définitions
outrance (n.f.)
1.excès. Caractère de ce qui est outré, exagéré.
Le Littré (1880)
OUTRANCE (s. f.)[ou-tran-s']
Il n'est usité que dans ces locutions adverbiales : à outrance, à toute outrance, jusqu'à l'excès.
• Une comédie qui décriât les hypocrites, et mît en vue, comme il faut, toutes les grimaces étudiées de ces gens de bien à outrance, toutes les friponneries couvertes de ces faux-monnoyeurs en dévotion (MOL. Tart. 1er placet au roi.)
• N'a-t-il pas ces adulateurs à outrance, ces flatteurs insipides qui n'assaisonnent d'aucun sel les louanges qu'ils donnent ? (MOL. l'Impromptu, 3)
• [Charles Ier] Poursuivi à toute outrance par l'implacable malignité de la fortune (BOSSUET Reine d'Anglet.)
• Jennings était fière à toute outrance (HAMILT. Gramm. 10)
• M. Hartsoëker devint cartésien à outrance, mais il s'en corrigea dans la suite (FONTEN. Hartsoëker.)
Combat à outrance, combat qui ne devait se terminer que par la mort ou la défaite d'un des deux combattants.
• Il m'a dit.... Qu'il se devait contre Votre Excellence, Battre tantôt, et battre à toute outrance (LA FONT. Papef.)
• On a vu que le duc Jean de Bourbonnais fit déclarer qu'il irait en Angleterre avec seize chevaliers combattre à outrance pour éviter l'oisiveté et pour mériter la grâce de la très belle dont il est le serviteur (VOLT. Moeurs, 121)
Fig.
• Le parlement se bat à outrance avec les jésuites (D'ALEMB. Lett. à Voltaire, 8 sept. 1761)
À outrance, à toute outrance, aussi loin qu'une chose peut aller.
• S'il faut pousser à toute outrance ce passage de saint Paul (BOSSUET Var. 14)
REMARQUE
Il serait à désirer que ce mot, qui est d'une grande force, ne fut plus borné à une locution adverbiale, et rentrât dans l'emploi de tout substantif. Pourquoi ne dirait-on pas l'outrance de son orgueil, de ses prétentions, comme a fait Ronsard ?
HISTORIQUE
XIIIe s.— Il virent bien que il ne porroient à lor vaissiax repairier, ançois les covenoit combattre jusqu'à outrance de mort (MERLIN f° 51, verso.)
XVe s.— Nuls chevaliers de France ne la [ville de Compostelle] vouloient prendre à leur peril, pour la tenir ni garder honorablement jusques à outrance, car elle n'est pas trop forte (FROISS. II, III, 34)— On se plaint de vous à outrance (CH. D'ORL. Chans. 33)
XVIe s.— L'impudente esperance De ton sot appareil [révolte des huguenots] Perira par l'outrance D'un grand roy sans pareil (RONS. 403)— Ains entendoit leur faire guerre mortelle à toute oultrance (AMYOT Crassus, 35)
ÉTYMOLOGIE
Outrant ; bourg. ôtrance ; provenç. ultranza ; ital. oltranza.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
OUTRANCE. - REM. Ajoutez : Voici un emploi d'outrance hors de la locution à outrance.— Les défauts par saillie et comme qui dirait les outrances de Corneille (SAINTE-BEUVE Port-Royal, t. I, p. 241, 3e éd.) Ces essais de rendre la liberté à un mot confiné méritent d'être encouragés.