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définitions

mine (n.f.)

1.jeune visage délicat et charmant d'un enfant ou d'une jeune fille.

2.excavation dans le sol dans laquelle on extrait les minerais ou les gemmes (ex. mine d'or, mine de diamant).

3.lieu, terrain où l'on extrait une matière minérale, un minerai. Mine de charbon, d'or, etc.

4.petit bâton de graphite ou autre matière pouvant servir à écrire, à tracer (ex. mine de crayon).

5.engin explosif dont la mise à feu peut se déclencher à distance ou par le contact.

6.manière de se comporter.

7.manière d'être.

8.lieu d'où l'on extrait de la pierre, la roche, destinée à la construction.

9.fait d'exprimer des émotions, des sentiments, par le comportement, par les traits du visage.

10.aspect extérieur, apparence naturelle ou affectée.

11.apparence véhiculée par le visage d'une personne "un visage agréable" "un visage sévère"

12.(vieux;moyen-âge)pesage du blé vendu au pied de la place-forte ; le lieu où se fait ce pesage

Le Littré (1880)

MINE (s. f.)[mi-n']

1. Apparence de la personne et principalement du visage.

Que sa façon est brave et sa mine assurée ! (MALH. II, 12)

Ma foi ! les beaux habits servent bien à la mine (RÉGNIER Sat. XIII)

Un homme qui fût homme et de fait et de mine (RÉGNIER ib. IV)

Suivons donc.... les coutumes du peuple et réservons-nous nos pensées, mais donnons-lui nos actions et nos mines (BALZ. liv. III, Lett. 3)

Souvent une mine pour une autre change la face de l'action du monde la plus innocente (BALZ. liv. VI, Lett. 10)

Il y a des hommes qui font la même mine lorsqu'ils pleurent que les autres lorsqu'ils rient (DESC. Pass. 113)

Choisissez un peu mieux vos dupes à la mine (CORN. le Ment. V, 6)

Le front cicatrisé, la mine assez farouche (CORN. Oedipe, IV, 4)

Il a une terrible mine avec sa belle taille et ce cordon bleu (SÉV. 591)

Et premièrement, chrétiens, si vous regardez son extérieur, il [saint Paul] avoue que sa mine n'est point relevée (BOSSUET Panég. saint Paul, 1)

Damon, ce grand auteur.... de qui le corps sec et la mine affamée.... (BOILEAU Sat. I)

Les traits découvrent la complexion et les moeurs ; la mine désigne les biens de la fortune (LA BRUY. VI)

Le roi [Charles II] ne cédait à personne ni pour la taille, ni pour la mine (HAMILT. Gramm. 6)

La mine de Mentor paraît d'abord moins haute [que celle de Télémaque] ; mais, quand on le regarde de plus près, on trouve dans sa simplicité des marques de sagesse et de vertu (FÉN. Tél. IX.)

Cet inconnu est d'une haute mine, tout paraît héroïque en lui (FÉN. ib. XXI)

Le baron de Bressé était un homme de basse mine, modeste, réservé, dont la physionomie ne promettait rien (SAINT-SIMON 1, 25)

Rien n'est à mon avis si trompeur que la mine (CAMPISTRON Jaloux désabusé, IV, 6)

Ce marchand avait une mine basse, avec un habillement qui ne donnait pas une idée avantageuse de sa condition (LE SAGE Guzm. d'Alf. VI, 5)

À voir ces bonnes filles, vous leur trouvez un extérieur affable, et pourtant un intérieur indifférent ; ce n'est que leur mine et non pas leur âme qui s'attendrit pour vous (MARIVAUX Marianne, 3e part.)

Quelque répugnance que j'aie à faire crayonner ma vieille mine, il faut bien s'y résoudre et être complaisant (VOLT. Lett. Mme de Fontaine, 10 janv. 1757)

Je m'accostai d'un homme à lourde mine, Qui sur sa plume a fondé sa cuisine (VOLT. le Pauvre diable.)

Avoir de la mine, avoir une apparence qui prévient favorablement.

J'ai de la mine encore assez pour plaire aux yeux (MOL. l'Ét. I, 5)

Avoir de la mine, se dit aussi des choses qui ont bonne apparence. Cette maison a de la mine.

Sur la mine, sur la bonne apparence.

