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définitions

mitre (n.f.)

1.haute coiffure triangulaire portée par les prélats, notamment les évêques, lors de cérémonies religieuses.

2.lame inclinée protégeant du vent ou de la pluie les ouvertures (fenêtre, cheminée ...).

mitré (adj.)

1.qui a droit de porter la mitre.

Le Littré (1880)

MITRE (s. f.)[mi-tr']

1. Terme d'antiquité. Coiffure des anciens peuples de l'Asie, Perses, Lydiens, etc. que les dames romaines leur avaient empruntée.

Vous leur mettrez la mitre sur la tête, et ils seront mes prêtres pour me rendre un culte perpétuel (SACI Bible, Exode, XXIX, 9)

C'est peu que, le front ceint d'une mitre étrangère, Ce lévite à Baal prête son ministère (RAC. Ath. I, 1)

2. Coiffure que portent les évêques, quand ils officient en habits pontificaux ; c'est un bonnet rond, pointu et fendu par le haut, ayant deux fanons qui pendent sur les épaules. En quelques églises les chanoines portaient la mitre.

Tu dors ! attends-tu donc que, sans bulle et sans titre, Il te ravisse encor le rochet et la mitre ? (BOILEAU Lutr. I)

Une ville.... Où le vice orgueilleux s'érige en souverain, Et va la mitre en tête et la crosse à la main (BOILEAU Sat. I)

Et de ces mitres d'or aux deux sommets pointus (VOLT. le Lac de Genève.)

Fig. La mitre, le pouvoir spirituel du pape.

La querelle de la couronne impériale et de la mitre de Rome (VOLT. Moeurs, 51)

3. Il s'est dit du bonnet qui est au-dessous de la couronne de l'empereur et de quelques rois.

4. Bonnet de papier qu'on mettait en Espagne sur la tête de ceux qu'on exécutait par jugement de l'inquisition.

Ils furent tous deux revêtus d'un san-benito, et on orna leurs têtes de mitres de papier (VOLT. Candide, 6)

5. Tuiles ou planches de plâtre qu'on dispose en forme de mitre au-dessus d'une cheminée pour l'empêcher de fumer.

6. Ancien nom du chapeau des agarics.

7. Petit rebord qui sépare la lame des couteaux de table d'avec la soie ou la queue qui sert à les emmancher.

8. Le dôme des chaudières des locomotives prend quelquefois le nom de mitre, lorsqu'au lieu de le faire rond on lui donne une forme quadrangulaire.

9. Pavé que l'on place à l'endroit où deux rangées se réduisent à une seule, en raison de ce qu'on emploie du pavé d'un plus fort échantillon.

10. Premier bout de tuyau qui est évasé et qui fait partie d'une suite de gros tuyaux de tôle placés sur le haut d'une cheminée.

11. Dans le langage familier, le train de derrière d'un dindon rôti lorsqu'on le détache des ailes et de la poitrine, parce qu'il offre une sorte de ressemblance avec une mitre.

12. Genre de coquilles univalves.

Mitre polonaise, espèce de madrépore.

HISTORIQUE

XIIIe s.Et puis li mist-on la mitre au cief qui iert blance (Chr. de Rains, 105)Tiex cops [tels coups] lor donrai sor les testes, Que lever i ferai tex boces, Qu'il en perdront mitres et croces (la Rose, 11412)

XIVe s.Pourquoi l'oreille est ploiant .... pour ce qu'el puisse estre ploiée sous la coiffe ou sous la mitre ; ceste utilité est fieble, car les bues [boeufs] ont oreilles ploians, qui n'ont coiffe ne mitre (H. DE MONDEVILLE f° 16 verso.)

ÉTYMOLOGIE

Provenç. esp. et ital. mitra ; du lat. mitra.

MITRÉ, ÉE (adj.)[mi-tré, é]

Qui porte la mitre. Abbé crossé et mitré.

M. de Saint-Malo [évêque de Saint-Malo], linotte mitrée (SÉV. 237)

Abbaye crossée et mitrée, abbaye dont l'abbé porte la crosse et la mitre.

Qui porte la mitre signe d'une condamnation infamante.

Elle [Jeanne d'Arc] fut liée sous l'écriteau infâme, mitrée d'une mitre où on lisait : Hérétique, relapse, apostate, ydolastre (MICHELET Hist. de France, t. V, p. 173)

Terme d'histoire naturelle. Qui porte une sorte de mitre.

HISTORIQUE

XVe s.Condamné à estre mené en un tombereau par la ville de Paris en aucuns carrefours, mitré, et mis à l'eschelle, et condamné en chartre et prison perpetuelle au pain et à l'eau (JUVÉNAL DES URSINS Hist. de Charles VI, en 1414)

ÉTYMOLOGIE

Mitre. Mitrer se disait autrefois d'une condamnation à porter la mitre et à être mis au pilori.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

MITRÉ. - HIST. Ajoutez : XIIIe s.Et l'archevesques lés li [près d'elle] sist En un autre [fauteuil], et asseoir fist Les quatre evesques lés à lés, Et cascuns en estoit mitrés (Li chevaliers as deux espées, publié par Förster, p. 5445)