (BRANT. Cap. franç. t. II, p. 90, dans LACURNE)Le roy de Navarre demanda à d'Aubigné... s'il avoit faict ses Pasques ? Luy surpris respondit : " Hé, quoy donc, sire ? " Mais quand on redoubla, " et à quel jour ? " la response fut : " Vendredy [le vendredi saint], " pour avoir ignoré qu'il n'y avoit que ce pauvre jour en toute l'année sans messe (D'AUBIGNÉ Mémoires, édit. LALANNE, p. 32)

ÉTYMOLOGIE

Provenç. messa ; catal. missa ; espagn. misa ; portug. missa ; ital. messa ; du lat. missa, sur l'origine duquel on a quelque doute. Les uns le font venir de l'hébreu missah, offrande ; mais l'opinion la plus probable est qu'il vient de missus, envoyé, renvoyé, soit qu'il s'agisse du renvoi des catéchumènes qu'on faisait sortir avant de commencer la célébration de la messe, soit qu'il s'agisse du renvoi de l'assistance quand la messe était finie : ite, missa est.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

MESSE. Ajoutez :

2. Messe noire, messe où les ornements sont en noir.

Le 21 janvier, à l'église de Saint-Maurice de Besançon, une messe noire a été dite à l'occasion de la mort de Louis XVI (Journ. des Débats, 25 janv. 1875)

Au plur. Des grand'messes, comme on écrit : des grand'mères.

MESSÉ, ÉE (adj.)[mè-sé, sée]

Terme familier qui se dit quelquefois dans cette locution : être messé, avoir entendu la messe.