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définitions

équivoque (n.f.)

1.caractère de ce qui présente deux aspects contraires.

2.expression ambiguë.

3.mot ou phrase dont le sens est susceptible de multiples interprétations.

4.incertitude.

équivoque (adj.)

1.dont le sens est susceptible de multiples interprétations causant une incertitude.

2.qui éveille la méfiance.

Le Littré (1880)

ÉQUIVOQUE (adj.)[é-ki-vo-k']

1. Qui peut s'interpréter en différents sens, s'appliquer à différentes choses. Un terme équivoque. Cela est équivoque.

Vous n'avez pas pris garde à ce sens équivoque Qui fait qu'en vous flattant il semble qu'il se moque (MAIR. Soliman, v, 3)

User de mots équivoques sans les expliquer (PASC. Prov. 1)

Ce terme est équivoque, il le faut éclaircir (BOILEAU Art p. I)

[Qui] D'un songe équivoque envoyé par les dieux Lira d'un oeil plus sûr l'avis mystérieux (C. DELAV. Paria, II, 2)

2. Se dit de tout sur quoi on peut porter des jugements divers. Des traces équivoques. Une expérience équivoque.

Si la machine du corps disséquée et démontrée présente encore tant d'énigmes très difficiles et très obscures, à plus forte raison la machine vivante, où tout est sans comparaison moins exposé à la vue, plus enveloppé, plus équivoque (FONTEN. Du Verney.)

Savez-vous bien qu'ici votre face équivoque, Et rare en son espèce, étrangement nous choque ? (REGNARD Démocrite, IV, 5)

Il se contenta de sourire, en faisant une mine très équivoque (GENLIS Ad. et Théod. t. I, lett. 8, p. 37, dans POUGENS)

Terme de médecine. Signe équivoque, signe qui peut convenir à plusieurs maladies.

3. En mauvaise part, suspect, en parlant des personnes.

Et malgré la vertu dont il faisait parade, Très équivoque ami du jeune Alcibiade (BOILEAU Sat. XII)

Un homme équivoque, homme à qui l'on ne peut se fier.

Il se dit aussi des choses qui excitent quelque soupçon peu honorable.

Sa naissance est un peu équivoque (SÉV. 421)

Ils s'engagent dans des professions équivoques dont ils se cachent longtemps à eux-mêmes les périls et les conséquences (LA BRUY. VI)

Que j'ai toujours aimé, quoique sa conduite à mon égard ait été souvent équivoque (J. J. ROUSS. Confess. VIII)

4. Rime équivoque, petite pièce de poésie badine autrefois en usage, dans laquelle le son d'un mot placé à la fin d'un vers reparaissait dans le vers consonnant, mais en formant un autre sens. Par exemple : Je viens de faire un vers alexandrin ; Qu'en penses-tu, mon cher Alexandre, hein ?

5. S. f. Sens équivoque, interprétation à double entente.

Toute cette entrevue se passe dans cette équivoque [l'un des interlocuteurs comprenant une chose, et l'autre une autre] (PASC. Lett. à Jaqueline, 26 janv. 1648)

Si on vous laisse la licence de corrompre les expressions les plus canoniques par les malicieuses subtilités de vos nouvelles équivoques (ID. Prov. 16)

Je m'aperçus qu'il y avait dans ces vers une équivoque de langue (BOILEAU Sat. XII, Préface)

Ceux de Bâle se montraient fort éloignés et des sentiments de Luther et des équivoques de Bucer (BOSSUET Var. IV, § 16)

Les équivoques qu'on pourrait faire sur la divinité du fils de Dieu (BOSSUET Euch. 2)

Je dois, pour lever toute équivoque, distinguer deux sortes de mouvements (FÉN. Exist. 279)

Les soupçons et les jalousies se réveillaient ; les équivoques des traités, les questions qu'ils laissaient indécises, ne fournissaient que trop de ces prétextes toujours prêts à servir tous les besoins ou toutes les passions (FONTEN. Rép. card. Dubois, t. III, p. 319, dans POUGENS)

6. Mauvais jeu de mots, calembour.

La belle chose de faire entrer, aux conversations du Louvre, de vieilles équivoques ramassées parmi les boues des halles et de la place Maubert ! (MOL. Critique, sc. 1)

Ces sources d'un amas d'équivoques infâmes Dont on vient faire insulte à la pudeur des femmes (MOL. Fem. sav. III, 6)

7. Terme de beaux-arts. Défaut de précision dans la pose, l'expression, la couleur, la perspective. Équivoque de mouvements. Équivoque de plan.

REMARQUE

Dans le XVIIe siècle, équivoque était indifféremment masculin ou féminin.Je vous demande pardon de ce mauvais équivoque (BALZ. liv. III, lett. 9)Du langage français bizarre hermaphrodite, De quel genre te faire, équivoque maudite, Ou maudit ? (BOILEAU Sat. XII)

HISTORIQUE

XIVe s.L'un [mètre] est de rime serpentine, L'autre equivoque ou leonine (MACHAUT p. 9)Cest nom ici n'est pas dit comme non equivoque à cas d'aventure (ORESME Eth. VII, 12)

XVIe s.Les gens de guerre firent courir parmi eux un equivoque un peu gaillard sur le nom de la place et sur ce qui perdoit l'armée (D'AUB. Hist. III, 413)Demosthenes disoit que l'effronté n'a pas de prunelles, mais des putains aux yeulx, se jouant en l'equivoque de ce nom Cora, qui signifie une pucelle et la prunelle de l'oeil (AMYOT Mauvaise honte, 1)

ÉTYMOLOGIE

Provenç. equivoc ; espagn. et ital. equivoco ; du latin aequivocus, de aequus, égal, semblable, et vox, voix, parole.

ÉQUIVOQUÉ, ÉE (part. passé.)[é-ki-vo-ke, kée]

Vers équivoqués ou rime équivoquée, voy.

ÉQUIVOQUE

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proposition : lemmes