Le Littré (1880)
ACCOUTUMÉ, ÉE [a-kou-tu-mé, mée]
1. Qui a pris une habitude. Accoutumé à la guerre. Accoutumé, dès la jeunesse, aux luttes populaires. Tribu accoutumée à vivre sous les armes. Peu accoutumé à entendre la vérité.
• Une âme accoutumée aux grandes actions Ne se peut abaisser à des soumissions (CORN. Cid. II, 7)
• Vous irritez un roi dont vous voyez l'armée Nombreuse, obéissante, à vaincre accoutumée (CORN. Nic. III, 2)
• Vos maux sont accoutumés désormais à ces divins remèdes (MASS. Recherch.)
• Nourri dans l'abondance, au luxe accoutumé (VOLT. Henr. X.)
• À ces viles grandeurs ton âme accoutumée (VOLT. Fanat. I, 4)
• Mon âme à la vengeance est trop accoutumée (VOLT. Orphel. V, 4)
• Ma raison, chaque jour, s'y voit accoutumée (VOLT. Zaïre, I, 1)
• Accoutumé à vivre de peu (FÉN. Tél. V)
2. Passé en habitude, habituel, ordinaire. A l'heure accoutumée. Cérémonies accoutumées. Cela a manqué à la fortune accoutumée de César.
• Reprends auprès de moi ta place accoutumée (CORN. Cinna, V, 3)
• Forme accoutumée (CORN. Othon, III, 4)
• Au milieu d'un petit nombre de témoins domestiques et accoutumés, le personnage cesse, et l'homme prend sa place (MASS. Or. fun. Madame.)
3. À l'accoutumée, loc. adv. à l'ordinaire, comme de coutume.
• Me promenant un jour, à l'accoutumée (BALZ. le Prince, avant-propos)
• Vous agirez donc à l'accoutumée, par le seul sentiment de la vertu (BALZ. liv. VIII, lett. IV)
• Le pape n'osa recevoir l'hommage annuel du royaume de Naples, que le connétable Colonne se préparait à lui rendre à l'accoutumée (SAINT-SIMON 96, 22)
• Il [le P. Tellier] ne me parla plus pour cet emploi, mais d'ailleurs toujours à son accoutumée (SAINT-SIMON 369, 129)
• David jouait de la harpe devant Saül comme à l'accoutumée (VOLT. Phil. IV, 315)
• Nous entrons enfin dans la grotte dont il tient la clef ; tout s'y passe comme à l'accoutumée (ARNAULT le Sexagénaire, t. III, p. 232)