Garde-toi, tant que tu vivras, De juger des gens sur la mine (LA FONT. Fabl. VI, 5)

On l'avait fait ministre d'État sur sa mine (HAMILT. Gramm. 7)

Plus d'un brun à large poitrine Avait là crédit sur sa mine (BÉRANG. Mme Grég.)

Bonne mine, apparence qui plaît.

Le roi lui-même n'était paré ce jour-là que de sa bonne mine, qui le faisait aisément reconnaître (PELLISSON Lett. hist. t. I, p. 217)

Ce Briole doit à sa bonne mine le plus grand parti du pays (SÉV. 230)

Homme, femme de bonne mine, homme, femme d'une figure agréable.

Un jeune Turc de bonne mine nous a invités d'y entrer, et nous a présenté la main (MOL. Scapin, II, 11)

Une très grande femme de très bonne mine (SÉV. 70)

Avoir bonne mine, avoir bonne apparence, en parlant des choses.

Un chien vient dans une cuisine ; Il y trouve un chapon, lequel a bonne mine (RAC. Plaid. III, 3)

Homme de mine, même sens.

Ce muletier était homme de mine (LA FONT. Mul.)

Être sur sa bonne mine, faire de la toilette, se présenter avec bonne apparence.

Enfin ce cavalier que nous vîmes au bal, Vous trouvez, comme moi, qu'il ne danse pas mal. - Je ne le vis jamais mieux sur sa bonne mine (CORN. la Suiv. II, 8)

Il n'est pas jusqu'à Rocollet Qui ne fût sur sa bonne mine (LA FONT. Lett. à M. Fouquet, 26 août 1660)

Homme de mauvaise mine, homme mal vêtu, dont l'habillement et l'extérieur peuvent exciter des inquiétudes.

C'est peut-être que je paye l'intérêt de ma mauvaise mine (MOL. Critique, 5)

Payer de mine, avoir bonne apparence, mais sans grand fond ou mérite.

Payer de mine, se dit aussi de celui qui, tout en ayant bonne apparence, ne laisse pas d'être malade. Je paye de mine, mais je ne me porte pas bien.

Avoir une bonne mine, une mauvaise mine, avoir l'apparence d'une bonne, d'une mauvaise santé.

Avoir une bonne mine, une mauvaise mine, signifie quelquefois avoir l'apparence d'un bon, d'un mauvais caractère.

Avoir la mine longue, éprouver un vif désappointement qui se manifeste sur la figure.

Il aurait la mine bien longue, s'il était instruit qu'à minuit.... (BEAUMARCH. Mère coup. IV, 3)

Familièrement. Avoir la mine de, paraître.

Tel est cru défunt qui n'en a que la mine (MOL. l'Ét. II, 3)

Monsieur a toute la mine d'être un fort bon mari (MOL. le Mar. forcé, 12)

Je vois ici de yeux qui ont la mine d'être de forts mauvais garçons (MOL. Préc. 10)

Vous vendez des tapisseries, monsieur Guillaume, et vous avez la mine d'avoir quelque tenture qui vous incommode (MOL. Amour méd. I, 1)

Vous m'avez la mine, mon ancien ami, d'avoir bientôt vos soixante et dix ans, et j'en ai soixante et quinze (VOLT. Thieriot, 27 janv. 1769)

Mon ami, tu as bien la mine de ne pas croire à la jument Borac ou aux métamorphoses de Visnou ; je te dénoncerai, je t'empêcherai d'être bostangi, je te décrierai, je te persécuterai (VOLT. Dict. phil. Philosophe.)

Avoir la mine d'avoir fait, de vouloir faire une chose, avoir un air, un maintien qui le fait conjecturer.

Vous n'avez pas, ce lui dit-elle, La mine de vous en aller à Saint-Jacques de Compostelle (LA FONT. Pet. chien.)

Fig. Avoir la mine, faire croire, faire supposer.

J'ai la mine, après tout, d'y trouver mal mon compte (CORN. la Gal. du Pal. II, 6)

J'ai bien la mine de payer plus cher vos folies (MOL. Scap. I, 1)

Vous avez bien la mine d'avoir donné un bon exemple (SÉV. 534)

M. de Vins n'a guère la mine d'être à la tête de quelque chose (SÉV. 10 août 1680)

La reine d'Angleterre a toute la mine, si Dieu le voulait, d'aimer mieux régner dans le beau royaume d'Angleterre.... que d'être à Saint-Germain.... (SÉV. 2 fév. 1689)

Mme de Vins m'a priée de ne m'en point retourner demain.... je suis tentée de sa proposition, de sorte que j'ai la mine de ne m'en aller que dimanche à la messe à Livry (SÉV. 21 août 1676)

Nous avons bien la mine de demeurer ici longtemps (LE SAGE Gil Blas, X, 3)

Vous avez bien la mine D'aller un jour échauffer la cuisine De Lucifer ; et moi, prédestiné, Je rirai bien quand vous serez damné (VOLT. Défense du Mondain.)

