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définitions

meuble (n.m.)

1.objet mobile d'aménagement d'une habitation ou d'un local de travail.

2.(ellipse)biens personnels corporels non immobiliers : meubles, animaux domestiques, voitures, etc.

meuble (adj.)

1.qui est relatif aux biens meubles. Valeurs mobilières.

2.qui se laboure aisément " un sol meuble"

meublé (n.m.)

1.(ellipse)pourvu, nanti de.

meublé (adj. et n.)

1.garni de meubles. Un meublé, une habitation louée avec des meubles.

Le Littré (1880)

MEUBLE (adj.)[meu-bl']

1. Qui est aisé à remuer, usité seulement dans les deux locutions terre meuble et bien meuble.

Terre meuble, terre qui est douce et se divise bien d'elle-même, ou terre qu'on a préparée ainsi soit par des mélanges, ou labours, soit en cassant les mottes.

Le laboureur, en ouvrant la terre à diverses reprises, ne la rend pas seulement plus meuble ; il y introduit encore l'air et la chaleur nécessaires au développement des graines qu'il lui confiera (BONNET Hist. nat. mém. Oeuvr. t. III, p. 215, dans POUGENS.)

Terme de jurisprudence. Biens meubles, les choses qui peuvent se transporter d'un lieu dans un autre sans détérioration. Obliger tous ses biens meubles et immeubles.

Les biens sont meubles de plusieurs espèces (MONTESQ. Esp. VI, 1)

Les biens sont meubles par leur nature ou par la détermination de la loi (Code civil, art. 527)

Sont meubles par la détermination de la loi les obligations et actions qui ont pour objet des sommes exigibles ou des effets mobiliers (ib. 529)

Dès que les grains sont coupés et les fruits détachés, quoique non enlevés, ils sont meubles (ib. 520)

2. S. m. Tout ce qui sert à garnir, à orner une maison sans en faire partie. Acheter des meubles à un encan. Il a de beaux meubles. Le luxe des meubles.

Ils [les vieillards] vantent les modes qui régnaient alors dans les habits, les meubles et les équipages (LA BRUY. XI)

Il faut des saisies de terre et des enlèvements de meubles... (LA BRUY. ib.)

Se mettre dans ses meubles, acheter des meubles pour garnir la chambre, l'appartement qu'on veut occuper.

Être dans ses meubles, occuper un appartement qu'on a meublé.

Où demeures-tu, te dis-je ? es-tu dans tes meubles ? (DANCOURT la Parisienne, sc. 6)

Mettre une femme dans ses meubles, se dit d'un homme qui donne un logement à une maîtresse qu'il a en ville.

Klupffel avait mis dans ses meubles une petite fille qui ne laissait pas d'être à tout le monde, parce qu'il ne pouvait l'entretenir lui seul (J. J. ROUSS. Confess. VIII)

Au singulier, dans un sens collectif, toute la garniture d'un appartement, d'une chambre, d'un cabinet, etc. Un meuble de tapisserie. Broder un meuble. Un meuble en damas.

Si vous n'avez pas sauvé tous vos beaux meubles, et surtout celui de votre cabinet, digne de Versailles, je serai bien affligée (SÉV. 2 nov. 1689)

Pendant qu'on dorera votre cabinet, qu'on achèvera votre meuble (VOLT. Lett. en vers et en prose, 51)

La duchesse de Luxembourg donna le tort à sa vieille amie, et fit présent d'un meuble complet à Mlle l'Espinasse dans le logement qu'elle prit (MARMONTEL Mém. VII)

3. Par extension, meuble se dit de certains objets qu'on peut porter sur soi. Ce couteau à plusieurs lames est un meuble fort commode.

Vos livres éternels ne me contentent pas ; Et, hors un vieux Plutarque à mettre mes rabats, Vous devriez brûler tout ce meuble inutile (MOL. Femmes sav. II, 7)

Fig.

Antagoras.... vieil meuble de ruelles où il parle procès et dit des nouvelles (LA BRUY. XI)

Il lui dit [à un homme qui voulait une femme de la cour] qu'une fille élevée à la cour était un terrible meuble pour la campagne (HAMILT. Gramm. 9)

4. Fig. Ce qui sert intellectuellement ou moralement comme fait un meuble.

La vertu sans l'argent n'est qu'un meuble inutile (BOILEAU Épître V)

La raison n'est pas un meuble qu'on pose et qu'on reprenne à son gré ; et quiconque a pu vivre dix ans sans penser ne pensera de sa vie (J. J. ROUSS. Hél. II, 17)

5. Fig. Petit meuble de bouche, phrase qu'on a continuellement à la bouche (locution tombée en désuétude).

Soleils, flambeaux, attraits, appas, Pleurs, désespoirs, tourments, trépas, Tout ce petit meuble de bouche Dont un amoureux s'escarmouche, Je savais bien m'en escrimer (CORN. Mél. poét.)

