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définitions

mie (n.f.)

1.partie molle à l'intérieur du pain.

Le Littré (1880)

MIE (s. f.)[mie]

1. Petite partie qui tombe du pain quand on le mange.

Diogène vit de petites souris ramasser des mies de pain sous sa table (FÉNEL. Diogène.)

Ce sens, qui est étymologique, n'est plus usité. On dit miette.

2. Par extension, la partie du pain qui est entre les croûtes.

Fig. Jeûner entre la mie et la croûte, se dit d'un homme que le jeûne n'empêche point de manger.

3. Mie de pain, espèce de champignon.

HISTORIQUE

XIIe s.Mès onc li cuens [le comte] ne volt [voulut] de vin gouster, Ne de blanc pein une mie adeser (Bat. d'Aleschans, V. 2756)

XIIIe s.Qui tant estraint crouste que mie (Lai de l'ombre)L'escriture [les Juifs] n'entendent mie, La croste en ont et nous la mie (GAUTIER DE COINCY p. 82)

XVIe s.Une mie de pain chaud sortant du four, appliquée sur la douleur (O. DE SERRES 919)

ÉTYMOLOGIE

Provenç. mica, mia, miga, mitga ; espagn. miga ; du lat. mica panis, miette de pain, parcelle, pris ensuite pour la partie molle du pain.

MIE [mie]

HIST. XIe s.

De sa parole ne fut mie hastis (Ch. de Rol. X)

XIIe s.

Li roi et li soudant ne l'oublierent mie (Sax. VII)

XIIIe s.

Mais l'en puet tiex [tels] songes songier Qui ne sont mie mençongier (la Rose, 4)

XIVe s.

Je n'en ai mies à plenté [abondance], Biax ostes, fait-il, Dieu mierci (J. DE CONDET p. 79)

XVe s.

Les sciences sont extraites et compilées de plusieurs clercs, et ce que l'un sait, l'autre ne sait mie (FROISS. Prol.)

XVIe s.

Ceste cy [cognée] n'est mye la mienne ; je n'en veulx grain (RAB. Pant. IV, nouv. prol.)

Tenez-vous dans la route commune : il ne faict mie bon estre si subtil et si fin (MONT. II, 312)

ÉTYMOLOGIE

Provenç. mica, mia, miga, minga, minja ; ital. mica, miga ; du lat. mica, parcelle. Mie avec son sens propre de parcelle : Ils s'ostent des mains l'ung de l'autre les myes d'areine qu'ils trouvent, DESPER. Cymbal. 96 (voy. MIE 1.)

MIE (s. f.)[mie]

1. Abréviation du mot amie.

Non, ma mie, et ton coeur pour cela m'est trop cher (MOL. Éc. des m. II, 14)

Il faut que je l'appelle et mon coeur et ma mie (MOL. Femm. sav. II, 9)

Si le roi m'avait donné Paris, sa grand'ville, Et qu'il me fallût quitter L'amour de ma mie.... (MOL. Mis. I, 2)

On me mande toujours des merveilles de ma petite mie [MarieBlanche] (SÉV. 30 sept. 1671)

Ma mie, Ô vous que j'adore, Mais qui vous plaignez toujours.... (BÉRANG. Plus de politique.)

2. Nom que les enfants donnent quelquefois à leur gouvernante.

Aller, venir, courir, trotter, La mie aura de l'exercice (DU CERCEAU Poés. Horosc. du fils de M....)

Mme de Maintenon l'aimait [M. du Maine] plus tendrement qu'aucune mie, ni qu'aucune nourrice (SAINT-SIMON 263, 11)

Heureusement pour Mlle du Lude, elle avait une vieille mie qui était de l'ancienne connaissance de Nanon (SAINT-SIMON 39, 191)

Je lui trouve la contenance d'une mie (Mme D'ÉPINAY Mém. t. I, p. 324, dans POUGENS)

Fig.

Walpole ménageait Fleury comme un homme qui pointait et que l'amitié de mie pouvait conduire loin (SAINT-SIMON 506, 156)

Quel était le prétexte de cette tempête [contre le Mondain] excitée par des prêtres et à laquelle se prêtait la vieille mie qu'on appelait le cardinal de Fleuri ! (VOLT. Lett. Richelieu, août 1750)

3. Ma mie, se dit quelquefois familièrement en parlant à une femme d'une classe inférieure.

Il se dit aussi en un sens méprisant. Je ne souffrirai pas vos impertinences, ma mie.

HISTORIQUE

XIVe s.Jehan Bretel, je cuit [pense] que vous menez Mauvaise vie à mie ou à moullier (LOUIS PASSY dans Bibl, des chartes, t. V, 4e série, p. 468)Seignor, ne vos mentirai mie ; Li doiens avoit une mie Dont il si forz jalous estoit Toutes les foiz qu'ostes avoit.... (MÉON Fabliaux et contes, t. II, p. 4)

XVIe s.Un riche cordon que je puisse donner à ma mie (MONT. I, 245)

ÉTYMOLOGIE

Abréviation de amie, déjà usitée dans le XIIIe siècle, et facilitée sans doute par la locution m'amie, t'amie, s'amie.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

3. MIE. Ajoutez : - REM. M'amie est l'ancienne forme seule correcte. Ma mie est un barbarisme, et mon amie est un solécisme, introduits tous deux par l'usage (voy. MON, Rem. 1).