Avoir la mine, se dit aussi des choses dans un sens analogue.

Votre ambassade m'a la mine d'être pour vous un bénéfice simple (VOLT. Lett. en vers et en prose, 8)

Faire les mines ou faire la mine, se dit quelquefois, bien que moins souvent, pour avoir la mine de.

Pour peu que d'y songer vous nous fassiez les mines (MOL. Mis. III, 7)

Il me semble que vous me faites la mine de m'en accuser (SÉV. 264)

Porter la mine de, avoir l'air de, en mauvaise part. Il porte la mine d'un fripon.

De mine, loc. adv. En apparence.

Jeanne, rongeant son frein, de mine s'apaisa (RÉGNIER Sat. XI)

2. Contenance que l'on prend, air qu'on se donne, dans une intention quelconque.

S'ils en sont accusés, ils feront bonne mine (RÉGNIER Sat. II)

Que tu discernes mal le coeur d'avec la mine ! (CORN. Poly. V, 1)

L'ours bouche sa narine ; Il se fût bien passé de faire cette mine (LA FONT. Fabl. VII, 7)

Va, quelque mine que je fasse, je n'oublierai point mon ressentiment (MOL. Méd. m. lui, I, 4)

Ce mari fit une mine très chagrine (SÉV. 336)

La bonne ou la mauvaise mine que fera le monde (BOSSUET Lett. abb. 38)

Ma fille, qu'est-ce donc ? quelle mine vous faites ! (LE GRAND Foire de St-Laurent, SC. 5)

Si j'avais l'éloquence de M. Furia, j'évoquerais ici l'ombre de Longus.... vous pouvez penser la mine qu'il ferait à M. Furia, qui le laissait manger aux vers dans le vénérable bouquin (P. L. COUR. Lett. à M. Renouard.)

Faire mine de quelque chose, paraître dans l'intention de la faire.

Le prince fait mine d'assiéger le Quesnoy (SÉV. 210)

On assure toujours la paix et la conquête entière de la Hollande ; Nimègue fait mine de se défendre, mais on s'en moque (SÉV. 8 juill. 1672)

Quelque mine qu'on fasse de vous vouloir ménager (BOSSUET Lett. quiét. 325)

....Fais mine un peu d'en être mécontent, Pour la voir aussitôt, sur ses deux pieds haussée, Déplorer sa vertu si mal récompensée (BOILEAU Sat. X.)

Il se dit des choses dans le même sens.

Voilà les beaux jours qui font mine de revenir (SÉV. 1er janv. 1690)

Enfin la cicatrice fait une fort bonne mine de vouloir s'avancer.... (SÉV. 4 fév. 1685)

Faire bonne mine, mauvaise mine à quelqu'un, lui faire un bon, un mauvais accueil.

Hélas ! comment veux-tu, chère et fidèle Hermine, Qu'au prince Mustapha je fasse bonne mine ? (MAIRET Soliman, I, 1)

Vous lui ferez une fort bonne mine (SÉV. 322)

On dit aussi : tenir bonne mine.

La fille alors ne fut pas assez fine, Elle n'avait qu'à tenir bonne mine (LA FONT. Remède.)

Familièrement. Faire triste mine, grise mine, froide mine à quelqu'un, lui faire mauvais visage, le recevoir froidement.

Me faisant au nez grise mine (RÉGNIER Épît. III)

Et faisant sur la mort d'Anchise, Comme on dit, une mine grise (SCARR. Virg. V)

Et vous-mêmes en m'écoutant Vous faites aussi triste mine Que moi sur qui la peur domine (SCARR. ib. III)

Que j'en vais voir ici qui feront grise mine ! (TH. CORN. Comtesse d'Orgueil, V, 10)

Vous lui faisiez une triste mine, franchement (DANCOURT les Fonds perdus, II, 1)

Faire la mine à quelqu'un, lui témoigner qu'on est mécontent de lui.