6. Terme de jurisprudence. Le mobilier.

En fait de meubles, la possession vaut titre (Code Nap. art. 2279)

Le mot meuble, employé seul dans les dispositions de la loi ou de l'homme, sans autre addition ni désignation, ne comprend pas l'argent comptant, les pierreries, les dettes actives, les livres, les médailles, les instruments des sciences, des arts et métiers (Code Nap. art. 533)

7. Terme de blason. Se dit d'un dessin, d'un symbole, qui charge, brise ou accompagne les pièces et les divisions d'un écu. Des animaux, des fruits, des arbres, des besants, etc. sont des meubles de l'écu ou des meubles d'armoiries.

HISTORIQUE

XIIIe s.Toz mes biens mobles et non mobles, presenz e à venir (Bibl. des Chartes, 4° série, t. IV, p. 80)Je laisce à Richaut me [ma] feme tout men meulle [meuble] et tout men catel [avoir], sau [sauf] ce que ele paiera mes detes (TAILLIAR Recueil, p. 198)

XIVe s.Courtois et larges de donner.... Tout son meule [il] aleuwe [alloue, donne] et despent (J. DE CONDET p. 117)Quoique je soie povres et mal enlinagiez, S'ai-je vaillant en moi, se de vrai le saviez, Un loial cuer d'ami, en loiauté fiquiez [fiché] ; Certes c'est tous mes meubles, de plus ne sui aisiez (Baud. de Seb. III, 917)

XVe s.Et disoient [les serfs] en pillant et en portant hors : Cil chancelier d'Angleterre a eu bon marché de ce meuble (FROISS. II, II, 108)Verres, bouteilles, tonneaux Seroient mes meubles plus beaux (BASSEL. XXXII)Et tout le meuble qu'il recueillit dudit connestable ne valloit point quatre-vingt mil escuz (COMM. IV, 13)En païs de paix, ung homme qui perdroit son prisonnier, il le peut poursuivre en toute l'obeissance de son païs ; car c'est son meuble (le Jouvencel, dans DE LABORDE, Émaux, p. 388)

XVIe s.Ceste couppe fut le premier meuble d'argent qui entra en la maison des Aeliens (AMYOT P. Aem. 48)Il fit porter ses biens meubles à l'encan (AMYOT Cicér. 42)Or et argent monnoyé et à monnoyer, et tout ce qui se peut transporter de lieu en autre, noms, raisons et actions pour choses mobiliaires, sont meubles (LOYSEL 211)

ÉTYMOLOGIE

Provenç. moble ; esp. moble, mueble ; port. movel ; ital. mobile ; du lat. mobilis, qui peut être mu, remué, de movere, mouvoir.

MEUBLÉ, ÉE (part. passé de meubler)[meu-blé, blée]

Garni de meubles. Maison meublée. Appartement meublé.

Cette maison meublée est en ma bienséance (MOL. L'Ét. V, 2)

Être bien meublé, être bien en meubles. Être mal meublé, être mal en meubles.

Les Orientaux, bien que très voluptueux, sont tous logés et meublés simplement ; ils regardent la vie comme un voyage et leur maison comme un cabaret (J. J. ROUSS. Ém. IV)

Être meublé suivant l'ordonnance, se disait, sous Louis XIV, de celui qui n'avait que le plus chétif mobilier, parce que la dureté des taxes avait réduit les officiers des compagnies des villes de provinces à avoir pour tous meubles un lit sans rideaux, une marmite de fer et des cuillers de bois.

Familièrement et par extension. Une cave bien meublée, une cave garnie de beaucoup de bons vins de différentes espèces.

Avoir la bouche bien meublée, avoir les dents belles.

Il a l'air noble, les yeux vifs, le nez un peu aquilin, la bouche grande et bien meublée (COMTE DE CAYLUS (GROSLEY) Acad. de ces dames et de ces messieurs, t. XII, p. 312, dans POUGENS.)

Fig. Avoir la tête bien meublée, avoir beaucoup de connaissances.

Mais nous voulons montrer à de certains esprits.... Que de science aussi les femmes sont meublées (MOL. Femm. sav. III, 2)

Une tête meublée d'un grand nombre de choses disparates est assez semblable à une bibliothèque de volumes dépareillés (DIDER. Lett. sur les sourds et muets.)

proposition : lemmes