définitions
oublie (n.f.)
1.petite gaufre en forme de cornet ou de cylindre.
oublié (adj.)
1.rayé de la mémoire, perdu. Un rêve oublié.
Le Littré (1880)
OUBLIE (s. f.)[ou-blie]
1. Pâtisserie mince et de forme ronde ; l'oublie est ordinairement roulée en cylindre creux, et on lui donne le nom de plaisir quand elle a la forme d'un cornet.
• Mais à condition qu'en son plus grand besoin On ne lui donnera que deux tranches de coing, Douze cornets d'oublies et deux verres d'eau claire (DANCOURT Sancho Pança, V, 12)
• Les statuts de ce métier prouvent qu'en 1397-1406, il y avait à Paris vingt-neuf oblayers qui pouvaient faire chacun, par jour, mille oublies de différentes espèces ; ils les débitaient dans les rues et les jouaient aux dés sur le coffret qui les contenait ; nous avons dans les marchands de macarons et de plaisirs les dernières lueurs de cet usage (DE LABORDE Émaux, p. 421)
Fig. Faire l'oublie, se dit du linge mal apprêté dont les coins se roulent.
2. Oublie, la bulle lignaire qui porte ce nom, ainsi que ceux de gaufre roulée et papier roulé (coquille univalve).
HISTORIQUE
XIIe s.— N'ot à l'autel que lui et Dieu qu'il sacrefie, Es mains tint le calisse et l'oublie à saisie (DE LABORDE Émaux, p. 421)
XIIIe s.— Niules, oublées, gibelés, Et pastés de vis [vifs] oiselés (Fl. et Blanchefl. 3187)
XIVe s.— Que nul ne puisse tenir ouvrouer ne estre ouvrier en la dicte ville de Paris ne ès forbours, se il ne scet faire en un jour au moins cinq cens de grans oublées, trois cens de supplication et deux cens d'estrées dudit mestier, bons et souffisans, et faire sa paste pour le dit ouvrage (DE LABORDE Émaux, p. 421)
XVe s.— Un coffin à oublies, d'argent blanc, fermant à clé, à la devise de Monseigneur et armoyé de ses armes (DE LABORDE ib. p. 421)
XVIe s.— Fougasses, brassadeaux, tourtillons, biscuits, eschaudés, oublies, cachemuseaux, gasteaux, popelins, gaufres, petits-chous, etc. (O. DE SERRES 825)
ÉTYMOLOGIE
Génev. oubli, s. m. ; provenç. oblia ; bas-lat. oblata, de oblatus, offert (voy. OBLATION), à cause que l'oublie était une sorte d'offrande que le vassal faisait à son seigneur.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
OUBLIE. Ajoutez :
3. Pain d'autel préparé pour être consacré à la messe (c'est le sens primitif d'oublie).
OUBLIÉ, ÉE (part. passé d'oublier)[o-bli-é, ée]
1. Dont le souvenir est perdu.
• Dormez votre sommeil, riches de la terre, et demeurez dans votre poussière ; ah ! si quelques générations, que dis-je, si quelques années après votre mort, vous reveniez, hommes oubliés, au milieu du monde.... (BOSSUET le Tellier.)
• J'ai toujours ouï dire que les femmes doivent désirer d'être oubliées (MAINT. Lett. à M. d'Aubigné, 18 juillet. 1684)
• Mon ami, laissons là ma peine et mes alarmes ; Je vous vois, tout est oublié (SAURIN Beverlei, II, 5)
• Il me semble que, sous les ombrages d'une forêt, je suis oublié, libre et paisible comme si je n'avais plus d'ennemis, ou que le feuillage des bois dût me garantir de leurs atteintes (J. J. ROUSS. Prom. 7)
• Elle [Henriette d'Angleterre] serait morte oubliée, si Bossuet ne s'était emparé de ce grand débris de la fortune, pour le façonner à la manière de son génie (CHATEAUBR. Les quatre Stuarts, Henriette-Marie)
• Je vivrai de lumière, D'extase, de prière, Oubliant, oublié (V. HUGO Odes, V, 25)
Mettre une personne, une chose au rang des péchés oubliés, n'y plus songer.
2. Négligé.
• Mais toi dont la valeur d'Amurat oubliée Par de communs chagrins à mon sort s'est liée (RAC. Baj. IV, 7)
• Il ne s'en trouve point qui.... Du mérite oublié nous fasse souvenir (RAC. Esth. II, 3)