Je ne veux mon pays trahir, Ni mon nom, ni mon origine, M'en dussiez-vous faire la mine (SCARR. Virg. III)

Absolument. Faire la mine, faire la grimace, témoigner du mécontentent.

Le roi m'en a remercié ; mais les ennemis de la philosophie et des lettres ont fait la mine : je vous laisse à penser si je m'en soucie (D'ALEMB. Lett. à Voltaire, 17 décemb. 1768)

Je lui dis que je voulais la prendre pour moi, elle fit la mine (J. J. ROUSS. Hél. VI, 9)

Il fait une laide mine, il fait une vilaine grimace.

L'on boit [des eaux], et l'on fait une fort vilaine mine (SÉV. 277)

Nous avons trouvé ce matin deux grands vilains pendus à des arbres sur le grand chemin.... ils faisaient une fort vilaine mine (SÉV. 11 sept. 1675)

Faire bonne mine à mauvais jeu, cacher de mauvaises affaires par une démonstration de gaieté et de repos d'esprit.

Faire meilleure mine que bon jeu, promettre plus qu'on ne tient.

Je tiens pour certain qu'il pourrait plus gagner à Paris qu'il ne fera en Italie, où il y a meilleure mine que bon jeu et même peu d'estime pour les gens de lettres (GUI PATIN Lett. t. II, p. 333, dans POUGENS)

3. Certains mouvements du visage, certains gestes qui ne sont pas naturels, ou avec lesquels on masque quelque chose.

Tout le monde n'est composé que de mines, et c'est inutilement que nous travaillons à y trouver rien de réel (LA ROCHEF. Pensées, 95)

Ô papelards ! qu'on se prend à vos mines ! (LA FONT. Herm.)

Vos mines et vos cris aux ombres d'indécence Que d'un mot ambigu peut avoir l'innocence (MOL. Mis. III, 4)

Sans en être ému, sans mine, sans grimace (SÉV. 437)

Pour oser lui découvrir mes sentiments à l'usage du pays, c'est-à-dire par des mines (LE SAGE Guzm. d'Alf. VI, 2)

Joignez-y une marquise de Céra, figure très agréable, gâtée par des mines et des airs d'enfant qui ont pu plaire en elle à seize ans, et il y a seize ans (P. L. COUR. Corresp. Rome, 8 janv. 1799)

Faire des mines ou de petites mines à quelqu'un, l'agacer par des regards affectés, par des mouvements de visage particuliers.

On est seulement un peu fâché de lui [Mme de Monaco] voir faire quelquefois à cette Madame-ci [la seconde femme de Monsieur] les mêmes petites mines qu'elle faisait à l'autre (SÉV. 163)

Je leur fais encor [aux Grâces et aux neuf soeurs] quelques mines, Mais vous possédez leurs faveurs (VOLT. Ép. 73)

Il ne fut pas plus tôt assis qu'une petite guenon vint se poser tout auprès de lui, en lui faisant des mines et des grimaces les plus jolies du monde (COMTE DE CAYLUS (GROSLEY), Oeuvr. t. VIII, p. 228, dans POUGENS)

Absolument. Faire des mines, prendre certaines mines affectées pour paraître agréable.

Je sais à présent faire des mines ; se déhancher, secouer la tête, baiser le bout de son gant bien tendrement, cela s'appelle faire des mines (BARON Homme à bonn. fort. IV, 6)

Cette nouvelle mariée.... si peu jolie et qui fait tant de mines (GENLIS Théâtre d'éduc. les Dangers du monde, II, 1)

Mines se dit aussi des signes que l'on fait à quelqu'un pour lui faire comprendre ce qu'on ne peut pas ou ne veut pas lui exprimer autrement.

Ce discours ne persuadait pas la cadette, qui n'y répondait que par des mines qui disaient toujours : je n'y vois point de mal (MARIVAUX Paysan parv. 2e part.)

Le baron avait eu beau lui faire des mines et lui lancer les regards les plus sévères, rien n'avait pu arrêter l'impétuosité de son récit (CENLIS Voeux témér. t. III, p. 218, dans POUGENS)

HISTORIQUE

XVe s.Aussi il fist si bonne mine, Qu'il fut esleu sans nul appeau Pour estre valet de cuysine (VILLON Repues franches.)

XVIe s.Fard est perdu dessus mine de singe (J. MAROT V, 24)De bonne mine à mauvais jeu n'est alliance impertinente (RAB. IV, 9)Une mine triste et transie (MONT. I, 175)Celuy qui a dans l'esprit une imagination claire, il la produira par mines s'il est muet (MONT. I, 188)Ce basteleur jouoit une fiction à plusieurs mines et à plusieurs personnages (MONT. II, 173)Il feit mine d'avoir la goutte (MONT. III, 104)Les mines et appareils effroyables dont nous entourons la mort (MONT. I, 254)Estant jà usé de vieillesse, il se monstra bon empereur et de l'ancienne mine envers les soudards (AMYOT Galba, 34)Toutes ces mines ne feirent pas descroire à Camillus, qu'ilz n'eussent point machiné de se rebeller contre les Romains (AMYOT Cam. 65)En ma presence ils font bonne mine et mauvais jeu, et sont prests de faire ce que je leur commande (DESPER. Contes, CXVII)Le marchand, faisant bonne mine et plus mauvais jeu, lui dit qu'il lui vouloit tenir promesse ; mais que.... (DESPER. ib. CXXIX.)C'est une faible et dangereuse caution que la mine (CHARRON Sagesse, I, 6)Et si l'on ne peust trouver des larmes et tristes mines chez soy, il en faut acheter à beaux deniers comptans chez autrui (CHARRON ib. I, 32)

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. moigne ; ital. mina ; angl. mien. Origine incertaine. On cite l'allem. Miene, danois mine, mine ; mais on n'est aucunement sûr que ce ne soit pas le mot roman qui se soit introduit dans les langues germaniques. Le mot est aussi dans le celtique : bas-breton, min et man ; kymri, mein ; mais là aussi il y a doute sur la question si dans le celtique le mot est indigène ou d'importation romane. Diez pense qu'il est au latin minare, mener, comme gestus, geste, est à gerere, porter. On remarquera que le mot n'est pas ancien dans la langue ; du moins notre historique n'en remonte qu'au XVe siècle.

MINE (s. f.)[mi-n']

1. Terrain, gîte au sein de la terre d'où l'on extrait des métaux, des combustibles, des gemmes, etc. Une mine d'or, d'argent, de cuivre, de plomb, de fer, de charbon.

Polybe, cité par Strabon, dit que de son temps il y avait quarante mille hommes occupés aux mines qui étaient dans le voisinage de Carthagène, et qu'ils fournissaient chaque jour au peuple romain vingt-cinq mille drachmes, c'est-à-dire douze mille cinq cents livres (ROLLIN Hist. anc. Oeuvr. t. I, p. 213, dans POUGENS)

Malgré les mines du nouveau monde, l'Espagne était si pauvre que le ministère de Philippe IV se trouva réduit à la nécessité de la monnaie de cuivre, à laquelle on donna un prix presque aussi fort qu'à l'argent (VOLT. Moeurs, 177)

Quand on a franchi la côte de Coromandel, on est à la hauteur de la grande nababie de Golconde, où sont les plus grands objets de l'avarice, les mines de diamants (VOLT. Polit. et Législ. Fragm. hist. sur l'Inde, XI)

Il [Tavernier] donne le nom de mines de diamants aux endroits dont on les tire ; tous ceux qui ont écrit après lui ont adopté cette expression, tandis que, par leurs propres descriptions, il est évident que non-seulement les diamants ne se trouvent pas en mines comme les métaux, mais que même ils ne sont jamais attachés aux rochers comme le sont les cristaux (BUFF. Min. t. VII, p. 387)

Il est très peu de mines de diamant ; jusqu'à ces derniers temps on n'en connaissait que dans les Indes orientales (RAYNAL Hist. phil. IX, 24)

Nous nommerons mines les parties de la terre où on trouve les minerais métalliques rassemblés en quantité assez considérable pour être extraits en grand et avec avantage (AL. BRONGNIART Traité min. t. II, p. 83, dans POUGENS)

Lorsqu'on connaîtra les lois qui ont présidé à la formation des minéraux et à leur arrangement respectif dans le sein de la terre, on pourra employer avantageusement cette connaissance à la recherche et à l'exploitation des mines (AL. BRONGNIART ib. t. I, p. 2)

Particulièrement. Excavations pratiquées dans le sein de la terre pour l'extraction des substances minérales. Travailler aux mines, dans les mines. La mine s'éboula.

La mine de Cotteberg, qui, du temps d'Agricola, passait pour la plus profonde de toutes les mines, n'avait que 2500 pieds de profondeur perpendiculaire (BUFF. Hist. nat. Preuv. théor. terr. Oeuvr. t. II, p. 15, dans POUGENS.)

Les travaux des mines, dans le nouveau monde, ont fait périr en moins de deux ou trois siècles plusieurs millions d'hommes (BUFF. Minéralogie, t. IV, p. 297)

Dans les fouilles de nos mines les plus profondes nous ne faisons qu'effleurer la surface de la terre (BAILLY Histoire de l'astronom. mod. t. II, p. 516, dans POUGENS.)

Terme d'antiquité. Peine des mines, condamnation qui astreignait le coupable à travailler dans les mines ; elle existe encore en Russie.

Les larcins pour lesquels on condamnait aux mines dans Athènes (VOLT. Dial. XXIV, 3)

École des mines, établissement où l'on forme des ingénieurs pour l'exploitation des mines.

Fig. Ce sujet est une mine féconde de beautés poétiques.

C'est une mine de savoir, d'érudition, c'est un homme très savant, très érudit.

2. Abusivement. Minéral qui renferme une substance métallique. De la mine d'or, d'argent, de cuivre. De la pierre de mine.

De toutes les substances métalliques la mine de fer est la plus difficile à fondre (BUFF. Min. t. IV, p. 148)

Les mines du Nord, qui sont assez magnétiques pour qu'on les cherche avec la boussole (BUFF. Hist. min. introd. part. expér. Oeuvres, t. VII, p. 10)

On nomme mines en nids ou en sacs, celles qui sont accumulées dans les fentes et dans les intervalles qui se trouvent entre les rochers ou les bancs de pierre (BUFF. Min. t. II, p. 157)

Mine grasse, expression dont se servent les mineurs dans quelques localités pour désigner le minerai pur et dégagé de sa gangue.

Mine noire, jaune, rouge, etc. espèces de minerais oxydés.

Mines fixes, se dit des filons qui se prolongent. Mines égarées, se dit des endroits où l'on trouve des morceaux de métal isolés.

Terme de peinture. Couleur d'un rouge orangé fort vif.

3. Mine de plomb, dite aussi plombagine, dénomination qui induit en erreur, car la mine de plomb est un carbure de fer (voy.

GRAPHITE

3. ). Dessiner à la mine de plomb, ou, simplement, à la mine.

4. Dans l'antiquité et le moyen âge, cavité que, dans les siéges, l'on pratiquait sous des murailles, sous une tour, etc. ; on étançonnait, puis le mineur, mettant le feu aux étançons, se retirait ; les étançons manquaient et la muraille s'écroulait.

Aujourd'hui, cavité souterraine que l'on pratique et où l'on place de la poudre, pour y mettre le feu et faire sauter tout ce qui se trouve au-dessus ; on se sert aussi de la mine pour percer des roches qui ne cèdent pas à la pioche.

Il marquait que le mineur était alors attaché aux deux endroits, et l'une des mines en état de jouer (PELLISSON Lett. hist. t. I, p. 233, dans POUGENS)

On ne doute pas qu'ils [des assiégés] n'attendent la mine, à l'exemple de Dinant (PELLISSON ib. t. II, p. 275)

La mine n'a été chargée que sur les dix ou onze heures du matin (PELLISSON ib. t. III, p. 246)

Pierre de Navarre, soldat de fortune, et grand général espagnol, inventa les mines, dont les Français éprouvèrent les premiers effets (VOLT. Moeurs, 91)

Chambre ou fourneau de la mine, lieu où l'on charge une mine.

Puits de la mine, ouverture qu'on fait en terre à la profondeur de la mine qu'on veut établir.

Saucisson de la mine, mèche qui est enfermée dans de la toile et qui est disposée pour mettre le feu à la mine.

Entonnoir de la mine, le trou qui reste après l'explosion de la mine.

Éventer la mine, découvrir le lieu où elle est pratiquée, et en empêcher l'effet.

Fig. Éventer, découvrir la mine, pénétrer un dessein secret.

Ne me le celez plus, j'ai découvert la mine ; Ce n'est pas avec moi qu'il faut faire la fine (RACAN Berger. I, 3)

Ton piége est découvert, ta mine est éventée (TRISTAN Mariane, III, 2)

Fig. Pratique secrète.

....L'on peut dresser quelque machine, Faire jouer sous main quelque secrète mine (REGNARD le Distr. V, 8)

Les [conspirations] faire naître, les étouffer, charger la mine, l'éventer, c'est le grand art du ministère, c'est le fort et le fin de la science des hommes d'État (P. L. COUR. Lettres au censeur, X.)

HISTORIQUE

XVe s.Et commencerent les Anglois à faire mine pour plutost venir à leur entente des Escots et de reprendre le chastel (FROISS. II, II, 15)

XVIe s.Lors chascun a pic ou palle en main mise, Cavent soubz terre, on ne vit onc tel myne, François adonc feirent leur contre-mine (J. MAROT V, 23)Ayant faict mettre la mine soubz un grand pan de mur (MONT. I, 254)Il feit des mines si profondes, que les ennemis n'en pouvoient rien appercevoir (AMYOT Cam. 10)....Qu'il n'estoit plus d'avis de prester des hommes pour faire jouer une mine esventée (D'AUB. Hist. II, 360)

ÉTYMOLOGIE

Voy. MINER ; provenç. mina, mena ; esp. et ital. mina.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

2. MINE. Ajoutez :

Mine d'acier, nom donné quelquefois au fer spathique.

MINE (s. f.)[mi-n']

Ancienne mesure contenant la moitié d'un setier ; elle était de la contenance de 78lit., 73.

Si, pour se rendre mieux compte de ce qu'était cette pension [deux livres tournois, par mois], on prend la peine de calculer, d'après le tableau même de l'auteur, le prix du blé dans l'intervalle de 1434 à 1457, on trouve pour moyenne 3 sols 10 deniers tournois la mine d'Orléans (la mine coûterait aujourd'hui 6 fr. 63, de sorte que cette pension équivalait à 827 francs) (BIENAYMÉ Comptes rendus, Acad. des sc. t. LV, p. 941)

Ce qui est contenu dans la mine. Une mine d'avoine.

HISTORIQUE

XIIe s.Ne remist [resta] buef, ne vache, ne chapuns, ne geline, Cheval, porc, ne brebiz, ne de blé pleine mine (Th. le mart. 120)

XIIIe s.Quand il moloit dix mines à son molin (BEAUMANOIR XXVI, 2)Il finaissent [ils contribuassent] miex d'une lerme Que d'une mine ou d'un sestier De forment, s'il lor fust mestier (RUTEB. II, 128)

XVIe s.Le muid de bled mesure de Paris contient douze sestiers ; le sestier, deux mines ; la mine, deux minots ; le minot, trois boisseaux. - La saumée de certains endroits de Languedoc est de quatre sestiers, le sestier de deux emines, l'emine de deux quarterons (O. DE SERRES 10)

ÉTYMOLOGIE

Provenç. mina. On a indiqué le lat. medimnus ; mais, si l'on fait attention que la mine est la moitié du setier, comme l'hémine grecque l'était ou sextarius, on verra que mine est une abréviation de hémine, par aphérèse (voy. HÉMINE), comme O. de Serres l'avait senti.

MINE (s. f.)[mi-n']

1. Terme d'antiquité. Poids grec, pesant 324 grammes.

2. Monnaie grecque d'argent contenant, en poids, 69 francs.

Appelant dix de ses serviteurs, il leur donna dix mines d'argent (SACI Bible, Évang, saint Luc, XIX, 13)

Il [Alcibiade] avait un chien d'une taille extraordinaire et d'une grande beauté, qu'il avait acheté soixante et dix mines, c'est-à-dire 3500 livres (ROLLIN Hist. anc. Oeuvr. t. III, p. 600, dans POUGENS)

Il [Socrate] avait hérité de son père quatre-vingts mines, c'est-à-dire 4000 livres (ROLLIN ib. t. IV, p. 353)

ÉTYMOLOGIE

Lat. mina, du grec signifiant, contraction de. Le mot n'est pas grec, mais égyptien.

MINÉ, ÉE (part. passé de miner)[mi-né, nèe]

Sous lequel on a creusé une mine. Un bastion miné.

Fig.

Voilà la puissance infinie de Dieu sauvée ; mais voilà aussi le principe fondamental de l'auteur [Malebranche] miné sans ressource (FÉN. t. III, p. 55)

proposition : lemmes